a light came on

feat. fuuko & boni ♡

Il fait beau, il fait chaud. Y a  le soleil qui se couche à l’horizon, nous baigne de ses derniers rayons ; j’ai la peau qui exhale encore de la chaleur de la journée, cette odeur particulière mêlée d’exotisme, qui excite mes narines. Y a le soleil qui se couche à l’horizon, le feu qui crépite pourtant au milieu du petit cercle – de nôtre petit cercle. Le petit cercle qui rigole, papote, grignote un peu également. Y a le soleil, mais y a surtout ça, y a surtout les amis, y a toi aussi, et puis y a moi – et entre mes mains, une guitare. Un peu usée, un peu rafistolée, la guitare qui me suit depuis de longues années, m’a accompagnée pendant mon périple, ne m’a jamais quittée quand je jouais des morceaux à l’autre bout du monde, ou même pendant les représentations improvisées devant la famille. J’aime bien jouer, surtout devant les autres, surtout devant vous aussi. Alors j’ai joué, alors on a chanté. Et maintenant ça fait un petit moment qu’on est là, à squatter tels des bienheureux ; un petit moment après des heures de négociations, pour vous convaincre que vous aviez bien le droit à une pause (et à vous amuser). « Quand est-ce qu’on passe aux histoires qui font peur ? » que j’demande en rigolant, familière de ce genre de pratiques quand j’étais gamine, « euh par contre pas le droit aux fantômes hein ! » Ils le savent, tous, que j’aime pas les fantômes, que j’y crois beaucoup trop à tout ça. Que le fantôme du dortoir des jaunes m’a terrorisée pendant bien trop longtemps, persuadée que je suis par son existence. C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a motivée à ne pas y retourner, après avoir repris les études ; ça et toi évidemment, Fuuko la petite fée au regard malicieux et au doux sourire. « Tu chantes avec moi ? » J’lui adresse un clin d’œil, j’lui laisse pas vraiment le choix en vérité. « Et nous on a pas le droit de chanter ??? » « Nan j’veux pas que vous massacriez la chanson. » J’éclate de rire ; encore plus devant son mécontentement feint et à peine calmée, commence déjà à gratter les premières notes. « You walked into the room and now my heart has been stolen. » J’sais que tu connais les paroles, on a souvent écouté la chanson ensemble ; t’étais même souvent là quand j’m’entraînais à la jouer. Et j’sais que tu l’aimes bien, que t’aimes bien les paroles. Moi aussi, d’ailleurs. C’est doux, c’est apaisant ; c’est un peu comme toi d’ailleurs.

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Les soirées comme celle la, ça m’rappelle toutes celles qu’on a partagé en famille quand on était ailleurs, là-bas chez nous. L’été avec les cousins dans la vieille maison japonaise aux odeurs de forêt, à l’ambiance magique ; aux soirs perdus dans la jungle ou dans la savane, juste nous quatre et notre caravane. Mes souvenirs d’enfant éclatent comme des petites bulles de savon tout autour de moi alors que j’regarde tout le monde rigoler, parler avec une grande joie et surtout les sourires sur leurs visages. Ils sont tous beaux là, à être heureux, à laisser le bonheur fleurir autour d’eux et moi ça m’fait sourire. Ce soir, mon ailleurs me manque moins. J’ai moins envie d’y retourner mais ça, c’est parce que t’es là, avec tes cheveux soleils, tes sourires radieux et tes yeux rieurs. C’est à grâce à toi que plus être là-bas, c’est plus si grave et que ce soir, j’ai le cœur à la fête, la tête rempli des mélodies qui s’échappent de ta guitare et de ta voix chanteuse. J’te regarde et j’ai le cœur qui fait des bonds, il batifole comme un papillon. Et j’me dis que si je t’avais connu avant, tout aurait plus facile.

Tes lèvres bougent mais j’entends pas c’que tu dis, j’écoute pas en fait, j’suis perdue dans tes yeux et les étoilent qui y dansent, qui brillent. C’est quand j’vois que tu penches la tête avec ce petit air qui te va si bien que j’comprends que c’est à moi que tu parles. « Q-quoi ? ». J’suis redescendue de mon nuage et même si c’était bien là-haut, c’est mieux en bas, avec toi. Tout est mieux avec toi. j’rigole quand tu répliques à jay qu’il peut pas chanter avec nous parce qu’il chante comme une casserole. Enfin tu l’as pas dit comme ça mais t’as raison, jay c’est un peu une castafiore. « T’inquiète, tu feras la prochaine ». J’claque un bisou sur sa joue pour qu’il soit pas trop triste avant d’reposer mes yeux sur toi. « Vas-y maestro ! ». Et quand les premières notes s’envolent, j’te souris et y’a que toi qui peux comprendre pourquoi, la seule à qui j’le donne. Je t’écoute chanter les premières paroles avant de te rejoindre. « You took me back in time to when I was unbroken ». Et j’souris encore plus parce que cette chanson, en plus de la connaître par cœur, j’trouve qu’elle nous ressemble. J’ai l’impression qu’elle raconte ma vie, la tienne aussi, la nôtre. « Now you're all I want and I knew it from the very first moment ».

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J’aime bien ta voix, j’aime bien quand tu chantes. J’aime bien quand les gens chantent, en général, même quand ils sont mauvais, mais toi encore plus. Peut-être parce que j’aime bien ta voix, sûrement plus parce que t’es toi. Et quand tu chantes, je sais pas mais c’est beau. Quand tu chantes j’ai l’impression que c’est le monde qui s’arrête de tourner ; et quand on chante ensemble c’est encore plus fort que tout. C’est comme si le reste n’existait plus. J’ancre mon regard dans le tien, les doigts jouant toujours avec les cordes de ma guitare. Et j’me laisse porter par la musique comme j’ai toujours si bien su le faire. Y a toi, y a moi ; et nos voix qui se mêlent et s’entremêlent comme pour ne faire plus qu’une. « Cause a light came on when I heard that song and I want you to sing it again. » Et j’ai l’impression que c’est nous, même si y a pas eu de chanson pour nous, que y a pas eu besoin de ça ; y avait pas la musique, y avait juste nous. Même si j’aime bien voir le monde en chanson, percevoir les autres comme une musique ; et si j’devais t’en attribuer une, ce serait probablement la plus rythme ou la plus douce – un mélange des deux. « I swear that every word you sing you wrote them for me, like it was a private show. » J’prends le temps de lui faire un clin d’œil et j’souris de toutes mes dents, même si ce passage non plus s’applique pas forcément à nous. Je sais interpréter, mais j’ai jamais été douée pour écrire. Je sais parler, mais les chansons c’est différent ; j’ai pas trop la fibre littéraire ou poétique, pas vraiment le temps non plus, alors j’me contente de c’que j’ai, et ça me suffit.

J’me contente de c’que j’ai, et c’que j’ai c’est beaucoup toi.

Alors on finit la chanson, et j’souris un peu plus. « Si c’était moi la personne en question crois-moi, t’aurais pas à écrire cette chanson pour moi. » J’entends les autres qui parlent, ça me fait un peu rire. J’gratte un nouvel air sur ma guitare, pour mettre un peu de suspense, à défaut d’avoir un tambour, puis je lâche dans un souffle, « vu que si j’étais parolière, toutes mes chansons parleraient de toi. » J’ai parlé tellement bas que j’sais pas si les autres ont entendu mais en vérité je m’en fiche un peu. J’connais la position de la Corée sur tout ça mais j’m’en fiche un peu. J’ai jamais apprécié qu’on mette des barrières à l’amour. J’repose un peu mes doigts et puis j’lève la tête, j’croise le regard du fameux Jay, à qui j’adresse un clin d’œil. « Dis-moi tout toi… t’aurais pas des infos croustillantes sur Fuuko ? » J’ai le ton complice, j’ai le ton qui plaisante surtout, j’m’attendais surtout pas à ce qu’il lâche un « elle fait du vaudou ! » le plus sérieusement du monde. Ca sort comme un cri du cœur et moi je peux pas m’empêcher d’éclater de rire. Je sais pas ce qu’elle lui a raconté, pour qu’il soit terrifié comme ça ; mais j’avoue que ça me fait rire, même s’il maintient, sourcils froncés, que c’est absolument pas drôle.

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Et j’me dis que j’aimerai bien qu’on reste ici mais si c’est pas juste nous deux. On est pas nombreux mais j’crois qu’on a pas besoin de l’être. Notre petit groupe, il est bien comme il est même s’il est mieux parce que t’es là. Aussi parce que y’a Jay mais Jay, j’l’aime pas comme toi. J’vous aime démesurément tous les deux mais c’est pas la même chose. J’saurai pas comment l’expliquer mais j’le sens, j’le sais. J’le sais quand tu m’regardes et qu’mon palpitant s’affole un peu plus qu’avec les autres. J’le sais quand tu souris et que mes lèvres imitent les tiennes sans que j’m’en rende compte. J’le sais quand ma main cherche toujours la tienne même quand t’es pas à côté de moi ou quand tu chantes et que tu m’emmènes dans ton monde en une mélodie. J’le sais c’est tout ». Et j’te suis là-bas, là où c’est que nous, dans notre monde. « When the lights come on and I'm on my own will you be there to sing it again could I be the one you talk about in all your stories ». et j’oublie tout le reste, j’oublie les copains pendant quelques minutes et soudain, j’nous revois dans ta chambre, quand on a écouté cette chanson pour la première fois et que direct après, t’as sorti ta guitare pour pouvoir la rejouer. J’me souviens aussi l’avoir murmuré entre deux souffles parce que j’l’avais en tête et que ça m’faisait penser à toi. et j’me rends même pas compte qu’on vient de chanter les derniers mots, que les autres sont aussi plongés dans leur monde mais c’est pas grave, j’aime bien notre petite bulle. Mais elle éclate quand tu me fais rire un peu trop fort avec tes répliques de vieux crooner. « dis donc, tu m’dragues là ? » que j’te réponds tout aussi bas que toi. j’sais pas pourquoi on chuchote mais c’est pas grave, c’était comme un secret entre nous deux.

J’te rends sourire et quand j’te vois te tourner vers jay pour lui parler, mes lippes s’étirent encore plus. Jusqu’à ce que j’regarde la tronche de mon copain et qu’il te balance ça, aussi sérieux que s’il venait de balancer un secret d’état. Je t’entends rire mais jay lui, il est traumatisé. Et moi j’adore l’embêter avec ça alors qu’il sorte ça, ça m’donne l’occasion de jouer un peu sur la corde sensible. J’te regarde, te glisse un sourire sournois comme pour te prévenir de c’qui va se passer avant de m’tourner vers mon meilleur ami. Et d’un coup j’lui arrache un cheveu – enfin plusieurs même (vite fait bien fait comme avec un pansement) et les jette dans le feu avant de baragouiner dans les restes que j’ai des langues africaines qu’on avait appris en fermant les yeux, les mains jointes. Et puis j’m’arrête, laisse planer le silence avant de me retourner vers Jayjay le plus sérieusement du monde : « pour avoir révélé mon secret, te voilà maudis sur dix générations. Prépare toi aux pires souffrances Ahn Jayden ». j’le regarde avec de gros yeux pour appuyer sur les conneries que j’viens de lui débiter et j’me retourne vers toi. « tu subiras le même sort si j’apprends que tu as divulgué mon secret … ». allez encore quelques minutes avant d’leur dire que c’était pas vrai.

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« dis donc, tu m’dragues là ? » « J’vois pas de quoi tu parles. » Et j’hausse les épaules, l’air de rien, mais je peux pas m’empêcher de sourire ; Mam, elle dit souvent que je sais pas mentir. Que je pourrais y arriver si j’en avais envie – mais j’en ai pas envie. Alors quand j’le fais, même pour plaisanter, c’est généralement catastrophique. A une époque, c’était mes sentiments que je camouflais ; même ça, j’en veux plus. Je trouve ça plus beau, d’être honnête avec soi-même (et honnête avec les autres aussi).

Puis je capte ton regard, qui me fait froncer les sourcils ; et ensuite j’te vois arracher des cheveux sur la tête du Jayden. Un Jayden qui glapit comme un enfant pris en faute. Puis tu commences à parler dans une langue étrangère ; et je fronce encore plus les sourcils. Le surnaturel, j’y ai toujours cru. Je crois aux fantômes, à William, mon ange gardien, à la résurrection et… les malédictions, ça m’a toujours fait peur. Alors évidemment, quand tu te tournes vers moi, j’arrive pas à retenir un sursaut. Puis une exclamation. « Tu ferais pas ça quand même ? » Hein que tu ferais pas ça quand même ? Ça me fait froid dans le dos toutes ces histoires, j’peux pas m’empêcher de frissonner ; et les gémissements de Jay sont loin de calmer la situation. Alors j'repousse ma guitare, pour tendre les bras vers le garçon, j’lui enjoins à me rejoindre, comme un enfant qu’on réconforte. « T’inquiète pas, Fuuko va lever la malédiction. Hein qu’elle va lever la malédiction, Fuuko ? » J’lui jette le regard qui tue, marque de fabrique de pap ; mais j’ai pas son talent, et je suis pas sûre qu’il marche aussi bien. « N’est. Ce. Pas ? » J’articule exagérément chaque mot comme si ça pouvait la convaincre que le faire. « Steuplé Kokooooo. » Y a Jay qui gémit toujours et à côté j’entends un des copines rire. Mais moi ça me fait pas vraiment rire. Enfin, ça me fait pas du tout rire. Parce que y en a beaucoup qui y croient pas ; pensent que tout ça c’est que des histoires. Mais moi j’suis persuadée que c’est vrai. Parce que j’ai lu et vu pleins d’histoires, des témoignages, des ouvrages scientifiques. Parce que j’vois pas pourquoi le surnaturel aurait pas sa place, quelque part et qu’il y a beaucoup trop de faits inexpliqués qui vont dans ce sens. Pap, une fois, il a dit que j’étais trop naïve ; et quand Mam lui a répondu qu’elle y croyait aussi, il a dit qu’on était toues les deux trop naïves.

Et quand j’regard Jay, tétanisé, j’me dis que lui aussi doit faire partie des naïfs. Et ça me fait plaisir. Mais ça m’empêche pas de te lancer un regard méfiant, yeux plissés.  

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Et j’pensais pas que ma blague aurait cet effet-là sur toi. Sur Jay oui, depuis qu’on se connait et qu’il m’a traité de sorcière le premier jour de notre rencontre, j’me fais toujours un malin plaisir à le faire flipper avec ses histoires de possession, de vaudous ou de magie noire. Alors qu’honnêtement, même si j’y crois comme un gosse croit au Père Noël, j’sais pas du tout comment ça marche. Toutes les tribus que j’ai pu rencontrer, elles m’ont toujours dit que c’était suuuper dangereux d’utiliser la magie noire et que seuls les anciens pouvaient en user. Alors parfois avec mon frère, on s’amusait à les imiter, on se déguisait avec des peintures de guerre sur les joues mais on chantait des vieilles chansons ou on récitait les mots qu’on venait tout juste d’apprendre. Mais de toute façon Jay, un rien lui fait pousser des cris de petite souris comme si un gros chat attrape. Et là c’est clairement les bruits qu’il fait. Il court même se réfugier dans tes bras que tu lui ouvres comme pour former un camp, une ligue contre moi. Lui il tremble comme une cocotte-minute pendant que toi, tu me fusilles du regard comme si j’venais de tuer une abeille juste devant tes yeux.

Et j’me rends compte que y’a pleins de choses l’une sur l’autre qu’on connait pas. Mais j’adore les découvrir même si tu m’regardes avec des petits yeux noirs comme ça. J’crois que c’est même la première fois que tu m’regardes comme ça. Alors ça m’fait tout drôle j’avoue, ça fait de drôles de trucs dans le creux de mon estomac et j’sais pas si c’est parce que tu m’crois capable de faire un truc comme ça à mes amis ou parce que tes sourcils se froncent et que j’en suis la cause. J’sais pas mais j’aime pas ça. Et ça se voit sur mon visage. Ça transforme mon sourire en une moue un peu triste quand j’finis par vous avouer à Jay et à toi que c’était pas vrai : « mais j’sais pas faire de rituel vaudou ou d'incantations … puis c’que j’ai baragouiné, c’était du xhosa, un patois d’afrique du sud. Et tout c’que j’ai dit, c’est chien, chat, canard, mouton, vache et cochon ». j’ai toujours la moue boudeuse, peut-être un peu honteuse quand j’me retourne vers le feu pour engouffrer un tas de marshmallows dans ma bouche jusqu’à c’que j’puisse plus en mettre un seul.

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Moi, toutes ces histoires de possession et de malédictions. Parce que j’suis sûre que y a des trucs qu’on connaît pas bien ou qu’on voit pas, enfin pas totalement. C’est hyper mystique et ça m’a toujours effrayée. Une fois, quand j’étais toute petite, j’avais même passé toutes mes nuits pendant une semaine entière dans le lit de mes parents parce que j’étais sûre que y avait un fantôme dans ma chambre (finalement, on m’a déménagée, j’ai récupéré le bureau et ma chambre est devenue un bureau, mais j’évite toujours d’y aller). Donc forcément, même si c’était un sale coup bah j’y ai tout de suite cru. Et quand j’entends ta petite voix et que j’te vois te tourner en boudant, je peux pas m’empêcher de pousser un soupir de soulagement. Je sens Jay qui se détend un peu aussi, mais il a pas l’air trop rassuré, alors j’lui dis que je vais m’occuper de régler la situation. Et j’avance à quatre pattes pour te rejoindre et poser mes lèvres sur ta joue toute gonflée. « En mets pas autant dans ta bouche petit hamster, tu vas exploser ! » Mais ça me fait rire et j’espère que ça te fait rire aussi. « Et même que si tu continues, je propose un concours de qui en mets le plus dans sa bouche ! » Heureusement que j’en ai prévu des vegan.

J’attrape donc le paquet et t’adresse un clin d’œil. Puis j’me penche vers toi pour te souffler dans l’oreille, « désolée pour tout à l’heure, tu m’as vraiment fait peur. » J’te fais un deuxième bisou sur la joue pour me faire pardonner et j’en profite même pour rajouter, « mais j’ai grave hâte que tu m’apprennes à dire vache dans ton patois d’Afrique du sud !. » Puis je me redresse, plonge ma main dans le paquet devant la foule abasourdie et légèrement impatiente de voir qui va gagner ce concours. Et quand je croise le regard toujours pas serein de Jay (mais lui aussi est excité) je hausse le ton pour balancer un bon vieux, « ne refais plus ça hein ! » en mode comme mam quand elle veut faire semblant devant pap qu’elle me gronde. Mais en général ça marche pas vraiment et je me prends le vrai savon de la part de pap quelques minutes plus tard. Et je sais que comme moi, toi tu sais que c’était des plaisanteries. Sauf que contrairement à pap, Jay il tombe trop facilement dans le panneau. 

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Toi tu sais que j’pourrai jamais faire de mal aux gens que j’aime. Encore moins à toi ou à Jay parce que vous êtes les deux personnes (après ma famille) qui comptent le plus pour moi. Toi t’es monté dans mon top 5 en un temps record et parfois ça m’fait peur. Peur de m’dire que si jamais tu t’en vas, ça reviendrait à me broyer le cœur à coup de marteau. T’as pris une place importante et j’sais pas si tu t’en rends compte. Si un jour, j’serai capable de te le dire vraiment. Alors que tu puisses penser que j’étais sérieuse avec mes menaces en patois, ça m’attriste un peu. Plus le fait que Jay m’en croit capable mais lui, on peut lui faire un peu tout avaler mais c’est aussi pour ça que je l’aime mon Jayjay. Même si là, les marshmallows sont plus efficaces pour me consoler que lui ou toi. Sauf quand tes lèvres viennent se poser sur ma joue, j’me dis que ça, ça pourrait être un bon remède. Mais j’en joue un peu et j’continue de bouder (mais pour de faux cette fois). « c’est pas grave, tant pis » que j’essaie de dire mais ça ressemble plus à des mots mâchouiller que t’as pas dû vraiment comprendre. Et c’est là que tu proposes un concours et moi les défis j’adore ça. Surtout celui du chubby bunny. J’te lance un regard pour te dire que j’accepte avant d’avaler la poignée que j’ai déjà dans la bouche, histoire qu’on commence à égalité et j’ai bien fait parce que ton second bisou me surprend et j’crois que j’me serai étouffée si j’avais tout gardé. J’essaie de retenir les coins de ma bouche de s’élever mais ils résistent pas à l’envie de copier la jolie demie lune de tes lèvres. « je t’apprendrai des mots plus utiles que vache ». je te laisse un petit rictus que tu sauras décrypter quand j’aperçois le regard de jay fixé vers nous. Toi aussi tu l’as remarqué et tu commences à lever la voix comme pour m’engueuler mais j’devine que tu fais semblant, que c’est juste pour faire croire au blondinet que tu l’as vengé de ce terrible maléfice. Bonne comédienne que je suis, je baisse les yeux au sol et m’excuse comme une gamine qu’on vient de taper sur les doigts.

Tout ça est vite oublié et le concours peut commencer. « au fait, le gagnant il a quoi ? » parce que c’est pas drôle si y’a rien en guise de victoire ! « oh je sais ! le perdant se jette dans le lac tout habillé et devra danser sur une chanson que le gagnant aura choisi ! ». j’ai déjà ma petite idée alors j’ai qu’une hâte : gagner ! « three ! two ! one ! GO » et hop j’enfourne le premier. Je demande au copain d’à côté de compter pour moi parce que j’en perds vite le compte et que j’suis trop occupée à tout bien placée dans ma bouche pour me souvenir de comment on fait !