### elle est là, perdue. une nouvelle escapade loin de chez elle, à la recherche de l'impossible. elle a encore en tête cet instant sur le toit avec in su, ce moment qui tourne en boucle dans sa tête. comme s'il était là. elle n'a pas vraiment compris ce qui l'a pris, ces illusions qui l'ont submergée. tout autour d'elle est flou, alors elle est partie, encore une fois. elle s'est perdue, aventurée, éloignée de la foule pour se retrouver, un peu. se reconnecter avec le monde sans que les autres puissent le voir. retrouver la force de s'immerger dans ce monde qui lui est trop étranger, qu'elle ne cerne plus aussi bien. elle revit l'instant et se remémore cette vue qui l'a enchantée pendant quelques secondes. bagheera, elle est partie voir les étoiles ailleurs. la solitude et le silence comme seuls compagnons, la pyobeom se décide finalement à rentrer, retourner sur ce toit qui, finalement, lui apporte plus de réponses qu'elle aurait cru. elle espère aussi le revoir. ou du moins, croiser à nouveau son âme perdue dans la nature. elle veut retrouver ces moments qui lui permettaient de s'accomoder aux gens autour, faire preuve d'une humanité pure. sa capuche sur la tête, bagheera erre sans savoir quoi faire. la brise faire virevolter quelques mèches de cheveux roses et elle continue sa route, sans même savoir où elle va. la nuit l'abrite alors qu'elle ressent cette envie de fuir encore un peu, avant de rentrer chez elle. elle ne sait pas où aller, se laisse emporter par les rues sans forcément se rendre compte de là où elle se trouve. ses pensées se bousculent, perdue dans un monde unique, qui la transporte vers des inconnus trop fascinants pour la laisser se distraire. même lorsqu'une fine pluie commence à tomber du ciel, bagheera continue sa route encore un moment. ses yeux vagabondent autour d'elle sans qu'elle se rende compte de ses vêtements qui commencent à s'humidifer. les quelques personnes sur le trottoir s'empressent déjà de s'abriter alors qu'elle ne fait que baisser la tête. jusqu'à ce qu'un frisson la parcours, et la fasse se reconnecter un peu à la réalité. quelques gouttes de pluie perlent sur son visage, son regard captivé par ce qu'il se passe devant elle. elle finit par s'installer sur un banc, coupé de ce qu'il s'abat sur les rues. son sac sur ses jambes, elle se perd devant ce spectacle en attendant que tout se calme.

### elle ne sait pas vraiment ce qu'elle veut bagheera. elle n'arrive pas à savoir où elle se sent bien, en sécurité. elle est seule face au monde et ne sait plus quoi faire. l'écho de baeju, ces souvenirs qui remontent trop souvent à la surface l'étouffent, et elle n'arrive pas à le gérer, à se couper de cette douleur lancinante quand son esprit se joue d'elle. son regard perdu essaie désespérément de trouver quelque chose à quoi se raccrocher. cette gamine qui paraît si frèle, et qui pourtant en a déjà trop vu de la détresse du monde. ces rues sont si rassurantes, et si douloureuses à traverser, et pourtant, elle ne peut s'empêcher de retourner y errer quand l'envie lui prend. prendre le temps de se couper de ce qu'il se passe autour pour comprendre, faire face au comportement des gens. assise sur ce banc, ce sont des idées fictives qui l'envahissent. ces gouttes d'eau ont beau continuer de s'écraser sur son corps, elle ne bouge pas. son regard perdu sur les gens et les lumières des boutiques, elle se mordille la lèvre en imaginant au loin bae, sautant à pieds joints dans des flaques juste pour la faire rire. un léger sourire s'esquisse sur son visage, la pluie la maintenant bien éveillée. elle se demande s'il peut la voir d'où il est, s'il se rend compte du bazard qu'il a provoqué en disparaissant. elle aimerait simplement trouver un signe de lui, se raccrochant à l'idée qu'il veille malgré tout sur elle. une silhouette se glisse à ses côtés, stoppant tout contact entre ces perles d'eau et elle. sa tête se penche légèrement et elle écoute attentivement. ses yeux se relèvent vers le ciel alors qu'elle attend un instant avant de lui répondre : "pourquoi les gens ne ressentent jamais la même chose quand ils se retrouvent sous la pluie ? c'est pourtant si agréable." ça permet de se sentir vivant. ce n'est peut être pas la réponse que le jeune homme attendait, mais elle ne saurait quoi dire d'autre. elle n'attend pas vraiment quelqu'un, elle le cherche, sans même avoir de pistes. une course en vain, mais qu'elle n'a pas encore abandonné. "la pluie finira bien par s'arrêter." et elle esquisse un léger sourire à cette idée. un élément dont personne n'a le contrôle, qu'elle ne saurait expliquer de manière rationnelle, et qui la fascine quand elle se perd dans son monde.

### assise sur ce banc, bagheera cherche seulement à savoir ce dont elle a besoin. rentrer, où bien s'enfuir, encore un peu. elle a cette envie de rester là, malgré la pluie, et le monde qui continue de tourner autour d'elle. ce sentiment qu'elle n'est pas loin de son but, sans pour autant réussir à s'en rapprocher. elle espère parfois un peu d'aide, tout en sachant qu'elle est seule à pouvoir le retrouver. alors elle préfère rester assise sur ce banc, attendant que la pluie s'arrête, admirant ces perles d'eau déferler du ciel. ses vêtements trempés ne sont qu'un moyen de sentir qu'elle fait bien partie du monde, qu'elle ne s'est pas encore envolée en fumée. "c'est vrai..." elle se pince les lèvres, tomber malade n'est qu'un risque qu'elle n'arrive pas à prendre en compte perdue dans l'obscurité. "c'est une drôle de sensation." et elle sourit de nouveau, amusée. il n'y a pas de moquerie, pas de jugement dans sa voix, juste le timbre léger d'une enfant qui n'a pas encore finit de vivre ses expériences. elle laisse le jeune homme partir, silencieuse, observe sa silhouette se diriger vers une épicerie sur le trottoir d'en face, avant de reposer son regard sur ces personnes qui s'affolent encore pour rentrer, se mettre à l'abri. elle réajuste les manches de son pull, repositionne correctement son bracelet, machinalement, et se perd dans ses pensées. elle réfléchit, se demande ce qui serait le mieux pour elle, sans même se rendre compte des affaires laissées à ses côtés. elle ne se rend pas compte des minutes qui défilent, jusqu'à ce qu'il revienne et glisse un gobelet chaud entre ses mains. elle pose un regard empli de reconnaissance sur son vis-à-vis, un léger "merci" s'échappant de ses lèvres. "c'est parfait." reprend-elle, un peu plus assurée. elle le laisse s'installer, prendre à son tour un jus de fruits qu'il sort de son sac en plastique. "je ne sais pas." qu'elle murmurre en rapprochant le gobelet de son visage, avant de prendre une gorgée de thé. elle cherche sa sécurité sans même savoir où la trouver, mais ça, elle n'ose pas l'avouer aux autres. son petit jardin secret, qu'elle développe au fur et à mesure de ses escapades. son envol par delà les peines, pour retrouver ce semblant de vie, ce cocon qu'elle a perdu et qui manque cruellement à sa vie. "c'est difficile de savoir ce qu'il y a de mieux à faire." et se sentir aussi vivant aide à le découvrir, parfois. alors elle se dit simplement que de rester là l'aidera à savoir ce qu'il y a de mieux à faire ce soir. ce dont elle a besoin pour continuer d'avancer demain.

### elle n'a jamais réellement craint les hommes, les gens en général, bagheera. c'est pas faute d'avoir été avertie des risques qu'elle peut prendre à parler à un parfait inconnu. mais elle n'a jamais su voir le mal qu'il peut y avoir en certaines personnes, elle a besoin de le vivre pour le comprendre. pourtant, le jeune homme qui s'est arrêté près d'elle ce soir ne lui semble pas dangereux, loin de là. alors elle se permet de parler avec lui, de répondre à ses questions aussi bien que possible. mais bagheera, elle n'a jamais été douée pour entamer un dialogue, faire connaissance avec les gens. alors elle se contente de répondre aussi précisemment que possible à ce qu'on lui demande, même si sa vision des choses est différente de celle des autres. le jeune homme finit même par lui rapporter une boisson chaude, et la rosée porte alors toute son attention sur son vis-à-vis. c'est rare qu'on s'arrête pour lui parler, qu'on se stoppe pour l'aider, qu'importe la façon. même un court silence entre eux n'est pas dérangeant, bien au contraire. on la trouve souvent bien étrange, on ne fait pas forcément attention à elle, alors quand quelqu'un prend du temps pour elle, bagheera est reconnaissante de ce qu'on lui apporte. un léger sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle se réchauffe un peu grâce à cette boisson qu'on lui a offert. un simple "d'accord" s'échappe de ses lèvres lorsque le jeune homme lui demande s'il peut rester. qui sait, il pourra peut être l'aider à y voir un peu plus clair, au moins pour ce soir. son regard se pose à nouveau sur lui lorsqu'il vient à se présenter, puis elle prend une gorgée de thé avant de lui répondre : "enchantée il kyung. moi, c'est bagheera." elle se demande ce qu'il fait là, ce qui l'a poussé à se stopper devant elle, mais elle n'ose pas vraiment poser la question, et se tue un instant. le temps qu'il regarde l'heure, et qu'il lui pose une nouvelle question. elle réfléchit un instant, ayant perdu la notion du temps comme à chaque fois qu'elle s'évade. elle repense à ce qu'elle a fait durant ces dernières heures, quelques secondes tout au plus. "je ne crois pas." dit-elle timidement. "je n'ai pas vraiment vu l'heure passer." ou du moins, elle était bien trop perdue dans ses pensées pour se soucier de telles choses. ça lui arrive souvent, son corps frèle en témoigne, et pourtant elle n'y fait pas réellement attention. elle a bien trop d'interrogations en tête lorsqu'elle part qu'elle en oublie parfois de s'occuper correctement d'elle, et a simplement besoin qu'on le lui rappelle.

### bagheera, elle se perd facilement dans son monde, elle s'évade avec une facilité déconcertante. jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle n'a pas besoin de fuir, qu'elle ait réussi à se reconcentrer sur la meilleure attitude à adopter avec les autres, avec elle même. elle a parfois besoin de temps, mais aussi d'une présence pour l'aider à surmonter les épreuves infligées par le temps. d'ordinaire, les gens ne s'arrêtent pas près d'elle, au contraire, ils la voient comme une pauvre gamine perdue dans son monde, que rien n'effraie, qui ne comprend pas les risques qu'elle peut encourir. ça lui convient, parce que finalement, les seules personnes dont elle s'entoure sont celles qui se soucient d'elle. du moins, c'est ce qu'elle aime croire. alors, elle est heureuse de voir qu'on prend un peu de temps pour elle, qu'on lui offre une boisson chaude alors qu'elle reste figée sous cette pluie qui l'aide à se sentir si vivante. ses lèvres s'étirent en un sourire à entendre le jeune homme prononcer son prénom. un prénom bien étrange pour certains, qu'elle chérit au plus haut point. après tout, cela résumerait presque sa vie, bagheera. "c'est ça, comme la panthère." son air enfantin reprend le dessus alors qu'elle repense à ma, sa sauveuse, celle qui a choisit ce prénom pour elle. mais elle est bien vite sortie de ses pensées, alors que il kyung se relève, lui tendant la main. "eh ?" est-ce qu'elle lui fait confiance ? bagheera est bien trop naïve pour imaginer qu'on lui voudrait du mal. la petite tape sur son nez lui fait lâcher un rire, alors que ses yeux se plissent. sa tête se relève finalement vers le jeune homme, cette sensation de retomber en enfance, comme lorsque baeju essayait de l'embêter alors qu'elle se perdait dans ses formules. "ne, comment tu sais ?" presque admirative, elle le contemple, se demande comment il fait pour savoir qu'elle restera là, jusqu'à trouver ce qu'il serait mieux à faire. une moue se dessine sur son visage alors qu'elle l'écoute attentivement. "c'est bon les ramens." et sans en dire plus, elle se relève à son tour, souriant timidement. sa façon a elle d'exprimer qu'elle accepte de le suivre, sans poser plus de questions. elle a besoin de prendre plus de temps avant de rentrer, de répondre à quelques dernières interrogations avant de reprendre le cours des choses. et peut être qu'en le suivant, elle aura des réponses, elle l'espère. son regard dévie vers le bus arrêté non loin. "faudrait pas que le bus parte avant alors." elle rit à nouveau, presque discrètement. elle a cette sensation de retourner en enfance, de retourner à ce temps où rien n'importait, à part le fait de s'amuser, et découvrir ce que le monde a à lui offrir.