Je n’avais pas retenu mes coups ce soir. Au point même qu’ils avaient dû s’y mettre à trois pour me retenir de tuer ce pauvre imbécile qui m’avait défié. Je restais un des favoris de ce club clandestins, et sans doute un des plus vieux aussi. La plupart se retirait avant qu’il ne soit trop tard, avant d’aller trop loin. Mon problème était que je cherchais toujours à aller plus loin, car plus le temps passait, et plus j’avais de mal à évacuer la colère qui s’accumulait en moi. De plus en plus, je me disais que les combats ne me suffisaient plus, que j’allais finir par dépasser la limite du meurtre. Oh, ca n’aurait dérangé en rien les personnes ici. Ca arrive parfois, que quelqu’un meurt. C’est le jeu. Un petit jeune qui a vu plus gros que le ventre. Sans doute ne m’auraient-ils pas cherché à m’arrêter si je ne les avais pas supplié de le faire si jamais un jour ca arrivait … cette envie de mort qui m’habitait … ca me consumait à petit feu. Je pouvais supporter le fait de tuer en étant le monstre, le double qui partage le même corps que moi. Néanmoins, si je devais tuer en étant pleinement conscient de mes gestes, je ne saurais le supporter. Dans les vestiaires, je prenais une douche froide, rafraichissant mes esprits. J’avais réussi à reprendre le contrôle de moi quand elle était à nouveau à mes côtés… mais elle avait choisi de continuer sans moi … son absence me rendait dingue, et savoir avec qui elle se trouvait rendit la chose pire. Les verrous qui retenaient ma double personnalité avait sauté, le laissant libre de ses mouvements, rendant ma vie insupportable. Je tapais mon poing contre le mur avant de soupirer. Je sortis de la douche, me rhabillant sans prendre la peine de sécher mes cheveux. Avec la chaleur, même la nuit, il ne faudrait pas longtemps pour qu’ils sèchent naturellement. Retournant dans la salle de combat, je m’apprêtais à sortir quand un combat retenu mon attention. Une nouvelle tête que je n’avais pas encore vu. Je m’arrêtais un instant pour l’observer. Il était entrain de se faire massacrer. Cependant, il avait cette rage dans le regard que peu ici avait, le rendant unique. Il me rappelait moi à mes débuts. J’avais été jeté dans l’arène sans mon consentement, me faisant massacrer pour le peu de compétence aux combats que j’avais. J’avais pourtant cette rage de vivre et de vaincre qui avait réussi à me maintenir en vie et de m’en sortir vivant. D’une certaine façon, je me voyais en lui. Espérant pour lui qu’il s’en sorte, je partis noyer ma solitude dans le bar miteux le plus proche où j’étais certain de ne croiser personne que je ne connaissais. Moins d’une demi-heure plus tard, le petit nouveau entra à son tour. Assis au bar, je sirotais ma bière tout en l’observant du coin de l’œil. Quand il entrait dans les toilettes, je le suivis, allant pisser. « Tu tiens encore sur tes jambes seul. Ce n’est pas si mal pour une première fois. Personnellement, il avait fallu qu’ils me portent à deux pour me sortir de la cage. » Lâchais-je l’air de rien tout en me soulageant à quelques mètres de lui.