Don't just run for temptation (+) Bao
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Don't just run for temptation (+) Bao | Dim 4 Juin - 11:42 Citer EditerSupprimer
Don't just run from temptation, look it in the eye and defeat it
Bao & Je Ha
Mes paupières flanchaient, à l'image d'un corps qui ne supportait plus ni les odeurs ni les sons qui m'entouraient. Les mains enfoncées dans les poches de mon blouson, je laissai le voile de mes cils s'abaisser pour chasser la douleur d'un battement de cœur et le souvenir qui s'obstinait à me suivre telle une ombre. Alors je soufflai, immobile, en me concentrant sur l'air qui caressait mes lèvres plutôt que sur les émanations qui noyaient les lieux. Un nom lancé, appelé. L'obscurité éclaboussa mes traits tendus et s'y attarda en tissant sa toile dans un regard, dans une expression, dans des gestes, dans l'absence trahie par des pupilles dilatées et figées. Je haïssais cet endroit mais plus encore, je haïssais ce qu'il représentait. La fragilité, la connerie, la cécité, la faiblesse … ce même faiblesse qui me poursuivait par le biais de ces crises de merde qui me forçaient à revenir consulter une fois par mois. Je me redressai et entrai dans le cabinet du médecin, pour subir les mêmes mots, les mêmes questions, les mêmes silences. Seul mon orgueil m'empêchait de fuir, physiquement aussi bien que psychologiquement. Pourtant, j'aurais préféré ne pas me laisser étouffer par ma fierté et ne plus remettre les pieds dans ce bureau. Mais elle me maintenait sur cette chaise, me forçais à donner le minimum vitae et à accepter l'ordonnance pour des pilules qui m'empêchaient de sombrer quand je perdais le contrôle de mes émotions au point de ne savoir faire autrement. Ce fut un soulagement d'échapper à ce que je considérais comme une prison. La tête légèrement renversée, je goûtais à l'air comme je l'avais fait lorsque j'étais sortit définitivement de convalescence, six mois plus tôt. Respirer, expirer. La poigne du mal être se desserra et je descendis les escaliers souplement, en laissant derrière moi un passé que j'avais parfois l'impression de retenir consciemment. Pour ne pas recommencer. Je rejoignis ma voiture, ouvris la portière et m'installai sur le siège. Les gestes étant automatiques, mes pensées étaient ailleurs. Je les focalisai sur mes cours pour me changer les idées et démarrai. Le paysage n'était qu'une tâche floue. J'étais absent, coincé dans mon esprit et ce au point d'en oublier la route. Je ne vis sa silhouette qu'au dernier moment et je ne dus l'arrêt qu'à un réflexe. Ma ceinture me coupa le souffle et mon cœur s'emballa. Les tempes bourdonnantes et l'estomac compressé par une angoisse brusque, je regardais celui qui s'énervait sur la chaussée. J'aurais dû m'excuser. Ce fut mon premier geste, d'entrouvrir les lèvres, de m'avancer légèrement vers le pare brise. Mais je fus stoppé dans mon élan par le souvenir. Je l'avais déjà rencontré. Durant une dizaine de minutes, je l'avais détesté au point de l'attraper pour le sortir de la pièce. J'avais associé à son visage tous ceux avec lesquels elle m'avait trompé, associé son visage à la rage et à l'amertume. Associé son visage à elle. Un voile imbiba mes prunelles écarlates tandis qu'il s'éloignait. Je repliais les doigts sur le volant, insensible aux coups de klaxon qui retentissaient dans mon dos, indifférent au temps et à tout ce qui ne concernait pas les émotions qui me submergeaient. La respiration sifflante, je penchai la tête et m'efforçai de respirer profondément. Il m'échappait, cognait sourdement, pompait un sang qui filait et comprimait des poumons qui peinaient. La sueur perla le long de mes tempes tandis que j'ouvrais la bouche pour réclamer un air manquant. Je détestais céder mais, sentant la crise s'exacerber, je me penchai pour ouvrir la boîte à gant et récupérai la boîte de médicaments que j'y laissai en permanence. Il était tambour. Il était douloureux. La gorge sèche, la langue brûlante et les yeux humides, je ripai mon pouce contre le bouchon que je fis sauter avant de retourner le contenant. Des dizaines de points blancs, presque troubles, tombèrent sur le siège. J'en attrapai deux et les avalai avant de me laisser aller contre mon siège, déconnecté de la réalité. Elle fut fine. Presque irréelle. J'inspirai, affamé, assoiffé. Je respirai jusqu'à me calmer et nourrir mes organes angoissés. Quand je rouvris les yeux, les voitures klaxonnaient toujours en contournant la mienne. Je redémarrai et, ignorant la route conduisant à l'université, tournais dans une rue familière. Je m'arrêtai devant une pâtisserie française et descendis, en prenant soin de respirer à plein poumon dès que j'ouvris la portière. D'ordinaire, j'allais chez Il Nam, mais je n'avais aucune envie de lui laisser entrevoir le choc émotionnel que je venais de ressentir. Je poussai la porte vitrée. « En voilà un visage familier. Ça me fait plaisir de te voir jeune homme. Un fondant comme d'habitude ? » « S'il vous plaît » acquiesçai-je absent. Je la payai, récupérai le gâteau et m'installai à une table près de la vitre. J'aurais aimé les oublier tous les deux et me débarrassai de la sensation pernicieuse que j'étais en faute. Que j'étais le raté dans cette histoire sordide. Je me laissai aller contre le siège et fermai les yeux. Je n'y étais pour rien. Ma seule erreur ne concernait pas mon comportement avec elle mais vis à vis d'elle. J'avais été aveugle, point. J'enfonçai la fourchette dans l'épais gâteau et amenai le morceau à mes lèvres encore sèches, marquées par une crise qui ne m'avait pourtant secoué que quelques minutes. Un mouvement attira alors mon attention, tandis que je laissai fondre le chocolat sur ma langue. Un visage, couronné d'une chevelure blonde. Un regard fixe et sans gêne. Je levai un sourcil en l'observant puis détournai les yeux en pivotant légèrement vers l'intérieur du magasin. Les muscles raides, je coulai un nouveau regard vers l'extérieur et remarquai ne pas être celui qu'elle dévorait des yeux. Soulagé de ne pas être le sujet de son crush momentané, je me désintéressai d'elle et pris une nouvelle bouchée, sans plus me sentir concernée par cette femme. Je n'aspirai qu'au silence. Je n'aspirai qu'à échapper à cette chape lourde qui tentait de m'étouffer par le biais d'images que j'exécrai. Je fermai légèrement les yeux, voilant de stries sombres la pâtisserie, et savourai le gâteau pour m'accrocher au plaisir plus qu'à ce mélange de tristesse et de colère.
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Re: Don't just run for temptation (+) Bao | Dim 4 Juin - 11:45 Citer EditerSupprimer
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Bao & Je Ha
J’ouvrais le réfrigérateur pour la énième fois, mais il restait désespérément vide. Je passais les placards au peigne fin, espérant ne serait-ce que trouver une miette sur laquelle me repaitre, mais mes doigts se refermaient sur le néant. Trois. Je rayais mentalement les jours que je passais à jeun. La main sur mon ventre amaigri, le front appuyé sur la porte du placard que je venais de refermer, je soupirais, de fatigue mais surtout du manque de nourriture. Je privais mon estomac au même titre que mes muscles, un véritable supplice auquel je ne m’habituerais jamais. La douleur me coupait le souffle alors que je partais à la recherche de ma génitrice. « Mā… » Je n’eus pour toute réponse que le silence, seule dans le minuscule appartement je tournais en rond. J’attrapais mon téléphone avant d’écrire dans l’empressement au seul qui me connaissait suffisamment pour ne pas porter de jugement, pour m’aider. Le seul sur qui je pouvais avoir le contrôle et dominer avec une facilité déconcertante. Une nouvelle crampe me terrassait et mes doigts s’arrêtèrent de courir sur l’écran, laissant en suspens une supplication qui ne me ressemblait pas. De rage, je balançais l’appareil à l’autre bout de la pièce et il tomba sur le bazar ambiant amortissant sa chute. Je m’en voulais presque d’avoir failli briser le seul téléphone que j’aurais de ma vie, j’avais mis un temps fou à pouvoir me l’offrir, et je préférais encore oublier la manière dont j’avais pu récupérer les quelques billets qui m’avaient permis d’y parvenir. La colère me consumait et aspirait le peu d’énergie qu’il me restait, et je me maudissais, d’être si faible à cet instant, d’être seule et de m’entêter à repousser mon entourage. La confiance était une défaillance à laquelle je ne succomberais pas, préférant le chaos solitaire dans lequel je baignais. Un nouveau soupir m’échappa, et je laissais la colère s’évaporer au profit d’une résiliation appuyant sur mes épaules. Las, épuisée j’abandonnais mon foyer pour retrouver la fraicheur de la rue, ma seconde demeure. Je m’y sentais étrangement plus à l’aise, arpentant les artères noires de monde. L’agitation Coréenne ne m’atteignait même plus, je l’ignorais concentrée sur cette torture physique qui embrumait mon esprit. Je me sentais impuissante, où était passée la combattante ? La guerrière qui savait faire front peu importe la situation ? Elle était réduite au silence, anéantie par un besoin aussi simple que la faim. Le destin se moquait de moi… après avoir enduré et bravé une vie décousue, il m’abattait de la pire manière dans une lente et cruelle agonie que je ne pouvais combler. Je remuais entre mes doigts les quelques pièces qui dormaient dans la poche de mon jean, une somme dérisoire alors que j’observais les étalages de fruits. J’aurais pu commettre un nouveau délit, j’aurais pu voler quelques victuailles, mais l’idée de courir pour sauver ma peau me fatiguait déjà. Et si je me faisais arrêter ? Ils ont de la nourriture au commissariat ? J’envisageais cette option sérieusement avant de me rendre compte de la dangerosité d’une mission suicide. Mais bien sûr, pour finir par être testée et finalement voir ressortir des résultats positifs à la drogue ? D’une main, je rabattais les longues mèches blondes et abîmées qui me barraient le visage, exposant aux yeux du monde les cernes et les joues creusées de ce visage décharné. Je fouillais mes poches à la recherche de mon téléphone, peut être que Nina m’avait prévenu d’une nouvelle soirée dans laquelle je pourrais m’introduire, peut être pourrais-je trouver une autre alternative à celle de errer comme une âme en peine… Mon poing se refermait sur le vide alors que je me souvenais avoir laisser l’appareil dans mon enfer. Bao ressaisis toi… Il fallait que je m’occupe, que je fasse taire les grondements qui s’échappaient de mon ventre. Et quelle meilleure idée que de s’asseoir contre la vitre d’une pâtisserie dans laquelle je ne pouvais de toute façon pas entrer ? Je glissais pourtant mes yeux sur la vitrine, observant les chanceux qui pouvaient profiter de quelques gâteaux tout juste sortis du four. Je salivais devant les assiettes garnies, ma gorge s’asséchait devant les boissons sucrées qui trônaient fièrement sur les tables, et parmi la foule, je remarquais une âme solitaire. Ok, c’est ma chance ! Je posais mes iris sur la proie que je venais de me choisir, seul il était une cible de choix. Je ne m’attardais pas sur son physique, je n’avais d’yeux que pour son assiette, et en quelques pas je me trouvais face à lui. La réalité me semblait déformée, embuée tant j’aspirais à remplir mon estomac. La gorge nouée, j’aurais pu craquer à tout moment, laisser s’échapper la frustration par quelques perles salées, mais ç’aurait été admettre ma faiblesse. Au lieu de ça je fixais l’objet de ma convoitise, celui pour lequel mes entrailles se tordaient douloureusement, une odeur enivrante et pour laquelle mes sens devenaient fous. Il porta un morceau à ses lèvres, et je voyais le chocolat disparaître, avalé par cette bouche qui me narguait sans le vouloir. Je ne pus me retenir davantage, je baissais les armes, juste un peu pour pouvoir m’asseoir en face du parfait inconnu. Je n’avais aucune gêne, je préférais passer pour une cinglée que de fuir comme une lâche alors qu’un nouveau grondement résonnait. Je ne trahissais aucune honte pour mon état, j’étais affamée et je me fichais du regard des autres, après tout qui s’en souciait ? Tu aurais dû aller voir Jun Ha… Je me giflais intérieurement en pensant à mon meilleur ami, pourquoi lui infliger une nouvelle fois cette fille dépassée par l’argent et la vie ? D’un geste, j’attrapais la fourchette qui gisait entre ses doigts pour la planter dans le gâteau et en prendre une bouchée à mon tour. J’ignorais son regard interloqué et savourait le goût du cacao qui s’étalait sur ma langue. Je fermais les yeux jouissant de cette sensation pour laquelle je me serais damnée, et qui m’arracha une grimace de douleur alors qu’il tombait dans un estomac vide. Une ration qui ravageait davantage mon organe. C’était pire que d’en ressentir le manque. Je rendais l’ustensile appuyant la nuque contre le dossier de la chaise avant de remonter mes jambes contre ma poitrine et de les enrouler de mes bras. Je ressentais davantage cette maigreur alors que je reportais mon attention sur ma victime. « Salut. » Malgré son air renfrogné, il était plutôt séduisant, mais je ne laissais rien paraître, les traits de mon visages restaient obstinément figés, à l’image de ce corps presque inerte que je trainais. Je n’usais d’aucune stratégie, guidée par l’instinct de survie, je m’imposais sans lui laisser le choix, et pourtant. Peut être pouvais-je utiliser à nouveau mon corps en échange d’une aide relative. Ce n’était pas la première et certainement pas la dernière fois… Je fis taire le feu et la colère qui menaçaient d’exploser pour lui offrir un sourire contrit, presque doux, un contraste saisissant avec le regard déterminé que j’arborais. Trempant le doigt dans le chocolat fondu, je le portais à mes lèvres sans le quitter des yeux. « Il paraît que le chocolat est un aphrodisiaque, mais j’avoue que je n’ai jamais pu le vérifier. » Mon ventre n’était pas le seul à ressentir la faim. Tu aurais dû aller voir Jun Ha… Je fis taire cette voix alors que je tentais de combler ce tiraillement qui me poussait une nouvelle fois à user de mes charmes, dans des gestes lents, tremblants. « Et toi ? Tu as déjà confirmé cette théorie ? »
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Re: Don't just run for temptation (+) Bao | Jeu 13 Juil - 16:14 Citer EditerSupprimer
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Bao & Je Ha
Le crissement d'une chaise m'arracha à mes pensées. Je levai légèrement les yeux et croisai le regard d'une jeune fille familière. Fixe et sans gêne … la blonde de la vitrine. Un frisson me parcourut l'échine et je me raidis, méfiant. Néanmoins, et une nouvelle fois, je n'étais pas celui qu'elle regardait. Elle fixait la part de gâteau entamée dans mon assiette, avec une avidité qui laissait peu de place au doute. Elle était affamée. Touché malgré moi par un tableau inattendu, je remarquai ses joues creuses et la pâleur de ses lèvres arrondies en une supplique silencieuse et inconsciente. Aussi ne dis-je mot quand elle tendit le bras pour m'arracher une fourchette qu'elle planta rapidement dans l'objet de son désir. Elle le porta à sa bouche, qu'elle parsema de miettes brunes, et ferma les yeux en poussant un soupir de contentement qui se mua en grimace douloureuse. Si j'en jugeai par ses réactions … elle n'avait pas mangé depuis un moment. Pourtant, elle reposa le couvert près de l'assiette avant de se recroqueviller sur sa chaise en prononçant un mot. Cinq lettres. Je me contractai instinctivement et me redressai contre la mienne. Si, et en dépit de mon humeur, je compatissais, je n'avais, pour autant, aucune envie d'engager la conversation avec elle. Mais elle ne s'offusqua pas d'un silence qu'elle contourna d'un sourire, dont la douceur tranchait avec l'intensité d'un regard qu'elle ne dédiait plus au gâteau. Une attention que je n'aimais pas plus que son geste, qui la conduisit à couler dans le chocolat un doigt qu'elle fit disparaître sensuellement entre ses lèvres. Mal à l'aise, je serrai les miennes. Que cherchait-elle à faire brusquement ? A flirter pour une pâtisserie ? Elle me le confirma d'une phrase, de quelques mots soufflés d'un ton tremblant qui dénonçait une intention que je n'avais pas la moindre envie de comprendre. Je tendis le bras et poussai l'assiette vers elle, sans la quitter des yeux. « Si tu as faim mange. » fis-je sèchement sans masquer l'irritation qu'avait provoqué ses paroles. « Mais, la prochaine fois, dis les choses clairement et ne flirte pas avec n'importe qui. Beaucoup auraient sauté sur l'occasion de te soutirer plus qu'un simple jeu pour quelques miettes. » Je plongeai la main dans ma veste et en sortis mon porte feuille dont je tirai un billet de cinquante milles wons que je posais près d'elle. Alors, j'attrapais mon sac et me levai pour quitter la table, sans un mot ni même un regard. J'aurais peut-être dû faire plus pour elle mais ma méfiance exacerbée me poussait à m'éloigner plutôt qu'à tenter de chercher une solution pour lui venir en aide. Je poussai la porte et descendis les marches menant au trottoir où j'avais garé ma voiture. Ma conscience me rattrapa au moment où je m'installai sur le siège avant. Je la muselais. Autrefois, j'y serais certainement retourné sans vraiment d'hésitation. Autrefois. Je démarrai abruptement et repris la route, la nuque raide. Le visage de cet homme détruisit celui de la jeune inconnue et mes émotions remontèrent pour m'étrangler et m'aveugler momentanément. Je conduisis instinctivement jusqu'à l'université, submergé non plus par l'angoisse mais par la colère. Hors, je ne connaissais qu'une seule activité susceptible de me calmer. Je garais ma voiture sur le parking de la fac et récupérai mon appareil photo. Marchant au hasard, je laissai parler mon humeur. Des feuilles brisées, des fleurs piétinées. Un couloir vide. J'ignorai même comment j'en étais venu à me retrouver au quatrième étage du bâtiment nord, désert la plupart du temps. Je m'arrêtai près des casiers et coulai un regard vers l'écran de mon appareil. L'éclairage sombre donnait à la photo un aspect presque déprimant. Je soupirai faiblement et me laissai glisser contre le mur pour m'asseoir. La tête contre le casier, je fermai les yeux. Cette journée n'en finissait pas. Quand allais-je pouvoir oublier ? L'humiliation, la déception, la honte ? La douleur ? Le rideau de cils noirs se leva et dévoila deux jambes tendues aux muscles dessinés sous mon pantalon fin. Muscles inexistants quelques mois plus tôt. Je frappais la tête contre le casier et levai les yeux vers le plafond. C'est ridicule. Comment pouvais-je me laisser encore atteindre par ces enflures ? Qu'ils aillent se faire foutre. Je sortis mes écouteurs des poches de ma veste et les glissai dans mes oreilles afin d'y faire couler la musique à flot. A fond. Les notes martelèrent un esprit sauvage, rebelles et rapides. Fortes. Je pliai une jambe et me laissai porter. Ma tête bougea, au rythme de ce que j'écoutais et non plus de pensées assassinées.Je retirai la lanière d'un appareil que je posai à côté de moi et m'abandonnai à ce que j'écoutais. De toute manière, j'étais seul. Une solitude que j'appréciai d'autant plus dans les moments où je me débattais avec mon passé. Les mots percèrent la barrière jusqu'ici inerte de mes lèvres, graves et suaves. Ils s'arrachèrent à ma gorge, comme pour expier des émotions dans une chanson qui déclamait tout ce qui me hérissait désormais. Tout ce en quoi je ne croyais plus. Mais le rythme et la musique suffisaient à tuer les sensations négatives qui me pourrissaient depuis que j'avais mis les pieds à l'hôpital. Je posai mon bras sur mon genou relevé, qui bougeait au même rythme que ma tête. Ma voix s'éteignit avec celle du chanteur et j'appuyai longuement mon crâne contre le casier en inspirant profondément. Le soupir fut bref mais fis fuir mes paupières. Je regardai le mur quelques secondes, tournai la tête … et me figeai. Je n'étais plus seul. Elle se tenait à quelques pas, plus petite que je l'avais imaginé lors de notre première rencontre. Je me raidis, le regard durcit et la mâchoire contractée. « Quoi ? » l'agressai-je instinctivement. D'ailleurs …. Je levai un sourcil, sans comprendre ce qu'elle foutait dans un couloir que personne ou presque n'utilisait. « Je peux savoir ce que tu fous là ? » Étudiante ou non, la coïncidence était suffisamment troublante pour que je me hérisse spontanément, à l'image d'un animal sauvage prêt à mordre. M'aurait-elle suivit ? Et si oui, pourquoi faire ? Personne n'était assez idiot pour poursuivre un mec rébarbatif pour un simple merci. Alors pourquoi?
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Re: Don't just run for temptation (+) Bao | Lun 17 Juil - 21:05 Citer EditerSupprimer
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Bao & Je Ha
Je me fichais de le déranger, l’appel du la nourriture était bien trop fort pour ne pas y succomber, et l’odeur du chocolat, une torture aussi délicieuse que cruelle caressait mes narines pour me tourmenter. Il ne me fallut qu’une fraction de secondes pour me décider à lui en subtiliser un morceau, savourant la douceur et la chaleur du chocolat fondant sur ma langue. Une seule bouchée avait suffi à me rassasier tant mon estomac protestait contre cette abondance soudaine. En remontant mes jambes pour les entourer de mes bras, je reportais mon attention sur la victime que je m’étais choisie, le saluant presque nonchalamment avant de le provoquer une première fois, le doigt coincé entre mes lèvres, je le voyais se renfrogner davantage. Alors quoi, il était insensible aux charmes féminins ? Ridicule, n'importe quel homme baverait pour moins que ça, un regard à peine subtile, un geste dont le sous-entendu ne laissait pas de place au doute et une question directe. Je n'avais même pas besoin de me forcer pour lui faire comprendre ce que j'avais en tête. Un remerciement en contrepartie de sa générosité ? Très peu pour moi. Non, juste une manière de faire passer le temps en charmante compagnie. Néanmoins, la sienne semblait compromise. Les sourcils froncés, la mâchoire crispée, il n'était pas stupide au point de ne pas avoir compris tout de même ? Étais-je tombée sur le seul attardé de la salle ? Heureusement, son mutisme pris fin en même temps qu'il m'offrait son assiette, des paroles prononcées sans aucun tact. Si monsieur n'était pas adepte des courbes féminines, c'est qu'il devait éprouver un intérêt certain pour des musculatures semblables à la sienne. Je pouffais, un rire dépourvu d’humour face à sa réflexion. « Tian le* mais où avais-je la tête ? Moi qui pensais les hommes si doux et dénués de toute pensée badine… me voilà bien déçue. » Mauvaise pioche Bao, tu feras mieux la prochaine fois. Après tout, les hommes ne manquaient pas, et rares étaient ceux qui refuseraient plus qu’un échange verbal. Excepté le phénomène qui me faisait face, et cette rencontre aurait pu s’arrêter sur cette discussion, j’aurais pu l’oublier aussitôt qu’il avait passé la porte de la pâtisserie s’il n’avait pas touché un point particulièrement sensible. De l’argent qu’il déposait juste à côté de ma main endormie sur la table. Beau certes, mais tellement con. Je fulminais alors qu’il partait sans même se retourner. Je lui faisais pitié au point qu’il se sente obligé de m’apporter son aide en me faisant passer pour une mendiante ? Par ce geste il avait piétiné ma fierté, écrasé et réduit mon existence à celle d’une miséreuse. En étais-je une ? Certainement, mais personne ne pouvait s’octroyer le droit de me le rappeler. Ma paume rencontra le billet pour le froisser, le papier souffrait de ma poigne affaiblie pour que le repousse sur un coin de la table. La rancune tenace, je ne savais si j’étais soulagée à l’idée que nos chemins ne se croisent peut être jamais de nouveau, ou si au contraire mon appétence pour la vengeance ne réclamerait d’être comblé face à cet affront. Dans un effort douloureux, je quittais ma chaise, sans aucun regard pour cette part de gâteau qui me dégoutait plus qu’autre chose, et j’entrepris de retourner errer sur le campus. Mais avant de passer la porte, je fis volte-face, récupérant le papier abîmé pour le fourrer dans la poche de mon jean. Non, je n’acceptais pas cet argent, je le rendrais à son propriétaire si le destin m’accordait ma revanche, et dans le cas contraire, je décidais de m’en débarrasser en l’offrant à mon tour.
Je marchais, choisissant d’échauffer mes muscles fatigués pour me rendre à un endroit que je savais tranquille. Sans prêter la moindre attention aux promeneurs qui rencontraient mon chemin et que je bousculais à intervalles réguliers décrochant des regards agacés, j’avançais. Jusqu’à enfin apercevoir les bâtiments familiers de l’université. Je savais exactement où me rendre, ce couloir dont j’avais fait mon refuge. Laissé à l’abandon, les casiers ne témoignaient plus que d’une affluence étudiante autrefois quotidienne, et dormaient, poussiéreux et abîmés, rouillés pour certains. Je montais les marches jusqu’à atteindre mon repaire, un lieu isolé et vierge de toute vie habituellement et qui pourtant abritait une âme en quête d’un peu de solitude. J’haussais les épaules, en le voyant dos appuyé contre le mur et le regard perdu sur un plafond aussi intéressant que déprimant. J’hésitais presque à le laisser profiter de sa retraite, mais il m’intriguait. J’avais la sensation de l’avoir déjà vu, et la frustration qu’il dégageait était captivante, faisant écho à la mienne et à ce besoin de rendre la pareille à cet idiot qui avait réussi à provoquer la furie. Mais plus je m’approchais, et plus je me disais que le destin se moquait de moi. Ou était-ce tout simplement mon souhait qui avait été entendu ? Je pensais à souhaiter autre chose de plus utile, mais la rage contre cet imbécile me consumait à tel point que je ne réfléchissais qu’au châtiment à lui infliger. J’approchais le plus tranquillement du monde, parant mon visage de ce masque d’impassibilité, cette image qui me caractérisait alors que je savourais déjà de voir les traits de son visage se durcir à ma simple vue. Ma langue claqua contre mon palet face à sa colère que j’estimais ridicule. Après tout, c’était lui qui avait clairement manqué de respect à une femme qui ne demandait rien de plus qu’une discussion moins verbale et davantage physique. Coincé ou inexpérimenté sans doute. « Wow… je te trouve plutôt culotté. » Je pointais un doigt accusateur vers lui alors qu’il se relevait. Tant mieux, ça m’évitera la lâcheté de frapper un homme à terre. « Qu’est-ce que ça peut te faire ? C’est un campus ouvert à ses élèves, non ? » C’était presque affligeant de voir un homme être autant sur la défensive pour quelques mots. Son regard et la tension qui émanaient de lui attisaient davantage le brasier familier qui éveillait la boxeuse, et instinctivement, mes doigts se refermèrent. C’était pourtant lui qui m’avait humilié en me tendant une main généreuse au travers d’une compensation financière déplacée. Il avait beau être plus grand que moi, j’avais terrassé des spécimens plus imposant encore. Je glissais la main dans la poche de mon jean pour la refermer sur le billet en boule, réduisant en même temps la distance qui me séparait de l’idiot qui avait osé me rabaisser. J’affichais un sourire presque victorieux lorsque son dos heurta le métal des casiers avant de l’accabler davantage. « J’aimerais comprendre ce qui a pu passer par ton esprit arriéré pour vouloir m’offrir une compensation financière. » J’agitais sous son nez le papier chiffonné avant de le coincer en plaquant mon avant bras sur son torse. La colère déferlait dans mes veines alors que mes muscles se contractaient, un automatisme acquis avec la pratique de sports de combats depuis des années. J’approchais le billet de mon visage, glissant un regard vers la somme qui y était inscrite. « Alors comme ça je vaux… cinquante mille wons ? Sur quoi tu te bases pour me donner un prix ? » Je soupirais devant son air interdit et j’usais du peu de force que j’avais pour le retenir contre son gré. « Tu veux vraiment que je te donne une raison pour me payer ? » Sans lui laisser le temps de réfléchir, je glissais la main munie de l’argent insultant dont il m’avait gratifié directement dans la poche de son jean. Si j’avais été l’une de ces filles pour qui le romantisme avait un quelconque intérêt, si j’avais accordé de l’importance à la proximité de deux corps, j’aurais sans douté été gênée de l’avilir de cette façon, mais ce n’était pas le cas, je n’étais qu’une folle à la recherche de ce qui pourrait combler le manque que je ressentais. Il pouvait penser ce qu’il voulait, j’usais de ce que je connaissais au travers d’un toucher étouffer par le tissu, d’une colère maquillée par la domination, d’un regard noir planté dans ses onyx sans doute aussi assombris que les miens. « Je te rends ton argent puisque tu n’es pas de ceux qui flirtent il me semble. Tu trouveras sans doute de quoi en faire un meilleur usage. » Je libérais ma main, rongée par l’envie de coller mon poing dans cette moue dégoutée qu’il affichait. C’en était presque dommage, en d’autre circonstance, une telle approche aurait pu conduire à un corps à corps autrement plus intéressant.
*Seigneur
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