Je coupai le moteur et les phares s'éteignirent, achevant de plonger le parking dans une obscurité d'autant plus lourde que le soleil s'était couché moins d'une heure plus tôt. Je tendis le bras vers le plafond et allumai la lumière intérieure avant de me pencher sur le volant. Aucun éclairage ne fonctionnait. « Super. » grommelai-je en enclenchant la lampe de mon portable. J'attrapai le pack de bière posé sur le siège avant, éteignis la lumière puis descendis de la voiture à la lueur de mon téléphone. Je n'y voyais pas à plus d'un mètre et seuls les échos donnaient un peu de vie à un lieu que j'aurais volontiers décris comme fantomatique. Je remontai l'allée vide et ouvris la porte conduisant aux ascenseurs. Il me fallut moins d'une seconde pour comprendre que le parking n'était pas le seul endroit touché par la panne d'électricité. Resserrant les doigts autour du carton, je m'engageai dans les escaliers et grimpai les marches quatre à quatre jusqu'à l'étage d'Il Nam. L'éclairage blanchâtre offert par mon Sony donnait à la porte un aspect différent, qui excluait tout souvenir perturbant. Je m'approchai du panneau et glissai l'appareil entre mes dents pour pouvoir taper le code qu'Il Nam m'avait envoyé par SMS. Mon bras se figea à mi parcours. Le sourcil levé, je poussai la porte du poing. Elle s'ouvrit sans bruit, avalée par la noirceur d'un appartement silencieux. Je balayai les lieux du faisceau et remarquai la lampe éclatée sur le sol. Qu'est-ce …. Un son sourd retentit, en un écho faible qui trahit une présence dans le couloir menant aux chambres. En proie aux doutes, je posai le pack de bière sur le sol et attrapai la batte de base-ball qu'Il laissait traîner près de l'entrée. Le souffle lent, j'avançai d'un pas leste en prenant garde de ne rien cogner. Une odeur de pâtisserie baignait les lieux, seul indice laissant présumer qu'Il Nam avait passé un moment à l'appartement récemment. « Il ? » tentai-je en m'immobilisant près du couloir. Seul le silence répondit, accompagné par les battements accéléré d'un cœur préoccupé. Pourquoi la porte était-elle ouverte ? Et pourquoi, s'il était celui qui trafiquait dans l'obscurité, ne répondait-il pas ? Je plissai les yeux, sans parvenir à savoir s'il s'agissait d'un cambrioleur ou de mon ami brusquement devenu sourd. Dans le doute, je m'engageai dans le couloir à la lueur de la lampe. La porte de la chambre d'ami étant ouverte, elle fut la première dans laquelle je passai la tête et la main. Le faisceau ne révéla rien et pour cause … le mouvement vint de l'arrière. Je réagis impulsivement et lançai le bras. La batte cogna, une demi seconde avant que la lampe ne révèle le visage d'un ami grimaçant. « Bordel Il » grognai-je avant de m'apercevoir que la batte était toujours plaquée contre son flanc droit. Je la baissai et guidai mes doigts, ainsi que mon portable, derrière mon oreille en un toc qui traduisait mon mal être et ma brusque culpabilité. «Désolé … comme tu n'as pas répondu, je pensais que tu étais cambriolé. Comment se fait-il qu'on voit rien ici ? » grommelai-je en posant la batte sur mon épaule. « Tu cherchais ton portable ? » m'enquis-je en dirigeant le faisceau vers le bas pour ne pas l'éblouir. Les aboiements d'un chien résonnèrent à l'extérieur et les lampes se rallumèrent brusquement en un grésillement semblable à ceux qui précédaient les apparitions surnaturelles dans les films d'horreurs. Et comme pour souligner une idée fugitive, elles s'éteignirent de nouveau, en un claquement qui aurait pu dénoncer sa propre installation électrique si les lampadaires, à l'éclairage trahie par les fenêtres de la chambre, n'avaient pas rendu l'âme également. « Ça dure depuis longtemps ce mauvais remake surnaturel? » Je ne croyais pas si bien dire. Poursuivie par une situation des plus comiques, la lampe s'éteignit. Je levai mon portable sur lequel était affichée un avis d'économie pour cause de batterie faible. « Dis moi que tu as des bougies quelque part.