I AM VENGEANCE. I AM YOUR NIGHTMARE. I AM HERA
Quelle délicieuse sensation que celle de sentir la cape se décrocher sous ses doigts ! Dans toute cette improbable escapade, Hera savourait cette victoire sur ce satané costume ! Le destin semblait enfin un peu de son côté et désormais, le temps de renvoyer Batnam au placard était arrivé ! Non mais, lui demander de sauter dans des poubelles, et puis quoi encore ? La singapourienne était capable d’en commettre des folies insoupçonnées mais là, il ne fallait pas pousser ! Elle préférait encore être rattrapée par les policiers que de prendre un bain d’ordures. Rien que d’y penser, elle en frémissait de dégoût. Un sourire satisfait perdurait néanmoins sur ses lèvres, non contente d’entendre Saejin désespérer après sa cape. Un plaisir qui se mêla rapidement à de la lassitude. Comme toujours, il en faisait trop. Ce n’était qu’une cape et un costume ! Les bras croisées, elle attendait, jetait un regard désabusé et presque impatient tandis que son partenaire de crime se dévêtait en partie et rangeait précautionneusement son attirail. La singapourienne ne l’aurait d’ailleurs pas imaginer qu’il puisse se montrer aussi soigneux. Preuve qu’aux yeux de Saejin ce costume ridicule devait véritablement être sacré. Autant que sacrément affligeant une fois réduit ainsi. Lorsque le jeune homme se vanta d’être sexy, son interlocutrice ne put s’empêcher de rouler des yeux. Il n’arrêtait jamais. Une main massant brièvement son visage, un soupir et froidement, elle répondait : « Ne je ne trouve pas. Maintenant, active-toi ! » Ils avaient perdu bien assez de temps et, plus encore que son non désir de prendre racine sur un toit de la ville, ce fut celui d’abréger l’expérience de supporter ses inepties à haut débit que la jeune femme aspirait à exhausser. Ouvrant la marche, d’un geste lasse de la main, elle lui fit comprendre qu’il pouvait toujours rêver quant à un retour de la méthode Batnam. Jusqu’à maintenant, elle n’avait fait qu’empirer les choses. Descendant les marches de l’escalier de secours, l’insouciance à toute épreuve de Saejin se démontrait une fois de plus. S’amuser ? Pour l’heure, la singapourienne grinçait plutôt des dents. « J’accepterais d’en rire une fois qu’on sera arrivé au dortoir en toute sérénité ! » D’une part, hors de question qu’elle accepte de reconnaitre s’être amusée un seul instant. Que cette situation aussi folle qu’improbable puisse la griser ! Au risque de lui faire plaisir ou pire, qu’il ait envie de réitérer l’expérience un jour dans l’avenir avec elle. Une fois, pas deux ! Certes, l’histoire pourrait être marrante à raconter mais qu’une fois certains d’y avoir échappé bel et non de se faire attraper. « Et… À moins de croiser le fantôme de l’homme que j’ai un jour jeté aux crocodiles, ça devrait aller ! Je crois… » Petite pointe mystérieuse, un soupçon prétendument anxieuse et sournoise aussi, évidemment, j’exagérais. Cet homme n’avait pas fini dévoré. Pas en entier et vivait encore, donc pas de fantômes. Après, des individus que nous pourrions potentiellement avoir à éviter de croiser… je supposais qu’il y en avait, pour sûre même, pour diverses raisons dont j’étais plus ou moins coupable, mais encore faudrait-il que j’eus pris la peine d’encombrer ma mémoire des souvenirs de leurs traits.


Enfin, les deux intriguant de la soirée rejoignaient le sol. Il leur faudrait à présent se fondre dans la foule des passants. En ce qui la concernait cela ne s’avérerait aussi compliqué pour lui dans son étrange combie. Allait-il maintenant être pris pour un pervers ? À moins que ce ne soit pour un voleur : « Mais qu’est-ce qu… » Les mots lui échappèrent dans un souffle stupéfait tandis que le temps d’un regard sur leur environnement, Saejin semblait avoir pris les devants pour remédier à sa situation vestimentaire. Qu’espérais-tu vraiment faire ? Prendre la veste de cet homme ? Comme ça ? Mais qu’est-ce qui n’allait pas dans la tête de ce gars ? Sur le moment, Hera tourna les talons, prête à décamper, à se désolidariser de cet idiot. Les ennuis, elle avait assez donné grâce à lui pour aujourd’hui ! Sauf que son cerveau lui mit un stop. A coup sûr, Saejin finirait par se faire chopper à ce rythme. D’une part, Hera risquait d’être celle chargée d’aller le chercher au commissariat. D’autre part, il y avait un risque non négligeable, pour ne pas dire incommensurable, qu’il la dénonce accidentellement ou non pour son implication dans leur évasion. Un soupir, désabusé, elle se résignait à intervenir.

« Brucie ! Ça ne va pas ?! » Intervention soudaine, au même instant où les doigts de Saejin s’accrochait à la veste de l’homme qui s’apprêtait en conséquence à se retourner, la voix de Hera avait retenti. Franchissant les deux derniers pas qui la séparait d’eux, elle tapa sur les doigts de Saejin pour le faire lâcher sa prise. « On n’emprunte pas les affaires des gens comme ça dans la rue ! » Rôle parfaitement interprété comme elle pourrait presque avoir à le faire dans un spot publicitaire, la jeune femme le sermonnait. Elle s’adressait à lui comme à un enfant dissipé et désobéissant. Ce qui lui correspondait parfaitement. « Ce monsieur n’est pas un porte-manteau ! » Un enfant demeuré aussi.  Elle se tourna directement vers l’inconnu : « Je vous prie de l’excuser, il n’a pas toute sa tête et il a échappé à notre vigilance ! » Sourire feint, en plus d’avoir eu à formuler des mots d’excuses comme elle l’exécrait, la renarde espérait bien ne pas avoir ne serait-ce que très légèrement à s’incliner. Baisser la tête devant autrui, non merci ! Alors, sans tarder, son attention elle reporta sur Saejin. Croisant son regard, elle tentait de lui faire comprendre, de lui ordonner quitte à le menacer de renter dans son jeu. « Et ceci n’est pas non plus une tenue pour sortir Brucie ! » D’un mouvement des yeux, elle jaugea sa silhouette. Puis à l’instar d’une mère récupérant son enfant, elle l’attrapa par le poignet, l’entrainant à sa suite sans plus attendre que l’homme ne s’insurge ou autre. « Allez, viens ! On rentre à la maison pour t’habiller ! » Hera trainait ainsi Saejin sur le trottoir relativement bondé où nombres de gens ne manquaient pas de les juger du regard. Lorsqu’au loin devant eux, des silhouettes que trop facilement reconnaissables se dessinèrent : des agents en patrouilles ! Ils semblaient bien paisible, cependant avec l’accoutrement de Saejin comment ne pas attiser leur curiosité ? Par réflexe, pour éviter d’avoir à les croiser, cette fois-ci Hera bifurquait et pénétrait dans la première boutique venue.



Action :  Bonne pioche ! C’est un magasin de vêtements !
Échec : Euh… Ce ne serait pas un sex shop, ça ? 

CODES LITTLE WOLF.