Touch has a memory ▬ Caemi ♥
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Touch has a memory ▬ Caemi ♥ | Ven 9 Juin - 12:48 Citer EditerSupprimer
Here I am again, the same old situation, Why does the guy thing have to be so complicated? I should've played it cool, instead I made a fool, Oh, the things I do. 'Cause I'm young and I'm dumb, I do stupid things when it comes to love, And even if I always end up crying, Well, you can't blame a girl for trying !
Je pinçais le verre entre mes lèvres, aspirant à peine quelques gouttes d'alcool, laissant un arrière-goût amer et fort, brûlant ma gorge à peine l'avais-je aspiré. Je riais aux blagues qui s'échangeaient, profitant d'une soirée avec les membres d'une fraternité que je ne voyais qu'occasionnellement, trop concentrée dans mes études, trop timide pour me joindre à cette bande de fêtards qui composaient mon dortoir. Une réunion comme ils savaient en organiser, noyée par toutes sortes de liqueurs que je refusais jusqu'à finalement capituler, juste pour m'amuser à mon tour, juste pour me défaire de cet événement qui m'avait faire maudire cette boisson. Néanmoins, je restais prudente, je ne comptais pas m'enivrer conserver ainsi une certaine lucidité. Puis, les rires se tarissaient et les Gumiho aux paupières lourdes allèrent retrouver leurs chambres, le pas traînant et la voix chevrotante, certains s'aidaient même des murs pour se diriger dans le dortoir, et je me bénissais pour n'avoir pas succombé au point de me retrouver dans un tel état. L'esprit quelque peu embrumé, je rassemblais les bouteilles dans la cuisine, nettoyant les preuves d'une soirée sans doute trop arrosée. J'alignais les alcools, repensant à la manière qu'ils avaient eu de les mélanger pour en faire des cocktails à la saveur douce ou épicée. L'idée de les reproduire était tentante, presque amusante, alors furtivement je m'assurais d'être la dernière encore éveillée pour m'atteler à une expérience que je voulais secrète. J'affichais un sourire espiègle alors que je regagnais mon laboratoire de fortune, sortant quelques verres afin de laisser un côté artistique inexistant prendre le dessus. Les couleurs et les odeurs se mélangeaient, sucrées, amères, fortes ou presque inodore, les gobelets se remplissaient à mesure que je manipulais maladroitement les bouteilles, le plus silencieusement du monde. Je me reculais pour admirer mon œuvre : un véritable carnage ! Un soupir de fatigue m'échappa alors que je regardais une dernière fois l'heure sur l'écran de mon téléphone, attendant que Je Ha ne me prévienne de son arrivée. Il était tard, et je ne comprenais pas ce qui l'avait poussé à vouloir me rendre un livre prêté avec joie, et livré directement à mon dortoir plutôt qu'à la bibliothèque ou sur le campus. J'hésitais à rejoindre à mon tour les bras de Morphée, après tout s'il n'était pas encore passé, il ne le ferait sans doute pas ? Peut-être aurais-je dû lui envoyer un autre message ? Je repoussais l'appareil du bout des doigts, gisant sur l’îlot central de la cuisine, je préférais m'atteler au rangement du chaos que j'avais créé avant de regagner mon lit. Mais la curiosité fut plus forte, elle m'obligeait à goûter mes créations avant de les faire disparaître sans laisser de trace. Immonde ! Une chose était sûre, je ne deviendrais jamais barmaid ! Je vidais le premier verre quand un bruit attira mon attention. Tu imagines des choses Eun Mi, décidément, l'alcool ne te va pas ! Mais il se fit entendre à nouveau, le son caractéristique d'une main frappant le battant de la porte d'entrée. Je délaissais mon laboratoire pour accueillir avec un sourire le seul que j'attendais à une heure si tardive. « Oppa ! » En ouvrant la porte, mon cœur loupa un battement devant le loup, certainement pas celui que j'attendais. J'allais la refermer, ignorant sa présence, mais le livre qui gisait entre ses mains eut raison de ma volonté à le fuir une nouvelle fois. Fermes la porte... ce n'est qu'un livre, fermes la porte ! Ma raison me poussait à me terrer, m'échapper à son regard, mais il détenait un moyen de pression dont il n'avait certainement pas conscience. Je serrais la poignée de toutes mes forces face à celui qui me rendait folle. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Respires. Mes yeux glissèrent sur son visage pour s'arrêter sur ses lèvres, une moue derrière laquelle je le savais capable de cacher un sourire qu'il ne montrait que rarement. « Est-ce que c'est Je Ha qui t'envoie ? » J'aurais dû écouter mon instinct alors que son message ne faisait aucun sens. Depuis quand le photographe se déplaçait-il le soir ? Et encore moins alors qu'il pouvait me rendre son emprunt à un autre moment. Je lissais ma robe du plat de la main, mal à l'aise face à son regard inquisiteur, pour tendre les doigts vers le roman, mon roman. Pourquoi s'était-il figé en me voyant ? Avait-il omit la possibilité de me rencontrer alors qu'il s'aventurait en territoire Gumiho ? « Oh. » Je ne l'avais pas croisé depuis ce changement soudain. Du bout des doigts je jouais avec les longues mèches blondes qui avaient remplacées le brun. Je m'étais habituée à ma nouvelle tête, fière d'arborer une transformation prise sur un coup de tête. Le début d'un renouveau ? « Si tu es venu me rendre mon livre, je t'en remercie et je ne te retiens pas... » Un pas hésitant vers lui, le bras tendu, j'aurais dû savoir qu'il ne réagirait autrement qu'en taquinant une nouvelle fois ma patience.
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Re: Touch has a memory ▬ Caemi ♥ | Lun 24 Juil - 20:13 Citer EditerSupprimer
Fascinant fut l'ange brun au regard juvénile. Surprenant est l'ange blond au sourire pulpeux. Si tu ne comprends pas encore pourquoi, tu prends conscience que cette femme fait plus que t'attirer par son contraste et ses manières contradictoires. La robe ondule autour de ses jambes, ses cheveux caressent et frôlent son épiderme pâle. Le pourquoi ? A t-il encore une raison d'être alors que, au fond, tu ne cherches qu'à frôler et posséder ? Toi qui te dis si franc, ne veux tu pas en réalité toucher plus que comprendre ? Sentir plus qu'apprendre ?
« J'ai du mal à t'imaginer impliquer dans ce genre de … « surprise » » commentai-je en faisant défiler les photos que Jeha avait prise le jour de Pâques. Eun Mi irradiait sur chacune d'entre elles, de joie enfantine comme de reconnaissance. La tête appuyée contre l'oreiller d'un brun occupé à manipuler un appareil photo brisé, je me laissai aller à imaginer ce qu'avait dû représenter cette journée pour celle que j'entendais presque rire aux éclats sur les clichés. «« J'ai été embarqué. » expliqua t-il la tête penchée sur son tournevis. «« Mais le résultat en valait la peine. » Je me redressai légèrement et zoomai sur le visage de la jeune fille. Elle ressemblait à une enfant avec son lapin dans les bras. Pourquoi étais-je fasciné par une gamine ? Je levai un sourcil dubitatif, touché malgré moi par la candeur naïve qu'exhalait ses traits juvénile. « Tu l'as revu depuis ? » questionnai-je Jeha dont je sentais la tension latente. Je lui coulai un regard et notai ses gestes crispés et son regard sombre sur un appareil qu'il ne réussirait de toute manière pas à réparer. Et je ne savais si je devais saluer ou condamner son obstination. «« Elle m'a passé un livre que je dois lui rendre. » dit-il avec un signe presque imperceptible vers la table de nuit. «« Pourquoi ? » « Il faut que je la vois. Je le rendrais pour toi » «« Tu la connais bien ? » Il avait tourné ses yeux sombres vers moi, délaissant ainsi la machine contre laquelle il se battait depuis plus de trente minutes. « J'essaie de la connaître. » répondis-je en toute franchise, amusé par la méfiance qui teintait deux obsidiennes dubitatives. « Un livre n'est pas dangereux. » me moquai-je légèrement en m'asseyant.« « Ce n'est pas le livre qui m'inquiète. Cela dit, je sens que je vais y passer la nuit donc oui. » finit-il par accepter en se tournant à nouveau vers son bureau. Taisant mes intentions, je m'introduisis dans la messagerie de Jeha pour envoyer un message à Eun Mi après en avoir vérifié le titre. Elle répondit presque immédiatement, ce qui ne m'étonnait pas outre mesure tant elle était accrochée à son portable et à cette fâcheuse manie d'être à disposition de tout ceux qui … Oppa ? M'étonnai-je en jetant un regard en biais à Jeha. L’appellation m'étonnait autant de sa part à lui que de celle d'Eun Mi. Retenant la pique qui me venait à l'esprit, je répondis succinctement, en veillant à faire taire toute forme de sarcasme. Ainsi donc elle appelait Jeha Oppa … Je jetai le portable au bout de son lit et me redressai en attrapant le livre qui attendait toujours sur la table de chevet. « Tu devrais laisser tomber, c'est une ruine maintenant. » fis-je en quittant la pièce, sans m'attarder sur le grognement menaçant de mon voisin de palier. L'esprit transporté ailleurs, j'ouvris le roman que je tenais dans les mains et que j'avais lu quelques mois plus tôt. Même si son comportement était souvent étrange, ses goûts littéraires étaient plus normaux, même s'ils en disaient beaucoup sur elle. Je poussai la porte de ma propre chambre et me laissai tomber sur mon lit. Les pages défilèrent et mes pensées se focalisèrent sur les mots imprimés. Sur une parenthèse en attendant le crépuscule.
La nuit était tombée depuis quelques heures quand je frappai à la porte des Gumiho. Livre en main, j'attendis que le panneau sombre et dévoile la jeune fille attendue. Elle ne l'était pas. Aussi blonde qu'Eun Mi était brune, elle portait une robe qui soulignait ses courbes douces et la blancheur de sa peau. Je m'apprêtai à demander après la jeune fille quand le Oppa lancé me prit par surprise. Oppa ? Je remontai vers son visage, croisai son regard. La surprise balaya l'obscurité de deux onyx écarquillés. La jeune fille, à la féminité soulignée par sa tenue, était méconnaissable. Ses longs cheveux blonds platines la mûrissait de même que cette robe que le vent faisait onduler autour de ses chevilles fines. La question fusa, soufflée par sa langue méfiante. « Ton livre. » répondis-je mécaniquement en la détaillant sans parvenir à masquer l'étonnement qui inondait mes veines. J'étais rarement surpris … rarement. « Jeha s'est énervé toute la journée sur son appareil photo et n'est pas prêt de le lâcher. Je me suis proposé pour te le rapporter. » expliquai-je en agitant le roman que je tenais toujours serré entre mes doigts. Je suivis des yeux ses mains sur sa robe puis reportai mon attention sur son expression mal à l'aise. Ses lèvres dessinèrent alors un « oh » qu'elle accompagna d'un geste gracieux d'une main plongée dans sa chevelure claire. « Ça te va bien. » Le compliment avait filé, conscient et juste. Elle était belle. « Même si mon avis t'importe peu, je te préfère blonde. » soulignai-je, les lèvres légèrement étirées. La blonde en question tendit le bras pour récupérer son bien. Peu disposé à lui rendre, je m'avançai vers elle en le tenant posé sur mon épaule. « Pour me remercier, tu pourrais peut-être m'offrir à boire non ? Café, thé ? » fis-je en m'approchant d'elle. Je passai l'embrasure et, la frôlant, m'arrêtai pour plonger mes yeux dans les siens. « Toi ? » ajoutai-je avec une pointe d'humour que souligna un sourire familier. Je lui tendis son roman, que je lui abandonnai avant de me diriger vers la cuisine, dont la table était recouvertes de gobelets et de bouteilles d'alcool. « Laisse moi deviner … on t'a encore laissé seule pour tout faire ? » dis-je en me tournant vers elle, seule âme vivante dans cette maison à priori endormie. « Ou pire, tu t'es proposée ? » Je tendis la main pour saisir un des verres abandonnés et le portai à mes lèvres. Mauvaise idée. Le goût, acre et absolument immonde, m'inonda la bouche. Je recrachai, dans un réflexe de survie, le liquide qui rejoignit à nouveau le verre en une flopée de bulle. « Qui s'est amusé à faire un truc aussi immonde ? » grimaçai-je en la regardant. Elle et son expression éloquente. « Toi ? Tu cherches enfin à te venger des autres et à asseoir tes droits ? »
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Re: Touch has a memory ▬ Caemi ♥ | Mer 2 Aoû - 22:21 Citer EditerSupprimer
Here I am again, the same old situation, Why does the guy thing have to be so complicated? I should've played it cool, instead I made a fool, Oh, the things I do. 'Cause I'm young and I'm dumb, I do stupid things when it comes to love, And even if I always end up crying, Well, you can't blame a girl for trying !
Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu’il se trouve face à moi ? Pourquoi fallait-il qu’il arrive encore une fois à me surprendre ? Et surtout, pourquoi est-ce que sa simple présence avait l’effet d’un sceau d’eau glacé ? La surprise se lisait dans ses iris, et si j’avais été plus maligne, j’aurais pu me jouer de cet étonnement pour fuir et refermer la porte avant que le loup ne daigne s’inviter. Mais il détenait un sésame précieux, bien trop pour le lui abandonner au profit d’une échappatoire relative. J’aurais dû me douter que Je Ha ne viendrait pas, mais qui aurait pu prévoir que le nageur se serait porté volontaire pour une mission aussi insignifiante ? Personne ! Je ne comprenais même pas pourquoi il avait pris la peine de faire tout ce chemin pour une gamine qu’il estimait trop naïve, trop… comment disait-il déjà ? Ah oui, qui ressemblait au Schtroumpf Bonasse. Mais même si la colère aurait dû prendre le dessus en repensant à ces joutes verbales qu’il aimait partager avec moi, les effluves d’alcool caressaient encore mes narines flouant un jugement que je voulais d’ordinaire objectif. « Merci… » Un compliment ? C’était à la fois étrange et gratifiant, mais aussi perturbant qu’il apprécie un changement aussi radical. Une décision prise pour faire disparaître une partie de moi, mais est-ce qu’une couleur de cheveux avait le pouvoir de changer une personne ? À peine ses paroles prononcées, il redevint le Caem que j’avais l’habitude de côtoyer. « Te remercier ? Je ne t’ai rien demandé ! » Mais personne ne saurait venir à bout de l’indomptable irlandais. J’eus à peine le temps de récupérer mon bien qu’il s’engouffrait déjà dans le repaire des Gumiho, comme si s’inviter dans un dortoir qui n’était pas le sien était d’une banalité affligeante. Sans même sourciller, sans même s’inquiéter des occupants du dortoir, il s’infiltra dans la cuisine découvrant par la même occasion mon laboratoire de fortune. « On ne m’a pas laissé nettoyer et je ne me suis pas proposée, je nettoie tout simplement parce que j’étais présente à cette soirée, et ranger me paraissait donc logique. » soufflai-je. Je ne savais même pas pourquoi je tentais de me justifier, après tout il n’avait rien à me reprocher. Lui qui s’était invité sans permission dans un bâtiment auquel il ne devait pas avoir accès. Néanmoins, même si sa présence était indésirable, le geste qui suivit m’arracha un sourire. Il avait porté sans la moindre hésitation l’une de mes expériences à ses lèvres pour que le liquide immonde rejoigne aussitôt son récipient. J’aurais sans doute pu l’empêcher de se jeter sur le verre, sachant pertinemment que le cocktail que j’avais concocté était imbuvable, mais je me délectais de l’expression dégoûtée qu’il venait d’afficher. J’avais trouvé une vengeance infaillible. Mes yeux glissèrent sur sa moue écœurée pour se perdre sur le plan de travail où trônaient fièrement mes créations, et l’idée de lui jouer un mauvais tour était tentante à tel point que j’ignorais le bon sens, celui qui me criait qu’il ne serait pas juste et surtout irrespectueux de profiter de la situation. Au diable la conscience ! Tu aimes te moquer de moi, c’est à mon tour cette fois ! « Me venger ? Non, ce n’est pas au programme, mais tu as dû tomber sur un mauvais mélange ! » J’affichais un air presque innocent, mais avant de le rejoindre, je vérifiais une dernière fois que les couloirs étaient désert. Les Gumiho avaient les paupières closent et étaient sans doute déjà plongés dans un sommeil profond, et à mon tour, j’entrai dans la cuisine en prenant soin de fermer la porte derrière moi. Il était hors de question de supporter les regards inquisiteurs de mes camarades s’ils venaient à errer dans les couloirs. J’ignorais celui de Caem qui se demandait certainement pourquoi je tenais à conserver cette intimité, mais je me fichais de ce qu’il pouvait penser, mon objectif était simple : le châtier par le biais de mes tentatives foireuses. « Tu devrais en goûter un autre. » Je portais l’un des verres à mon nez, humant le parfum infect des alcools qui ne s’accordaient pas. « Hmmm… Celui-ci ! » Je lui tendais le verre, attentive à ses réactions, et je pouffais alors que les traits de son visage se durcirent. « Ah, je suis désolée, je pense que ce n’était pas le bon. Attends. » Je lui arrachais de nouveau le verre des mains pour lui en proposer un autre. « Là ça devrait être bon ! » Je jubilais d’avoir enfin l’avantage sur lui, aussi ridicule soit-il, j’avais l’impression de réussir enfin à me venger dans les règles de l’art. Mais si j’essayais de l’asservir par la boisson, je n’oubliais pas non plus qu’elle coulait dans mes veines paresseusement rendant ce moment davantage grisant. Mes sens semblaient à la fois aiguisés et endormis, me rendant alerte alors que la chaleur se répandait derrière mes pommettes, une chaleur différente de celle qui m’avait étreint les quelques fois où il m’avait sciemment provoqué. Et sans vraiment le vouloir, je m’attardais sur lui, ses yeux, ses lèvres… Non. Je repoussais l’idée qui germait dans mon esprit curieux, ignorant les souvenirs qui auraient pu me faire rougir si l’alcool n’avait pas déjà tisser sa toile, anesthésiant la pudeur et la gêne. Et la même interrogation refit surface. Pourquoi ? Son attitude m’énervait, sa façon de m’acculer de reproches, son sourire narquois, son regard lourd… Pourquoi est-ce qu’à cet instant je ne ressentais rien de ce qu’il s’acharnait à provoquer à chacune de nos rencontres. Je n’éprouvais que ce désir de vengeance atténué par la curiosité qu’il m’inspirait. Il avait su réveiller ce que j’ignorais et ne pas en savoir davantage était… frustrant ? Relevant le menton, je décidais d’ignorer un peu plus ce que je brûlais de découvrir. « Oups. Alors peut être celui-ci ? » Je lui tendais un nouveau verre, un nouveau cocktail et toujours ce même goût abject, mais je ne savais plus. En l’espace de quelques secondes, sa proximité me renvoyait à nouveau cette image peu reluisante qu’il se plaisait à me donner, mais plus que cela, il m’imposait à nouveau cette curiosité qu’il venait provoquer. Tentais-je de me venger ou tout simplement de repousser ce qu’il m’inspirait ? La bataille faisait rage, mais je conservais un calme presque inhumain, du moins c’est ce que je voulais croire alors que l’incertitude pouvait se lire aussi facilement sur mes traits que les bouteilles s’alignaient sur le comptoir. « Tu voulais que je t’offre un verre, c’est chose faite. Mais puisque tu es là et qu’il en reste encore quelques uns à vider… »
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Re: Touch has a memory ▬ Caemi ♥ | Mar 15 Aoû - 23:07 Citer EditerSupprimer
Fascinant fut l'ange brun au regard juvénile. Surprenant est l'ange blond au sourire pulpeux. Si tu ne comprends pas encore pourquoi, tu prends conscience que cette femme fait plus que t'attirer par son contraste et ses manières contradictoires. La robe ondule autour de ses jambes, ses cheveux caressent et frôlent son épiderme pâle. Le pourquoi ? A t-il encore une raison d'être alors que, au fond, tu ne cherches qu'à frôler et posséder ? Toi qui te dis si franc, ne veux tu pas en réalité toucher plus que comprendre ? Sentir plus qu'apprendre ?
« Depuis quand as tu besoin de demander pour te sentir reconnaissante ? Le changement de couleur aurait-il joué sur ta personnalité finalement ? » lui demandai-je en lui coulant un regard moqueur. Néanmoins peu déstabilisé par son refus apparent, je me glissai entre elle et l'embrasure de la porte pour pénétrer la maison silencieuse. La cuisine, s'ouvrant sur ma droite, offrait d'ailleurs un tableau intéressant. Des dizaines de bouteilles redécoraient la table, de même que des verres dont je ne parvenais pas à deviner le contenu. « Tu es visiblement la seule personne dans ce dortoir à raisonner de manière logique. » Saisissant l'un d'entre eux, je le portai à mes lèvres. Une gorgée suffit à me faire comprendre qu'un plaisantin s'était amusé à faire des mélanges dont le résultat était proprement infâme. Une grimace trahit le profond dégoût qui m'envahissait tandis que la jeune fille admettait être à l'origine de cette écoeurante création. « Un mauvais mélange ? » répétai-je en coulant un regard méfiant sur le verre que je tenais toujours à la main. « Est-ce que tu as goûté ne serait-ce qu'une seule de tes préparations ? Ou t'es tu seulement amusée à reproduire les conneries de Sophie ? » Connaissant son goût immodéré pour les livres, je ne me fatiguais pas même à expliquer l'histoire dans laquelle la petite fille offrait à ses amies, avec une fierté juvénile et naïve, un mélange d'eau, d'herbe et de craie. Je reposai le verre et me tournai vers Eun Mi, qui refermait la porte de la cuisine avec précaution. « J'espère que tu ne crains pas les rumeurs ... » commençai-je en m'adossant à la table. « Parce qu'être prisonnière d'une pièce close avec un homme est plus souvent synonyme d'étreintes enflammées que d'empoisonnements. » Un voile de couleur éclaboussa ses joues, en une réaction qu'elle masqua en portant un des verres à son nez. Humant le liquide, elle me tendit son précieux en m'enjoignant d'y goûter. Une main dans la poche de mon pantalon, je le pris et m'exécutai. La répugnance assombrit mon regard et tendit les traits d'un visage écœuré. L'éclat de son rire raisonna dans la pièce et ses doigts effleurèrent les miens tandis qu'elle m'arrachait le verre pour m'en donner un autre. « J'aurais préféré coucher avec toi sur l'îlot de la cuisine. » lui fis-je remarquer en prenant néanmoins le récipient. La couleur n'était pas plus engageante que les deux premiers mais je le bus sans réelle hésitation, incapable de résister à la lueur de défi qui luisait dans les deux pierres bicolores qu'ornaient son minois. Plus supportable, la boisson n'en était pas moins désagréable. Je pinçai les lèvres et tendis le bras pour le lui rendre en claquant la langue. « Tu n'es pas faite pour être barman Eun Mi. C'est ignoble. » Les dernières syllabes s'aggravèrent lorsque je surpris le regard pensif et profond qu'elle posait sur moi. Le sang rougissait sa peau laiteuse et ses lèvres entrouvertes laissaient imaginer mille et un secret dan ses pupilles dilatées. « Fais attention … je ne suis pas un gentleman. » lui rappelai-je d'une voix chaude en m'approchant d'elle. Mes doigts encerclèrent son poignet et je posai contre sa paume le verre qu'elle n'avait pas pris, happée par des pensées que j'aurais aimé pouvoir lire. Et ma propre attitude me surprenait. Je ne m'étais jamais montré à ce point passif avec une femme, d'autant plus une femme que je désirais. Je le ressentais dans la pulpe de mes doigts, dans mon bassin contracté et dans la température exacerbé d'un corps qui se tendait vers elle. Je le comprenais à la sécheresse qui frappait mes lèvres, à la chaleur d'un regard et à cette impassibilité étrange qui me poussait à boire chacune des horreurs qu'elle semblait décidé à m'infliger. Cette fille me plaisait. Mais son tempérament enfantin me bloquait d'autant plus que je ne n'avais jamais été attiré jusqu'ici par les gamines. Elle tendit le bras et, une nouvelle fois, je goûtais à sa préparation. Le liquide humidifia une bouche écœurée mais sans affadir la couleur sanguine de deux iris tournées vers elle. « Laisse moi te montrer ce qu'est offrir un verre. » Je m'approchai de la table et pris un des rares verres à avoir échapper au massacre pour y verser une larme de rhum. J'y ajoutai du sirop, de la menthe, du citron et de l'eau gazeuse, en me servant de tout ce qui traînait autour de moi pour relever le niveau d'une soirée catastrophique. Les bleus étaient définitivement des artistes à fuir. Si elle avait appris en les regardant faire … puis je n'avais qu'à me souvenir de leur attaque grossière contre les fraternités pour définitivement condamner leurs talents créatifs. Achevant le mélange, je bus une gorgée et fermai les yeux pour savourer la saveur d'une boisson capable de chasser les relents des mixtures précédentes. « Tiens … » lui enjoignis-je en lui tendant le semblant de mojito que je venais de confectionner. « Ton éducation semble être à refaire sur beaucoup de plans. » ajoutai-je en le posant devant elle sans masquer le sens implicite de ma remarque. Je m'intéressais plus aux réactions que je pouvais provoquer chez elle par quelques mots choisis que par l'alcool qu'elle portait à ses lèvres rosées. « Cela dit, tu peux aussi trouver des recettes dans les livres si tu ne tiens pas à avoir de professeur attitré. Ce serait dommage d'être déstabilisée en mélangeant des alcools n'est-ce pas ? » Je cherchais consciemment. J'avais reconnu son regard pour l'avoir surpris plus d'une fois sur un visage féminin. Un regard qui plaisant autant qu'il surprenait chez elle. Le désir piqua ma peau et échauffa le sang qui ruisselait dans mes veines. Un désir familier et latent, que je maîtrisais d'autant plus que je n'avais pas l'intention de l'amener sur ce terrain. Pas maintenant. Elle était trop … trop naïve pour que je ne pose ne serait-ce qu'un réel doigt sur elle. J'avais trop d'orgueil pour m'approcher réellement d'une femme qui ne savait pas faire la différence entre la vie réelle et un conte de fée. Trop de fierté pour abuser de la naïveté d'une adolescente et ce même si je fantasmais sur l'idée de la renverser sur la table qui trônait derrière elle.
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Re: Touch has a memory ▬ Caemi ♥ | Sam 19 Aoû - 1:43 Citer EditerSupprimer
Here I am again, the same old situation, Why does the guy thing have to be so complicated? I should've played it cool, instead I made a fool, Oh, the things I do. 'Cause I'm young and I'm dumb, I do stupid things when it comes to love, And even if I always end up crying, Well, you can't blame a girl for trying !
J’ignorais ses remarques autant qu’il portait attention à mes remontrances, passant devant moi sans même se soucier des étudiants qui pouvaient encore errer dans les couloirs du dortoir. Et comme s’il savait, il se glissa dans la cuisine aux allures de champ de bataille, une guerre menée contre moi-même et que j’avais largement perdue au vu du nombre de bouteilles et de verres qui s’alignaient. Attrapant le premier verre, sa grimace me fut une révélation. Elle était là ma vengeance ! Il ne me fallut qu’un seul regard sur les mélanges immondes qui trônaient sur le plan de travail pour savoir que je tenais enfin ma revanche. Mais comme moi, il comprit rapidement son erreur dès le premier verre, néanmoins, il m’en fallait plus pour abandonner ce sombre dessein qui luisait avec envie dans mes prunelles bicolores. « Bien sûr que j’ai goûté ! » Quel vilain mensonge. Je ne doutais pas un seconde qu’il puisse se laisser prendre aussi facilement à une fabulation balancée avec aussi peu de conviction. Je ne relevais même pas la comparaison dont il me gratifiait. Je la trouvais d’ailleurs presque appropriée. Depuis quand tu es d’accord avec Caem… ressaisis-toi Eun Mi ! Peu importait qu’il s’agisse de mon dortoir, peu importait l’alcool qui anesthésiait à peine la pudeur et la timidité que j’affichais d’ordinaire, je ne tenais pas à être retrouvée au beau milieu de la nuit en compagnie d’un homme qui se plaisait à m’insulter et me provoquer. Si tu penses que fermer une porte est synonyme d’étreintes enflammées… Mes lèvres restèrent scellées alors que je poussais le battant, et je préférais lui offrir un regard presque indifférent pour m’atteler à ma mission de la soirée : le faire boire, lui faire découvrir les cocktails immondes dont j’étais l’auteure et pourquoi pas… l’enivrer. Je ne pus retenir le rire qui éclata en voyant l’expression qu’il affichait en goutant à un autre verre alors que je continuais cette chorégraphie en lui offrant une autre préparation. Seules mes joues rosies trahissaient la gêne qu’il aimait provoquer avec une nouvelle attaque, fidèle à lui-même et ses . Je l’ignorais à nouveau pour lui tendre encore et toujours ces boissons qui auraient dû suffire à le faire fuir, mais il fallait croire que ses limites se trouvaient dans un territoire qui m’était encore inconnu. Etait-ce l’alcool qui me poussait à poser un regard différent sur lui ? Ou était-ce simplement ma curiosité insatisfaite qui se manifestait à nouveau ? « Je n’ai jamais prétendu le contraire ! Mais regardes… tu bois quand même ! » me moquai-je. Et au lieu de lui demander de partir, je l’incitais à boire davantage ? Comment pouvais-je être aussi contradictoire ? Sa voix douce et grave fut une caresse à mes oreilles, un chant presque mélodieux qui m’inspirait autre chose que la méfiance et la colère qu’il déclenchait habituellement. Je sais… Il n’était qu’un homme asservi par des pulsions que je refusais d’avoir, des envies et des désirs que je niais tout simplement parce que… ce n’est pas correct. Mais dans le monde des étudiants, de cette liberté gracieusement offerte, de cette débauche presque ordinaire, qu’y avait-il de réellement correct ? Ses doigts autour de mon poignet piquèrent ma peau de la chaleur d’une étreinte à laquelle je n’étais pas habituée et provoquèrent des frissons que j’étais incapable de contrôler. J’avais beau fixer cette menotte de chair, je ne comprenais pas pourquoi elle déchainait ces sensations, cette tornade qui rendait ma respiration difficile et mon cœur fou. Mes yeux rencontrèrent à nouveau les siens alors qu’il me libérait pour reporter son attention sur le nouveau verre que je lui tendais. Il exhalait cette confiance qui m’hébétait, c’était cette lueur dans son regard, ce charme qu’il dégageait qui m’avait fait tourner les yeux vers lui la première fois. Un simple béguin qui m’avait conduit à l’affubler de cette image d’homme mystérieux, de ceux que l’on retrouve dans les livres, de ces chevaliers servants sans peur et sans reproches qui venaient au secours de leurs demoiselles en détresse. Et pourtant… il était si loin de cette image, elle n’avait été qu’un fantasme qui s’était évaporé dès notre première rencontre. Une nouvelle moue écœurée étira ses traits et me tira de cette contemplation dans laquelle je me perdais. « Parce que tu sais préparer des cocktails peut être ? » J’insufflais un semblant de contrariété dans ma voix. Mais il sonnait faux, saccadé par une respiration inégale alors que mes yeux papillonnèrent à la recherche d’un autre point sur lequel porter mon attention. Mais une fois de plus, il éclipsait tout le reste. Je le regardais s’affairer avec les bouteilles dans une chorégraphie presque gracieuse et finalement me présenter à son tour le résultat d’un mélange certainement meilleur que mes chefs d’œuvres pour finalement porter le verre à mes lèvres, sans hésitation. Les yeux rivés aux siens je le mettais presque au défi, mais de quoi ? Je cherchais encore la raison qui me poussait à rester alors que j’aurais pu l’abandonner à la solitude d’un dortoir bercé par les respirations paisibles de ses habitants. Il me fallut une volonté de fer pour ne pas recracher le liquide alors qu’il me gratifiait de l’un de ses nombreux sous-entendus, et je me mordais la langue pour m’empêcher de répondre. Je savais que si les mots passaient mes lèvres, ils ne sortiraient qu’en un flot incompréhensible, trahissant sans aucun doute ce que je tentais de cacher. « Un professeur ? Pourquoi pas ! Encore faut-il en trouver un suffisamment patient et impliqué ! » Un qui ne soit pas sans cesse dérangé par une entrejambe qui le démange. J’osais espérer que mon regard suffirait à traduire mes pensées alors que le verre rejoignais la table. Je me perdais dans les reflets teintés du liquide et de ses effluves, consciente que j’aurais dû le renvoyer dans son propre dortoir, alors pourquoi ? Pourquoi me montrai-je soudainement si docile ? J’avais la sensation que le temps s’était figé, que j’étais incapable de quitter cette cuisine sans avoir tenté. La curiosité dira-t-on. Juste la curiosité, celle qui me fit affronter de nouveau ses deux perles noires. Celle qui me donna le courage nécessaire pour m’approcher de celui qui se trouvait déjà à mon côté. Si ma conscience me criait de fuir à nouveau, je me contentais de la rendre muette en faisant un autre pas. Il ne m’avait jamais paru aussi grand qu’à cet instant, j’étais ridicule… Je sentais le poids de mon inexpérience appuyer sur mes épaules alors même que j’avais fait taire la pudeur, bâillonné la timidité pour finalement me hisser sur la pointe des pieds. Je n’étais même pas sûre de ce que je faisais, mais elles m’appelaient, ces lèvres qui n’avaient fait que me hanter. Je voulais à nouveau ressentir ce nœud à l’estomac, cette chaleur soudaine au creux de mes reins et cette impression que tout ce qui se trouvait autour me parvenait étouffé.Mon corps réagissait sans même que je n’en donne l’ordre, prenant appui d’une main sur son torse, mes doigts s’agrippèrent d’eux même à son t-shirt, froissant le tissu, avant que mes lèvres n’atteignent les siennes. Je ne comprenais pas, pourquoi cette proximité m’avait tant répugnée, pourquoi j’avais repoussé ce que finalement je réclamais. Je reprenais ce qu’il m’avait sciemment volé, le regard rivé au sien avant d’effleurer cette bouche qui savait cracher tant d’insultes. Instinctivement, je resserrais mon étreinte sur le coton, goûtant à ce qui m’avait manqué sans même que je n’en ai conscience. Et ce brasier familier refit son apparition, attisant quelques flammes qui vinrent lécher mes joues pour disparaitre presque aussitôt. J’étais sans doute trop timide, trop inexpérimentée, trop jeune, trop… pas assez, pour parvenir à lui donner l’envie de plus qu’un baiser à peine exprimé. Il ne m’en fallut pas plus pour tomber sur mes talons, prête à rebrousser chemin, mais il ne semblait pas enclin à me laisser fuir une nouvelle fois. Devais-je m’excuser ? Les mots ne trouvèrent pas le chemin, bloqué dans une gorge nouée par la prise d’initiative qui ne me ressemblait pas. Si je restais muette, mes yeux parlaient pour moi, sondant les siens pour comprendre. Dois-je partir ?
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Re: Touch has a memory ▬ Caemi ♥ | Ven 22 Sep - 1:31 Citer EditerSupprimer
Fascinant fut l'ange brun au regard juvénile. Surprenant est l'ange blond au sourire pulpeux. Si tu ne comprends pas encore pourquoi, tu prends conscience que cette femme fait plus que t'attirer par son contraste et ses manières contradictoires. La robe ondule autour de ses jambes, ses cheveux caressent et frôlent son épiderme pâle. Le pourquoi ? A t-il encore une raison d'être alors que, au fond, tu ne cherches qu'à frôler et posséder ? Toi qui te dis si franc, ne veux tu pas en réalité toucher plus que comprendre ? Sentir plus qu'apprendre ?
Menteuse. Elle ne pouvait avoir goûté ce liquide infâme, à moins de désirer réellement empoisonner son entourage. Je levai légèrement la tête vers la jeune fille et l'observais, de deux prunelles sombres intriguées. Que dissimulait son regard derrière ses mèches impériales et voyageuses ? Chez toute autre qu'elle, j'aurais sans peine imaginer le jeu et la moquerie. Mais Eun Mi … était aussi lisible qu'elle était mystérieuse. Douée d'une innocence extrême,elle venait néanmoins de mentir sans trembler, et ce même si son ton trahissait un manque de familiarité avec ses actions. Mes cils noircirent éphémèrement son visage. Plus que la méfiance, je sentis donc la curiosité couler dans mes veines, plus chaude et agréable que le liquide poisseux que je me forçais à ingurgiter pour répondre à mes questions intérieures. Peut-être ne cherchait-elle pas à empoisonner son entourage mais seulement l'homme qui parvenait à faire naître chez elle une émotion qui lui était inhabituelle. La colère. Hors, ne faisait-elle pas naître la revanche ? Un rire naquit sur ses lèvres fuyantes et ses cheveux suivirent l'imperceptible mouvement de son menton alors qu'elle laissait le son galoper dans sa gorge et fuir sa langue. « Je ne bois que par curiosité. Pourquoi la pure et l'innocente Eun Mi me mentirait-elle ? Pourquoi me ferait-elle boire, sans dissimuler son hilarité, des mélanges aussi …. écœurants ? Que cherche t-elle et qu'espère t-elle trouver …. Je m'amuse à boire pour répondre à chacune de ces questions. » Je fis tourner le verre dans mes mains. « Il faut croire que c'est mon exercice préféré lorsque nous sommes dans la même pièce. » Le mensonge fut presque imperceptible dans une voix suave, à l'image des doigts qui voguaient sur son poignet. Sa peau était douce … chaude, reflet d'une émotion qui avait cédé sa place au désir dans mes veines. « Entre autre chose. » rectifiai-je tandis qu'une ébauche de sourire étirait mes lèvres. Joignant le geste à la parole, je m'éloignai d'elle et d'une aura brûlante pour préparer un cocktail dont le mélange, classique, ne me prit que quelques secondes. Ses doigts fins se posèrent sur le verre et firent sien la danse émouvante et fusionnelle des quelques liquides versés au préalable. Quelques gouttes souillèrent sa bouche incarnate, mais son regard m'appelait plus que l'érotisme indéniable qui se dégageait d'un tel tableau. Deux cercles aux couleurs rebelles, qui m'observaient, me défiaient sans me confier ce qu'elles attendaient réellement. Les mots les piquèrent et la bataille qui semblait obscurcirent ses pupilles rétrécies prit fin. Étranglée, étouffée par ses pensées, elle fit disparaître ses lèvres dans sa bouche et se mordit la langue, du moins le percevais-je ainsi à la position de sa mâchoire fine et ciselée. « Patience et implication … es tu certaine qu'un tel combo soit propice à ce genre de leçons ? » l'interrogeai-je sans trahir l'amusement qui baignait pourtant mon être. Elle répondit à cette nouvelle provocation par le silence, mais sans oublier d'armer les deux amandes bicolores qui habillaient son visage. Mes lèvres s'étirèrent, en un dessin au trait moqueur. Je la vis baisser la tête. Ses cheveux dégringolèrent, caressant son bras nu et sa robe tressaillit, comme perturbée par la respiration changeante d'Eun Mi . Je m'adossai au meuble, sans cesser d'observer celle qui retenait tant mon attention. Hélas, son expression dérobée par un menton fuyant ne m'informait pas plus que la ligne tendu d'un corps immobile. J'allais l'appeler, la piquer de nouveau quand elle leva la tête pour plonger dans l'onyx sombre. Je plissai les yeux, sans échapper à ses iris aux eaux dissemblables. Et je sentis. A sa démarche, à sa moue, à l'innocence révélée par ses traits et à l'envie qui baignait ses prunelles. Une onde brûlante se propagea dans mon corps et toute envie de la tourmenter disparu, effacée par un désir plus profond. Je la laissai faire. Je la laissai esquisser un pas, se rapprocher jusqu'à ce que son souffle frôle mon haut et que ses mains se pose sur un torse aux muscles contractés. Je la laissai se hisser sur la pointe des pieds et prendre une dernière respiration alors que ses ongles s'enfonçaient dans le tissu, comme pour m'interdire de reculer. Mais je n'étais pas elle. Je n'étais pas le petit ami imbécile qui avait fait semblant de chercher chez elle la princesse promise au prince qu'elle voyait chez lui. Dès que ses lèvres se posèrent sur les miennes, dès que sa langue timide effleura une inférieure brûlante, j'enroulai les bras autour d'elle et l'écrouai, l'empêchant ainsi de fuir et de reculer lorsqu'elle prit conscience de son geste. Ma patience s'était fracassée. D'une caresse, elle s'était brisée. Enfonçant les mains dans son dos et dans la robe fine qu'elle portait, je penchai la tête et coulai ma langue sur le fruit pulpeux à la saveur familière. Tout en douceur, je l'embrassai. Je me glissai dans sa bouche, effleurai ses dents, et la fis mienne. Nos nez se frôlèrent, nos cheveux se mêlèrent, nos souffles se confondirent. Et nos langues dansèrent. Le ballet fut lent, brûlant, fougueux. Inégal et irrégulier, il était à l'image d'un homme à l'intelligence endormie, à l'image d'un homme qui n'était plus rien que le sang, le désir et la chaire palpitante. D'un homme qui désirait hypnotiser sa belle et non la faire fuir. Mes mains fuirent son dos cambré et s'enfouirent dans ses cheveux, en délaissant mes pouces sur ses joues crémeuses. Ils s'y enfoncèrent doucement et je reculai la tête. Ma respiration, hachée, trahissait la bataille enflammée qui faisait rage dans un corps fier et joueur. Aussi retins-je l'envie qui sciait mes muscles. Une demi seconde. Je me sentis perdre au tremblement de mes doigts contre sa peau et à la chaleur vive qui frappait mes tempes. D'un geste à l'impulsivité rare et inhabituelle, je la saisis et la hissai sur le meuble. Elle semblait si jeune, moulée dans cette eau claire et verte qui ondoyait autour de son corps fin. Ses genoux contre mon ventre, je repris son visage en coupe et l'attirai. Mon souffle rebondit sur sa bouche. Un baiser d'air chaud, une caresse fugitive et brûlante sur ses lèvres entrouvertes. Puis mes bras retombèrent tandis que ma mâchoire durcissait, reflet d'un regard aux ombres nocturnes. « Qu'est-ce que tu veux ? » Ma voix, plus chaude, fut plus ferme que mes mains posées de part et d'autres de son corps. « Parce que je joue beaucoup avec toi Eun Mi … mais je ne jouerais pas là dessus. » Je plongeai dans son regard. « Si je t'embrasse … c'est dans l'intention de coucher avec toi Et si tu me touches à nouveau … je ne me retiendrais pas plus. » Je mettais en garde la jeune fille naïve qui transpirait si souvent dans ses gestes. Je voulais la femme. Et que la femme.
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Re: Touch has a memory ▬ Caemi ♥ | Dim 24 Sep - 23:11 Citer EditerSupprimer
Here I am again, the same old situation, Why does the guy thing have to be so complicated? I should've played it cool, instead I made a fool, Oh, the things I do. 'Cause I'm young and I'm dumb, I do stupid things when it comes to love, And even if I always end up crying, Well, you can't blame a girl for trying !
Je nourrissais quelques sombres desseins pour mon tortionnaire, et s’il buvait les mélanges âpres sans se faire prier, il ne manqua pas de me faire remarquer mon comportement. Que ce soit pour répondre à tes questions, ou juste pour le goût particulier de ces boissons, tu bois quand même ! Je jubilais de voir les grimaces faire froncer ses sourcils et le dégoût étirer ses lèvres en une moue éphémère. Mais plus que ses mimiques, sa voix résonnait avec douceur à mes oreilles, d’un timbre grave et suave, presque envoutant alors que je me laissais bercée par les notes qui lui échappaient. J’aurais dû me douter qu’il savait s’improviser barman, à vrai dire, j’aurais dû me douter que derrière le masque impassible et froid qu’il affichait souvent se cachait de nombreux mystères à découvrir. N’était-ce pas pour cette raison que mes yeux s’étaient posés sur lui et son aura à la couleur changeante ? Je portais à mes lèvres le verre qu’il me tendait avec une confiance presque aveugle. D’où me venait cette certitude avec laquelle je continuais de le défier du regard ? Je ne pouvais cependant me soustraire à mon habituelle et constante gêne, et je tentais de la camoufler en mordant ma langue alors qu’il m’attaquait à nouveau sur son terrain. « Patience et implication. » répétai-je. « Je n’imagine pas un quelconque enseignement sans ce cocktail ! » Je jouais sur les mots, et sur cette joute verbale qui prenait une toute autre tournure que celles que j’avais l’habitude d’échanger avec lui. Je prenais même plaisir à lire l’amusement remplacer la raillerie dont il faisait preuve d’ordinaire. Mais si les plaisanteries dissimulées avaient rythmées nos échanges avec modération certaine, je ne parvenais pas à oublier. Est-ce que je cherchais seulement à me défaire de ce souvenir ? Celui dans lequel l’eau avait laissé place à ce chantage à la saveur particulière. Les yeux rivés sur ce verre que j’avais posé, je mirais les reflets du liquide se mélanger dans ma mémoire. Mais comment un simple verre d’alcool pouvait me renvoyer à ce moment ? J’avais beau repousser cette idée, cette envie qui m’étreignait avec force, elle continuait à me faire hésiter. Et au lieu de rebrousser chemin et de l’abandonner à un dortoir plongé dans les songes d’une nuit, je relevais mes prunelles pour sonder les siennes. Je n’y cherchais rien, et pourtant j’attendais quelque chose, un signe ou un avertissement, un accord ? Mais elles restèrent plongées dans les miennes alors même que j’abandonnais toute raison. D’un pas pour me rapprocher de lui et de ce qu’il m’avait fait entrevoir, d’un pas pour reconquérir ce qu’il m’avait volé... ou ce que je lui avais donné ? Je fis glisser mes mains sur son torse avec une assurance qui m’étonnai moi-même, attrapant le tissu immaculé pour m’y agripper afin de me hisser jusqu’à cette bouche qui était restée silencieuse. Maladroitement, je réclamais ce contact avec lequel il m’avait hypnotisée la première fois, d’un toucher hésitant et incertain, je goûtais ses lèvres sans m’y attarder, attendant une réponse aussi douce que celle de mon souvenir. Tu es folle Eun Mi… complètement folle, tu as perdu les pédales ! Et au moment même où j’abandonnais et baissais les armes, ses bras vinrent entourer ma taille pour m’empêcher une nouvelle fois de fuir, provoquant une salve de frissons incontrôlables. Je sentis son souffle chaud avant qu’il n’habille mes lèvres des siennes. Etait-ce une réponse à ma tentative ? Ou simplement une nouvelle façon de me provoquer ? Je n’en savais rien, et je me fichais de ce qui pouvait se cacher derrière cette proximité que j’avais pourtant déclenché. Ses paumes écrasèrent mon dos alors qu’il faisait danser sa langue sur la mienne. Chaque assaut éveillait la flamme qui ronflait au creux de mes reins, entretenue par la chaleur de ses mains, elle grondait et s’intensifiait alors que mes doigts se crispaient sur le coton. J’étais avide, de son toucher, de cette caresse qui effleurait mes pulpeuses pour les dévorer avec envie, et sans même chercher à le retenir, je me laissais consumer par ce que j’avais pourtant refusé. Une nouvelle décharge vint me submerger alors que se doigts s’enlisèrent dans mes longues mèches blondes. Je respirais avec difficulté, ne cherchant pas à contrôler le rythme effréné avec lequel s’échappait le souffle brûlant d’un démon qui avait pris possession de mon corps. Il était vil et fourbe, souhaitant se repaitre d’un désir enfoui, m’entrainant avec habileté vers ce qui me faisait rougir. Encore happée par ce baiser, j’avais la sensation de tanguer avant qu’il ne me soulève avec une facilité presque déconcertante pour me déposer sur le meuble, et de reprendre possession de mon visage aux joues échauffées par la caresse de ses pouces. J’anticipais presque le moment où il viendrait à nouveau réclamer la chair encore marquée par sa morsure. Mais la douceur de ses lèvres fut remplacée par son souffle, chaud et saccadé alors que je menottais ses avant-bras de mes mains, pour qu’elles ne se referment finalement sur le vide. S’il ne me tenait pas, il m’empêchait néanmoins de partir en m’encerclant de ses bras, mais voulais-je seulement partir ? Je sentais mon cœur cogner avec ferveur contre ma poitrine, faire battre mes tempes alors qu’il brisa le silence. Ce que je veux ? Je l’ignorais moi-même. J’avais toujours été droite et responsable, timide et évasive, rêveuse et lucide à la fois, loin de ce monde fait de passion et de désir, loin de ce dont il avait pourtant l’habitude. Qu’est-ce que je veux ? La question paraissait si simple que je n’y trouvais aucune réponse. Je voulais tout et rien. Ressentir à nouveau ce frisson remonter le long de ma colonne, cette chaleur se répandre pour enflammer mes muscles et ma volonté. Je voulais découvrir ce qui se cachait derrière l’intérêt et la curiosité qu’il avait sciemment provoqué. Voulais-je plus ? Étais-je prête à plus ? Je m’étais bien laissée allée dans les bras d’un étudiant pour lequel j’avais eu le béguin, pourrais-je recommencer ? Toutes ces interrogations que se mêlaient pour embrumer mon esprit déjà perdu. Il me suffisait de poser les yeux sur cette bouche qui s’agitait menaçant la timide étudiante pour comprendre que je ne cherchais rien d’autre. Je ne doutais pas qu’il soit parfaitement apte à exécuter ses avertissements, mais j’étais incapable de lui donner ce qu’il attendait. Est-ce ce que je veux vraiment ? Je peinais à reprendre une respiration régulière, la pression appuyait sur mon thorax et accablait mes pensées. « Je ne sais pas. » soufflai-je. Je craignais qu’il ne m’abandonne soudainement. Je redoutais qu’il ne me laisse seule avec mes questions et mes incertitudes alors que j’avais entrouvert ma boite de Pandore. « Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu m’as ramené un livre que j’avais pourtant prêté à Je Ha ? » Je détournais la conversation sans pour autant m’éloigner de la raison de sa visite tardive. « Que cherchais-tu ? Parce que tu savais pertinemment que tu allais me voir. C’est mon livre. Alors pourquoi ? » Si j’avais pris l’initiative de ce baiser, il n’en restait pas moins l’instigateur par sa simple présence, ne cherchant même pas à m’éviter. « Avais-tu besoin d’un prétexte pour me voir ? » Je me sentais ridicule, les mots semblaient bien trop fort pour décrire cette simple rencontre et pourtant, je ne savais pas comment l’expliquer autrement, cherchant même le moyen de lui donner une raison de rester. « Tu savais… » Ma voix n’était qu’un souffle à peine audible. « Tu savais que je n’étais pas de celles avec qui il est facile de s’abandonner… » Mais tu m’as provoqué, tu m’as ensorcelé avec ce baiser… « Et si je ne veux rien de plus que ça. Si je ne peux que t’embrasser ? » J’avais la sensation de me mettre à nue, dévoilant ce que j’avais longtemps cherché à réfréner, et je savais. J’avais conscience qu’au moment où les mots m’avaient échappés, il ne resterait pas. Pourquoi cette évidence m’était-elle insupportable ?
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Re: Touch has a memory ▬ Caemi ♥ | Jeu 28 Sep - 18:39 Citer EditerSupprimer
Fascinant fut l'ange brun au regard juvénile. Surprenant est l'ange blond au sourire pulpeux. Si tu ne comprends pas encore pourquoi, tu prends conscience que cette femme fait plus que t'attirer par son contraste et ses manières contradictoires. La robe ondule autour de ses jambes, ses cheveux caressent et frôlent son épiderme pâle. Le pourquoi ? A t-il encore une raison d'être alors que, au fond, tu ne cherches qu'à frôler et posséder ? Toi qui te dis si franc, ne veux tu pas en réalité toucher plus que comprendre ? Sentir plus qu'apprendre ?
Ses lèvres caressèrent les miennes, familières et inattendues. Douces et envoûtantes. Un mélange de saveurs au bouquet hypnotique envahit alors ma bouche offerte à cette femme aux mouvements imprédictibles. Elle se mouva doucement, happée par les réactions d'un corps que je ne pouvais ni ne voulais maîtriser. Ma langue sur son inférieure, chaude et possessive, l'ivoire qui s'entrechoque, ma main sur son bras, la seconde dans son dos, la première qui dégringole et écroue. Le jeu s'était momentanément effacé d'un esprit enfiévré par le désir qui ruisselait dans mes veines. Je voulais appréhender sa langue et la capturer entre mes dents. La toucher et la sentir. La respirer, la goûter d'une caresse. Son souffle rebondit sur ma lèvre quand elle tenta de reculer, pour m'offrir un regard à l'ombre piquée par la retenue. Mais je n'en avais aucune. Délaissant ses reins sur lesquels j'avais croisé les bras, je la soulevai pour la poser sur le meuble de la cuisine et lui interdire ainsi toute retraite. Hélas, l'orgueil avait son mot à dire. Interpellée par sa candeur naturelle, il retint l'animal affamé. Mes muscles se tendirent, ma mâchoire se durcit et mes pupilles se dilatèrent. Alors les mots coulèrent, dictée par la fierté masculine. Qu'est-ce que tu veux ? Je m'immergeais dans deux eaux aux couleurs divergentes … perdues. Et sa réponse acheva de museler le félin prêt à bondir. Baissant légèrement la tête, j'étirai ma nuque nouée par la tension. Puis je la relevai, guidé par une surprise invisible qui ne transparaissait ni dans mon regard, ni dans mon expression. « Je voulais te voir. » répondis-je franchement. « Il était plus facile de te rendre un livre que de te courir après parce que je t'avais effarouché. » ajoutai-je avec un léger sourire, reflet d'une pensée amusée par une scène qui l'avait vexée. Mais ma conscience, elle, demeurait muette. Je ne regrettais ni mon geste, ni les propos que je lui avais tenu le jour où elle s'était enfuie. Une fois de plus. « Je sais que tu es coincée Eun Mi. » opinai-je sans retenir davantage les pensées nées dans un esprit abrupte. Fait qu'elle semblait percevoir comme un obstacle, quand il n'était que source d'excitation à mes yeux. Quel intérêt y avait-il à charmer une femme prête à tomber dans vos bras en moins d'une heure ? Quelle charme la conquête avait-elle quand il suffisait d'un mot pour qu'elle se termine ? J'entrouvris les lèvres pour reprendre la parole mais elle dévoila un désir que je m'attendais pas à la voir assumer. Un désir simple et naïf mais qui lui ressemblait si peu que ma voix s'éteignit. Je plissai les paupières, sourcils légèrement froncés, dessins imperceptibles qui pourtant témoignaient de ma stupéfaction. Mes lèvres, doucement, s'étirèrent, félines et mutines. « Tu veux que je demeure passif … pendant que tu exacerbes mon propre désir par curiosité ? Est-ce un défi que tu te lances à toi même, ou suis-je ta cible ? » la provoquai-je en me redressant. Durant une demi seconde, j'envisageai de la laisser seule avec les fantasmes qui rougissaient ses prunelles bicolores. De la laisser seule avec son désir inassouvi. Je respirai profondément, happé par les réflexions qui vrillaient un esprit alerte et néanmoins brumeux. Je n'avais aucune envie de céder à ses exigences et de me prêter à ces adieux adolescents. Cependant … Je levai légèrement la tête et approchai mes lèvres des siennes. Je les frôlais sans les toucher et y soufflai. « Tu veux assouvir ta curiosité mais sans aller au delà ? Très bien … mais tu vas devoir le faire seule. » M'éloignant d'elle, je tirai une chaise sur laquelle je m'installai souplement. Je penchai la tête légèrement en arrière et m'adossai au dossier, intrigué par un visage que je n'avais perçu que très brièvement chez elle. J'avais conscience de manipuler mes propres émotions en acceptant sa proposition mais la curiosité, celle là même qui la dévorait, m'y contraignait, de même que l'orgueil. Ce même orgueil qui m'avait retenu de l'allonger sur ce meuble. « Tu veux m'embrasser ? Fais le. Mais tu vas devoir une nouvelle fois prendre les devants et surtout guider la danse. » Si je paraissais calme, intérieurement, il n'en était rien. Mon cœur cognait d'anticipation mes côtes brûlantes et mes tempes douloureuses. Il résonnait, sourdement et violemment dans un être concentré sur une jeune fille toujours assise. Les commissures de mes lèvres tressaillirent et je tapotai légèrement la cuisse. « Si tu assumes ton désir jusqu'au bout … je ne tenterais rien de plus. » lui assurai-je d'une voix chaude. « Je ne te toucherais pas plus que je ne te demanderais d'aller plus loin. Je partirais même sans me retourner sur toi. » Et ce malgré l'envie qui m'incendierait. J'inspirai silencieusement et attendis qu'Eun Mi prenne conscience de ce que je lui demandais. Dans d'autres circonstances, j'aurais aimé la voir échouer et refuser d'entrer dans un jeu dont elle m'avait dictée inconsciemment les règles. J'aurais aimé la voir reculer et disparaître par la porte fermée, en prenant une nouvelle fois la fuite devant le loup qui se retenait de la croquer. Mais mon corps espérait plus. Et ma curiosité … ma curiosité, jumelée à la sienne, attendait de voir cette jeune fille à la blondeur nouvelle réagir. J'attendais de voir la femme sous le visage de l'enfant, une femme peu sûre d'elle même mais suffisamment adulte pour suivre ses instincts les plus primaires. Les muscles contractés, je m'immobilisais sur ma chaise. Je ne la quittai pas des yeux. Je suivais les échos peint en volutes dans ses prunelles pensives, je lisais ses expressions qui filaient sur son visage crémeux. Mais l'alcool ne la rendait pas plus facile à lire que d'ordinaire. Aussi ne pouvais-je qu'imaginer les différents scénarios possibles sans avoir de certitudes quand au choix qu'elle esquisserait dans quelques minutes, choix qui n'appartenait qu'à elle.
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Re: Touch has a memory ▬ Caemi ♥ | Dim 8 Oct - 10:49 Citer EditerSupprimer
Here I am again, the same old situation, Why does the guy thing have to be so complicated? I should've played it cool, instead I made a fool, Oh, the things I do. 'Cause I'm young and I'm dumb, I do stupid things when it comes to love, And even if I always end up crying, Well, you can't blame a girl for trying !
Ses bras avaient laissé une marque invisible et pourtant indélébile sur ma peau. Perchée sur le meuble, j’attendais que ses lèvres ne rencontrent à nouveau les miennes, j’attendais qu’il réponde une nouvelle fois à ce que j’avais réclamé. Mais je n’eus que son souffle chaud, et un avertissement que j’aurais pourtant dû voir venir. Perdue, j’avouais à demi-mots ma détresse, je cherchais à comprendre ce qui l’avait poussé à venir me voir alors que je n’étais apparemment qu’une étudiante, une jeune femme à la naïveté qui l’insupportait. Son honnêteté me frappa de plein fouet. « Me voir ? » Il jouait avec moi bien trop facilement, comment pouvait-il s’amuser à me pousser à fuir et en même temps venir à ma rencontre ? « Alors tu es venu ici, pour me voir… mais pourquoi ? » Avait-il déjà prévu et anticipé mes réactions ? Avait-il eu dans l’idée de finalement parvenir à ses fins ? « Tu as donc trouvé une autre manière de m’effaroucher ? En venant directement dans le dortoir où je vis ? » J’avais refusé ces sensations, je les avais tellement nié qu’elle me paraissaient désormais évidentes, même si je ne comprenais pas la raison qui me poussait à satisfaire cette curiosité avec celui qui s’acharnait à me faire rougir de honte. « Coincée ? Je dirais plutôt réservée. » Ma fierté presque inexistante fut touchée, mais je savais aussi qu’il y avait une part de vérité dans ce terme bien trop péjoratif, je refusais cependant d’être vue comme une simple jeune femme coincée. L’avait-il à nouveau cherché ? Cette colère qu’il provoquait en me piquant par ses mots incisifs. Elle fut ravivée par son tranchant et son ton catégorique, néanmoins, je ne baissais pas les bras en faisant un nouvel aveu. Je ne voulais, pour l’heure, que ses lèvres. Elles étaient une expérience presque nouvelle pour moi, et j’appréciais la douceur de sa bouche insolente, j’aimais ressentir les frissons sur mes bras et la sensation de flottement qui secouait mon ventre. Je le provoquais, j’en avais conscience, mais las de devoir fuir, je cherchais seulement à obtenir cette proximité, juste le temps d’une soirée. Comprendre pourquoi il me faisait cet effet alors que j’étais restée impassible et fuyante avec lui. J’avais refusé les avances de celui qui avait été officiellement mon petit ami pour finalement me jeter dans les bras d’un séducteur ? Ça ne faisait aucun sens, et le sourire qu’il affichait me confirmait qu’il s’amusait à me voir hésitante. Les mots me lacéraient, ils me renvoyaient une image si peu flatteuse que je restais à nouveau muette. Non, je ne voulais pas qu’il reste passif, mais seulement qu’il m’offre ce qu’il me réclamait d’ordinaire en ne franchissant pas cette ligne, ce mur qui me semblait insurmontable. Il s’éloigna finalement pour que ma gorge se noue, et je m’attendais à le voir franchir la porte de la cuisine pour me laisser seule avec mes questions. Je l’imaginais déjà se moquer de cette tentative ridicule en m’abandonnant sur mon meuble, redoutant d’être la cible de moqueries sur mon comportement indécis. Mais la tension afflua de nouveau dans mes veines lorsqu’il me proposa de céder à mes avances. Il s’approcha de nouveau, mêlant son souffle au mien alors que mes poings se serrèrent sur le tissu qui recouvrait mes cuisses. Le coton de ma robe se froissa sous mes doigts que je relâchais soudainement en regagnant un peu plus de liberté. « Pardon ? Seule ? » Il se moquait de moi. Je ne voyais pas d’autre alternative à son comportement, même lorsqu’il pris place sur une chaise avec la souplesse d’un prédateur. Mais je refusais d’être la proie, je refusais qu’il ait encore le contrôle, d’une manière ou d’une autre en me guidant inconsciemment vers ce que lui désirait. Si j’avais pris l’initiative quelques minutes plus tôt, la confiance s’était évaporée pour que ce geste, ce pas en avant que j’avais fait me paraisse désormais insurmontable. Je pouffais à ses paroles, d’un rire sans réel humour alors qu’il me faisait encore une fois un chantage dont lui seul avait le secret. « Tu as appris à tenir tes promesses ? » Je n’avais rien oublié. « Un effleurement, une apposition des lèvres innocente. Ça ne te rappelle rien ? » Je me souvenais parfaitement de cette nuit dans la piscine, je ressentais encore l’eau m’ensevelir jusqu’à la taille et de cette prison de chair qu’il était devenu en échange d’un baiser dont il avait profité. Mais je me leurrais, pleinement consciente que j’avais, moi aussi, tiré profit de cet instant. J’abandonnais mon meuble, tombant maladroitement sur mes pieds avant de lui offrir un dernier regard et de prendre la direction de ma chambre, mais les questions vinrent à nouveau me tourmenter. Était-il sincère ? Tiendrait-il sa promesse ? Voulais-je seulement qu’il reste passif ? En étais-je capable ? En une fraction de seconde seulement ma décision fut balayée et je me retournais aussi vite que j’étais partie. Mais derrière cette détermination que j’affichais, l’incertitude faisait trembler mes membres. Je devenais folle, ça ne faisait aucun doute, en répondant à sa provocation je faisais exactement ce à quoi il s’attendait. D’un geste, je fis voler le bas de ma robe, prenant appui sur ses épaules pour prendre place sur ses jambes en les encerclant des miennes. Je voulais lui asséner une remarque comme il savait si bien le faire, mais la gorge nouée, aucun son ne m’échappa. Glissant les doigts sur sa mâchoire je me contentais de déposer mes lèvres sur les siennes, hésitante, maladroite. Le cœur battant à tout rompre, je ne savais plus. Faisais-je une erreur ? Mes yeux croisèrent les siens avant que mes paupières n’obscurcissent ma vue. Je me plongeais volontairement dans le noir pour ne plus voir mais uniquement ressentir. J’aimais la sensation de sa peau chaude sous mes paumes, de son souffle saccadé contre le mien, mais surtout de ses pulpeuses sur les miennes. Comment pouvais-je apprécier embrasser celui qui s’amusait à me faire passer pour une petite fille ? Mais la contradiction s’effritait à mesure que je le croisais. À chacune de nos rencontres, il me laissait un souvenir différent. Je connaissais le séducteur, le prédateur, mais j’avais aussi entrevu l’homme derrière cette carapace dont il s’armait. Était-ce l’homme ou le séducteur à cet instant ?
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