tu travailles aujourd’hui et contrairement aux autres jours, tu ne devras pas faire de livraisons. il manque un serveur au restaurant alors tu vas devoir prendre sa place. en soi, ça ne te dérange pas de dépanner les propriétaires et de faire le serveur, mais c’est les clients qui te font chier le plus. y a des gens très bien et agréables tandis que des fois c’est l’enfer. surtout parce que pour eux, le client est roi est une règle d’or. sauf que ce n’est pas parce que c’est vrai, qu’ils sont obligés de vous traiter comme de la merde. vous êtes, vous aussi des êtres humains à part entière. vous avez un cœur qui bat et vous pouvez être blessés par leurs propos. du coup, tu pries intérieurement que tu n’aies pas de problèmes avec les clients aujourd’hui. au moins quand tu livres, tu ne les vois que l’espace de quelques minutes et après tu peux t’éclipser et te sentir libre sur ta moto. là, tu vas devoir rester dans la salle et encaisser. tu pousses un soupir en enfonçant le casque sur ta tête et t’enfourches ta moto avant de te diriger vers ton lieu de travail avec un sourire tout de même. ça fait des années que tu travailles ici et t’es plutôt content d’avoir pu garder ta place aussi longtemps. t’arrives rapidement sur les lieux et tu te précipites dans la salle de repos sans un regard sur les gens dans le restaurant, pour enfiler ton uniforme, chemise blanche, pantalon noir et tablier noir. quand t’es enfin prêt, tu remontes tes manches, métaphoriquement parlant, et tu te lances dans la gueule du loup. t’aperçois à une table hiro et tu souris. tu voudrais aller lui dire bonjour mais t’as pas le temps. c’est le rush et tu évolues dans le restaurant prenant les commandes, les apportant et débarrassant les tables. sauf que tu ne restes pas longtemps en salle parce qu’on t’appelle à l’aide en cuisine et tu t’y rends avec un sourire. tu préfères largement être ici et encore mieux parce que tu adores cuisiner. une heure passe et quand tu vois que le calme arrive peu à peu, tu prépares quelques sushis, des takoyakis ainsi qu’une soupe miso. sourire au chef qui a compris à qui tu vas les donner et tu sors de son antre pour te diriger vers hiro. tu poses le plateau et les assiettes devant lui. « j’ai pensé que tu aurais peut-être faim. » et tu lui souris en t’asseyant face à lui. « ça a pas l’air d’aller… tu veux en parler ? » avant d’être un serveur du restaurant japonais près de la maison des nagao, t’es aussi un de leurs amis et tu peux écouter leur problème quand ils en ont besoin et t’as l’impression que c’est le cas de hiro. il a sûrement besoin que quelqu’un l’écoute.

voir hiro ici te fait de la peine. il vient souvent se réfugier au restaurant quand il ne va pas bien. alors, quand tu as un peu de temps, tu lui prépares de quoi manger, parce que sinon il restera le ventre vide. tu le connais. tu t’approches alors de lui avec le plateau et il refuse déjà. cependant, tu ne le laisses pas finir et tu poses le tout devant lui alors qu’il enlève ses affaires rapidement. il relève la tête vers toi et tu souris quand il se rend enfin compte que c’est toi. tu t’assieds en face de lui toujours en souriant et tu le regardes tendrement comme lorsque tu regardes ta petite sœur. il semble totalement gêné à par l’attention et tu hoches la tête quand il te demande s’il peut. sauf qu’il le voit pas vraiment vu qu’il a déjà ses baguettes en main en prenant un takoyaki pour le mettre dans sa bouche. tu attends un peu nerveusement un retour. parce que même si tu sais cuisiner, t’es pas aussi doué qu’un japonais alors, tu sais pas vraiment si c’est mangeable. « oui c’est moi qui ait tout préparé. c’est bon ? » que tu demandes en triturant tes doigts nerveusement. il t’avoue qu’il voulait te voir et tu souris encore un peu plus. tu t’en es douté dès l’instant où tu l’as vu dans le restaurant. quelque chose à du se passer avec ses frères. cette fois c’est tadashi qui en prend pour son grade et tu peux comprendre ce qu’il ressent. il se sent responsable de l’accident et il ne veut plus perdre personne. tu réagis de la même façon avec so hyun depuis qu’elle est revenu après son enlèvement. cependant, tu peux aussi comprendre que ça soit une gêne pour les plus jeunes. « il se fait du soucis pour toi, comme n’importe quel grand frère. tu devrais parler avec so hyun, tu verrais que tadashi est pas le seul à être un grand frère agaçant et protecteur. » dis-tu parce que c’est vrai. vous les grands frères et sœurs, vous avez du mal à voir votre fratrie grandir alors que c’est le cas. même si vous vous obstinez à essayer de les couver, ils ne sont plus des enfants malheureusement. « mais je peux comprendre que ça t’embête. tu peux pas en parler avec lui calmement ? je suis sûr qu’il comprendrait. » comme toi tu as compris pour ta sœur. c’est dur certainement fois, mais tu t’y es fait. ça ne t’empêche pas d’être toujours inquiet pour elle, mais t’es plus sur elle h24 comme avant. tu la laisses respirer. hiro reprend alors la parole pour te demander comment toi tu vas et tu lui souris. il se soucie des autres presque plus qu’il ne se soucie de lui-même. ou alors, c’est juste avec toi. tu sais pas vraiment, tu l’as jamais vu avec des amis d’ailleurs. « oui je vais bien. et comme tu peux le voir ouais. un des serveurs n’est pas là du coup, j’ai été recruté. puis je suis parti en cuisine. et du coup, pas de livraison aujourd’hui. » ça te manque un peu de ne pas parcourir la ville sur le scooter du restaurant. bon, c’est pas ta moto, mais c’est mieux que rien. « et pour les clients ça va. y en a pas eu de chiants pour le moment. » nouveau sourire qui s’affiche sur tes lèvres quand tu le vois plonger dans la soupe miso. « t’avais plus qu’un petit peu faim. » que tu dis malicieusement avant de reprendre. « si t’as encore faim après tout ça, je pourrais te refaire quelque chose. » tu sais que les gérants ne diront rien, parce que hiro est sympathique mais parce que t’es pas un employé chiant et que ça fait des années que tu bosses pour eux.

t’es pas le meilleur cuisinier du restaurant, loin de là, mais t’es plutôt confiant en tes capacités. souvent, on te fait des compliments sur les plats que tu fais alors que t’es coréen et pas japonais. t’arrives même mieux à cuisiner nippon que coréen, au grand désarroi de ta mère qui voudrait que tu saches faire des plats typiquement de chez vous au lieu de ceux des voisins. sauf que toi tu t’en fous un peu, du moment que tu as de la bouffe dans ton assiette. et c’est aussi le cas de hiro apparemment puisqu’il dévore presque tout ce que tu lui as amené. t’espères donc que ce sera bon. sauf que ça ne semble pas le cas quand il te répond. tu le regardes légèrement sur les fesses. certes, t’es pas japonais comme les nagao, mais tu pensais quand même bien te débrouiller. tu ouvres la bouche pour te défendre quand il continue, te faisant comprendre qu’il te taquine. tu pousses un soupir avant de lever les yeux au ciel. « sérieux, j’ai cru que c’était vrai. tu devrais pas faire ce genre de choses. mon cœur de vieux va pas tenir. » et tu ris parce que tu te moques de toi-même et de ton âge. mais en même temps, t’es plus vieux que hiro, de sept ans si tes souvenirs sont bons. mais ça ne t’empêche pas de comprendre ton dongsaeng plus qu’il ne le pense même parce que tu as vécu la même situation avec ta sœur. elle aussi en avait marre que tu sois constamment sur son dos. mais si contrairement à tadashi qui est sur le dos de hiro parce qu’il ne se comporte pas forcément bien, toi tu étais sur le dos de so hyun parce que tu l’avais déjà perdu une fois, tu ne voulais pas recommencer. « parce que tu crois que so hyun se laisserait influencer. c’est que tu la connais pas. » ta sœur c’est pas le genre à se laisser mener par le bout du nez. c’est plutôt elle qui te fait faire ce que tu souhaites. c’est d’ailleurs pour cette raison que tu as arrêté de trop t’en faire pour elle. tu ne peux cependant pas t’empêcher de t’inquiéter pour elle parce que tu es son grand frère, mais tu la laisses vivre sa vie. et tu voudrais que hiro le comprenne. qu’il voit qu’il peut discuter avec tadashi comme tu l’as fait avec ta petite sœur. sa réponse te peine. tu peux comprendre que leur situation n’est pas la même que la tienne et celle de so hyun, mais justement, c’est dans ce genre de moment que la famille est importante. tu voudrais que le japonais le réalise. « je suis désolé de l’apprendre. » tu marques une pause, réfléchis quelques instants, avant de reprendre la parole. « et si moi j’essaie de lui parler ? » tu dis en essayant de lui donner une alternative. tu ne veux pas t’imposer dans la vie du plus jeune, mais si jamais il le veut, tu pourrais essayer de discuter avec tadashi et lui faire comprendre la situation aussi du point de vue de hiro. la discussion change pour revenir sur le service et tu souris. « ouais pour le moment, parce que je suis en cuisine. donc je vois pas les clients. mais si y a encore du monde qui arrive, je risque d’être appelé au service. et tu sais à quel point j’aime ça. » réponds-tu ironiquement parce que ce n’est pas du tout le cas. tu détestes ça servir parce qu’il y a toujours quelque chose qui ne va pas. mais tu ne peux rien dire, parce qu’après tout, le client est roi. tu finis par demander à hiro s’il en veut plus et tu souris en lui ébouriffant quelques instants ses cheveux. « je peux t’en refaire sans soucis. et pour le paiement, tu sais bien qu’il n’y a pas besoin. » tu ne veux jamais qu’il paie ce qu’il mange ici et tu ne vas pas commencer maintenant. c’est déduit de ton salaire, mais ce n’est pas comme si tu avais besoin d’argent. tu pourrais très bien survivre sans bosser à côté de tes études grâce à l’argent de papa et maman, mais t’es pas du genre à te reposer quand tu peux. alors, très tôt t’en es arrivé à travailler pour ce restaurant. ça fait des années maintenant et tu ne comptes pas partir avant d’avoir fini ton cursus universitaire, c’est-à-dire, pendant encore un an. la suite te fait rire et tu secoues la tête. « t’es sûr que tu veux boire si tôt ? » tu juges pas, tu poses simplement des questions. t’es pas du genre à juger et encore moins tes proches. s’il veut boire, tu lui donneras mais tu veux quand même savoir s’il est sûr de lui. tu souris pendant que tu le regardes finir ce qu’il a devant lui et il reprend la parole, revenant sur tadashi et leur problème. tu soupires légèrement. « effectivement, si tu ne lui donnes pas de quoi te faire confiance, il ne te lâchera jamais. » tu continues de sourire légèrement. « qu’est-ce que t’as fait pour qu’il arrête de te faire confiance ? » tu demandes, curieux et en même temps pour lui donner une occasion de se livrer si jamais il en a envie.