Monsieur Rhee n'avait jamais été un grand amateur d'animaux. À part deux bergers allemands qui gardaient leur maison, et qui n'avaient pas le droit d'y rentrer, les soeurs Rhee n'avaient jamais fréquenté d'animaux. Bien sûr, enfants, elles avaient tout essayé pour convaincre leurs parents, mais c'était définitivement mission impossible. Puis, le temps faisant son oeuvre, elles avaient abandonné l'idée, ne cherchant plus le réconfort que dans quelques peluches, qui elles-mêmes avaient fini délaissées. Pourtant, à vingt-et-un ans, Mee Joo était d'avis qu'il était temps pour elle de faire ses propres expériences animalières. Elle n'avait ceci encore aucune idée de ce qu'elle allait prendre. Elle aimait bien les chats, elle les avait toujours aimé, mais n'était-ce pas un peu trop commun ? Par contre, hors de question de prendre un chien, c'était bien trop contraignant et si elle voulait le ramener au dortoir de temps en temps, il fallait quelque chose de discret. Elle avait pas envie de devoir mener son propre mouvement salami pour pouvoir garder sa bestiole, ça non. Mais elle voulait quand même un animal cool, pas de rongeur style hamster quoi ... à la limite un rat, mais elle n'était pas convaincue. Bref, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait. Du coup, pour l'aider dans son choix, elle avait besoin de quelqu'un. Et pas de Soo Mee, puisqu'elle lui ferait la surprise. Non. D'un gaillard sur lequel elle pouvait compter. Du coup elle avait désigné ... Kazuya, ni plus, ni moins.  Pour une fois qu'elle ne l'appelait pas parce qu'elle avait des emmerdes, il n'allait tout de même pas s'en plaindre, si ?

Elle lui avait donné rendez-vous au coin de la rue, pour la simple et bonne raison qu'elle avait toujours détesté attendre devant un magasin. Disons qu'elle n'était pas trop fan de la sensation d'être épiée par les employé.e.s des dits commerces pour savoir si elle allait rentrer ou non. Du coup, elle préférait donner rendez-vous aux gens en terrain neutre. Quand Kazuya apparut dans son champs de vision, la bitch resting face qui lui servait d'expression de base s'illumina en un léger sourire. Pas trop non plus, elle avait une réputation à garder. Mais avec le japonais, elle se permettait néanmoins d'être un peu moins chiante qu'à l'ordinaire. Sans doute que sans cela, ils ne seraient pas devenus potes." Kazukun ! " lâcha-t-elle en agitant la main dans la direction du jeune homme, profitant des quelques mots de japonais qu'elle connaissait pour le taquiner. " J'ai failli t'attendre ! " lui reprocha-t-elle ensuite, un sourire mutin aux lèvres. Elle était indéniablement de très bonne humeur, ce qui aurait presque pu être effrayant pour qui ne la connaissait pas suffisamment " T'es prêt ?! " finit-elle enfin par demander, toujours un petit air de défi accroché au visage.

Quand j’avais parlé à ChaeNah que j’accompagnais une amie dans une animalerie pour l’aider à choisir son animal, elle était aussi excitée qu’une puce, me poussant à bout pour que je l’amène avec. Pourtant, j’avais tenu bon, argumentant qu’elle allait faire peur à ces pauvres bêtes si elle se pointait de la sorte. Elle était partie, boudeuse, sans oublier de me laisser une liste d’animaux qu’elle aimerait voir à l’appart. Elle avait juste oublié que je n’allais pas lui acheter une bestiole, ni pour moi d’ailleurs quand bien même je les adorais, mais pour aider Mee Joo. Si je m’étais d’abord orienté vers la pédiatrie, c’était Tamaki qui m’avait poussé à faire des études de vétérinaire. D’abord parce qu’il voulait qu’on reste ensemble, ensuite parce qu’il n’arrêtait de dire que les animaux m’appréciaient plus que lui quand je l’accompagnais dans un de ses stages. J’avais fini par céder et même, à aimer cela. Je cédais toujours devant leurs yeux tout ronds qui me regardaient pour me faire craquer. J’arrivais donc au coin de la rue où la jeune femme m’avait donné rendez-vous. Un peu en retard, j’avais eu un peu de mal à trouver, peu habitué à ce coin. Les mains au fond des poches, je m’approchais, un léger sourire au coin des lèvres. Je faillis pouffer de rire face à sa prononciation du japonais qui ressemblait plus à de la bouilli pour bébé qu’autre chose, mais j’étouffais mon rire. Ca ne servait à rien de l’énerver pour rien dès le départ, même si j’appréciais particulièrement d’emmerder mon monde, celle-ci était un brin plus dangereuse que les autres. Je fais attention quand je m’y frottais. « Désolé, j’ai tourné en rond quelque fois dans le quartier avant de trouver la bonne intersection de rue. » argumentais-je pour excuser mon retard. « Tu as choisi l’endroit où tu voulais aller ? » demandais-je sur le même ton de défi qu’elle. Il suffisait de me mettre au défi pour que je démarre au quart de tour. Il suffisait de voir la nuit de folie à participer aux défis de plus en plus fous qu’on me proposait. Et jamais je n’avais reculé devant l’un d’eux. Je sortis un papier de ma poche et le lui tendais. « J’ai pris l’initiative de regarder les animaleries les plus proches et vérifier la provenance des animaux, sans oublier d’examiner leur façon de traiter leur animaux. Voici la liste de ceux qui sont réglo à tous ces niveaux. » Bien entendu, la plupart de ces informations n’étaient pas accessibles pour le commun des mortels, mais quand on avait une amie qui se battait pour les droits des animaux et un brin curieuse, toutes les portes s’ouvraient à vous.