Tristesse, souffrance, suicide. Tous ces mots raisonnaient dans ma tête. Y a-t-il un remède pour éviter de penser à la mort ? Je ne veux pas entendre que ma famille et que mes amis sont là pour m'aider, ce n'est pas un antidote. Personne n'est là quand il le faut. Les amis ne sont qu'une illusion pour pouvoir vivre dans la société, ils sont toujours en train de mentir pour mieux vous tenir en laisse afin d'éviter que vous ne fassiez quelque chose contre eux. Car cette société, vous annonce qu'il est temps de trahir vos amis pour avoir une vie paisible. Alors que faites-vous lorsque vous savez tout ça ? Vous allez faire en sorte de ne plus vous laissez berner par cette bande d'incapable qui ne vous mérite pas ou alors vous allez essayer de nier car vous avez l'impression que vous n'êtes rien sans eux. La deuxième option est souvent prise parce que la population d'aujourd'hui est hypocrite. Personne ne connaît la définition de l'amitié. Qu'est-ce que l'amitié ? Moi-même, je ne connaissais pas la réponse. La pluie venait s'écraser contre mon visage enfantin. J'ouvre mes yeux pour pouvoir me redresser convenablement puis je secoue mes cheveux afin d'enlever toute cette eau naturelle qui avait pris congé sur mes cheveux. J'étais allongé sur le rebord du toit de l'université. Je suis venu ici pour me reposer avant de retourner en classe. Depuis les événements avec le club, je ne voulais pas me mélanger aux autres, la solitude est la seule chose que j'avais apprécié.

N’y va pas. Le cri de la raison. Celui auquel j’aurais dû me raccrocher depuis longtemps. Mais j’en étais incapable. De le laisser partir. De le laisser seul. De le voir se détruire. La culpabilité m’assaillait de toute part, poignards sanglants s’enfonçant dans la chair et me montrant ce que j’avais fait. Un sourire à la fois triste et amer s’étala sur mes lippes et je soupirais, écoutant une énième fois mon cœur à la place du reste et gravissant des marches qui, je le savais, me mènerait à lui. Parce que je le connaissais par cœur. Quoi qu’il arrive. On ne m’enlèverait pas ça. Même si on avait terni son sourire. Une main tremblante s’approcha de la poignée de la porte, incertaine, et je me giflais mentalement de cette faiblesse. Mes ongles s’enfoncèrent dans la chair, à la recherche de mon courage et je m’élançais sur le toit d’une poigne de fer. Mes pupilles accrochèrent sa silhouette inerte, et je m'immobilisais un traître instant, un goût de fer dans la bouche et un poids de plomb dans l’estomac. Était-ce vraiment lui ? Le connaissais-je, ce gars la ? Ou me voilais-je juste la face pour ne voir que ce que je voulais voir. Pourtant mes jambes refusèrent de faire demi tour, avançant d’elles-même jusqu’à venir taper dans sa cuisse sans réelle douceur pour lui signifier ma présence. « Qu’est ce que tu fous ici, sale gosse ? » Il était un génie, sa place n’était pas là où les délinquants et les suicidaires squattaient. Mais alors que je me voulais détachée, je ne pus empêcher cette main de venir ébouriffer ses cheveux, pour les sécher dira-t-on. « T’aimes que je te cherche ou quoi ? J’ai failli pas te reconnaître, où est passé ton blond ? T’en avais marre qu’on te prenne pour un con ? » L’ironie maquilla mes traits, n’en pensant pas un mot et pourtant… Une pointe de tristesse s’agrippa à des traits déjà tirés par une fatigue de plus en plus omniprésente. S’il te plait… Dis moi que tout va bien. Dis moi que tu souriras de nouveau demain.

Un long soupir s'échappe de mes lèvres. J'en ai marre de penser à tout ce que j'ai vécu récemment. Est-ce possible de pouvoir vivre tranquillement ? Est-ce que j'en demande trop ? Je veux pouvoir sourire à nouveau, arrêter d'inquiéter les personnes que j'aime. Je ne suis plus le même depuis l'incident. Je suis un minable qui pense à faire un acte de lâche. Un acte qui peut affecter toute ma famille. Je fis un léger sursaut lorsqu'elle me tape sur la cuisse. Cette voix était celle de ma sœur. Que faisait-elle ici ? Elle n'avait pas autre chose à faire que de me chercher ? « Je me repose. » Mensonge. Je ne pouvais plus trouver le repos à cause de mes sombres pensées. Je voudrais lui poser une question, mais je n'ai plus le courage, ni la force de le faire. J'ai peur de la blesser. De la détruire.. « Tu me cherchais ? » demandai-je en m'asseyant sur le rebord du toit pour lui faire face. Aucun sourire ne s'afficha sur mon visage. Pourtant, je suis très content de voir Eun Ha. Elle est mon rayon de soleil, ma vie. Je ferai n'importe quoi pour la protéger. Nous n'avons pas les mêmes parents, mais notre relation est bien plus forte que celle que les autres peuvent avoir avec leurs frères et sœurs. Je me dois de rester à ma place, elle n'a pas besoin de moi. Elle sait se débrouiller toute seule. Au fur et à mesure que je vois la jeune femme, j'ai l'impression qu'elle se force à me voir pour se rassurer. Elle n'est pas idiote, elle est consciente que je vais mal. Je ne veux pas lui dire, j'ai un minimum de fierté. Cependant, je ne veux pas qu'elle se croit coupable de tout ce que j'ai subi de la part de ces personnes malintentionnées. Ce n'est pas de sa faute. La police est au courant de plusieurs choses, j'ai commencé à dénoncer le club de motard afin que le président prenne une sanction exemplaire. « Tu n'aimes pas la couleur de mes cheveux ? » Je suis curieux de ce qu'elle va me dire. Si ça se trouve, elle n'aimait vraiment pas la teinture que j'avais avant.

Mensonge. Fable. Déformation d’une réalité bien moins belle à entendre. Je savais tout ça. Pourtant j’avais envie de croire en ses mots. Qu’il ne faisait que se reposer. Qu’il était là par pur hasard. Que tout allait bien. C’était tellement plus facile. Plus simple. Je voulais me voiler la face. Masquer la vérité pour m’emrober dans un mensonge bien plus aguicheur et protecteur. Mais je ne le pouvais pas. Parce que si je faisais semblant, si je le laissais sombrer cette fois… Je ne le récupérerai pas. Et ça, je ne pouvais même pas le concevoir. Mon expression ne cilla pas face à la sienne, comme dénuée de vie dont pas même le fantôme de l’un de ses sourires passés ne pointait le bout de son nez. Pourtant un craquement dans mon coeur survient jusqu’à mes oreilles, comme s’il avait pu se briser face à une réaction que je redoutais plus que de raison. Je ne pus qu’hausser les épaules face à sa question de façon je m’en foutiste, me voulant détachée. Car il le fallait, que je me détache de lui, pour qu’il puisse avoir une belle vie. Sa question sincère me déstabilise face à ma connerie, et je reste un moment dans le flou, comme ne sachant pas répondre face à ce nouvel assaut. « Si… Je l’aime bien. Enfin… Tout te va ? Dans tous les cas, t’as une tête d’idiot. » Nouveau haussement d’épaules alors que mes pupilles fuyaient les siennes, ne pensant pas un mot de ce que je venais de dire. Dans un geste presqu’instinctif, je viens m’installer à côté de lui, levant mon regard vers un ciel assombri par les traces d’une pluie passée. « Qu’importe, ce n’est pas à moi que tu dois plaire. » Ni à personne d’autre en fait. Au fond, s’il pouvait se faire la teinture la plus dégueulasse du monde pour faire fuir toutes ces connasses condescendantes qui grouillaient autour de lui tels des cafards… A croire qu’il n’y avait jamais assez d’insecticide pour les faire fuir. « Pourquoi ce changement soudain ? » De couleur. A croire qu’il voyait la vie en noir. Et c’était bien ce que je redoutais le plus, au fond.

Quand je vois ma sœur, je repense à ce que j'ai vécu. Si ce n'était pas moi qui ai découvert la magouille, elle serait probablement plus de ce monde. J'ai pris les coups à sa place, mais je ne peux pas lui en vouloir. Je me dois de la protéger. Elle fait tout pour moi… elle me protège, elle m'aime… elle me fait confiance. J'ai une sœur adorable même si elle montre son mauvais côté. C'est quelqu'un de bien. J'ai envie de lui dire que tout va bien, que rien ne va lui arriver… mais ça serait lui mentir. Je ne vais pas bien, je souffre. Mon mental a été touché à cause de ses pourritures qui se disent frères. Je ne fais confiance qu'au vice-président du club et à elle. Est-ce normal ? Non. Si nous sommes une famille, nous devons avoir confiance avec les autres membres. Malheureusement, je ne peux plus leur faire confiance. Je ne peux pas partir de la bande comme-ci de rien était. Pourquoi ? Je mettrai Eun Ha en danger. Je ne veux pas que cela arrive. Elle est plus précieuse que ma propre vie. « Ce changement est en rapport avec ce qu'il s'est passé récemment. C'est pour oublier. » Je souris légèrement avant de croiser son regard. Est-elle inquiète de mon état ? Si c'est le cas, elle devrait m'emmener loin d'ici. Je veux redevenir le Tae Hwi d'avant… celui qui s'amusait pour tout et pour rien, celui qui faisait des câlins à tout le monde sans demander quelque chose en retour. Je suis mort à cause de plusieurs motards. Ce n'est pas de la faute de ma sœur, c'est ma faute. J'aurai dû les détruire lorsque j'avais vu la magouille. Malheureusement, je me suis fait éclater en deux secondes. Je me lève pour venir dans bras et ne plus bouger. « Restons comme ça pendant un moment s'il te plaît. Je suis en sécurité dans tes bras. »

Pour oublier. Les mots entrent et restent prisonniers de mon esprit, y faisant écho et résonnant de plus en plus fort jusqu’à me faire tanguer. Mon sourire tressaute, ma bonne humeur s’affaisse l’espace d’une seconde... D’un battement de coeur dans le vide. Et j’hoche la tête comme une idiote, faisant mine de croire à ce qu’il dit. Qu’il a réussi à oublier. Qu’il ne broie pas du noir. Que tout ça n’était rien et que la page s’est définitivement tournée. Risible. Tellement lâche. Mais nécessaire. J’étais néfaste pour lui. Un poison qui avait mis des années à se répandre mais dont l’effet était irréversible. Et aujourd’hui, il était trop tard pour faire marche arrière. J’avais causé des dégâts qui ne s’effaçaient pas, marquant sa chair et son âme de façon permanente. Je n’avais plus le droit de l’aimer. Plus le droit de le materner non plus. Juste… M’éloigner et disparaître, comme si je n’avais jamais existé. Ce serait mieux pour lui. Ce serait mieux pour nous. Pourtant j’avais eu beau me le répéter une cinquantaine de fois, je n’avais jamais réussi à faire ce premier pas d’adieu. Pas encore. Pas tout de suite. J’ai besoin de lui. Encore un peu… Mon égoïsme n’avait aucune limite, et sûrement était-ce l’une des raisons pour lesquels il avait fini bouffé. « Je comprends. » LA FERME. Je voulais m’insulter, faire taire cette bouche insolente et je m’en foutiste qui croyait tout savoir et ne faisait que mentir. J’aurais voulu hurler qu’il me manquait, que je l’aimais et que jamais je ne le remplacerai. Mais putain, j’avais même plus le droit d’être moi. Je devais m’enchaîner pour le laisser s’en aller. Fermant un traître instant les yeux, mon corps se crispe à son contact, me figeant de surprise. « Qu’est ce que tu… » Mais je n’ai pas le temps de finir ma phrase, rouvrant les yeux sur sa bouille, incapable de dire quoi que ce soit. En sécurité ? Si seulement tu savais à quel point c’est faux… Je ne savais même pas comment il pouvait encore pensé pareille chose. Un léger rire s’échappe de mes lèvres, nerveux et faux. Mon cœur me hurle de le serrer fort, mais ma raison m’en empêche, dernier rempart d’un esprit trop gourmand. « Qu’est ce que tu racontes voyons ? Depuis quand es-tu devenu une fillette Tae Hwi ? » Mon regard se détourne, mais je ne me recule pas. Incapable de l’affronter. Incapable de faire un choix.

Un jour, j'arrêterais de traîner avec le club des motards. Ce jour sera lorsque j'arriverai à enlever Eun Ha de cette merde. Je prépare ma vengeance contre ces types qui m'ont fait du mal et je promets que je ne serai pas tendre avec eux. Je ne sais pas ce qu'elle pense, je n'ai pas envie de savoir. Je veux simplement qu'elle soit heureuse, qu'elle sache qu'elle n'est pas toute seule. Je ne vais pas l'abandonner dans une ‘‘armée'' de psychopathe prêt à démonter les siens lorsqu'ils découvrent la vérité. Je ne veux pas qu'elle subisse le même sort que moi. « La fillette t'emmerde. J'ai besoin des bras de ma sœur, car je ne fais confiance qu'à toi. » Dis-je d'une voix froide et sèche. Je n'ai pas aimé sa remarque. Je ne suis pas un peureux qui se cache dans les jupons de sa mère. J'ai seulement envie d'être dans ses bras, lui faire comprendre à quel point je l'aime malgré tout ce qu'il s'est passé. Ce n'est pas sa faute et j'espère qu'elle s'en est rendu compte après l'incident. C'est moi qui ai découvert cette magouille, et je promets que je vais les faire plonger. Mon côté sombre est avec moi pour me protéger. Certes, il pense au suicide, mais le côté revanchard prend le dessus à chaque fois. Je ne suis pas un lâche, je ne peux pas me permettre de laisser mes proches dans la douleur. J'attrape le visage de ma sœur pour venir coller mon front contre le sien. « Je vais te sortir de ce merdier et même si ça doit me coûter la vie. Je vais te protéger contre ses tarés, tu ne peux pas gérer cette situation toute seule. » Alors, ouais un hackeur ne sait rien faire à part utiliser son ordinateur ou son téléphone, mais quand tu fais chier Kwak Tae Hwi, tu sais que tu vas passer un sale quart d'heure. Elle mérite de vivre comme une personne normale. D'avoir son petit copain et de ne plus avoir de problème. De toute façon, elle en a à cause de moi et c'est pour ça que je me dois de l'enlever de cette bande.

Si faible. Pourquoi ce gosse arrivait-il à percer toutes mes barrières d’un regard ? Pourquoi mon cœur avait-il besoin de l’un de ses sourires pour se mettre à battre ? Ne pouvais-je donc pas m’éloigner de lui ? Impossible. Impensable. Je ne voulais même pas y songer. Et pourtant, alors que personne ne réussissait à briser ce masque mensonger, avec quelques mots, il réussissait à faire sortir l’âme dénudée. « Comment ça tu m’emmerdes ?! D’où t’oses me parler comme ça, sale gosse ! » Ton réprobateur dont le léger sourire se permet pourtant d’éclore, avant que la bulle de confort n’explose par la rafale de la réalité me revenant en pleine face. « Je ne suis pas quelqu’un de confiance, tu devrais trouver quelqu’un d’autre. » Comment pouvais-je le laisser s’il n’avait personne à qui s’accrocher ? Où étaient donc tous ses amis ? N’y avait-il que nous deux sur cette terre ? J’avais beau m’énerver intérieurement… Au fond, il en allait de même pour moi. Ce qui me rendait d’autant plus folle. De nouveau surprise par son comportement, je le regarde les sourcils froncés, ne sachant plus à quoi être encore confrontée. Mais alors là… C’était le pompon. Me relevant d’un seul coup, comme piquée par une guêpe, je me mets à hurler sans m’en rendre compte. « Comment peux-tu parler de ta vie si facilement, ptit con ?! Qui t’a demandé de me sortir de là ?? Je suis pas une pauvre princesse en détresse, alors sauves ta peau et barres toi, je me débrouillerai très bien seule ! » Que mes efforts ne soient pas vain… Ce n’était pas à lui de me protéger… Mais quel abruti fini. Me rendant finalement compte que j’avais totalement perdu le contrôle sur mes émotions, je me raclais alors la gorge avant de passer une main dans mes cheveux, détournant le regard. « Toi tu n’as qu’à étudier et réussir. Puis te trouver une fille bien aussi… » Mots qui m’arrachèrent la gorge tant la jalousie peinait à les laisser sortir. Pourtant, je préférais le donner à quelqu’un de confiance que le laisser seul et livré à lui même.