Aujourd'hui, j'ai décidé d'inviter Eun Ha en boîte de nuit afin de nous changer les idées pendant une soirée. J'avais tellement hâte de partir des cours et de me préparer pour me retourner le cerveau. Je voulais qu'on fasse nos conneries habituelles, qu'on parle de nos courses de moto. Oui, madame se vante d'avoir gagné contre moi, mais c'est la seule fois où elle gagnera. Je n'ai pas honte de perdre contre une personne qui a été plus forte que moi ce jour-là. Il ne faut pas qu'elle espère qu'elle pouvait gagner une nouvelle fois contre moi, car il faut savoir que je m'améliore lorsque je connais la défaite. Je vais de plus en plus en vite. L'importance n'est pas de gagner, mais de rétamer la personne qui se croit plus forte que vous. Comme à mon habitude, je n'ai pas mis longtemps à me préparer, j'ai mis au moins cinq minutes, je n'avais pas le temps. Je suis arrivé au new generation en moins de dix minutes et je suis rentré dans l'établissement pour prendre la meilleure place. Cela évitera à Eun Ha de gueuler pour rien.

Perdue dans la contemplation de mes fringues jonchant le sol, me regardant dans le miroir sans même me voir, j’enchaînais les tenues sans trouver quoi que ce soit qui me tape dans l’oeil. Alors au final, malgré le côté strict de la boite, je choisis ce qui me convenait le mieux, à savoir mon slim en cuir et ma veste du même acabit. Classe, confortable… Moi. Et ceux à qui ça ne plaisaient pas, qu’ils aillent se faire foutre. En ce moment, j’étais à cran, ce qui voulait dire, prête à mordre. Su Wun le savait, et sûrement était-ce la raison pour laquelle parfois, il faisait profil bas. Parce qu’il savait voir à travers mes masques, ne serait-ce qu’un peu. Car il connaissait les trois personnes que j’étais, et si on était si proche, c’était sûrement parce qu’il aimait les trois. Bien qu’il veuille me surpasser en moto, mais ça… Je ne le laisserai pas me voler une vedette que je faisais tout pour conserver, quoiqu’il m’en coûte. Même si cela voulait dire fouler du pied ce gang qui avait tabassé Tae Hwi. Parfois la fierté me désertait, la honte aussi. Mais ce soir… Je voulais juste tout oublier, et m’amuser. Alors arrivée au club, je vidais mes pensées avant de le retrouver. « Bah alors, monsieur est aux ptits soins ? » Un sourire fourbe s’étire sur mes lèvres et je m’assois à ses côtés, passant un bras autour de ses épaules. « Qu’est ce qu’il t’arrive ? T’es en avance, tu prends la place… T’es malade ? Ou je te manquais tant que ça ? » La provocation. Parfois, il n’y avait que ça de vrai.

L'ambiance des discothèques est agréable pour se vider la tête. D'habitude, je ne fréquente pas ce genre d'endroit. Je ne voyais aucun intérêt à danser avec des inconnus toute une journée. Je ne suis pas fait pour être dans ce milieu, mais je voulais m'amuser un peu avec ma pote de toujours. On a l'habitude de se voir. On fait partie du même groupe, on fait de la moto ensemble. Bref, on s'éclate ensemble. Je sais qu'elle traverse des moments difficiles et je suis là pour lui faire oublier tous les petits malheurs qu'elle vient de connaître. Je suppose que je ne peux pas l'aider, mais je vais faire en sorte qu'elle garde cette pêche que personne n'a. Son sourire a le don de vous mettre de bonne humeur et c'est ce que je voulais voir pour cette soirée. « Dans ce cas, je ne t'invite pas la prochaine fois. » On se taquine souvent, c'est une habitude. Je me lève tout en attrapant la main de Eun Ha pour qu'elle vienne avec moi sur la piste de danse. Si quelqu'un ose nous prendre notre place, il risque de passer un mauvais quart d'heure. « Je te préviens, je ne suis pas un bon danseur. » Je peux te faire une improvisation en rap, mais en danse, il ne faut pas compter sur moi. Je n'ai pas horreur de danser, mais ce n'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude de faire. Elle pouvait se moquer de moi car je peux la ridiculiser dans d'autres domaines.

Il ne m’inviterait pas ? Réponse qui ne m’étonne même pas, défense face à mes taquineries qui au fond, ne vaut pas grand chose. Parce que je savais qu’il disait faux. Parce que je savais qu’au fond, une part de lui ne pouvait pas se passer de moi, tout comme je ne pouvais pas me passer de lui. « Ah oui, vraiment ? Tu regrettes déjà de m’avoir invité ? Ou tu n’arrives pas à faire face à la réalité ? » Il avait le don… De me faire sourire, mes problèmes d’ordinaire si lourds s’envolant avec aisance sans même que j’y pense. Ouais, il était clairement ce baume au cœur qui réparait les plaies d’un cœur lacéré et mutilé par les événements. Peut être parce qu’au fond, c’était avec lui que je me retrouvais le plus. Que je pouvais de nouveau être moi. Allez savoir. Me laissant tirer sur la piste comme une gamine, je ne résistais pas, haussant un sourcil face à sa remarque. « Toi, tu ne sais pas faire quelque chose ? » Bah quoi ? J’adorais le titiller, pas ma faute ! Mes pupilles agrippèrent ses courbes pour analyser sa danse et un sourire se dessina sur mes lippes, mangeant un visage d’ordinaire assombri pour y afficher une moue ravagée par la joie tandis que ma gorge lâchait un rire franc et lumineux. « Tu m’as invité pour que je t’apprenne à danser ? Ou tu aimes te retrouver face à moi dans des situations embarrassantes ? » Mes iris pétillent de malice et ma main vient instinctivement lui ébouriffer sa chevelure aussi brune que celle de mon frangin distraitement. « Essaies juste de ne pas donner des coups aux autres en balançant tes bras. » Si j’allais me faire frapper ? Qui sait ? En attendant, je m’en fichais. Parce que Su Wun ne m’avait jamais fait peur, et je savais n’avoir rien à craindre de lui. « Allez bouges ton boule Michael Jackson ! »

Est-ce que je regrette qu'elle soit venue ? Il est évident que non. Je ne peux pas avoir de regret qu'elle soit venue. Depuis que j'ai pris conscience que mon monde ne tournait pas autour d'une seule personne, j'ai pu à nouveau sortir avec mes amis. A partir de maintenant, je veux seulement m'amuser comme avant. Je n'ai plus envie d'entendre parler de celle qui m'a fait tant souffrir. Ma petite-soeur m'avait pourtant prévenue que celle que j'allais épouser était une profiteuse. La prochaine fois, je l'écouterai. Malheureusement, elle a souvent raison. Ma fierté en prend un coup. J'aime avoir raison. « Je t'ai invité parce que je voulais être en ta compagnie. Je n'ai jamais connu de situation gênante donc n'essaye pas d'en créer une s'il te plait ! » Lançai-je en regardant celle-ci droit dans les yeux. Je commence à bouger. Mes yeux descendent vers mes pieds pour voir où je peux les mettre afin de ne pas écraser ceux de la jeune femme. Je suppose qu'elle doit rire intérieurement. Ce n'est pas de ma faute si je ne sais pas danser. Personne ne m'a appris à faire quoique ce soit. De plus, cela peut m'entraîner si je décide de voir Ha Ni pour qu'on se fasse une petite chorégraphie. « Le slow est facile pour les débutants comme moi ? » Je demande au cas où. Elle doit s'y connaître mieux que moi dans ce milieu. Si ça se trouve, je vais prendre rendez-vous avec elle pour qu'elle me donne quelques bases pour pouvoir faire des choses potables en discothèque ou dans des soirées chez des amis. Je crois que j'ai l'air con de demander cela à Eun Ha. Elle va se foutre de moi.

Une fois de plus, j’avais raison. Mais ce n’était pas ça qui me faisait sourire. Plus sa mine déconfite face à mes réflexions. Non seulement je dominais, mais en plus je le taquinais. Allait-il finir par regretter de m’avoir inviter ? Peu probable. Il adorait la chieuse que j’étais, en bon masochiste qu’il était. « Jamais ? Il faut bien un début à tout, non ? » Petite provocation tandis que mon sourcil s’hausse en même temps qu’un sourire se dessine sur des lippes prêtent à lâcher un rire. Décidément, je ne le ménageais vraiment pas. Pourtant, alors que je le voyais galérer à placer ses pieds dans cette foule difforme, je fis un effort pour lui faciliter la tâche, l’attrapant par la taille et tentant de l'entraîner avec moi tout en suivant le rythme. « Un slow ? » Le dévisageant de haut en bas comme s’il avait dit un gros mot, un sourire narquois vint finalement se nicher au coin de mes lèvres. « Pourquoi ? Mon ptit Su Wun veut pécho ? » Oh non, je n’en ratais jamais une. Je n’y pouvais rien s’il était vraiment trop drôle ! « Tu as déjà pas mal de fans rien qu’en rappant, ça ne te suffit déjà plus ? » Je me rapprochais alors pour murmurer à son oreille une nouvelle provocation. « A moins que ce soit à moi que tu veuilles te coller ? » Pourtant, mon rire démenti toute possibilité, sachant pertinemment qu’il ne se passerait jamais rien entre nous. Nous étions une équipe, des frères et sœurs. Rien de plus. La musique suivante s’y prêtant, je soupire faisant mine d’être contrainte avant de lui faire signe de se coller plus à moi. « Allez, je suis d’humeur charitable aujourd’hui, je te ferais ressortir moins bête que tu ne l’es actuellement. » Petit clin d’oeil amusé avant que je ne pose ses mains sur ma taille et les miennes sur ses épaules, commençant à me mouvoir et l’intimant à suivre la cadence. « Ne pense pas à tes pieds ou autre, laisses toi juste guider par la mélodie. »

Je me demande qu'est-ce que je fouts là. La danse n'est pas mon truc, je préfère mourir que de devoir lui écraser les pieds. Je suppose qu'elle allait quand même me forcer à le faire. Un début à tout ? Sûrement… un jour où l'autre nous abandonnons notre virginité. Pour cause, j'ai l'impression que la virginité de la danse va sauter grâce à ma collègue de musique. « Ça te choque que je te demande si un slow est facile à apprendre ? J'ai l'air con. » Lançai-je en me grattant la nuque. Elle doit penser que je suis un pauvre loveur en manque d'amour. Il vaut mieux commencer par des choses qui peuvent être atteint. Je suis objectif, je ne veux pas perdre mon temps. Je me connais plus ça va être compliqué et plus je vais abandonner donc je suppose qu'il vaut mieux que je commence par un slow. « Ouais, je veux te pécho, c'est connu. » Je marque un point et j'espère qu'elle va bégayer en ne sachant pas trop quoi dire. Évidemment, je blague, c'est une amie que j'apprécie. On partage de bons moments, mais je ne peux pas la voir comme une future petite amie. J'écoute la demoiselle, j'essaye de me laisser par la mélodie mais… ce n'est pas quelque chose comme du hip hop ou autre… Je ne suis pas à l'aise avec ce genre de musique. « Yah, c'est trop compliqué ta danse ! » Et sans le faire exprès, je lui marche sur le pied. « Oups… Ne me tue pas. »

Qui avait déjà vu Su Wun aussi peu sûr de lui ? Impressionnant. A marquer dans les annales. Honnêtement, si j’avais su le spectacle qu’il allait m’offrir, j’aurais pris mon appareil photo. Mais faute de moyens, je me délectais de ses réactions, mes pupilles enregistrant tout pour lui ressortir plus tard, un jour où je voudrais l’emmerder. « Le slow est la danse la plus difficile qui soit. Il faut faire un pas collé à une femme sans bander. Tu crois pouvoir y arriver ? » Mon regard se fait sérieux alors que ma bouche trahit un sourire satisfait, suivit d’un rire enjoué. Débile va. Pourtant je ne peux me contenter de continuer à le taquiner, et sa réponse ne se fait pas attendre. La mienne non plus d’ailleurs. « Et bah figures toi que j’étais heureuse de ne pas être au courant ! » Minois victorieux tandis que je le nargue d’un sourire, finissant par me rapprocher au changement de mélodie. Le slow démarre, je tente d’y aller doucement, mais il faut croire que l’autre idiot se révèle avoir deux pieds gauche. Tentant de m’empêcher de rire, je finis par grimacer sous le pied momentanément écraser. « Celle là, tu me la revaudra ! » Sauf que suivant l’humeur que j’aurais à ce moment là, ce sera peut être pas le pied mais une roue qui écrasera le sien. « Maintenant tu te concentres un minimum, avant que je te botte le cul et que tu valses à l’autre bout de la piste, pigé ? » Plus qu’une provocation, c’était une façon de le motiver. « La musique est beaucoup plus lente, mais y a un rythme, tu fais un pas à chaque fois, et on est censé tourné, donc tu suis le mouvement en t’accrochant à moi. Tu sais marcher, oui ou non ? » Best teacher ever. Eun Ha et son canard boiteux in da place !

Le slow est la danse la plus difficile de ce monde ? Est-ce vrai ? Je n'aurais jamais pensé que deux personnes collées pendant des heures à bouger lentement serait compliqué. Je ne suis pas du genre à fuir devant les épreuves, si je dois apprendre, j'apprends. C'est mon mental d'artiste qui me dit de réagir comme ça. Je peux connaître enfin la danse que beaucoup savent appliquer lors des événements. « Je vais penser à une grand-mère morte pour éviter d'avoir le barreau. » lançai-je en éclatant de rire. Je peux paraître ridicule, elle va me transmettre ses savoirs. Il vaut mieux tard que jamais n'est-ce pas ? Je vais lui être redevable. Si ça se trouve, je vais lui apprendre à comment rapper sans bafouiller. En fait, je ne sais même pas comment elle rap donc je ne peux pas vraiment juger son niveau. Je commence à bouger mon corps en suivant Eun Ha, mais au bout de quelques secondes, je lui marche sur le pied. « Oh merde. Pardon. » J'écoute la louve avant de me faire assassiner. Mes yeux sont baissés vers le bas pour voir si je ne connais pas d'erreur lorsque je fais les pas. Je ne veux en aucun cas avoir un coup de pied au cul de sa part. Il paraît que les femmes font mal lorsqu'elles tapent un homme. « Pigé chef. Tu sais que j'ai l'habitude des rythmes rapide, je saute partout. » Je m'accroche à elle, nous tournons tranquillement. J'évite de gaffer, mais mon pied vient glisser sur du liquide. Je me retrouve au sol. Un soupir d'agacement s'échappe de mes lèvres. « Pourquoi faut-il qu'ils dansent avec un verre à la main cette bande de sous merde ? » Je suppose que cela à dû faire rire ma partenaire.

Il était impossible d’être sérieux avec pareil énergumène. Mais avais-je seulement envie de l’être, sérieuse ? Au fond, c’était peut être ça que j’attendais ? Pouvoir rire jusqu’à me sentir enfin plus légère. Su Wun ne posait pas de questions. Il avait juste le don… De faire le con. Et il fallait le dire, ça me faisait un bien fou. Et pourtant, je ne laissais rien paraître, m’en prenant à lui comme si j’allais le mettre en pièce, alors qu’au fond, je ne le remercierai jamais assez de m’avoir invitée, ce soir là. Ainsi, au lieu de mes tracas, je l’avais imaginé penser à une grande mère décédée pour ne pas bander, s’agiter comme un asticot pour danser, marcher sur le pied des gens comme un gros lourd et… Même se vautrer royalement alors qu’il semblait enfin commencer à maîtriser. « Mais dis moi, plutôt qu’une boîte de nuit… Tu ne voulais pas aller au cirque ? » C’était pile l’endroit qu’il lui fallait. Pouffant d’abord, comme pour me retenir dans un souffle de compassion, je finis par exploser d’un rire si puissant, me pliant en deux et finissant accroupie à la même hauteur, tandis que des larmes clandestines coulaient. Les premières d’un bonheur réel depuis longtemps. Reprenant difficilement mon souffle, un sourire rayonnant se placarda sur mon minois tandis que je lui tendais la main pour l’aider à se relever. « Dis toi juste qu’il y en avait d’autres comme toi qui ne savaient pas danser et ont donné un coup dans leurs verres. » Plus que probable à dire vrai. Une fois relevés, je replaçais ses mains sur mes hanches, puis de mon pouce et de mon index, je relevais son menton. « Arrêtes de regarder tes pieds, ça ne t’empêchera pas de gaffer, au contraire. C’est mes yeux que tu dois regarder ! Et laisses toi aller, c’est quoi ce corps tout crisper, t’as envie de chier ou quoi ?! » Comme d’habitude… Avec lui, je faisais tout dans la délicatesse.