tu sais pas vraiment pourquoi t’es venu là. mais tu flânes dans le parc sans réel but. aujourd’hui pas de vol de prévu, tu veux juste apprécier la légère brise sur ton visage et le fait d’être dehors. t’as pas pu sortir pendant des jours à cause de tes blessures. cependant, maintenant ça va clairement mieux. t’es pas encore totalement remis mais tu peux bouger plus facilement et c’est le principal. ça t’a manqué de te mouvoir comme tu le voulais. et tu viens te promener ici alors que tu devrais être à la recherche d’argent pour les gamins. sauf qu’ici, y a rien à voler et t’es pas intéressé par les mamans avec des gosses. t’aimes pas spécialement les gosses en plus. ça chiale tout le temps, ça pue, ça crie et puis ça te bouffe du temps et de l’argent. mais t’es pas méchant avec eux. s’il y en a un qui a besoin d’aide, tu iras l’aider. t’es pas un connard qui déteste les gosses. c’est juste que tu as du mal avec eux. tu sais pas les gérer. pourtant, tu devrais avoir l’habitude avec zinzin qui agit souvent comme un enfant. mais c’est pas pareil. avec lui t’as de la patience. patience que tu n’as pas avec d’autres personnes. et pourtant, t’es un mec quand même vachement patient. mais avec les enfants t’y arrives pas. d’ailleurs t’en entends un pleurer pas loin de toi et tu tournes la tête vers le bruit parce que t’es quand même curieux de savoir ce qui se passe. tu vois deux gamins qui sont sûrement en train d’embêter celui qui pleure. il a le doigt tendu vers une glace que le plus âgé tient dans sa main en disant « à moi, à moi. » tu comprends ce qui se passe et tu t’avances vers eux en ayant l’air menaçant. tu arrives vers le gamin en pleurs et tu lui ébouriffes les cheveux. « t’en fais pas. hyung va t’aider. » et tu tends la main vers le gamin qui tient la glace, tout en le foudroyant du regard. tu peux faire peur quand tu t’y mets picsou. déjà à cause de ton maquillage, mais aussi à cause de ce sourire qui s’installe sur tes lèvres, comme si tu allais les bouffer tout cru. tu les vois déglutir mais ils gardent fermement la crème glacée. ils veulent jouer à ça. très bien, tu vas jouer. tu bouches les oreilles du gamin avec tes mains alors que tu te mets à maudire ces gamins. ils sont assez grands pour comprendre que tu ne rigoles pas et qu’ils risquent gros. les croyances des gamins te font rire. tu les vois ouvrir de grands yeux horrifiés avant qu’ils ne te tendent sans un mot la glace. tu l’attrapes et leur lance un dernier sourire malsain et un regard noir avant qu’il ne prenne la fuite. le petit qui reste lève les yeux vers toi et pointe son doigt sur sa glace. « à moi. » « je sais. » que tu dis en lui souriant. sauf que t’as pas le temps de lui rendre sa sucrerie qu’une furie te saute dessus t’engueulant comme c’est pas possible. tu la regardes avec de grands yeux. qu’est-ce qu’elle te veut, elle ?

Assise sur ce banc, non loin de mon fils âgé de trois ans que je surveille d’un œil bienveillant et protecteur, je l’observais jouer avec d’autres enfants de sa classe. Toute la semaine, il avait attendu avec impatience cette journée au parc. Quand il était rentré de l’école en courant partout insistant pour que je dise oui, je n’avais pu que craquer devant une telle bouille si adorable. Une petite sortie avec ses copains de son âge ne pouvait pas lui faire de mal. En attendant, je prenais quelques photos de lui sur le toboggan, sur le chien à bascule et sur la balançoire. Juste de quoi se souvenir de ce moment qu’il oubliera sans doute en grandissant. Hiro vient en courant vers moi, pointant le marchant de glace où j’aperçus les gamins avec qui ils jouaient recevoir une récompense de leur parent. « Tu veux une glace ? » demandais-je malicieusement, le prenant par la main nous mettant en route vers le saint graal. J’aimais voir ce sourire illuminer son visage quand il était heureux d’avoir ce qu’il voulait. Apres tout, c’était un enfant plus que gâté, mais contrairement à d’autres enfants, il me le rendait plutôt bien. Une boule de glace parfum chocolat dans un petit pot, le biscuite qui va avec et les grains multicolores qu’il adorait temps. Je lui donnais le tout, y ajoutant une petite cuillère en plastique. « Tiens mon chéri, fais attention en la mangeant. » Comblé, il retournait montrer son nouveau trésor aux autres. Je souris sous ce spectacle alors qu’une autre maman que j’avais déjà croisée au début et fin des heures de la maternelle m’interpelle. Ce n’est qu’une connaissance. Une personne à qui j’adresse à peine la parole. Pourtant, je lui souris poliment, m’approchant d’elle à la vue de son engouement pour me saluer. Elle voulait papoter. Impossible de l’ignorer. Résignée intérieurement, je fis mine de m’intéresser à ses histoires de ménages, acquissant de la tête et émettant quelques mmmhmmh de temps à autre. Des pleurs se font entendre derrière moi. Instinctivement, je voulus y jeter un coup d’œil pour être certaine qu’il ne s’agissait pas de mon Hiro, cependant la femme devant moi m’empêchait de me défiler, me retenant par le bras. Je restais polie, mais au bout d’un moment, elle commençait sérieusement à me gaver. La faisant lâcher mon poignet je me retournais vers le parc, cherchant mon fils du regard. C’est là que j’aperçus ce jeune homme tenant la glace du petit entre ses mains, et Hiro pointer son appartenance du doigt. Je vis rouge, fonçant droit sur haut telle une furie. Je lui arrachais la sucrerie des mains, le fusillant du regard. « Vous n’avez pas honte de priver un enfant de son dessert ? » répliquais-je sur un ton assez dur. M’accroupissant à la hauteur de Hiro, lui rendant sa friandise dont il se saisit. J’essauyais de mon pouce ses larmes de crocodile qui persistaient encore. « C’est tout mon bébé, maman est là. » le petit levait les yeux en l’air, vers le citizen. « Mici, Hyung. » Je le regardais surprise. « Hyung ? »

toi qui pensais juste aider un gamin en galère parce que tu avais décidé d’être gentil, vu que les gosses t’es pas trop fan d’eux, tu te retrouves avec une femme en furie qui te gueule dessus. sûrement sa mère. tu grimaces parce que tu voulais simplement aider. ça t’apprendra à essayer d’être gentil avec les gens autour. c’est pas dans tes habitudes de devenir le sauveur d’un voleur. d’ordinaire, c’est toi le voleur et c’est de toi qu’on doit venir sauver les autres. pourtant aujourd’hui, t’as été pris d’un élan de générosité et t’es venu rendre à ce gosse ce qui lui appartenait de droit. mais tu te fais agresser par une furie qui ne te laisse même pas t’expliquer ce qui s’est passé. elle saute aux conclusions sans même prendre le temps de comprendre. c’est pas comme si t’as un quelconque intérêt à voler de la nourriture déjà mangé par un mioche. tu discernes pas spécialement ce qu’elle te dit parce que t’as du mal à la comprendre. en même temps, le coréen est pas ta langue natale et ce même si ton père te le parlait beaucoup. t’as encore le réflexe de temps en temps de parler en japonais. enfin, tu comprends tout de même qu’elle te gueule dessus par rapport à la glace que tu avais à la main, puisqu’elle te l’a arraché sans ménagement. tu croises les bras sur ton torse alors qu’elle se penche vers le gamin et qu’elle essuie ses larmes. tu entends le mot maman dans sa phrase et tu te rends compte que tu avais raison. il s’agit bien de la mère du gosse. d’ailleurs, ce dernier lève les yeux vers toi et te remercie. tu souris alors que tu sens le regard de la jeune femme sur toi. « oui hyung. » que tu dis avec un sourire moqueur. tu viens caresser la tête du petit et tu continues de sourire. tu savoures ce moment avant de reporter ton attention vers la maman. « je suis venu aider votre fils qui s’était fait voler sa glace par des petits voyous. » tu expliques la situation, toujours avec un sourire moqueur sur les lèvres. tu te fous pas vraiment d’elle, mais plutôt de la situation et de la surprise que tu as pu lire dans le regard de la brune. ça te fait plaisir de voir qu’elle n’a pas saisi ce qui se passait. mais tu sais que tu seras d’autant plus heureux quand elle se rendra compte de son erreur. « si vous aviez posé les questions avant de hurler, vous auriez pu savoir que je n’avais pas l’intention de voler votre fils. » t’as aucun intérêt à voler un gamin et encore moins pour une glace. s’il avait eu quelques années de plus et de l’argent, là, ça t’aurait intéressé, mais ce n’est pas le cas. tu te vois mal revenir au squat avec une glace fondue dans les mains. les gamins se foutraient de toi et t'en entendrait parler pendant des semaines, voire même des mois. tu ne voles que des trucs utiles, comme de l'argent, mais également de la nourriture, mais sous vide et pas déjà mangé à moitié.

Depuis mon arrivée en Corée, j’étais seule avec ce petit bout de chou. C’était le dernier fragment de souvenirs vivants qu’il me restait de mon défunt mari. Il m’avait fait un dernier cadeau avant de disparaitre à jamais. On pouvait même dire un miracle quand le secret de mon infertilité n’en était plus un. J’avais tout fait pour en prendre le plus grand soin, étant pour la plupart du temps, une véritable mère poule qui s’inquiétait pour son bébé. Même si pour son âge, il me surprenait par sa débrouillardise, comme si une petite souris lui soufflait au creux de l’oreille quoi faire.il suffisait de prendre l’exemple des soirs où je viens de le mettre coucher, et qu’une fois seule dans ma chambre, mes larmes de tristesse réapparaissent trahissant le manque que mon cœur ressentait malgré les quatre ans écoulés. Il apparaissait dans le creux de la porte, marchant difficilement jusqu’à moi, un mouchoir à la main. Je me demandais toujours comment il parvenait à sortir de son berceau. Mais, par ce geste, il parvient toujours à me rendre le sourire, étonnant il sait toujours ce dont j’ai besoin au moment voulu. Une connexion dans laquelle j’étais encore novice. Je le serrais dans mes bras, voulant effacer ces larmes de crocodile sur son visage, mais il me fait comprendre que j’ai fait erreur sur la personne qui lui a volé sa glace en l’appelant hyung. Je me redressais de toute ma hauteur pour faire face à ce gamin de taille plus grande que le mien alors qu’il faisait le malin. Je croisais mes bras sur ma poitrine, le jaugeant de haut en bas alors qu’il comptait ses exploits. Son visage me disait vaguement quelque chose. « Et où se trouve ses petits voyous ? » demandais-je d’une voix plus calme en cherchant du regard autour de nous des enfants entain de pleurer, sans en trouver. Le petit s’agrippait à ma jambe pour se sentir en sécurité alors qu’il continuait tranquillement son du revenu entre ses mains. « Si vous avez vraiment fait cela, laissez-moi vous offrir une glace. » Je ris doucement. Un rire infiniment doux. « Offrir une glace à un voleur de glace, quelle ironie. » mon ton était plus léger, presque taquin alors que j’attrapais Hiro dans mes bras. J’avançais de quelques pas avant de me retourner vers lui. «  Alors ? Vous venez ? » Je ne lui laissais guère le choix à vrai dire. Mon fils tendait ses bras vers lui pour l’inviter à venir également. « Hyung, glace ! » Fronçant les sourcils, je tournais la tete sur le côté avec un air faussement menaçant, mais auquel on pourrait croire. « Vous n’oseriez pas le laisser manger seul sa glace ? »

voler une glace à un gamin, quelle idée saugrenue. t’es pas un connard qui vole les enfants. du moins pas leur bouffe. parce que pour un billet, t’aurais sûrement hésité, plus longtemps que pour un adulte. parce que t’avais beau voler les gens, quand c’était des enfants, t’avais un tout petit peu plus de scrupules à le faire. parce que mine de rien, un billet restait un billet. mais là pour de la bouffe pas question, surtout une glace quoi. si tu devais dérober quelque chose à manger, tu prendrais du poulet ou de la viande, pas une glace de merde quoi. alors, tu dis le fond de ta pensée à cette maman qui essaie simplement de protéger son fils. tu peux pas lui en vouloir et t’es même légèrement jaloux de ce gamin qui a connu sa mère. toi, tu l’as pas connu. elle est morte en te donnant la vie. certains diraient que c’est beau. toi ? disons que tu t’en fous un peu, tu l’as pas connu. mais au fond, tu trouves ça dégueulasse, parce que t’as pas demandé à vivre sans ta mère, dans un cirque avant de perdre ton père également, te retrouvant tout seul. heureusement que les gamins du cirque était avec toi. sans eux, tu te serais effondré. t’aurais probablement mis fin à ta vie aussi, tu penses. enfin, t’es en vie et plus ou moins heureux même si tu envies les gosses qui ont des parents. la voix de la mère te fait sortir de tes pensées et tu cherches du regard les enfants qui ont essayé de voler son fils. tu les retrouves en train de te regarder et tu pointes dans leur direction avec un sourire malsain sur les lèvres. « par là. » quand ils remarquent que tu les observes, ils se mettent à crier et ils s’enfuient en courant, ayant sûrement peur que tu les maudisses ou une connerie dans le genre. tu ris légèrement avant de reporter ton attention vers la jeune femme. elle veut t’offrir une glace et tu secoues la tête gêné par la proposition. t’es presque refroidi quand elle te traite encore de voleur. tu sais que t’es pas le mec le plus clean, euphémisme pour dire que tu voles tout ce qui te passe sous la main, mais là, pour une fois que tu ne fais rien, ça te fait un peu chier d’être pris pour un voleur. elle part alors devant, pendant que toi tu restes planté comme un con. est-ce que tu dois y aller ou non ? t’as pas le temps de peser le pour et le contre qu’elle se retourne pour réitérer sa proposition une nouvelle fois et son fils fait de même. tu pousses un soupir, qui s’éternise quand elle te regarde avec un air faussement menaçant sur le visage. « c’est bon, vous avez gagné tous les deux… je viens. » tu t’approches alors d’eux et un mince sourire s’affiche sur tes lèvres. une fois à leur hauteur, il est un peu plus sincère et grand. « c’est bien parce que c’est toi. » que tu dis en passant ta main dans les cheveux du gosse avec un grand sourire sur les lèvres. tu finis par te retourner vers la maman. « je m’appelle ji soo et vous ? » bah oui si vous devez passer du temps ensemble, autant que tu saches son prénom et qu’elle connaisse le tien.