t’espères que tu fais les choses bien. tu ne sais pas réellement parce que déjà tu es bourré et que tu sois capable de tenir sur tes jambes et de garder le tuyau avec le jet puissant dans tes mains relève de l’exploit. pourtant, tu crois que tu le fais même très bien parce qu’il ne te dit rien. tu t’assures donc de ne laisser aucun endroit non nettoyé. t’as pas vraiment envie qu’il te jette dans un ravin ou même qu’il te frappe. tu te doutes qu’il en serait capable, il était déjà à deux doigts de te frapper. heureusement il ne l’a pas fait et tu lui en es reconnaissant. tu n’aurais pas voulu expliquer à yibo la raison pour laquelle tu avais des bleus et potentiellement du sang sur le visage. il prendrait peur et pleurerait sûrement et si tu peux éviter tout ça, tu le fais. du coup, quand tu as fini de laver, tu demandes où c’est le rinçage. t’as jamais fait ça toi. en chine tu n’avais pas besoin de penser à tout ça et encore moins depuis que t’es en corée. tu n’as pas le permis et encore moins de voiture, alors tu n’as pas besoin de faire ça. tu hoches la tête quand il te dit quoi faire et tu suis ses indications en attendant que l’eau ne soit plus savonneuse. tu restes à bonne distance de la voiture comme il te l’a déjà dit quand il t’a demandé de la laver et quand il brise le silence, tu relèves un regard interrogateur vers lui. il veut vraiment savoir où c’est juste une question afin de briser la glace ? tu sais pas, mais tu hausses simplement les épaules avant de lui répondre. « oui je viens de chine. » commences-tu alors que tu tournes un peu autour du véhicule pour ne rien oublier. « avant que tu ne demandes, j’ai pas le permis donc pas de voiture… et vu que j’ai été élevé dans une usine… » tu n’ajoutes rien de plus. tu n’as pas honte de ton passé, il a fait ce que tu es devenu. c’est juste que t’as pas besoin d’en dire plus. les usines où les enfants sont utilisés comme main d’œuvre n’est pas rare et souvent les gens en connaissent l’existence mais font comme si ça n’existait pas. c’est plus facile de continuer à vivre tranquillement que de voir qu’il y a un réel problème. « j’ai été vendu. » finis-tu par dire, sans réellement savoir pourquoi tu parles de ça. il n’a pas demandé et ne voulait sûrement pas savoir. est-ce que tu veux sa pitié ? non pas vraiment et puis vu le bonhomme, il ne doit avoir de pitié et de compassion pour personne d’autre que lui.