Viens, Camille. On va faire un truc cool ce soir. Ses mot avaient trahi une ivresse d'adrénaline et un grain de folie. Un cocktail qui permettait à ces deux là de passer une bonne soirée. En tous cas, il lui avait donné rendez-vous dans un peu fréquenté de la zone sud, pour ensuite lui bander les yeux prêt à lui faire la surprise du siècle. Au fil du temps, les sentiments s'estompent. Ca n'empêche qu'il se doit de traiter Camille comme une princesse ; il lui doit bien ça après tous les mensonges qu'il peut dire pour cacher son histoire personnelle. Pour fêter un "moisiversaire" de leurs rencontre, c'était tout trouvé (en tous cas, c'était un simple prétexte pour faire des conneries ce soir) : Hwan avait décidé de l'emmener dans un endroit dans lequel ils n'avaient pas osé s'aventurer de nuit.

Le Grand Park de Seoul. C'était risqué, mais rien que l'idée le poussait à agir d'avantage. Même si Miso était de retour dans sa vie, il se devait d'agir encore comme avant, pour ne pas perdre le pied à terre qu'il souhaitait conserver. Cette identité, ce lien avec ces gens. Après un petit séjour dans un véhicule garé à une centaine de mètres, après une petite marche silencieuse pour ne pas casser le suspens, Hwan profite de l'angle d'une rue pour tirer de son sac à dos une sorte de cagoule. Ces lieux sont surveillés par des caméras, alors s'il faut s'infiltre et risquer d'avoir des troubles, autant faut-il envisager l'anonymat. Il dépose celle de Camille dans le creux de sa main vide en lui priant de garder le bandeau sur les yeux, puis, ses doigts glissent le long du poignet de la jeune femme.

Un silence s'installe et prend position autour d'elle, malgré les quelques bruits métalliques qui résonnent un peu plus loin. Deux minutes plus tard, c'est la voix de Hwan qui résonne dans un murmure légèrement fort, tentant d'atteindre sa meilleure amie a travers la nuit. Pssst. C'est bon, tu peux ouvrir les yeux, mais met ça sur ta tête, y'a une caméra plus loin. A travers les barreaux, le visage de Hwan couvert apparaît. Il est passé par dessus la grille d'entrée des employés et guette la jeune fille de l'oeil. Il faut dire qu'il ne sait pas trop si elle va la porter, car elle a quand même bien plus de couilles que lui par moment quand il est question de faire des conneries.

Lorsqu'elle apparaît, il sourit (même si cela semble invisible à cause de cette foutue cagoule). Bah alors ? Tu viens ? Dit-il en tendant sa main à travers la grille pour l'inciter à le rejoindre.

La voix de Hwan trahissait une impatience enjouée au travers de l’appel téléphonique. Je le connaissais assez pour comprendre que ce truc cool dont il parlait, faisait partie de la catégorie marqué au fer rouge de danger et adrénaline. Ma partie favorite. Il avait pleinement conscience de ce qu’il fallait faire pour me donner des ailes et décoller dans les cieux de l’extrême. Toujours prêt à me suivre malgré les inconvénients. A la vie, à la mort. Même si parfois, il fallait que je lui donne le coup de pouce qui lui manquait pour aller au bout de certaine situation qui pouvait lui être péril. J’étais en quelques sortes sa deuxième paire de couilles quand les premières l’abandonnaient. Un sourire baignait mon visage rien qu’à l’entendre, car je savais déjà que cette soirée s’annonçait fabuleuse. « J’arrive. » lâchais-je simplement avant de raccrocher et de me préparer pour notre sortie nocturne. Je prévins Il Sung de mon escapade. Il prit son air bougon de ne pas pouvoir nous accompagner pour cause de travail dans moins d’une demi-heure. Il me conseillait néanmoins de courir assez vite si jamais on se faisait repérer pour une quelconque connerie. Comment ca, il me connaissait bien ? Il n’avait juste pas encore envie de venir me récupérer au poste de police et de voir son salaire du mois dilapider en moins d’une seconde pour payer la caution. Je partis telle une fleur, promettant que j’essayerais de faire attention, mais que je n’étais certaine de rien. je retrouvais mon meilleur ami dans le lieu où il m’avait donné rendez-vous. J’avais voulu lui sauter au cou pour lui montrer ma joie de le voir, mais d’entrer de jeu, il m’avait bandé les yeux, donnant le ton. Mon sourire ne m’avait plus quitté depuis. J’étais d’avantage curieuse et impatiente de voir où il comptait m’emmener. Le silence était de mise sur tout le long du chemin. Je n’insistais pas malgré ma grande langue. Si il ne pipait pas mot, c’est qu’il avait décidé de ne rien laisser paraitre avant l’arrivée à destination. Je le sentis s’éloigner de moi après avoir glissé ce qui me semblait être un tissu dans ma main. Je le caressais du bout des doigts, tentant de découvrir ce que c’était, sans grand succès. Je lui faisais confiance, attendant sagement la suite. Quand sa voix retentit au loin, je retirais mon bandeau, clignant des yeux pour m’acclimater à la pénombre ambiante. Une cagoule ? Je la fixais sans comprendre avant de regarder autour de moi, ne croyant pas des yeux l’endroit où nous nous trouvions. Un nouveau sourire plus grand que le précèdent étirait mes lèvres. « T’es con, j’en peux plus de toi. » murmurais-je alors que je m’élançais vers la grille où il m’attenait tout en enfilant le bout de tissus sur mon crane. Si jamais je commençais à avoir trop chaud, je m’en débarrasserais sans aucun regret. J’attrapais sa main au travers de la grille pour m’aider à prendre appuis sur celle-ci, l’enjambant avant de retomber dans un saut majestueux. J’étais ravie d’avoir choisi une paire de basket à des talons pour cette sortie. Je lui tournais le dos, jetant des coups d’œil à gauche et droite me fichant bien des caméras qui pouvaient nous voir. « On a combien de temps avant qu’on nous découvre ? » lançais-je avant d’ajouter. « Non parce que je compte bien rester toute la nuit ici. Un parc entier pour nous, je compte bien en profiter. »Je l’attrapais pas le poignet le tirant à ma suite. « On commence par quoi ? » Et voilà. La Camille un brin enfantin qui a les yeux qui pétillent était de retour. Une fois présente, on ne pouvait plus l’arrêter. Dans un éclat de rire, je me dirigeais vers le palais des glaces. Je finis par le lâcher une fois devant l’attraction. « J’ai toujours voulu l’essayais la nuit c’est tellement plus drôle. Pourras-tu me retrouver ? » Lançais-je au jeune homme avant de disparaitre dans l’entrée.