ça fait quelques jours maintenant que vous êtes en corée. t’arrives pas à croire que t’es enfin libre, que tu n’as plus besoin de rester entassé avec des tas de gamins. tu t’en veux d’être si heureux d’avoir quitté ta chine natale, alors que t’as laissé des tonnes de gamins dans la merde. sauf que tu sais que tu trouveras une solution pour les sortir de là eux aussi. tu sais pas encore comment, mais c’est en projet. t’es content que yibo ait décidé de vous suivre, chujung et toi. t’aurais pas supporté de le laisser derrière. c’est simple, sans lui tu ne serais pas parti. alors t’es satisfait qu’il ait choisi de te suivre presque les yeux fermés. ça prouve qu’il a confiance en toi et t’aimes ce sentiment que ça te procure. tu l’aimes ce mec plus que tu ne le montreras. c’est comme un frère et tu ne l’aurais pour rien au monde laissé derrière. tu tiens à trop à lui. d’ailleurs, tes yeux se posent sur son visage alors qu’il dort près de toi. on dirait un chat roulé en boule près de son maître. tu souris tendrement. maintenant, vous serez heureux, tu le sais. tu sursautes quand tu entends la porte de la chambre de motel s’ouvrir et tu te lèves précipitamment pour te préparer à te battre si jamais c’est quelqu’un qui veut vous ramener en chine. sauf que ce n’est que chujung. tu te détends automatiquement et tu pousses un soupir. il vous faudra du temps à yibo et toi pour arriver à vous détendre et à ne pas sursauter au moindre bruit. pire, à vous fondre dans la masse et à apprendre la langue. après tout, vous ne savez pas parler un seul mot de coréen. « tu reviens d’où ? » que tu demandes curieux en pointant du doigt le sac qu’il tient dans les mains. est-ce qu’il a ramené de la nourriture ? tu voudrais bien manger d’ailleurs. tu garderas quelque chose pour yibo parce que tu ne veux pas le réveiller pour le faire manger. il dort trop profondément pour ça. tu attends que chujung s’installe sur le lit avant de continuer à lui poser des questions. « c’est demain notre rendez-vous avec le gouvernement pour l’asile politique ? » tu comprends pas vraiment tout ce que ça implique. tu sais juste que tu seras bientôt vraiment libre de la chine mais tu ne peux pas t’empêcher d’avoir quand même peur. et après ? qu’est-ce que vous allez faire ? où est-ce que vous allez aller ? « ça se passera bien ? » que tu rajoutes parce que tu es effrayé à l’idée que ça ne fonctionne pas et que vous soyez obligé de retourner dans votre pays natal. tu sais pas vraiment ce qu’ils réservent aux personnes comme vous… mais tu penses pas que tu aimeras leur accueil.

### un sac de courses à la main, chujung s'empresse de rejoindre le motel qu'il a loué sous un faux nom. il reste calme, ne laisse paraître aucune émotion, pas un geste pour qu'on le remarque. ça ira mieux dans quelques jours, quand les mômes auront obtenus leur asile politique. pour le moment, il préfère encore rester discret. et pourtant, il est heureux d'en être arrivé là, d'avoir réussi à les faire venir. pour la suite, ce ne sont que des procédures à suivre pour qu'ils soient réellement libres. et il n'attend plus que ça chujung. plus les jours passent, et plus il est fier de voir le chemin parcouru, de voir que xiao et yibo s'en sortent aussi bien. il sait pas trop ce que ça va donner par la suite, il sait simplement qu'il va leur falloir du temps pour s'habituer à tout ça. mais il est prêt à les aider dans leur nouvelle vie, prêt à leur apporter le soutien nécessaire pour que leur avenir soit meilleur. pour le moment, il se contente de la seule chose qu'il peut faire : les protéger le temps d'avoir leur rendez-vous avec le gouvernement sud coréen. il y a toujours autant de risques tant qu'ils n'auront pas leurs papiers, alors il leur a demandé de rester dans cette chambre de motel, de pas trop s'éloigner pour ne pas se faire repérer. et il y arrive enfin à cette chambre, rentre en pensant que les deux garçons sont en train de dormir. il se surprend de voir la réaction de xiao avant de lâcher un petit rire, détendu de voir qu'ils sont toujours là. "hé du calme bonhomme, c'est juste moi." et il lui offre un sourire rassurant, posant le sac de courses sur la table avant d'aller s'asseoir sur le lit, vérifier que yibo va bien. "j'suis allé vous acheter à manger. vous d'vez sûrement avoir faim. c'est surtout des conneries à bouffer mais vas-y, sers-toi." il pointe le sac de sa main, l'invitant à prendre quelque chose à manger. "yep, d'main matin. faudra rester encore quelques jours ici le temps d'avoir vos papiers, et après, tout s'ra terminé." il n'est encore sûr de rien chujung, mais il sait que xiao et yibo ont toutes leurs chances d'obtenir leurs papiers pour pouvoir enfin se concentrer sur le plus essentiel : démarrer une nouvelle vie. il sait pas comment les rassurer davantage encore, mais il essaie, du mieux qu'il peut. "tu t'souviens de c'que j'vous ai dit ? tant qu'on suivra l'plan, tout ira bien. j'vous fait confiance pour ça."

tes muscles se détendent quand tu vois que ce n’est que chujung qui entre dans la chambre d’hôtel. tu pousses un soupir alors qu’il te demande de te calmer et que tu hoches la tête. tu sais qu’il te faudra du temps avant que tu ne puisses complètement te laisser aller. en même temps, ça ne fait pas longtemps que vous avez foulé le sol coréen et que vous êtes à séoul. tu sursauteras encore longtemps à chaque petit bruit. à chaque coin de rue, t’auras peur qu’on vienne te récupérer pour te ramener en chine. même quand tu auras la nationalité coréenne et que yibo et toi serez en sécurité sur ce territoire, tu auras toujours une appréhension. tu ne sais même pas si tu arriveras à dormir correctement avant un long moment. t’envie un peu yibo là, parce qu’il est totalement endormi. tu préfères te concentrer sur ce que chujung a ramené en espérant que ce soit de la bouffe, parce que tu as faim. alors quand il te dit que c’est exactement ce que tu penses, ton visage s’illumine et tu attrapes la poche pour l’ouvrir. y a pleins de trucs que tu n’avais jamais vu de ta vie et tu souris comme un enfant devant un paquet de bonbons. tu pioches un paquet qui semble être du chocolat et tu le mets de côté pour yibo. pour toi, tu prends des chips. « merci. » que tu dis timidement avant de l’ouvrir et d’en mettre une dans ta bouche. oh c’est au vinaigre et sel. t’avais jamais goûté jusqu’à maintenant et t’aimes bien ce goût. tu en reprends encore quelques-unes avant de mettre encore une fois le paquet de côté pour que yibo puisse goûter. « et après ? on fait quoi ? » demandes-tu une fois que chujung a répondu à ta question sur l’asile politique. t’as pas vraiment peur de l’avenir, tant que t’es avec eux. tu leur fais confiance, t’as une confiance aveugle en eux. tu pourrais te laisser guider les yeux fermés que tu n’aurais même pas peur qu’ils te conduisent contre un mur. tu veux juste savoir parce que tu es curieux et que ça t’intrigue. une fois que vous serez libre de la chine, qu’est-ce que vous allez faire ? cependant, même si tu as confiance, tu ne peux pas t’empêcher d’être légèrement inquiet. et si ça ne ce passait pas bien ? et si on vous renvoyait en chine ? t’es pas sûr de vouloir retourner là-bas. heureusement, chujung essaie comme il peut de te rassurer et tu souris légèrement. « on te fait confiance aussi. » tu rajoutes parlant également pour yibo, parce que tu sais que c’est la vérité. tout comme toi, il fait confiance au plus vieux. tu détournes ton attention de ce dernier pour replonger à la recherche d’un truc à manger. tu prends un paquet qui t’inspire confiance (kimchi snacks) et tu te sens frustrer de ne pas savoir lire les caractères qui y sont inscrits. tu l’ouvres et fourres un morceau dans ta bouche avant de grimacer. « c’est dégueulasse ! » que tu dis, lui tendant le paquet. tu veux pas manger ça et tu veux pas que yibo en mange également. tu te lèves pour aller te rincer la bouche avant de revenir t’asseoir sur le lit. « c’est quoi ? » demandes-tu sans savoir si chujung en saura plus que toi sur ce que c’est.

### bien sûr qu'il a peur chujung. bien sûr qu'il flippe de se faire chopper avec les mômes, mais ils sont loins de la chine maintenant, loin de l'enfer que xiao et yibo vivaient là bas. il se rassure autant que possible en se disant que maintenant qu'ils sont arrivés sur le sol coréen, il y a moins de risques, mais il y en a toujours. pas pour lui, mais pour eux, et il se doit de les protéger le temps que tout ça soit terminé. il limite leurs déplacements, et même s'il sait que ce n'est pas facile pour eux, ils n'ont pas le choix, pas encore. le plan a fonctionné jusqu'à maintenant, et il n'imagine pas le fait qu'il puisse foirer si proche du but. il se doute de la peur que les mômes doivent ressentir à être ici, et il fait de son mieux pour veiller sur eux, les rassurer même s'il ne sait pas vraiment comment faire. il s'arme de son courage et ne laisse rien transparaître, garde en tête ses responsabilités envers eux. la réaction de xiao alors qu'il rentre au motel ne fait que lui confirmer ses doutes, ça va être difficile de s'habituer à cette nouvelle vie, mais il fera son maximum pour les aider, les accompagner dans l'apprentissage de cette liberté qui s'offre bientôt à eux, ça lui suffit pour continuer d'avancer, de les protéger autant qu'un grand frère le ferait. il observe xiao attraper le sac de course et commencer à manger avec un léger sourire. le chemin est encore long, mais il sait qu'ils pourront y arriver. "t'as envie d'faire quoi toi, après ?" quoi qu'il veuille faire, chujung l'aidera, lui et yibo. il ne sait pas ce qui sera le mieux, mais il fera tout pour qu'ils puissent s'épanouïr comme tous les gosses de leur âge. "j'vais continuer mes cours de droit à l'université. vous aussi, vous pouvez choisir d'aller étudier là bas si c'est c'que vous voulez." il ne le montre pas, mais ça lui fait du bien de savoir qu'ils leur font confiance. ça le rassure aussi, de savoir qu'il fait pas ça en vain, et que quoi qu'il arrive, ils seront ensemble pour le surmonter. toujours ce sourire sur les lèvres, il ébouriffe légèrement les cheveux de xiao et le laisse continuer de manger tout en l'observant. il jette malgré tout un coup d'oeil à yibo qui semble dormir paisiblement. il lâche un rire lorsque xiao lui tend un paquet de snacks qui ne semblent pas à son goût, et récupère le sachet rapidement pour essayer de deviner ce que c'est, histoire de ne pas en reprendre. le plus jeune part dans la salle de bain et revient quelques secondes plus tard, alors qu'il essaie de déchiffrer ce que ça pourrait être. "apparement, c'est au kimchi. ça a pas l'air si dégueu pourtant, si ?" toujours cette moue amusée, il attrape à son tour un snack pour goûter lui aussi. effectivement, ce n'est pas si extra que ça, mais s'ils ne veulent pas en manger, ça fera l'affaire pour lui.

ça te fait peur de te tourner vers l’avenir alors que ton passé peut à tout moment menacer de faire surface. tu penses pas que tu pourras réellement te détendre et penser à ce que tu veux faire après tant que tu n’auras pas obtenu l’asile politique. parce que tu ne veux pas commencer à prévoir quelque chose, si au final ça n’arrive pas. tu seras d’autant plus déçu. pourtant, quand chujung te demande ce que tu veux faire après que tu lui aies demandé, tu as le cerveau qui réfléchit. y a pleins de choses que tu veux faire, que tu veux expérimenter parce que t’as pas trop eu l’occasion de le faire en chine. tu cherches encore quand il reprend la parole. tu souris. ouais aller à l’école, ça fait parti des trucs que tu veux faire maintenant que t’es plus ou moins libre. sauf qu’il y a un problème. tu ne parles pas un seul mot de coréen et tu ne sais même pas le lire. ça risque d’être compliqué si tu dois te retrouver dans un cursus normal. « l’école… » tu dis dans un murmure. « tu crois que je pourrai étudier moi aussi ? » que tu demandes plein d’espoir et un peu plus fort. t’es pas le mec le plus intelligent de la planète, mais tu sais que tu peux y arriver. t’aimes pas perdre ou ne pas réussir les choses. alors si tu décides de faire des études, tu y mettras toute ton âme dedans. enfin, t’y es pas encore. faut que tu aies ton asile politique et la nationalité coréenne qui vient avec. tu finis par mettre des aliments de côté pour yibo quand il se réveillera. t’es persuadé qu’il aura faim quand il ouvrira les yeux. tu récupères un sachet qui te donne envie et tu l’ouvres avant d’en enfourner un dans ta bouche. aussitôt tu sens le goût affreux dans ta bouche. tu ne saurais pas décrire ce goût parce que tu n’as jamais rien mangé d’aussi dégueulasse, mais c’est hors de question que yibo essaie. quoiqu’il pourrait aimer… tu coures presque dans la salle de bain pour te rincer la bouche alors que le rire de chujung réchauffe la pièce. t’arrives même à te dérider et tu reviens dans la chambre pour reprendre ta place près de ton frère. tu demandes ce que c’est et t’apprends que c’est au kimchi. c’est quoi ça d’ailleurs ? « kimchi ? » tu répètes en voyant votre sauveur en mettre un dans sa bouche. t’arrives pas à définir s’il aime ou pas. « je te le laisse volontiers si t’aimes ça. » tu n’en veux plus. et pour le moment, tu vas te contenter de sucrerie. tiens du chocolat, au moins avec ça, t’es sûr de pas tomber sur quelque chose de bizarre. tu l’ouvres et croques dedans. t’attends quelques secondes avant qu’un magnifique sourire s’affiche sur tes lèvres. ça c’est bon. tu le tends même à chujung pour qu’il coûte. « ça c’est bon. » ton attention est détournée par un mouvement dans le lit. tu tournes aussitôt le regard pour voir yibo changer de position et tu souris un peu plus. il est plus vieux que toi, mais t’as l’impression que c’est toi qui est plus âgé, surtout quand il dort de cette façon, comme un bébé. tu reposes ton regard sur chujung avant de reprendre la parole. « tu crois que c’est possible que je change de prénom quand on obtiendra la nationalité ? » tu ne veux plus d’un prénom chinois. tu ne veux pas qu’on puisse se rendre compte au premier abord que tu n’es pas coréen. certes, on l’entendra au début avec ton accent chinois, mais tu feras tout pour le corriger. t’as envie d’un nouveau départ, et ça passera par ton prénom.