elle voulait crier mais sa voix s'était bloquée.
aucun son n'en sortait, peu importait à quel point elle insistait.
elle se retrouvait silencieuse alors qu'elle voulait se manifester, elle se retrouvait soumise alors qu'elle voulait se révolter.
et c'était frustrant, si frustrant de réaliser qu'on ne pouvait pas toujours faire ce que l'on voulait, qu'on ne pouvait même pas être maître de ses propres réactions, alors qu'on souhaitait presque contrôler celles du monde.
elle voulait frapper mais ses bras restèrent le long de son corps.
inertes comme s'ils n'avaient plus aucun muscles. pendant mollement de chaque côté de son corps comme des poids morts.
elle aurait voulu pousser les corps qui se trouvaient face à elle, les pousser loin, si loin qu'elle les perdrait de vue, si loin qu'elle finirait par les oublier.
mais il ne se passa rien.
elle avait du mal à l'avouer, enfin, elle ne savait même pas si elle se l'avouait réellement, mais à cet instant là, elle se haïssait bien plus qu'elle haïssait ces gens qui l'avaient coincé.
elle se haïssait de s'être trouvé là, de n'avoir toujours pas trouvé un toit, de traîner dans les rues comme si c'était le seul endroit fait pour elle.
elle se haïssait de n'être qu'une femme, de ne pas réussir à se défendre et se protéger lorsqu'il le fallait, d'avoir son cerveau réduit en compote par la simple idée de peur et de douleur.
elle se haïssait de ne pas être plus énervée, d'avoir presque fini par accepté son sort alors qu'elle fermait les yeux en attendant le premier coup, cherchant déjà des excuses pour ne pas effrayer ou faire douter son petit ami, peut-être en prétextant être tombée brutalement des escaliers parce qu'elle ne regardait pas où elle allait.
puis elle se haïssait d'être devenue une menteuse, d'être devenue ce qu'elle était, et d'au final penser qu'elle méritait ces coups, qu'elle avait besoin d'eux pour la recadrer parce qu'elle était devenue tout ce qu'elle détestait.
alors elle se résigna encore plus, baissant la tête, certaine que si elle avait eu l'usage de la parole, elle lui aurait supplié de la frapper.

Elle était mieux dans la rue, sans attaches, avec beaucoup de trop de liberté, Srey avait fini par se convaincre qu’elle n’avait sa place nulle part. Faire partie du clan avait change sa vie mais ne l'avait pas rendu plus belle. Elle était bien loin de la vie qu’elle s’était imaginée. Elle avait fini par se résigner et se contenter de sa solitude. Elle ne lui pesait pas. Pas plus qu’avant. Elle avait quelqu’un pour s’occuper d’elle. Pas vraiment une famille mais beaucoup plus que tout ce qu’elle a connu jusqu’ici. Elle se complaisait a rester  dans son coin. Observant le monde comme si elle était étrangère. Ce qu’elle préfère c’est la nuit. C’est à la fois si calme et si excité. C’est diffèrent du jour, une ambiance particulière qui avait finit par la séduire. Elle avait l'impression d’être dans une bulle, de pouvoir voir le monde sans qu’on ne l’atteigne. Sans qu’on ne la touche. Sans être rêveuse elle préférait juste de ne plus s’y mêler. Elle était mieux seule. Son sac à dos enfilé et son carnet sous le bras elle s’avance pour aller au club. Elle étouffe dans cette ambiance : musique et corps serrés. Elle aime juste le petit salon rouge du sous sol où elle peut se réfugier quand elle veut. Elle saute de flaques en flaques perdant difficilement son cote enfantin. Pourtant dès l'instant où on croise son regard on sait. On comprends. Elle la perdu depuis bien longtemps. Sans émotion. Une poupée au visage neutre et sans expression. Elle renifle, attend le feu rouge et ignoré le regard insistant de cet homme qui se pense sûrement discret a la reluquer. Elle fixe devant elle, avise la foule sur le trottoir d’en face. Sa décision est prise elle prendra son raccourci. Elle reprends sa marche, se noie dans la foule et disparaît dans la ruelle avec soulagement. Elle y retrouve un calme rassurant. Elle s’avance en silence, laissant la musique qu'elle a rivé à ses oreilles rendre sa bulle moins ennuyante. C’est d’abord les ombres qu’elle aperçoit. Puis Delilah. Il faut l’avouer elle est surprise. Elle retire ses écouteurs de ses oreille et tente de percevoir les voix et les discussions. Rien de bon n’arrive à ses oreilles.  Elle observe la scène et l’expression presque résigné de la jeune femme. Srey ne réfléchir pas. Pas plus longtemps. Surtout quand elle voit cette gifle assénée qui claque si fort que sa résonne dans la ruelle. Elle est persuadée que Delilah peut être sonnée de ce coup. Elle jette brusquement son carnet, elle regrettera plus tard de l’avoir perdu, sur la tête de l’homme. Elle ne cherche pas à lui faire mal mais de faire diversion. Elle fonce dans le tas, attrape la main de la jeune femme et cri «  Cours ! » elles sont encore loin du territoire de son clan mais Srey se dit que si elles y arrivent à temps elles pourront être protéger. La seule chose qu’il lje reste à faire maintenant pour sauver leur peau c’est De courir. Et vite. Elle tire la jeune sans abris derrière elle et déjà leur pas résonne dans la rue, mêlée à ceux de leur poursuivant qui hurle a en vouloir leur mort. Elle aura le temps pour les questions plus tard mais il faut avouer qu’elle est surprise de la situation dans laquelle la jeune femme s est mise.