La vie défile selon nos choix. Il y a quelques semaines, j'ai décidé de revenir sur le devant de la scène. J'ai composé, écrit toutes les chansons que mon agence a postée sur ma chaîne YouTube. Je suis de retour dans le milieu musical après quelques années d'arrêt. Aujourd'hui, j'avais également pris la décision d'inviter un ancien membre des Haru afin de lui faire part des mes envies. Ce camarade était : Ji Sung Wook. On en a passé de bons moments ensemble. Je passais la plupart de mon temps à torturer le maknae, mais ça... c'était pour la bonne cause. Je voulais avoir une discussion sérieuse avec lui pour parler de son avenir. Savoir ce qu'il envisageait dans le futur. Evidemment, je savais d'avance que ça serait difficile de le faire revenir sur le devant de la scène. Cependant, j'avais besoin de lui. Je veux qu'on forme un duo. Nous avons toutes les capacités requises pour faire de la musique ensemble. Certes, nous ne sommes plus des Haru, mais l'important est de pouvoir faire ce que l'on aime. Je l'ai très certainement blessé lorsque j'ai quitté le groupe, mais je n'avais pas le choix. Je ne voulais plus être censuré. Je ne voulais plus être contrôlé par une agence qui m'empêchait de faire mon propre style. J'avais besoin de cette liberté que tout artiste connaissait. Je suis installé face à ma tasse de café. J'attendais la venue de mon ami. A l'époque, je l'aurai installé vu que j'étais impatient. A l'heure d'aujourd'hui, je suis quelqu'un de plutôt calme, qui parvient à garder son sang-froid. Je crois que j'ai appris cela lorsque mon orphelinat à ouvert. Je n'ai plus vu de nouvelles de Sung Wook dans les journaux, à la télévision. Je suppose qu'il a carrément coupé les ponts avec les médias. Peut-être qu'il ne veut plus être exposé aux yeux de tous, mais j'ai besoin de lui. Je vais lui laisser le temps de réfléchir... du moins, s'il veut du temps pour cogiter à tout ça. Je veux qu'il accepte mon offre. Qu'on s'éclate comme on le faisait avant. Je veux retrouver cette joie de pouvoir retourner sur scène avec un ami surtout avec lui...

Elle me manquait, cette période de ma vie où les cris des fans se mêlaient à la mélodie et aux paroles que je susurrais dans un micro. Je passais les doigts dans mes cheveux, massant la base de mon crâne, faisant chuter mes paupières pour revivre ces moments où je me sentais moi. Ce statut qui avait une signification, cette clarté avec laquelle je voyais mon futur au sein d’un groupe dans lequel j’aimais vivre et évoluer. Mais elle ne me manquait plus. Elle avait été remplacée par une autre sirène, un autre poison, vicieux et cruel pour m’affliger davantage. Le soupir effleura mes lèvres avant que je ne rouvre les yeux sur cette chambre universitaire. « Ça n’a pas de sens ! » murmurai-je. Je frappais le matelas du plat de la main avant de me lever. Tourner comme un lion en cage ne me ressemblait pas, et j’abandonnais ainsi ma chambre pour me réchauffer sous les rayons d’un soleil d’été, et savourer la maigre brise qui calmait tout juste un être échauffé par des pensées tournées vers le passé. Mais, incapable de stopper le flux de nostalgie qui m’étreignait, j’avançais sans vraiment en avoir conscience, je me laissais guider par ce manque qui était réapparu depuis quelques temps, tissant sa toile lentement et vicieusement sans me laisser une seule chance de m’en défaire. Mais voulais-je vraiment renouer avec cette vie ? Je n’en étais pas sûr, je n’étais plus le même, l’abandon m’avait à nouveau frappé, la colère m’avait à nouveau happée… M’attendait-il ? Ce leader charismatique qui m’avait demandé de le rejoindre pour discuter. Mais discuter de quoi ? Cependant, je n’avais pas eu besoin de plus d’informations pour comprendre, pas plus que je ne cherchais à résister à cette envie d’en savoir plus, et je fis demi-tour. Me dirigeant avec appréhension vers le lieu du rendez-vous fixé par un ami lié à ce côté artiste qui sommeillait en moi. Je le reconnu aussitôt. Les quelques années qui nous avaient éloignés volèrent en éclat et sa simple vue me projeta à nouveau à cette époque où nous brillions sur scène. « Hyung ! » Mais lorsqu’il tourna les yeux vers moi, ce manque fut balayé. J’avais beaucoup à me reprocher… Trop sans doute pour aspirer à poignarder un cœur déjà meurtri. Néanmoins, et par respect pour ces années passées à se dévouer à ses membres, je pris place à son côté. « Ça fait longtemps… quoi de neuf ? »

Il y a quelques années, je faisais parti du même groupe de KPOP que mon ami Sung Wook. Je ne l'ai pas revu depuis que j'ai quitté l'agence. Je ne sais pas s'il m'a détesté, mais je n'avais plus envie de continuer avec un label qui ne valait rien. « Il va falloir te calmer Joshua, tu es une idole. Tu n'as pas à traiter tes fans de cette façon. » Quand tu sais que la moitié des groupies sont prêtes à te faire du mal, tu te protèges et tu protèges les membres de ton groupe. Une d'entre elle a tenté de m'attraper par les cheveux afin d'avoir une de mes mèches. Je ne suis pas ici pour être une bête de foire. J'étais une idole, mais j'étais avant tout un être humain. L'ASE voulait que j'abandonne mon humanité, que je me transforme en un mec qui fait des aegyos ou du fanservice. Ce n'est pas mon genre de faire des choses comme celles-ci. « Yang Joshua alias UA a annoncé qu'il quittait Haru. » C'est à partir de ce moment que ma vie est devenue insupportable. Les fans qui venaient jusqu'à chez moi en criant que j'étais un traître. Je ne suis pas venu au monde pour subir la colère de pucelle qui ne connaissait rien au show-business. Quelques mois plus tard, j'ai décidé de participer à un survival sur le thème du hip-hop. Il est évident que c'est ce jour qui m'a donné envie d'arrêter d'être sur le devant de la scène. Il est vrai que je n'aurais pas dû insulter mon agence, mais il le fallait. J'avais besoin de verser toute la haine que j'avais à leur encontre. Je parviens à sortir de mes pensées lorsque j'entends Sung Wook m'appelait. Je me lève pour pouvoir le saluer dignement. Il a pas mal changé, je ne sais pas quoi dire. « Comment vas-tu ? » Demandai-je en m'asseyant de nouveau. J'ai l'impression d'être plus stressé que lui, alors quand il me demanda quoi de neuf, je n'ai pu m'empêcher de soupirer avant de laisser apparaître un sourire. « Tu sais que je suis revenu dans le domaine musical ? J'ai fait un comeback solo, il n'y a pas longtemps et toi? » Avant de venir au fait, il vaut mieux qu'on pose tout à plat avant de parler de choses sérieuses.

Je prenais place face à l’ex-leader, l’ex Haru. Comme moi il avait dû faire ses adieux à une carrière qui lui tendait pourtant les bras, errait-il comme une âme perdue lui aussi ? Si ses gestes étaient imprécis, son regard luisait d’une détermination sans faille. « Je vais bien. » Mensonge. Je n’étais plus que l’ombre de moi même, ayant même abandonné jusqu’au mannequinat, et pour quoi ? Une rébellion dénuée de sens. Personne n’était témoin des caprices absurdes que je faisais. Personne si ce n’était un géniteur à l’emprise constante et étouffante. Je me laissais glisser sur la chaise, prétendant m’installer confortablement alors que la tension parcourait mes membres. « J’en ai eu vent oui. » Ce comeback inattendu et qui semblait pourtant d’une logique implacable. Je me souvenais des concerts et des représentations. Je me souvenais du goût qu’il avait à danser et chanter. Je me souvenais surtout de l’enthousiasme d’un leader charismatique pour qui la scène était une extension de son âme. « Moi ? » J’eus peine à retenir le rire qui m’échappa, résonnant presque comme une plainte face à sa réussite, quand je rampais encore dans l’ombre, dévoré par mes démons. « C’est finit pour moi tout ça. J’aurais bien du mal à refaire surface avec un communiqué qui annonçait ma mort il y a quelques années… » L’envie teintait chacun de mes mots, et ce ne fus qu’après les avoir prononcé que je me rendais compte de ce manque. Mais pour la première fois depuis un long moment, je faisais preuve d’honnêteté. « Je n’ai pas vraiment la carrure d’un chanteur… plus maintenant. J’ai trop de cadavres dans mes placards pour ne serait-ce qu’envisager de remonter sur scène sans en subir les conséquences… » Je pensais à mon passé, la mauvaise presse, mais surtout, à ce père qui ferait tout pour que sa progéniture ne lui donne pas une mauvaise image et freine ainsi sa carrière. « Et comment est-ce que ça marche pour toi ? » Si je ne pouvais pas vivre de cette passion, pourrais-je au moins la savourer par procuration ?