Les jaunes étaient devenus une nouvelle famille pour moi. J’avais enfin un endroit où je pouvais être moi-même, où les gens ne se moquaient pas de ma différence occidentale. Ma chevelure blonde et mes yeux de biche océan me rendait unique plutôt que sujet de rumeurs et moqueries. Je m’étais épanouie au travers de ces personnes exceptionnelles. A chaque nouvelle recrue, je me voulais naturellement accueillante, heureuse de voir de nouveaux membres entrer dans cette fraternité. Récemment, une nouvelle était arrivée, Mee Joo. J’avais vite déchanté à ses côtés. Ma joie de partager ma chambre avec une femme avait changé de vision. Elle et sa jumelle m’avaient prise en grippe, me menant la vie dure à la minute où nos regards s’étaient croisés. Aussi douce qu’un jeune faon, je ne parvenais pas à lui tenir tête. Je baissais les yeux et hochais de la tête, obéissant à ce qu’elles me disaient de faire. Aujourd’hui avait été la goutte de trop. J’avais fini par craquer. Les larmes ne cessent de couler depuis de longues minutes. Ma vision été embrouillé au point que je me souvenais à peine de comment j’étais parvenue jusqu’au dortoir de pyo. J’étais venue jusqu’ici pour me réfugier dans les bras de la belle Rin. Une amie chère à mes yeux qui m’aidait à me sentir mieux. J’avais foncé droit vers sa chambre sans détour. Je toquais doucement, poussant la porte sans oser entrer de peur que quelque d’autre se trouvait là. « Rin, tu es la ? »

enfin un moment calme pour la pyobeom, la gamine infatiguable a décidé d'un moment de calme au dortoir pour travailler une nouvelle partition à la guitare. elle n'aime pas vraiment jouer quand il y a trop de monde, encore moins chanter. c'est son petit monde à elle, qu'elle n'offre pas à grand monde. seuls ses plus proches amis et sa famille ont déjà pu profiter de l'entendre jouer, et ça lui suffit. la musique, c'est son moment de douceur dans la frénésie de sa vie. c'est son réconfort, sa part de sensibilité qu'elle ne voudrait pas trop montrer, où du moins, pas à tout le monde, pour le moment. les yeux fermés, elle gratte quelques accords et fredonne légèrement. elle se laisse porter par les sons qu'elle entend. mais il y a un bruit auquel elle ne s'attend pas, qui la fait s'arrêter avant de poser son regard vers la porte de sa chambre. sa guitare posée sur son lit, elle se rue vers la demoiselle qui vient de faire son apparition. "dambi ?" habituellement, rin est heureuse de la voir, mais à voir l'état de la demoiselle, c'est plus de l'inquiétude qui prend place en elle. elle se rapproche de dambi, passe une main dans ses cheveux blonds. "hey qu'est-ce qui t'arrives chaton ? viens reste pas là." puis d'un signe de la main, elle l'invite à rentrer, ne pouvant décement pas la laisser dans un tel état.

Rin avait peut-être ma cadette, elle endossait souvent le rôle de la grande. Grande enfant, j’étais trop insouciante et naïve pour ce monde cruel. Incapable de prendre soin de moi-même, comment pourrais-je le faire avec les autres ? Je m’obstinais pourtant à m’occuper de mes proches, les faisant passer avant toute chose. Cependant Rin, était bien une des seules que je laissais s’occuper de moi sans me rebiffer. Je ne me fis pas prier quand la jeune femme m’invitait à entrer. J’attendis qu’elle ait refermé la porte pour fondre dans ses bras, me jetant littéralement sur elle pour recevoir ses gestes tendres auxquels j’étais habitué. « Riiiiiiiiiiiiiiiiiin » chouinais-je à chaudes larmes. « Meejoo est méchante avec moi ouiiiiin…. » Une enfant perdu qui ne pouvait arrêter ses larmes si longtemps retenues. Me sentir auprès d’elle m’apaisait déjà. Sa proximité me faisait me sentir mieux. Son aura était si douce qu’il était difficile de s’en détacher. Je me reculais pourtant après quelques minutes, essuyant mes larmes de crocodile d’envers de la main, hoquetant entre deux sanglots. « Je ne te dérange pas au moins ? »

bien qu'encore jeune, rin est ce genre d'enfant qui fait de son mieux pour rassurer les autres quand ils en ont besoin. parce qu'elle sait que c'est important, elle en a tellement eu besoin durant son enfance qu'elle tente de son mieux de rendre la pareille à ceux qui - selon elle - le méritent. et dambi, dambi c'est cette jeune femme qu'elle a envie de voir heureuse, souriante, en toute circonstance. alors quand elle la voit débarquer dans sa chambre d'une telle manière, la musicienne sait que son aînée ne va pas bien. et rien que pour ça, elle fera son maximum pour la réconforter, le temps qu'il faudra. elle la laisse entrer avant de la prendre dans ses bras, la laisser verser ces larmes tout en caressant lentement son dos. parce que à ce moment précis, rin le sait, il vaut mieux qu'elle lâche tout un bon coup pour se sentir mieux après. "qu'est-ce qu'elle a encore fait ?" elle n'aime pas qu'on soit méchant avec ceux qu'elle aime, mais le plus important est de faire en sorte que dambi aille mieux avant tout. elle lui offre un sourire rassurant, essuyant une larme sur sa joue. "non t'en fais pas, j'étais juste en train d'jouer. allez viens t'asseoir." rapidement, elle pousse ses affaires de son lit afin qu'elles puissent s'installer, et discuter de ce qu'il se passe.

Je me lassais bercer par les caresses que Rin laissait dans mon dos. Si j’avais pu ronronner comme un chat, je l’aurais fait sans aucune hésitation. Rin était ce genre de femme qui parvenait à vous rendre le sourire peu important les circonstances. « Elle.. » commençais-je en hoquetant parcourue d’un nouveau sanglot. « Elle m’a forcé à ranger toutes ses affaires parce que j’avais soit disant tous déranger. » il était vrai qu’ayant été longtemps seule avec deux autres garçons dans la chambre, j’avais pris mes aises, étalant mes affaires informatiques un peu partout, m’approprier le quatrième lit où personne ne logeait autrefois. Maintenant qu’elle était là, je devais refaire mon organisation, et parfois, j’oubliais. Surtout quand je venais de passer une nuit blanche sur un des codages d’un futur jeu vidéo proposé par Sony. J’aurais compris si elle m’avait réveillé pour ranger mes affaires, étant un chouia plus manique que moi. Mais pourquoi ses affaires à elle aussi ? Ca n’avait aucun sens. Je la suivais docilement jusqu’à son lit sur lequel je pris place. Je jetais un coup d’œil à sa guitare qu’il m’avait été permis d’entendre de temps à autres quand je me cachais derrière la porte pour me laisser bercer pas sa douce mélodie. Je caressais l’instrument du bout des doigts. Jax m’avait appris quelques accords à la guitare, mais mon truc à moi, c’était la batterie. « Tu me ferais écouter ? » demandais-je papillonnant de mes grands cils. Peut etre qu’un jour, elle m’apprendra à en jouer ?

rin, elle laisse le temps à la demoiselle de se calmer, elle lui pose une question mais n'attend pas de réponse immédiate, sachant à quel point il peut être difficile de parler lorsqu'on en a gros sur le coeur. bien sûr qu'elle a déjà entendu parler de cette mee joo, et à vrai dire, elle n'apprécie pas du tout ce qu'elle fait vivre à dambi. comment un être humain peut-il être aussi méchant envers ses semblables ? c'est une énigme pour la cadette qui débarasse bien rapidement son bordel pour qu'elles puissent s'installer plus confortablement. assise auprès de dambi, elle attrape sa main, reste tendre dans ses mouvements, le regard attentif. "elle a vraiment rien d'autre à faire ? tss... j'parie que t'as même pas touché à ses affaires, ne ?" ça ne la surprendrait plus, mais ça l'agace toujours autant. son regard se pose sur sa guitare, dambi ayant l'air curieuse à ce sujet. un sourire se dessine sur ses lèvres à sa question. dambi est tellement douce qu'elle pourrait tout à fait comprendre le monde dans lequel rin se transporte lorsqu'elle joue. "s'tu veux oui. ça dépend quand même de c'que tu préfères, j'sais pas tout jouer hein." et elle lâche un petit rire, espérant bien réussir à détendre l'atmosphère.

Je fixais sa main qui caressait la mienne, secouant la tête négativement. « Pas cette fois. » il était vrai que j’avais touché à ses affaires plus d’une fois du à ma cleptomanie. Je ne pouvais pas m’empêcher de prendre des objets qui ne m’appartenaient pas sans vraiment en avoir conscience. Pourtant, cette fois, je n’avais déplacé aucune de ses affaires. J’entrelacais mes doigts aux siens, les serrant doucement. J’avais finis par me calmer, mes larmes de crocodile séchant lentement sur mon visage, laissant des yeux rougis derrière eux. « Elle n’est pas vraiment méchante tu sais … c’est juste que cette fois, je n’ai pas supporté … » peut-être parce que j’avais un coup de blues déjà à la base ? Mee Joo m’avait montré, rarement, mais parfois quand même, qu’elle pouvait faire preuve d’altruisme. Et peut-être qu’elle voulait juste un peu d’attention en se comportant de la sorte ? Un sourire étirait enfin mes lèvres, petit, mais présent quand elle acceptait de jouer pour moi de la guitare. « Ce que tu veux. Fais-moi écouter ce que tu aimes. » Déclarais-je après tout, mon gout pour la musique s’étendait du classique au rock, passant par la pop et la techno. Bien que mon groupe de musique fût porté sur le rock, nous donnant une image un peu plus rebelle et inaccessible. « J’aime tout, je veux juste t’entendre jouer.. » Je tirais sur le manche de l’instrument pour le tirer vers nous, lui mettant la guitare entre les mains. Sa mélodie me ferait penser à autre chose, j’en étais certaine.

on peut penser ce qu'on veut, que cette gamine n'est qu'une hyperactive qui a besoin de bouger sans cesse, elle a malgré tout cette douceur enfantine lorsqu'une personne qu'elle aime débarque dans de sals états devant elle. elle a cette envie de protéger alors qu'au fond d'elle, elle sait que c'est elle, qu'on doit protéger. mais elle fait de son mieux, toujours. que ce soit pour rassurer ou changer les idées, et c'est ce qu'elle a l'intention de faire avec dambi. elle ne supporte pas l'idée qu'on puisse lui faire du mal, volontairement ou involontairement. alors elle l'écoute simplement, parce qu'elle sait que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. "c'pas une raison quand même... elle a pas à t'faire subir ça." rin, elle a ce léger air triste sur le visage, pas vraiment heureuse de la voir comme ça. mais elle se reprend bien vite lorsqu'elle récupère sa guitare, un sourire sur le visage. ce n'est pas qu'elle n'aime pas partager sa passion de la musique, mais elle fait simplement avec ceux qui peuvent la comprendre, ceux qui savent ce que ça peut apporter. "c'que j'aime... hmm ok !" elle réfléchit un instant, jusqu'à ce que l'idée parfaite lui vienne à son esprit. "c'est une reprise d'une chanson que j'bosse en ce moment." et en quelques secondes à peine, elle se met à jouer.

Rin, elle était cette douceur silencieuse qui écoutait plutôt que de conseiller. Cette main tendue que l’on saisit ou non au passage, prête à vous consoler d’un sourire. Cette douce chaleur qui m’enveloppait le cœur telle une couverture protectrice, c’était ce dont j’avais besoin. Apaisée, je me sentais déjà mieux. D’autant mieux quand elle commençait à jouer la musique qu’elle aimait. Douce et chaleureuse. Toute à son image. Je me laissais porter par la musique, me laissant envahir comme j’en avais l’habitude avant chaque concert. Mes doigts me chatouillaient déjà pour l’accompagner. Si j’avais ma batterie à porter de main, j’aurais amené un tempo de fond à sa mélodie. A la place, je tapais le rythme sur le sol, mes doigts pianotant sur la couette du lit. Quand vint le refrain, je me mis à chanter. « You know that I could use somebody » La musique, c’était un peu la seule chose qui me faisait sortir de ma coquille. Quand j’étais énervée, au lieu de hurler sur les personnes concernées, je me défoulais sur ma batterie. De bonne base de chanson était née ainsi. Quand elle eut terminé dans sa chanson. Je l’applaudissais toute excité. Mon chagrin disparu, je sautais sur place, rebondissant sur le matelas : « Une autre, une autre… »

bien que souvent perçue comme une gamine casse-cou et hyperactive, rin avait cette part de douceur cachée au reste du monde. avoir sa guitare entre ses mains, c'était comme dévoiler sa face sensible et fleure bleue, qu'elle préférait garder pour elle. c'était toujours plus facile de se montrer souriante, chaleureuse. mais lorsqu'elle se mettait à chanter, jouer, elle devenait quelqu'un d'autre. elle redevenait cet enfant que la vie n'avait pas épargné. elle laissait ses sentiments la guider, et ne pensait plus à rien dès qu'elle pinçait quelques accords sur sa guitare. sa voix s'élevait dans la chambre, encore une chose avec laquelle les autres pyobeom avaient appris à vivre, outre ce côté fou qu'elle cultivait devant les autres. dambi l'accompagnait finalement, se mit à chanter à son tour, ce qui fit esquisser un sourire sur le visage de la petite yeo. la chanson terminée, rin se sentait mieux de voir que cela aidait dambi à sentir un peu mieux, le sentiment qu'elle pouvait la comprendre. "une autre ? hmm... j'en connais pleins, mais je les connais pas forcément toutes en entier."