TENUE ♥ Elle n’était même plus sûre qu’il ait envie de la voir alors qu’elle crevait d’envie de se jeter à son cou. Elle n’était même plus sûre qu’il l’aimait encore assez alors qu’elle s’accrochait encore à leur histoire. Elle avait passé des mois entiers à le détester pour ce qu’il avait fait, plus encore à l’imaginer recommencer.  Mais il fallait bien lui admettre qu’elle avait été la première à casser leur relation. Elle qui s’était targuer de n’avoir jamais céder à Kan … Elle aurait peut-être finalement dû. Après tout ils auraient été quittes de cette façon. Un partout. Ex-aequo. Personne ne gagne la partie. On efface tout et on recommence ? Si seulement ça pouvait être aussi simple … ils s’étaient fait du mal, chacun leur tour, et ça avait laissé des traces indélébiles à leur cœur. Suffisamment pour gâcher leur histoire ? Bae espérait encore qu’ils puissent construire leur avenir. Elle s’était toujours imaginé sa vie avec lui. Mais leur séparation après son adoption semblait les avoir beaucoup trop éloigné pourtant … c’est toujours devant chez lui que ses pas le ramenaient. Plusieurs fois elle l’avait aperçu à la fenêtre. Elle aussi y était … Bae avait mis quelques jours à comprendre qu’elle vivait avec lui. Elle. Alors c’était cette rage qu’éprouvait Shin en pensant à Kan ? C’était cette envie folle de l’éloigner d’elle, d’en arriver à vouloir leur faire du mal … ? Ou était-ce seulement elle qui perdait un peu plus les pédales … Elle avait besoin de le voir, c’était viscéral. Il lui manquait à en crever même s’il y avait toujours cette colère en elle, cette tristesse, cette impression de gâcher leur vie, encore et encore … Pourront-ils un jour être heureux ? Juste être ensemble ? Laissant leur passé, leur vie de côté pour se concentrer sur leur avenir. Bae a envie de fuir. Si loin … ou simplement retrouver ses bras. Elle a fui pendant près de 8 mois. Elle a fui à s’en perdre. Pourtant, encore ce soir, ses pas la ramène à leur ancienne appartement. L’idée qu’elle y soit la tue pourtant … Il pleut à torrent, des gouttes qui cinglent son visage sans ménagement. Elle remonte sa veste qui tombe sur son épaule et renifle doucement. Elle crève de froid aussi et ses lèvres deviennent bleus à mesure que ses joues prennent une couleur écarlate. Elle serre contre elle ses bras et décide de ne plus réfléchir, de céder, rien qu’une fois. Elle traverse la route, le cœur un peu lourd, le cœur fou. Elle n’a plus ressenti d’émotion aussi forte, aussi violente, depuis des mois … elle vacille, se faufile dans son immeuble comme elle l’a toujours fait. L’odeur familière lui fait monter les larmes aux yeux et ses pas deviennent pressant, rapides. Maintenant plus que jamais elle a besoin de le voir et qu’importe s’il la repousse … Ses cheveux sont maintenant court, elle qui avait une si belle chevelure les a coupé au carré sûrement pour s’enlaidir. C’est pourtant une jolie coupe qui lui va désormais très bien … peu maquiller, morte de froid, elle ne pourra certainement pas rivaliser avec la beauté d’Eri mais c’est ce qu’elle a toujours été Bae. Une jeune femme ainsi, un peu garçon manqué et tout aussi féminine. Elle a tellement peur, son cœur tape si fort dans son cœur qu’elle a du mal à respirer. Elle monte les marches rapidement et arrive essoufflée devant sa porte. Elle vacille devant sa porte. Elle a l’impression de déjà le sentir ... elle n’allume pas la lumière du couloir et reste plantée devant l’entrée de longues minutes avant de finalement porté une main tremblante à la sonnette puis avec un brin d’audace elle frappe de son poing frêle contre le battant. Elle réalise à peine ce qu’elle fait, ce qu’elle entreprend, ce qu’elle déclenche … faut juste qu’elle le voit et qu’elle lui dise qu’elle l’aime toujours, encore et toujours et qu’elle l’aimera toute sa putain de vie.

Je m’étais jeté corps et âme dans ce projet que nous avions avec Eri depuis plusieurs années maintenant sans jamais en voir l’aboutissement. A chaque fois, quelque chose faisait que nous reportions la vengeance à plus tard. Ce n’était jamais le bon moment. A chaque fois, on voyait la lumière du bout du tunnel nous échapper. La peur d’arriver au terme d’un objectif de si longue à l’haleine ? Peur du futur ? De l’après ? De l’inconnu ? Peut-être. Sans aucun doute même. Nous savions qu’une fois cela terminé, plus rien ne serait plus jamais pareil. Et pourtant, ces derniers mois, je n’avais vécu quasiment que pour cela. cela m’avait permis de me tenir la tête hors de l’eau, de ne pas sombrer totalement dans la folie une fois que Bo Bae était partie vivre dans un autre endroit. Un endroit où je n’avais pas ma place. Ce monde qu’elle s’était construit lors de ces années où j’étais loin d’elle, préférant s’y réfugier même une fois revenu à ses côtés. Elle avait juste oublié de m’y faire une place, préférant la présence d’un autre. Rien que de penser à lui, d’imaginer ses mains se posant sur elle, ses sourires éclairés sa solitude… je chiffonnais de rage la feuille de comptes se dressant fasse à moi, la réduisant à une boulette qui alla s’écraser contre le mur d’en face. Les coudes posés sur la table, je pris ma tête entre mes mains, respirant bruyamment pour essayer de reprendre contenance, mais la colère était toujours présente. Quoi que j’y fasse, elle restait là, dans un coin de mon être, à me bouffer de l’intérieur. Si j’étais possessif avec Eri, celle que je ressentais envers Bobae en était multipliée par dix. Pourtant, c’était le manque, la conscience de son absence qui avait pris peu à peu le pas sur cette haine que je pouvais nourrir envers le mal qu’elle m’avait fait. J’avais d’abord voulu me venger, en la blessant de la même façon, avant de comprendre que cette punition était devenue également mon baume pour panser mes plaies. D’une certaine façon, même si cela ne me plaisait guère, je comprenais ce qu’elle pouvait trouver auprès de cet autre homme qu’elle ne pouvait avoir auprès de moi. De la même manière que moi avec Eri. Je me frottais douloureusement le front, sentant un dangereux mal de crane montrer le bout de son nez. « ERI ! » hurlais-je alors que je me sentais sombrer dans les méandres de la colère comme c’était arrivé plus d’une fois au cours de ces derniers mois, au point que je doive prendre la décision d’aller voir un spécialiste à l’étranger suite au dernier crime que j’avais commis. Sauf que celle que j’appelais n’étais pas présente ce soir, m’ayant fait faux bond pour une soirée estudiantine. Elle choisissait bien sa nuit alors que le monstre pointait le bout de son nez. Je me levais, un brin dans le brouillard, je titubais jusqu’à l’armoire à pharmacie où je cherchais mes médocs, renversant la boite dans la salle de bain. Je me sentis sombrer dans l’obscurité avant de ressentir une douleur vive dans le dos. Puis, plus rien.

C’est un sourire aux coins des lèvres qu’il se réveillait. Un instant, il fixait la boite de pillule qu’il tenait entre ses mains avant de se mettre à ricaner. « P’tain t’es chiant Shin ! C’est pas comme ca que tu vas me faire disparaitre. » S’appuyant sur l’évier, il ouvrit la boite, vidant le contenu dans la tuyauterie, ouvrant l’eau pour faire disparaitre le tout. Il jetait ensuite les débris sur le sol avec le reste de la pharmacie. « T’auras qu’à nettoyer ta merde. » ricanait-il de nouveau avant de sortir de la pièce, jetant un coup à l’horloge sur la télévision. « On dirait que je suis seul. » Le moment idéal pour lui d’aller faire un tour dehors pour trouver un nouveau jouet avec lequel s’amuser sans personne pour lui mettre des bâtons dans les roues. Alors qu’il se décidait à mettre le pied dehors, la sonnette retentit, suivit d’un léger tapotement. Surpris, il levait un sourcil amusé. Curieux de voir ce que le destin lui apportait en un claquement de doigt, il se dirigeait vers la porte en quelques enjambées. Il la dévreouilla et l’ouvrit d’un coup sec. La silhouette qui se tenait face à lui l’amusait d’avantage. Tournant la tête sur le côté, un sourire narquois vint étirer ses lèvres. « Tient tien. Mais qui voila ? Ne serait-ce pas le chaperon rouge qui vient sonner à la porte du vilain méchant loup ? » Son rire retentit à nouveau dans l’appartement, lui donnant des aires menaçants. Il se bougeait de l’entrée, lui laissant un étroit passage pour passer. « Entre, je t’en prie. Je suis certain qu’il sera ravi de savoir que tu es passé. » Une voix suave et mielleuse à souhait. Et il le sera moins quand il saura que c’est moi qui t’ai accueilli. Pensa-t’il soudainement joyeux. Tout compte, il allait plutôt sagement rester à la maison…

TENUE ♥ Elle n’était pas certaine de l’accueil qu’il allait lui réserver. Elle s’était attendue à tout sauf à ça. Elle l’imaginait froid, bouleversé, peut-être même heureux de la revoir … Mais elle le voyait moqueur, étrange, trop pour qu’elle se sente à l’aise. Elle le fixe, pas sûre de savoir qu’elle attitude adopter avec lui … elle est trempée, morte de froid, alors sans attendre elle se glisse dans l’appartement, cet appartement qu’elle avait partagé avec lui si longtemps. Elle avait fait le choix d’en partir, préférant régler ses doutes et ses craintes. Elle n’aurait jamais cru que plus d’un an après ils en soient là. Il ? Elle n’était pas certaine de comprendre et fronce les sourcils en se tournant vers lui. Elle était au moins sûre qu’Eri n’était pas là. Une bonne chose en soi … elle tremble Bae, autant de peur que de froid. Non pas qu’elle ait peur de lui, mais elle appréhendait cette rencontre plus que tout et si ce n’était pas la peur qui l’avait retenu, c’était le manque de Shin qui l’avait poussé à venir toquer chez lui. Chez eux. Elle fait tomber sa veste au sol, passant une main dans ses cheveux court, mouillé. Elle s’avance vers lui et déglutit, comment lui avouer que chaque nuit qu’elle passe seule est une nuit douloureuse. C’est son choix, leur choix, leur vie, qu’ils ont bousillé à coup d’amour, à coup d’infidélité. Bae aime Shin, elle l’aime plus que tout et en dépit de tout ce qu’ils ont traversé, c’est toujours vers lui qu’elle revient. Il est son phare, le seul qui arrive à ne pas la faire sombrer ou qui au contraire à le moyen de la détruire. Bae n’arrive plus à tenir à la vie. Elle n’a plus envie de ressentir ce vide chaque fois qu’elle le lève le matin. Ni devoir supporter l’absence de Shin un jour de plus. Elle aurait dû le laisser après son adoption. Leur vie aurait si facile … sûrement tout aussi douloureuse, mais peut-être qu’il aurait pu trouver son bonheur. Bae en doute … mais tout semblait plus supportable que la vie qu’ils menaient aujourd’hui. Tout du moins aux yeux de la jeune femme. Elle s’approche de lui un peu plus et glisse ses mains sur son torse. Elle n’était pas sûre qu’il la laisse faire. Elle avait simplement besoin de sentir son corps sous ses doigts. Elle penche la tête sur le côté avant de croiser son regard. Il est tellement différent. Est-ce la compagnie d’Eri qui le rendait ainsi ? Ou l’absence de la femme qu’il avait si longtemps aimé … et qu’il aimait encore l’espérait Bae. Elle crispe ses doigts frêles et glacées par la pluie sur le col de Shin. « Je ne supportais plus de rester loin de toi. » murmure-t-elle en déglutissant. S’il devait la mettre à la porte elle espérait qu’il ne le fasse pas trop vite … Elle ne savait plus ce qu’il le retiendrait mais Bae agissait toujours sous le coup de l’émotion et ce soir plus qu’un autre soir l’absence de Shin la tuait.