L’approche de la fin se faisait sentir. Certains commençaient à parler, pressés de pouvoir quitter la salle tandis que d’autres étaient plongés, depuis une vingtaine de minutes maintenant, dans un profond sommeil. Je ne comprenais pas vraiment pour quelle raison ils ont pris la filière des finances si c’est pour n’y donner aucune importance, mais j’imagine que tous ces gens-là ne sont pas forcément libres de leurs choix ; ou bien, tout simplement, rien ne leur plaît alors ils ont pris ce qu’ils détestent le moins. Me concernant, j’aimais la finance, mais je voulais quand même partir de la salle et prendre un peu l’air. Plusieurs heures à entendre parler d’un sujet aussi sérieux et à devoir rester sérieux me donnait légèrement mal à la tête, sans parler des heures de sommeil qui ne me remplissent pas souvent en énergie puisque je ne dors pas beaucoup. Si j’étais fatigué à ce moment-là, je savais que le soir, lorsque l’heure de dormir sera venue, je tournerai encore en rond avant de trouver un sommeil. Enfin, la fin retentit et déjà, certains étudiants partirent. La mini-foule se dirigea vers la porte bruyamment, la plupart des gens continuant la conversation qu’ils avaient commencé avec leurs amis bien avant que ce soit terminé.
Je sortis moi-même, mais je n’avais personne avec qui discuter. Rien d’étonnant en soit, je n’étais pas quelqu’un avec beaucoup d’amis et je n’en cherchais pas, de toute façon. Si tout le monde pouvait me passer à côté sans me remarquer, ce serait un monde parfait. Ils se mettraient moins en danger.

« Oppa ! »

Je sursautai soudainement en sentant une main sur mon épaule. Rapidement – et presque brusquement – je me retournai vers elle. Si ça n’avait pas été une voix de fille, j’aurais sûrement fait une prise sans m’en rendre compte mais mes instincts de grand-frère sont plus puissants que mes instincts de combattant. J’observai le visage souriant d’une fille – visiblement plus jeune que moi – avec un air béat sur le visage. Pendant quelques instants, je me demandai sérieusement pourquoi une inconnue viendrait vers moi, m’appellerait oppa et ferait un grand sourire en croisant mon regard mais je compris rapidement l’identité de cette jeune fille. Mee Joo, cette petite que j’ai tellement aimé quand on était petit. Elle me collait toujours, contente de me voir, et je m’occupais d’elle comme si c’était ma petite sœur aussi. Quand elle a dû partir en Angleterre, j’ai eu la sensation de perdre une autre sœur et ça a sûrement joué un rôle dans mon changement de caractère. Mon visage forma un grand sourire que je n’avais sûrement pas fait depuis très longtemps. Malgré mes changements, malgré tout, j’étais très content de la voir.

« Mee Joo ? Tu es revenue ? »

C’était une question stupide. Elle était sous mes yeux, en train de me sourire, alors elle ne pouvait pas être en Angleterre en même temps.