Minri & Abygail

The Start of Something New

Je suis toute excitée depuis environ huit heures ce matin. Cela fait de nombreuses semaines qu’une chambre s’est libérée dans la maison, et ça fait surtout de nombreuses semaines que je galère à trouver quelqu’un. Je n’ai pas nécessairement besoin d’un loyer en plus, mais je n’aime pas savoir qu’il y a un lit vide qui prend la poussière. La maison se doit d’accueillir cinq personnes, ni plus ni moins. Donc ouais, je suis toute excitée parce qu’enfin on va avoir une nouvelle colocataire.

La matinée fut donc mouvementée. Chacun de mes colocataires a dû mettre la main à la pâte. Entre ceux qui sont allés faire les courses, ceux qui ont fait la cuisine et puis enfin ceux qui m’ont aidée à nettoyer la maison de fond en comble, on peut dire que c’est la première fois depuis bien longtemps que la maison du bonheur a été aussi active de si bonne heure. Lorsque je vois ça, ça me fait sourire, ça me rappelle un peu la vie sur le campus à Amherst. Bon, ce n’était pas pareil parce qu’on était tous jeunes et insouciants, et surtout tous dans la même galère. Ici, on s’est un peu choisis, si quelqu’un fout la merde, je suis là pour prendre les choses en main.

« Les amis, merci beaucoup pour votre aide. Vous pouvez reprendre vos activités normales, je pense que si on est quatre à l’attendre avec un grand sourire, elle risque de se sentir mal à l’aise. »

Je ne connais pas grand-chose sur notre nouvelle colocataire. Je sais qu’elle est récemment séparée de son copain et qu’on a environ le même âge. Son dossier était plutôt bon, donc le reste je n’ai pas réellement prêté attention. Je ne suis pas le genre de propriétaire embêtante, tant que la personne est respectueuse et paye son loyer. Chacun dans la maison retourne à sa petite vie avec un regard malgré tout curieux et attentif vers la porte d’entrée. Quant à moi, je fais les cent pas, me rongeant presque les ongles. Je ne sais pas pourquoi j’angoisse, j’ai peut-être peur de la faire fuir.

La sonnette retentit dans toute la maison, tout le monde sursaute et tout le monde s’affole. Je vérifie que rien ne traîne et que tout soit parfait. La première impression est censée être la bonne. La jeune femme en question est censée avoir déjà fait le tour de la maison avec l’agent immobilier quelques jours plus tôt, mais je n’étais pas là pour la rencontrer, cette nouvelle venue sera différente pour elle et, je l’espère, pas oppressante.

J’ouvre la porte d’entrée et je sors dans la petite cour pour aller ouvrir le portail. J’ouvre la porte, la boule au ventre. Ce n’est que la cinquième fois que je fais ça, et pourtant. Je lui adresse un grand sourire et je fais en sorte de retrouver mes mots coréens dans mon esprit.

« Bonjour ! Bienvenue ! Vous êtes Lee Min Ri, c’est cela ? »

Ce serait bête de se tromper de nom, tiens. Je prends quelques-unes de ses affaires pour la désencombrer et je lui fais signe de monter les marches pour se rendre jusqu’à l’intérieur de la maison.

« Vous avez beaucoup d’affaires ? Tout est là aujourd’hui ou vous en attendez plus ? »

Je me souviens de mon emménagement dans cet appartement. On aurait cru le déménagement d’une famille avec quatre enfants. Ce n’est pas loin, à vrai dire. Je suis ma nouvelle locatrice de près, retire de nouveau mes chaussures avant de refermer la porte derrière nous.

« Mettez-vous à l’aise, hein, faites comme chez-vous ! Vous voulez-boire quelque chose ? »