Si un futur mannequin doit faire attention à ses vêtements et sa tenue à chaque instant, je ne parviens pas à cacher ma frustration quand le jeune homme répond négativement à ma proposition. Si j’avais  su, je l’aurais fait mariner toute la soirée pour me pousser à dire oui. Gonflant légèrement les joues et fronçant également les sourcils, je regarde Théo et retire ma main que j’ai pourtant moi-même tendue à l’étudiant. « A quoi bon se montrer comme un parfait gentleman si c’est pour me dire non ? » N’étant pas capricieuse de nature, encore moins manipulatrice, je trouve que mon petit numéro ne risque pas de prendre. Au moins, je ne prendrais pas le risque de devenir artiste. Je pourrais finir sous les ponts et cette prospective ne m’enchante pas spécialement. « Même si tu montes derrière moi ? » A-t-il réellement peur de jouer avec sa vie ? Tant pis. Au moins, je pourrais m’emporter contre mon ami Yury sans qu’il me reproche d’être montée voire même d’avoir piloté une moto. C’est finalement un mal pour un bien. J’aurais quand même aimé voir le pyobeom céder. Plus tard, qui sait ?

Un sourire plus naturel s’affiche enfin sur mon visage. En effet, la petite attention pourrait paraître ridicule aux yeux de certains mais je suis contente de savoir qu’il continue de penser un peu à moi, de temps en temps. « C’est mignon. Merci. » Je récupère la fleur et tente de l’accrocher au niveau de la poche de ma veste en cuir. C’est que je ne vois pas où la mettre. En plus, voilà que Théo me tend son second casque par mesure de protection. « Ah, tu t’en es lassé ? » plaisantai-je tandis que je m’approche de lui pour qu’il puisse fermer mon casque correctement. Pourquoi j’ai toujours la tête aplatie avec ce truc ? Gardant mes plaintes pour moi, le programme de la soirée m’enchante. Une note positive. « Commandons japonais. J’ai envie de manger des makis et en prenant à emporter, on pourrait peut-être avoir les meilleures places. » Je croise les bras et moqueuse, j’ajoute : « Même si on n’aurait pas besoin de faire tout ce cinéma si c’est moi qui conduisais. » Et comme si les mots n’étaient pas suffisant, je m’amuse à battre des cils. Si je me voyais à ce moment-même, j’aurais honte … Très honte de moi. « Allons-y. » Enjambant la moto de Monsieur, je me cramponne derrière, oubliant un peu la présence des personnes qui s’impatientent derrière nous. Les gens, je vous jure.