T'es calé avec tes potes, le cul sur une table. Tu les écoutes raconter leur conneries, tu n'écoutes qu'à moitié à vrai dire. T'as un peu la tête ailleurs c'est vrai. Pour quoi. Aucune idée. Tu lâche un pseudo rire, histoire de participer à la conversation. Tu sors de tes pensées quand un de tes potes t'annonce l'arrivée de Hana. Cette demoiselle que tu te plais tant à martyriser. Surtout moralement à vrai dire. T'es comme ça, puis tu te laisse surtout entraîner à faire l'abrutis pour faire marrer tes potes. Mais aujourd'hui tu n'en as pas spécialement envie. Mais pour garder la tête haute tu lâche une phrase au hasard. « Encore seule ? Faut croire que les amis c'est pas pour toi. » Tes potes éclatent de rire et toi tu n'as qu'un simple sourire en coin. T'es qu'à moitié convaincu de ce que tu raconte. Enfin, ouais, t'es pas au meilleur de ta forme aujourd'hui. Puis quand tu vois sa tête. Tu retiens une grimace. Arques un sourcil tandis que les autres enfonce un peu plus le couteau dans la plaie.

 Hana était l'intello de service. Hana était le petit génie de service. Alors, forcément... Hana se faisait embêter à cause de ça. Beaucoup embêter. Par une petite bande en particulier. Les autres élèves avaient tendance à lui ficher la paix, encore plus dans sa fraternité mais eux... Eux l'avaient constamment dans le collimateur. A peine les croisait-elle que sa journée se transformait automatiquement en enfer. Surtout leur pseudo-leader de bande, qui trouvait toujours le bon mot pour lui mettre le moral à zéro. Elle essayait d'ignorer, bien sûr. De faire comme s'ils n'existaient pas. Son sac à dos sur les épaules, avançant en regardant droit face à elle mais... Mais cette fois-ci, sa phrase fut comme un couteau planté en plein cœur. Encore seule ? Faut croire que les amis c'est pas pour toi. Elle s'arrêta net, à l'entente de cette phrase. Elle s'arrêta net parce que... Parce qu'elle était souvent seule. Qu'elle avait longtemps été seule. Ayant toujours du mal à se faire des amis. Alors... Alors c'était dur, d'entendre ce genre de chose. Elle déglutit, fixant ses pieds, avant de finalement tourner la tête vers eux. Vers lui. Vers Kalei. « T'es vraiment un gros connard. » Avant de mettre sa capuche sur sa tête et de sortir de la cafétéria. Elle n'avait même plus faim. Ils lui avaient coupé l'appétit, et pourri définitivement sa journée.

Elle s'arrête. D'habitude elle trace, elle baise la tête et elle trace. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui elle fini par te regarder droit dans les yeux et contre toute attente t'arrive à lire la douleur que tu tu viens de lui inflige et ça te fais presque mal à toi même. Au fond elle t'a fait quoi pour que tu joue au con à ce point ? Rien. T'es juste là à vouloir faire le kéké quoi. Aujourd'hui c'est différent, aujourd'hui elle te touche, en plein coeur. En plein de ton ego lorsqu'elle te traite de connard. Gros connard. Ouais, ouais c'est vrai t'es qu'un gros con. La bande d'abrutis qui t'accompagne balancent un genre "oooooh..." Elle t'a clashé. Ouais, elle t'a eut. Tu arque un sourcil quand elle s'en va et te redresse. Un de tes potes ramasse le cahier qui vient de tomber de son sac et te le tend avec un sourire mauvais. tu crois que c'est son p'tit journal intime ? Tu tournes le regard vers ton pote, ami, connaissance, t'en sais rien en fait. « Tu sais quoi ? Ta gueule. » Tu sautes du banc, récupère le cahier d'un geste vif avant de courir après Hana. Elle sort de la cafet' et t'en fais autant. Tu la rattrapes par le bras. Et maintenant ? Qu'est ce que tu vas dire ? Pardon ? Désolé. Vachement efficace avec tout ce que tu lui as balancé depuis tout ce temps. Tu te sens con. Tu lui tends le cahier. « T'as fait tomber ça. » Avant qu'elle ne dise quoique ce soit tu rajoute. « J'l'ai pas ouvert. » T'es con, mais t'as des limites quand même.

 Il l'avait blessée. Il l'avait vraiment blessée. Pourquoi s'amusait-il ainsi à toujours lui envoyer des phrases toutes les unes plus atroces que les autres dans les dents ? Elle ne lui avait jamais rien fait. Ni à lui, ni à sa bande. Elle ne comprenait pas ce qu'il y avait d'amusant à faire du mal ainsi à quelqu'un qui se mêlait toujours de ses affaires et ne faisait pas de remous. Ils l'avaient prise en grippe et ne l'avaient plus lâchée, ainsi, sans raison. Ca l'énervait. Ca l'agaçait. Mais surtout, ça la blessait. Furieuse, attristée, elle s'était empressée de sortir. Partir, juste partir. Au point de ne pas même se rendre compte du cahier qui était tombé. Elle marchait, d'un pas décidé, regardant droit face à elle jusqu'à ce qu'une main la retient. Sa main. Elle se retourna vers lui, ayant bien du mal à caché son air attristé. Parler d'amis l'avait atteint. L'avait sérieusement atteint. Et malgré tous ses efforts, elle peinait à feindre de ne pas avoir été touchée. Elle prit son cahier, le rangeant dans son sac sans dire un mot, avant de reporter son regard sur lui. « C'est quoi encore ? Un piège ? » Elle le toisa du regard, méfiante. Elle ne lui faisait pas confiance. Pourquoi lui ramènerait-il son carnet ? Pourquoi tant de gentillesse d'un coup ? « Tes potes vont te rejoindre et vous allez encore vous foutre de ma gueule joyeusement tous ensemble, c'est ça ? »

Elle récupère son cahier et le range sans rien dire. tu la lâche pour la laisser faire, bien qu'elle pourrait partir en courant. Tant pis. Tu veux quoi au fond Kalei ? La connaître ? Pourquoi t'es aussi con avec elle, pourquoi tu t'acharne au fond ? Pour qu'elle te remarque ? Y a mieux non ?  Pourquoi elle ? ça t'en sais rien. Tu te comprends pas. Tu sais pas ce qu'il se passe dans ta tête, et dans ton coeur. Tu sais pas pourquoi elle t'intrigue autant. Un piège ? Tu arques un sourcil. Tu lâche un léger rire. « C'est pas un piège. » Elle est méfiante, normal, avec tout ce que tu lui met sur la tronche depuis le temps. Tu soupires.  « Ok, si on allait ailleurs, genre, dans un coin plus tranquille ? » C'est bien, de plus en plus louche Kalei. Comme si elle allait gentiment te suivre. No Way. Tu enfonce tes mains dans tes poches, tu sais pas trop quoi dire en vérité, t'as pas trop l'habitude d'être gentil, d'être ce côté de toi que tu cache au monde entier, hormis à ta soeur.  « J'suis désolé pour c'que j'ai dit avant. Et au fond, on est pas si différent. Les amis, c'pas mon truc non plus. » Ouais t'es entouré, ouais t'as ta bande de pote, ouais tu t'éclate avec eux. Mais y en a pas énormément à qui te te confie, y en a pas énormément qui te connaissent vraiment non plus. En vrai, t'es un mystère pour eux. Et pour toi aussi, parfois.

Il riait. Il riait. C'est que ça devait être un piège ? Elle le regardait d'un air sceptique, et surtout encore remontée. Il lui avait fait de la peine. Ses amis lui avaient fait de la peine. Ils lui avaient tous fait de la peine, cette petite bande qui s'acharnait sur elle en particulier sans qu'elle n'ait rien fait pour le mériter. Alors oui, elle pensait à un piège. Ca ne pouvait être que ça, non ? « Allez dans un coin plus tranquille ? Pourquoi j'irais dans un coin plus tranquille avec toi ? » Ils n'étaient pas amis, à priori. Pourquoi irait-elle où que ce soit avec lui ? En fait, Hana ne comprenait pas du tout où il voulait en venir. Il était bizarre. En temps normal, il se contentait de se moquer d'elle à distance et maintenant il la suivait ? Elle se préparait à partir lorsque... Lorsqu'elle l'entendit s'excuser. Il s'excusait. Elle ouvrit grand les yeux, surprise. « T'es désolé ? ... » Elle le regarda longuement, avant de baisser les yeux. Il était désolé, et selon lui, ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre. Si elle avait pu, là, tout de suite, elle aurait ri. Elle aurait ri tellement c'était drôle, que son bourreau lui dise qu'il n'était pas différent d'elle. « T'en as beaucoup pourtant des amis. Ta petite bande. Et vous passez votre temps à vous en prendre à moi. Parce que moi, je suis pas en bande. Parce que je suis toute seule. C'est ça en fait, c'est parce que vous êtes plusieurs et moi seule. » Elle se pinça les lèvres, cette simple idée lui tordant le cœur. Avant de finalement tourner les talons pour partir, sans rien dire de plus. Elle allait le laisser retourner avec ses amis, maintenant.

Ouais ok, elle te suivra pas. Fais toi à l'idée, t'es un bourreau pour elle rien d'autre. D'ailleurs tu veux avoir quelle place ? Concrètement ? Tu veux quoi ? T'en sais rien c'est bien le problème. Tu hausses simplement les épaules. Super réponse. La preuve elle s'en tape. D'ailleurs elle te reprend sur le fait d'être désolé. Ouais ça paraît dingue, mais t'es désolé. Et tu arques un sourcil à la suite de ses mots. Toi, t'as beaucoup d'amis ? Pas tant que ça, au final. Enfin, ouais t'as des potes, mais c'pas forcément des amis, quoique les 5 plus proches de toi, ouais, mais c'est tout. Et ta soeur. Tu n'as que eux et ta soeur au final. Tu la vois tourner les talons. Ok elle va se barrer. Et là tu fais quoi ? Tu la menaces. Tu la supplies ? Tu lui demande gentiment de te pardonner ? Pff. Ouais, tu fais quoi Kalei là.? Sérieusement. Tu te sens ridicule. « On s'en tape d'eux là. » Tu la suit, toujours les mains dans les poches. Avant d'avoir une idée, et de la rattraper, encore.  « On va faire un truc ok. » Tu attends qu'elle te regarde avant de plonger ton regard dans le sien.  « Qu'est ce que je peux faire, pour m'faire pardonner ? » Est ce que t'es vraiment prêt à tout pour avoir son pardon ? Ouais ? Tu sais pas. Tu sais plus. Au fond de toi, y a cette petite voix qui te dit que ouais, parce que t'as fini par t'attacher à elle, c'est bizarre d'ailleurs, tu fini par t'attacher à une fille que tu martyrise. Y a mieux comme façon d'être attirer Kalei. Sauf qu'elle est différente, et c'est ça qui t'attire, qui t'intrigue, qui fait ce tu ne sais quoi au fond de toi. Elle ressemble pas à toutes ces meufs que tu te fait, ces filles que tu garde pas plus d'une semaine.   « Vas y, tout ce que tu veux. » Tu regrette déjà d'avoir dit ça.

Mais qu'est-ce qu'il lui voulait, au juste ? Hana ne comprenait pas. Elle ne comprenait juste pas. Après l'avoir martyrisé il y a cinq minutes avec ses potes, maintenant il la suivait et... Et voulait discuter avec elle ? Pourquoi discuter avec elle ? Discuter de quoi ? De quoi pouvaient-ils bien discuter tous les deux ? Ils n'avaient rien à se dire. Rien. Lui était dans le groupe des mecs cools, elle du côté des gens pas cools, avec peu d'amis, et de qui on se moque sans avoir le moindre remord. Ils n'avaient rien à se dire, rien en commun, et ça, elle en était convaincue. Alors une fois son cahier dans son sac, elle reprit sa marche. Aller ailleurs, ailler se changer les idées. Sauf qu'il ne la lâchait toujours pas. Il était là, juste à côté, marchant à ses côtés. Intriguée, elle le regarda du coin de l'oeil lorsqu'il lui dit qu'ils allaient faire un truc. Faire quoi, au juste ? Puis le verdict finit par tomber. Il voulait se faire pardonner. Qu'est-ce qu'il devait faire pour se faire pardonner. Cette question l'interpella déjà sérieusement, alors qu'elle le regardait avec de gros yeux, se tournant vers lui. Puis la suite fut pire. « … Tout ce que je veux ? Sérieusement ? Vraiment tout ce que je veux ? » Etonnée, elle le fixa longuement, se demandant s'il plaisantait ou s'il était sérieux. Elle ne voulait pas se faire avoir, encore une fois. « … Je veux que tu me paies à déjeuner. Du poulet frit. Le meilleur de la ville. Et je ne te pardonnerai un peu, déjà. » Elle allait devoir le mettre à l'essai avant de passer aux choses sérieuses, quand même. Et autant en profiter pour obtenir un bon repas, non ?

Si après cette proposition elle t'envoie encore chier, tu laisseras surement tomber pour aujourd'hui. Mais tu terminer par dire qu'elle peut choisir ce qu'elle veut. Et tu regrettes déjà, elle pourrait demander tout et n'importe quoi,et toi, tu viens de dire que tu le ferais. Tu la regardes se retourner et à sa question tu hausse les épaules. « puisque je viens de le dire. » Tu vas pas le répéter, n'exagérons pas non plus. T'es pas encore si doué que ça en terme de relation sociale et encore moins pour te faire pardonné par une fille que tu martyrise depuis un moment. Elle accepte, ok. Bon, elle reste raisonnable, de la bouffe, easy. Le meilleur poulet frit de la ville. Ok. Mais qu'elle fasse pas la timide une fois dans le restaurant o tu compte l'emmener. « Très bien allons y » Tu te tourne ver la sortie et vérifie qu'elle te suit. Les mains toujours au fond de tes poches tu ne dis rien, du moins, pour le moment. Tu n'as rien à dire en véité, ou tu ne sais pas quoi dire, ouais c'est plutôt ça. Heureusement pour toi le restaurant n'est pas très loin. Tu lui fais prendre le métro et vous arrivez en moins de dix minutes. T'avais la flemme de chercher une place pour te garer. Une fois devant le restaurant trois étoiles tu souris en coin et pose le regard sur elle. « On y est. » Tu ouvres la porte et lui fait signe de passer devant. Une fois entrés, tu demande une table pour deux. Et voilà le serveur qui vous indique le chemin. Tu la laisse choisir sa place avant de t'asseoir à ton tour.  « Le meilleur poulet frit de la ville. »