« J’les comprends pas les gens qui sont amis avec elle. D’ailleurs j’sais pas comment ils ont fait. Elle prend tout le monde de haut, sérieusement, c’est pas intéressant les gens comme ça. Faut pas qu’elle s’étonne si un jour elle finit toute seule cette fille. » Une étudiante en médecine.
« J’ai jamais vu une fille aussi cultivée. Elle sait tellement de choses, c’est ouf. J’étais dans sa classe au lycée, elle s’asseyait toujours au fond. En général le fond était réservé pour les cancres mais elle, elle dérogeait à la règle. Elle avait toujours les meilleures notes. A l’oral, elle se faisait discrète mais à l’écrit, une vraie bombe. D’ailleurs, beaucoup d’élèves se rapprochaient d’elle dans le but qu’elle les aide et elle tombait systématiquement dans le panneau. J’ai toujours voulu l’aider, mais j’lai jamais fait… J’avais honte d’être ami avec elle. » Un ancien camarade de classe.
« Pour avoir traîné avec elle quelques années, je peux vous le dire, c’est qu’une carapace qu’elle s’est construite. Jia, c’est vraiment un coeur d’artichaut au fond. Elle a beau être vraiment repoussante et expéditive, y'a pas pus adorable que cette fille. Je dirais presque qu’elle se croit dans le monde des bisounours. » Une amie du lycée.
« Je vais vous dire, moi, ce que c’est cette gamine. Derrière ses airs angéliques croyez moi, c’est une peste. Une petite menteuse. Elle a toujours fait croire à sa mère qu’elle voulait rester vivre à Séoul avec nous et puis, du jour au lendemain, elle a fait ses valises et elle s’est barrée rejoindre son père à New-York. Pendant un an. UN AN! Elle a laissé ses petits-frères du jour au lendemain alors qu’ils étaient très proches d’elle. Et elle est revenue au bout d’un an comme une fleur, presque à nous supplier de la reprendre à la maison… Je l’ai accepté parce que c’est la fille de ma femme, mais honnêtement… si j’avais eu le choix, je l’aurais pas accepté. » Son beau-père.
« Je me rappelle de Jia. Son intégration s’est bien passée à Columbia, et pourtant, elle avait la difficulté de la langue. Or, elle s’est fait des amis, plus vite que prévu et elle m’a même confié qu’elle s’était plus facilement intégrée ici que chez elle, en Corée du Sud. Elle était à l’aise ici, je pense que c’est parce que les américains sont plus tolérants? En tout cas, c’est dommage qu’elle soit repartie. Elle est passionnée, un rien l’intéresse et l’impressionne. Elle est bon public, vraiment une personne intéressante. Je lui souhaite beaucoup de réussite dans sa vie. » Sa prof de médecine à Columbia.
« Jia vient 2 fois par an chez moi. A chaque fois, c’est le même ressenti: je la trouve grandie mais quand il s’agit de se faire aux autres, elle a toujours autant de mal. La faute à sa mère et à son taré de mari. Je regrette de l’avoir laissé entre les mains de ces tyrans, il en ont fait une idiote, une empotée sociale. Je sais qu’elle joue de ses apparences froides et hautaines pour dissuader les gens de s’approcher d’elle. Elle a beau les envoyer chier avec son côté revêche, ça marche pour le 3/4 du temps mais il lui arrive de tomber sur des gens qui insistent, alors elle laisse effondrer ses murs. Elle se dit à chaque fois que ça doit en valoir la peine mais à la fin, elle se fait avoir, on la blesse. Je sais pas si un jour elle arrivera à trouver un juste milieu, à savoir faire confiance aux gens sans pour autant les faire attendre 1 an pour en arriver là, mais je l’espère. Parce qu’elle collectionne les déceptions. Et elle est seule, Jia. Elle est terriblement seule. Elle refuse la compagnie, elle refuse l’aide. Elle est persuadée que personne ne peut comprendre sa dévotion pour la religion ni les moeurs sur lesquelles elle a fondé son existence. Or, un jour, je lui souhaite de se sortir de là. Qu’elle ouvre les yeux, voie la vie d’une toute autre façon. Qu’elle brise ses chaînes et s’échappe de cette prison qu’ils ont construit autour d’elle. Elle a grandi dans un conflit incessant entre ma famille et celle de mon ex-femme. Elle a été le centre de ce conflit, nous nous sommes déchirés pour savoir qui aurait sa garde. Nous avons passé un an ensemble, où elle est allée étudier à Columbia, mais elle est retournée en Corée du Sud après que sa mère ait menacé de m’emmener au tribunal pour lui avoir volé ‘sa fille’. Jia et moi, on a été séparé de force. J’ai perdu une bataille, mais j’ai pas perdu la guerre. Un jour, elle reviendra vivre à New-York avec moi.  » Son père.
« Jia est en bonne santé, je comprends pas pourquoi les services sociaux ont menacé de me la retirer un nombre incalculable de fois. La religion? C’est une religion de paix, Jia n’a jamais été une enfant à problèmes, au contraire et il me semble que tout cela, c’est grâce à moi. Je lui ai appris à ne s’attacher à personne et à ne faire confiance à personne, mais j’ai un gros problème avec cette petite, c’est qu’elle est terriblement influençable. Elle a beau se montrer dur comme un rock, elle finit par baisser sa garde dès qu’on lui parle de quelque chose qui l’intéresse ou qu’elle ne connaît pas. Et c’est comme ça qu’elle se fait avoir. Je dirais pas qu’il est impossible de l’approcher, c’est dur, mais faisable, et une fois qu’elle laisse sa vraie personnalité se dévoiler, c’est là que les choses se compliquent. Les gens découvrent de la guimauve, un petit coeur d’artichaut qui croit en beaucoup de choses à défaut de vouloir ouvrir les yeux sur le monde dans lequel nous vivons. Ils découvrent son monde, et il est passionnant son monde. Elle est passionnée de plein de choses, la musique reste cependant le centre de son monde. Parfois, quand elle joue du piano, elle nous transporte dans son univers et il est difficile d’en sortir. Elle est passionnée aussi de lecture, elle a énormément lu dans sa vie, c’est ce qui a fait d’elle la fille cultivée qu’elle est aujourd’hui. Je sais, j’ai eu tort de la laisser se refermer sur elle-même comme ça, mais je pense toujours que c’est le meilleur moyen de la protéger de ce monde de fou. »  Sa mère.