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La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon)

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La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Mar 22 Aoû - 19:50
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La beauté est dans les yeux
de celui qui regarde
saeyeon ☾ kota

Il y a des jours où il lui suffit de s’attarder un peu sur le ciel dégagé pour trouver l’inspiration, s’amuser à deviner la forme des nuages et leur consistance ; ils ont l’air doux et frais, un peu comme des nuages de crème glacée. Aujourd’hui pourtant, malgré le beau temps, ce n’est pas dans le ciel qu’il a perdu son regard, Kota. Un de ses professeurs est absent et il a deux heures à tuer avant le cours d’après, alors il s’est installé sur l’herbe à l’écart du chemin pour y trouver sa tranquillité. Il est assis en tailleurs avec son carton à dessins posé près de lui et son sac, d’où il a sorti un livre et une brique de jus de fruits, mais le livre demeure intouché comme l’intérêt du garçon est tombé sur une autre distraction. Il y a une fille assise sur un banc, en face de lui et pourtant à plusieurs mètres, qui attire son attention depuis qu’elle est arrivée. Kota n’est pas du genre à regarder les filles ni les garçons d’ailleurs, mais aujourd’hui, cette fille lui a donné envie de sortir ses crayons noirs et une feuille vierge. Ce n’est pas souvent, qu’il puise son inspiration chez une personne sans qu’on ne le lui impose – en cours avec un modèle, par exemple. Et il apprécie cette spontanéité, si bien qu’il ne veut pas laisser l’opportunité filer et qu’il se dépêche de trouver la bonne position pour commencer à dessiner. Les premiers traits de crayons sont rapides et imprécis, mais le premier jet l’est toujours quand il s’agit de définir la forme générale et les proportions. Puis tout s’affine avec le temps, les coups de gomme et les contours plus francs quand il passe d’un crayon fin à un plus épais. Il a commencé sans savoir s’il aura le temps de finir, si la belle ne s’éclipsera pas avant parce qu’il prend son temps, l’artiste. Il ne veut pas lui montrer un dessin raturé ou brouillon – oui, parce qu’il voudrait bien le lui montrer après. Elle a plutôt bien l’air concentrée sur son livre et il espère qu’elle le sera encore un peu, alors que ça fait une bonne demi-heure qu’il y travaille. Les yeux, le nez et les lèvres sont toujours les plus compliqués – et il y passe toujours plus de temps pour ne pas se rater. Il ne dirait pas qu’il est l’excellence et que ses portraits n’ont aucun défaut, mais il ne se considère pas nul après toutes ces années passées à apprendre, dans les clubs ou de façon autodidacte, chez lui. Il aime dessiner Kota, et ça se voit, même s’il lui est déjà arrivé d’être au bord de la crise de nerfs avec certains projets. Il a même hésité au départ, avant de choisir d’étudier les arts et même si ce début d’année lui paraît cool, il sait que ça ne durera pas. Le tout, c’est de ne pas perdre confiance en soi et c’est l’une des choses qui lui fait le plus peur.

Aujourd’hui, sa confiance est au summum et il rassemble ses affaires avant de se lever pour effacer la distance entre lui et la belle inconnue. Elle ne l’a sûrement pas entendu avec ses écouteurs et c’est d’ailleurs, le seul détail qu’il a omis de dessiner par choix de goût – dans son élan, il lui a même ajouté une fleur dans les cheveux, qui pourrait ressembler à un lys blanc, mais il ne l’a pas très bien réussi – un peu trop bas, des pétales plus longs que d’autres et des détails que seul lui doit remarquer. C’est un dessin terminé en moins d’une heure et il s’est lui-même senti un peu pressé au fond, mais il espère que ça ira. Elle a l’air gentille et il a conscience que l’approche soit un peu bizarre, mais qui ne tente rien n’a rien et il vient lui tapoter l’épaule du bout des doigts pour attirer son attention. « Bonjour ! » Il la gratifie d’un beau sourire et attend qu’elle retire ses écouteurs avant de s’asseoir à ses côtés. « Tu vas sûrement me trouver bizarre, mais… j’ai quelque chose pour toi. » Il hésite un peu quand même et après quelques secondes, il glisse le dessin sur les genoux de la demoiselle. « Je t’ai vu et ça m’a donné envie de dessiner… alors voilà, je voulais te le donner. » Et pas que, aller Kota, du nerf. Il détourne les yeux vers un groupe d’étudiants quelques secondes, puis revient vers la brunette en ajoutant : « je m’appelle Kota. Et toi ? » En toute honnêteté, il s’attend presque à se faire rembarrer sévère.

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Re: La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Mar 22 Aoû - 21:19
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La beauté est dans les yeux
de celui qui regarde
saeyeon ☾ kota

Une des musiques de Zeus dans mes oreilles, je me plongeais dans le livre de théâtre que je lisais. C'était une après-midi tranquille et agréable. J'avais quelques heures de trou avant de reprendre les cours, et je n'avais pas envie de rentrer chez moi. Je n'avais pas envie de sortir non plus. Alors j'étais allée à la bibliothèque pour lire l'une des pièces que j'adorais : Phèdre. J'aimais la tragédie qu'incarnait cette pièce. Elle était poignante et c'était ce qui rendait cette pièce particulièrement belle. Dans tous les cas, quand j'avais emprunté le livre, j'avais commencé à le lire dans la bibliothèque, mais le temps extérieur m'avait beaucoup attirée. Au final, j'étais sortie, puis m'étais assise sur un banc. La chaleur du soleil était agréable. C'était bien pourquoi j'avais finalement décidé de rester dehors pour lire cette pièce. Cette pièce était peut-être beaucoup trop tragique pour être lue en ce beau temps, mais je l'aimais beaucoup. Phèdre avait causé sans le vouloir la mort de celui qu'elle aimait réellement, Hippolyte, et qu'elle ne devait pas aimer. Comme ce n'était pas elle qui l'avait accusé à Thésée, mais sa nourrice, aucun des personnages n'était vraiment responsable pour la tragédie. Était-ce l'amour de Phèdre qui avait causé tout ça ? Ou la terrible réaction de Hippolyte suite à l'aveu de sa seconde mère ? Les pièces où tout était laissé à la pensée du lecteur pour juger étaient vraiment les plus belles. Dire qu'elles dataient de quelques siècles, et qu'elles réussissaient encore à autant me toucher... Au fond, ça voulait bien dire que depuis, l'humanité n'avait pas réellement évoluée, et qu'elle restait la même. J'étais tellement concentrée dans la lecture de cette pièce que j'avais déjà lue et jouée plusieurs fois que je ne remarquais pas qu'un garçon était en train de me dessiner. Je n'aurais jamais imaginé qu'on soit en train de me dessiner, en réalité. Je ne savais pas comment est-ce qu'on pouvait me prendre comme modèle. Ce n'était pas comme si j'avais un corps parfait, loin de là. Je me trouvais juste banale, extérieurement. Évidemment, ce n'était pas le cas. Tout ça, c'était à cause de mes yeux. Mais je n'aimais pas y penser. Il était vrai qu'à l'instant où j'ouvrais mes yeux j'étais obligée de me rendre à l'évidence, mais c'était tellement habituel pour moi que je n'y prêtais plus attention. Je ne voyais que des nuances de gris, oui. C'était pour ça que j'aimais la musique et le théâtre : au moins, je n'avais pas spécialement besoin de voir les couleurs pour pouvoir les apprécier. Ce que je n'aimais pas beaucoup par contre, c'était le dessin. Quand je voyais ces crayons de couleur posés les uns à côtés des autres, j'avais du mal à faire la différence. Je ne voyais presque pas de différence, tout compte fait. Ils disaient que ça, c'était du rouge, ça, c'était du vert, ça, c'était du violet... Mais qu'est-ce que c'étaient, les couleurs ? J'avais du mal à me représenter ça. Pour moi, les seules couleurs de mon monde étaient le blanc et le noir. Et pourtant, on ne considérait même pas ça comme des couleurs. J'étais totalement privée de couleurs. Il y avait une célèbre citation qui disait qu'une vie en noir et blanc était une vie triste. Et elle avait parfaitement raison. Ma vie était triste. Si seulement j'avais été une enfant normale, j'aurais pu être acceptée par tout le monde. Je soupirai légèrement. J'avais décroché de la pièce. Il fallait que je me remette à la lire. J'aimerais la jouer, après. Je devais rafraîchir ma mémoire sur les répliques des personnages... Mais je ne pus pas le faire, car quelque chose m'interrompit à nouveau. Quelqu'un venait de me tapoter l'épaule. Surprise, je redressai mon visage, m'éloignant une nouvelle fois de l'univers de Phèdre. Je lus sur ses lèvres une salutation. De quoi voulait-il me parler ? Il me paraissait plutôt jeune. Cependant, je ne devrais pas juger son âge trop vite, je savais que je faisais plus jeune que je ne le paraissais, alors je ne devrais pas tomber dans ce piège non plus. Je retirai mes écouteurs en interrompant la musique de Zeus qui se jouait dans mes oreilles. Il s'assit à côté de moi, et je l'observai, curieuse.

« Tu vas sûrement me trouver bizarre, mais... j'ai quelque chose pour toi. »

Quelque chose pour moi ? Il eut l'air hésitant. Est-ce que c'était encore quelqu'un qui essayait de draguer une fille de façon lourde ? Mais vu l'allure du jeune garçon, je n'en avais pas l'impression. Un dragueur ne faisait pas de telles approches. Je sentis soudainement une feuille sur mes genoux, puis me reconnus immédiatement. De ce que je voyais, c'était un dessin. Je fis une mine stupéfaite en regardant ce dessin. Il était vraiment beau. Mais... Il devait être en couleurs, n'est-ce pas ? Je devais faire semblant de les voir, alors. Je pinçai des lèvres, m'apprêtant comme toujours à jouer un rôle. Un jour, je réussirais peut-être à assumer entièrement, mais ce ne serait pas aujourd'hui. En tout cas, ce garçon devait être un étudiant en arts appliqués. C'était vraiment bien dessiné. Dire que j'avais été choisie comme modèle... Je me demandais si je n'étais pas la seule ici, pour qu'il fasse un tel choix. Je souris légèrement en le regardant. L'intention était là, de toute façon. Peu importe si je ne voyais pas la réelle beauté de ce dessin, il l'avait dessiné pour moi. Il détourna son regard vers le vide avant de se retourner vers moi. Il se présenta. Il ne m'avait pas l'air serein. C'était normal, aborder une inconnue ne devait pas être facile. Mon sourire s'agrandit pour le rassurer, puis je lui répondis.

« Merci pour ce dessin, c'est très gentil. Je m'appelle Saeyeon, enchantée Kota. »

Je lui esquissai un sourire puis reposai mon regard sur le dessin. Peu importe que je ne voie pas les couleurs ou pas, il n'y avait qu'une seule conclusion à faire de ce dessin : il était magnifique.

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Re: La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Jeu 24 Aoû - 21:55
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Il ne sait pas qui elle est, mais c'est là tout le charme de cette rencontre qui le rend curieux et exalté, même s'il fait de son mieux pour freiner son enthousiasme et ne pas paraître trop envahissant dès la première minute. Il ne voudrait pas qu'elle le prenne pour un stalker ou un garçon bizarre, même si ça ne doit pas être tous les jours qu'un inconnu vient nous offrir un dessin qui nous représente. Ce n'est pas aussi fidèle qu'une photo ni aussi beau que le modèle original – il s'en fait la réflexion lorsqu'elle daigne le regarder – mais il espère l'avoir réussi. Tout n'est que nuance de gris, de noir et de blanc, et il espère qu'elle y verra autre chose qu'une absence de couleurs. Ces dernières peuvent parfois vous gâcher un dessin et Kota ne remplit que rarement les siens. L'émotion est pourtant bien présente et il a fait de son mieux pour retranscrire ce qu'il a ressenti en dessinant ou simplement, la beauté qu'il a vu en elle et cette dernière est toute aussi subjective que complexe. La brune dégage une certaine douceur et une féminité qui a séduit son côté artiste, mais pas seulement. Elle paraît gentille et adorable ou c'est du moins, ce que lui révèle son regard et il se fascine de la couleur de ses yeux, d'un joli marron clair. Il ne se le cache pas malgré tout, ce dessin, il est aussi là pour impressionner la jeune femme et il l'observe réagir. Il se sent de nouveau timide lorsqu'elle passe de la surprise à la gêne, mais le sourire qu'elle lui adresse peu de temps après le rassure plus que n'importe quel mot. Elle n'a pas besoin de lui dire qu'elle aime le dessin, car l'accepter lui assure déjà ce fait et c'est une certaine fierté qui le fait sourire à son tour. « De rien. Enchanté de même, Sae Yeon. »

Il se pince les lèvres et finalement, il retourne vers le dessin où il vient frôler la feuille de ses doigts en déclarant, simplement : « Certains les pensent incomplets sans couleur, mais pas du tout. C'est du travail aussi de nuancer le gris et je le trouve plus joli comme ça. » Il y a tout autant de remplissage et de jeu sur les ombres, et autant de crayons différents pour chaque usage. « Ce sont des couleurs aussi, et j'espère que tu n'es pas une scientifique en terre inconnue ! » Parce qu'ils sont proches du bâtiment des arts. Un petit rire passe ses lèvres alors qu'il la regarde avec une fausse suspicion. Oui, même le blanc est une couleur et il est prêt à en débattre si on le bouscule sur le sujet. La glace désormais brisée, il a des questions plein la tête à son sujet ; son âge, ce qu'elle étudie, ses passions et pourquoi pas, son parfum de glace préférée. Il est devenu curieux et son regard se pose sur le livre qu'elle s'est arrêtée de lire pour lui. D'un côté, il a aussi l'impression de l'avoir dérangé, mais il n'a pas l'intention de se lever ni de partir si vite. « Tu lis quoi ? Tu avais l'air vraiment absorbée par ce livre. » Alors il suppose que c'est une histoire qu'elle doit bien aimer. Serait-elle une littéraire ? Elle lui en a donné l'air, mais il est quasi sûr de se tromper aussi. Ce n'est pas parce qu'elle tient un livre, qu'elle les étudie, mais c'est un bon moyen d'amener subtilement le sujet. « Hmm laisse-moi essayer de deviner... tu es en Littérature ? » De son côté à lui, ça ne doit pas être très compliqué à trouver.


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Re: La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Ven 25 Aoû - 0:25
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Je souris après qu'il ait répondu à ma propre réponse. Il m'avait l'air gentil, ce garçon. J'avais bien prévu de lire jusqu'à ce que je doive reprendre les cours, mais si je pouvais avoir un peu de compagnie, ce ne serait évidemment pas de refus. Il vint frôler la feuille en prononçant des mots qui m'étonnèrent. Ce dessin... était en noir et blanc ? Je ne l'avais pas remarqué. Ou plutôt, je n'avais pas pu le remarquer. Ma bouche s'entrouvrit automatiquement et je regardai ce dessin à nouveau, surprise. Ce dessin de moi était en noir et blanc. Quelque part, ça me touchait énormément. Je savais qu'il ne savait pas que je ne voyais pas les couleurs, mais le fait qu'il aie fait un dessin de moi en noir et blanc... Franchement, ça me touchait. Je n'avais pas besoin de couleurs pour pouvoir admirer ce dessin. Je pouvais admirer ce dessin... comme tout le monde. Je souris légèrement en l'admirant pour la seconde fois. D'un coup, ce dessin me paraissait encore plus beau.

« Il est encore plus beau, alors. »

Si j'avais le droit de le garder, je le garderais avec plaisir. Un artiste aimait bien s'exprimer avec des couleurs, mais pas lui. Je ne savais pas si c'était par flemmardise ou si c'était parce qu'il aimait vraiment dessiner en noir et blanc, mais peu importe la raison, ça me faisait aimer ce dessin encore plus. Il devrait profiter des couleurs s'il aimait dessiner en noir et blanc, en fait. Tant qu'il pouvait voir correctement les couleurs, il devrait en profiter le plus possible. Ce n'était pas tout le monde qui avait accès à ces couleurs, après tout. Puis il s'exclama en disant une phrase qui me surprit. Le noir et le blanc étaient des couleurs ? C'était un artiste, et pourtant, il disait que c'était des couleurs. Ça ne pouvait pas être des couleurs. Le noir et le blanc, c'était l'ombre et la lumière. Contrairement aux autres couleurs, ils existaient pour apporter de la forme à la vie. Sans noir et sans blanc, tout serait de la même intensité. Enfin, je supposai. C'était comme ça qu'on décrivait le noir et le blanc. Alors le fait qu'il me dise que c'était des couleurs... J'aurais aimé qu'on me dise ça, moi aussi. Pour me dire que je voyais aussi comme tout le monde.

« Tu penses ? Pourtant on dit tout le temps que le noir et le blanc, ce ne sont pas des couleurs. »

Un sourire se dessina suite à ma phrase. Peut-être qu'il allait me sortir des arguments pour quoi le noir et le blanc étaient des couleurs, et j'espérais bien. Je voulais entendre ces arguments pour me convaincre que ce que je voyais n'étaient pas des nuances ternes, mais bel et bien des couleurs. Je le regardai rire légèrement avant qu'il ne me pose une question. Je refis alors attention au livre que je tenais encore dans mes mains, et que j'aurais même oublié l'existence. Je levai alors le livre, faisant bien attention au dessin de Kota qui restait sur mes genoux. Je ris sincèrement quand il essaya de deviner ce que j'étudiais. Je lui montrai alors la couverture avec un sourire, fermant le livre. Je n'avais pas besoin de mettre un marque-page, je connaissais tellement cette pièce par cœur que je savais à quelle page je m'étais arrêtée.

« Raté ! Je suis en arts, plus précisément en arts du spectacle, option théâtre. Ce que je lis, c'est l'excellente pièce de théâtre se nommant Phèdre, de Racine ! J'espère pour toi que tu connais, c'est un chef d’œuvre. Je n'en reviens pas qu'elle ait été écrite en 1677, elle date d'il y a aussi longtemps et pourtant elle me touche encore, et aussi sûrement beaucoup d'autres personnes ! La tragédie qui émane de cette pièce déchirerait le cœur de n'importe qui ! Un amour interdit qui finit par engendrer une lourde tragédie... C'est tellement triste ! »

Je pourrais encore en parler longtemps, mais je ne devrais pas. Je n'avais pas envie de l'assommer avec mon amour pour le théâtre, non plus !

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Re: La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Sam 26 Aoû - 8:26
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Il tente sa chance et chaque réaction subtile de l’étudiante l’encourage à poursuivre, de ses petits sourires aux regards timides qu’elle porte sur son portrait improvisé. Elle lui montre au-delà que par les mots, que sa compagnie n’est pas réfutée et il ose alors s’exprimer. Quel meilleur moyen de faire connaissance que de lui faire part de son amour pour le dessin et ainsi, naturellement, partager avec elle une partie de lui. Rien n’est calculé, il ne fait que suivre sa spontanéité et il verra bien où ça le mènera, car même s’il mourrait d’envie de pouvoir mettre un nom sur ce visage, il doute que la réciprocité ait été si vorace. « Il est encore plus beau, alors. » Oh, vraiment ? Il se masse la nuque d’embarras et la remercie d’un souffle, soulagé de le lui entendre dire de vive voix. Il l’a fait sourire et c’est tout ce qu’il lui importe. Il le croit sur le moment, mais lorsqu’elle lui pose la question du noir et du blanc, son intérêt se réveille à nouveau. Lui qui a craint de l’ennuyer voit la balle rebondir et lui être renvoyée avec un regard similaire au sien – elle est curieuse et c’est plutôt bon signe, non ? Kota se laisse tomber contre le dossier du banc et perd son regard devant lui en réfléchissant à sa réponse. « Ce sont des couleurs, pour moi. On dit aussi que l’art est subjectif. » Il hausse les épaules et lève les yeux vers le ciel. « Le noir pour les ombres et le blanc pour la lumière, ils sont indispensables. » Et si on regarde le dessin de plus près, on devine à quels endroits sont ces jeux de lumières. « Mais le blanc, c’est aussi la pureté et la douceur, comme ce lys dans tes cheveux. » Sur le dessin, bien sûr et il tourne la tête à nouveau pour la regarder. « Et le noir, c’est aussi l’élégance et beaucoup de nuances différentes. Pourquoi y voir toujours la morosité ou des émotions négatives ? On ne l’utilise pas tous de la même manière. » Même en noir et blanc, Kota fait de son mieux pour y transcrire sa positivité et quand il est d’humeur à colorier, ce sont souvent des explosions de couleurs trop claires et variées. Un écrivain s’exprime par les mots, un peintre par ses œuvres et il est facile de cerner Kota avec les siennes ; un jeune trop insouciant, mais heureux et optimiste à n’en pas douter. « Convaincue ? Je continuerai de le dire quoiqu’il arrive. » Prévient-il en croisant les bras, têtu comme il est.

Puis, c’est à son tour d’essayer de deviner ce qui passionne la jeune fille et il tape presque dans le mil. Il est d’abord surpris de l’entendre parler d’art, puis les précisions qui suivent lui font ouvrir la bouche puis la refermer aussitôt, à court de mots, mais pas moins surpris. Le théâtre ? Il n’y connaît pas grand-chose, mais ça l’attire assez pour l’écouter parler de la pièce qu’elle lisait justement avant qu’il n’arrive comme un cheveu sur la soupe. Phèdre et Racine, deux noms qui ne lui sont pas inconnus et pourtant, malheureusement, il serait incapable de lui résumer l’histoire ou même de lui citer tous les personnages présents dans l’histoire. Il sait vaguement pour la tragédie, mais… disons qu’il n’écoutait pas souvent les cours de littérature. Ça ne l’embarrasse qu’à moitié et c’est même beaucoup plus intéressant de cette façon, même si… bon, peut-être qu’il aurait préféré s’enthousiasmer et partager des avis avec elle ; comme on le faisait en suivant la même série ou en lisant le même manga, bah oui, Kota n’est pas très porté littérature ni pièces de théâtre. « Un amour interdit, » répète-t-il distraitement et il sourit innocemment. « Non, je… ne connais pas trop. Juste de nom. » Sa culture générale en prend un coup, est-ce qu’il va passer pour un idiot auprès d’elle ? Aish. « C’est quel genre d’amour interdit ? Comme… l’histoire de Roméo et Juliette ? C’est tragique aussi. Ah, ne me juge pas s’il te plait ! » Il ne voudrait pas dire de bêtises, ni passer pour un idiot, et il ne demande qu'à en apprendre un peu plus. Il rigole avant de lui demander : « c’est une pièce que tu as déjà joué ? Tu es en quelle année ? Est-ce que j’ai une comédienne de talent devant moi ? » Aller hop, un petit compliment subtil, parce qu'il est sûr que oui.


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Re: La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Dim 27 Aoû - 17:03
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Je souris en l'observant. Après mon compliment, il parut embarrassé. C'était mignon d'être embarrassé pour un simple compliment. Il devait vraiment le prendre à cœur. Il avait raison : je ne faisais que dire la vérité après tout. Je continuai de le regarder quand je lui posai indirectement cette question. Le noir et le blanc n'étaient pas des couleurs, non ? On m'avait toujours affirmé le contraire. Je ne voyais pas les couleurs. C'était ainsi que le docteur avait décrit mon état. Je souffrais d'achromatopsie, disait-il. Mes parents n'avaient pas compris. Ils disaient que ce n'était pas possible. Ils avaient voulu une enfant normale dont ils seraient fières, mais la maladie de mes yeux avait tout fait basculer. Je voyais des enfants daltoniens vivre normalement avec leurs parents, pourtant. Pourquoi est-ce que le fait que je ne voie pas les couleurs m'avait mise autant à l'écart ? Parce que même les daltoniens pouvaient voir des couleurs. Sauf que moi, je n'en voyais pas. Le noir et le blanc n'étaient pas des couleurs.

 « Ce sont des couleurs, pour moi. On dit aussi que l’art est subjectif. »

Je le regardai avec curiosité. Peu de personnes pensaient que le noir et le blanc étaient des couleurs. Les professeurs d'arts plastiques défendaient avec toute leur âme leur idée que ni le noir ni le blanc étaient des couleurs. Je n'avais jamais aimé les cours d'arts plastiques pour ça. Avec leurs paroles, ils me convainquaient mieux que quiconque que je ne voyais aucune couleur. Je l'écoutai parler avec attention alors que je me mis à fixer le dessin. Le noir et le blanc avaient beau être indispensables, ils n'étaient rien sans les couleurs. Ils ne donnaient forme qu'aux objets, mais tout était pareil si on ne voyait pas les couleurs... Le blanc, c'était la pureté et la douceur. Le noir, celle de l'élégance. Ceux qui voyaient les couleurs décrivaient toujours celles-ci avec de tels adjectifs. « Le rouge, c'est la couleur de l'amour et de la passion, mais aussi de la rage. », « Le vert, c'est la couleur de la nature et de l'espoir. », « Le jaune, c'est la couleur de la joie et de l'énergie. »... Je ne pouvais pas comprendre ce genre de phrases. La nature pour moi était terne. En fait, tout était affreusement terne. Je n'aimais pas beaucoup ce genre de descriptions. Mais je n'en fis rien paraître, et continuai de l'écouter. « Pourquoi y voir toujours la morosité ou des émotions négatives ? » eh bien, c'était une question que je me posais aussi. Pourquoi est-ce que le noir et le blanc étaient vues comme des couleurs tristes ? Si seulement ce n'était pas le cas, peut-être aurais-je eu une vie meilleure. Dans tous les cas, j'aimais la façon de penser de ce garçon. Il m'avait l'air optimiste et innocent. Je savais qu'il ne fallait pas se fier aux apparences, mais cette fois-ci, j'avais bien envie de m'y fier. Je souris légèrement en l'entendant me dire qu'il continuerait à me le répéter quoi qu'il arrive. J'acquiesçai doucement de la tête, comprenant bien.

« Convaincue. Merci. »

Je rallongeai mon sourire en tournant ma tête vers lui, joyeuse. Il venait de remonter mon moral. J'aurais aimé que quelqu'un me dise la même chose dans mon enfance. Peut-être que je n'aurais pas été si malheureuse pendant autant d'années. Kota essaya ensuite de deviner ma filière, et il avait presque eu raison. Je commençai à parler sans m'arrêter de Phèdre avant que je ne me fasse finalement une raison et que je m'arrête. J'avais bien eu raison : il ne semblait pas très intéressé par le théâtre. Je comprenais, ce n'était plus vraiment au goût de tout le monde, à notre époque. J'aurais aimé naître plus tôt, comme ça, j'aurais pu partager la joie du théâtre avec plus de monde. Sa réponse me confirma mon hypothèse. Il ne connaissait Phèdre que de nom. Peu de personnes connaissaient maintenant, ils ne s'intéressaient plus qu'à la technologie de notre époque. Je ne pouvais pas leur en vouloir, à chacun ses passions et ses goûts. Comparer Roméo et Juliette à Phèdre ? Ce n'était pas la même chose, non... Personnellement, je trouvais que Phèdre était beaucoup plus tragique que Roméo et Juliette. Si Roméo et Juliette était juste une histoire basique où leur amour interdit n'était reposé que sur leurs familles, Phèdre n'était pas aussi simpliste que ça. Phèdre ne pouvait pas aimer Hippolyte depuis le début, et ce n'était pas parce que leurs familles ne s'entendaient pas. Ils n'étaient pas de la même génération, et c'était censé être son fils. Comment une mère pouvait se permettre d'aimer de cette façon son fils ? Elle avait fini rongée par la culpabilité, puis, finalement, elle s'était tuée, empoisonnée, devant les yeux de Thésée. Roméo et Juliette était une histoire beaucoup plus gentille, à côté ! La dernière phrase que Kota prononça me fit légèrement rire. Il avait peur que je lui en veuille de juger Roméo et Juliette dans la même catégorie que Phèdre. Mais bon, je ne pouvais pas lui en vouloir. Quand on n'y connaissait rien, on pouvait mettre toutes les pièces de théâtre dans la même catégorie. Il m'asséna ensuite de questions, ce qui ne fit qu'empirer mon rire. Une comédienne de talent, moi ? J'aimerais m'en proclamer comme une, mais je n'en étais malheureusement pas une. Du moins, pas encore.

« Phèdre et Roméo et Juliette ne sont pas la même chose, bien que les deux se basent sur l'amour interdit. Personnellement, je trouve Phèdre beaucoup plus poignant que Roméo et Juliette. C'est une histoire beaucoup plus dure et tragique. Et oui, j'ai déjà joué Phèdre. C'était magique la première fois, crois-moi ! Je me tenais sur cette scène, et je récitais un texte que je venais d'apprendre. Désormais, je le connais par cœur. Je pourrais te lancer quelques lignes sans même regarder mon texte. Ah, je suis en sixième année, mais j'ai sauté une classe. Pour faire court, j'ai tout simplement vingt-trois ans. Et malheureusement, pas encore ! Je n'ai pas encore acquis ce nom, mais je compte bien y parvenir un jour. Et toi ? Tu es en quelle année ? Il me semble que tu es en arts appliqués, n'est-ce pas ? Ton magnifique dessin me le prouve bien. »

Je souris légèrement suite à ma réponse, attendant la sienne. Connaître de nouvelles têtes était définitivement amusant.

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Re: La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Sam 2 Sep - 23:53
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Si on lui pose la question, il vous répondra sûrement : le blanc. On le voit aussi bien dans sa garde-robe qu’avec son matériel, le blanc est une couleur qui l’attire et pourtant, à lui aussi on le lui a souvent répété : que ce n’est pas une couleur. « Aies la décence de finir avant de me rendre ton travail la prochaine fois, » lui a-t-on dit un jour. Il avait laissé des zones blanches ou ‘vides’ qui, par le jugement de ce prof du collège, avait rendu son dessin incomplet. On se fichait bien que ce soit un choix personnel et malgré tout ce qu’on a pu lui mettre dans le crâne, il continue d’apprécier le blanc. Sinon, c’est le bleu pastel ou simplement la couleur du ciel. Il aime aussi le vert, le rose, le orange et toutes les couleurs dont il ne pourrait tout de même pas se passer, mais il n’aime pas se heurter à des murs lorsqu’il ose dire que sa couleur préférée est le blanc. Il ne sait pas ce qu’il en est pour la jeune fille à ses côtés, mais comme la plupart des gens, elle lui a fait savoir que le noir et le blanc ne sont pas considérés comme des couleurs. Il les a défendu du mieux qu’il a pu, mais il sait bien que ce genre d’opinions sont soit rationnelles soit subjective, et il les accepte toutes tant qu’on ne lui donne pas tort. « Convaincue. Merci. » Il sourit face à cette petite victoire, mais il compte bien lui prouver ses dires à nouveau, un autre jour.

Il devine sans peine qu’elle est tournée vers la littérature et il ne considère pas s’être trompé lorsqu’elle lui avoue étudier le théâtre. L’un ou l’autre dans tous les cas, Kota n’en est pas expert et il n’y connaît pas grand-chose malheureusement, mais il écoute volontiers ce que la jeune femme lui raconte sur l’histoire de Phèdre. Il a dû sortir une énormité en comparant l’œuvre avec celle de Shakespeare, mais encore une fois, il ne demande qu’à être éclairé et puis, il aura au moins réussi à la faire rire. Il se sent plus à l’aise à chaque minute qui passe et c’est les oreilles grandes ouvertes qu’il écoute sa réponse. Il joint ses mains en signe de pardon pour avoir dit des bêtises et il se fait la réflexion de lire Phèdre en entier un de ces jours. Elle doit vraiment aimer cette histoire pour la connaître par cœur et il essaie de l’imaginer sur scène, peut-être même dans le premier rôle. « Ah, je suis en sixième année, mais j'ai sauté une classe. Pour faire court, j'ai tout simplement vingt-trois ans. » Il manque de s’étouffer en retenant son souffle et couvre sa surprise avec une légère toux. Sixième ? Il l’a pensé bien plus jeune même si elle n’est pas si âgée non plus… non, c’est juste lui le gamin, à côté et il se sent un peu plus intimidé d’un coup. Il retient qu’elle doit être une étudiante très sérieuse pour avoir sauté une classe et c’est encore un détail qui alourdit la charge sur ses épaules : il se sent bien petit. « Je reste sûr que si ! » Elle doit être douée dans ce qu’elle fait, mais la modestie est une qualité honorable.

« Et toi ? Tu es en quelle année ? Il me semble que tu es en arts appliqués, n'est-ce pas ? Ton magnifique dessin me le prouve bien. » Il rit doucement et redevient hésitant, plus par crainte de ce qu’elle pourrait penser de lui qu’autre chose. Ça ne change rien pour lui, mais il a l’impression de devoir faire ses preuves ou quelque chose du genre pour ne pas l’ennuyer. « C’est ça ! Ce n’était pas difficile à deviner, et merci. » Il n’était pas très sûr de lui au début, mais après tous ces compliments, il est maintenant fier de son dessin et ravi d’avoir contenté la jeune femme. « Je ne suis qu’en première année, » avoue-t-il en levant les yeux vers elle, un sourire discret et confiant déformant ses traits, « et j’ai dix-huit ans. » Ça doit se voir qu’il n’est pas plus vieux qu’elle, de toutes façons et il fera un peu plus attention à son langage, lui qui se montrait déjà trop familier. « J’ai encore beaucoup à apprendre. » Il ouvre son sac et sort un paquet de bonbons qu’il ouvre et tend généreusement vers Sae Yeon. « Je devrai te voir jouer un jour, pour qu’on soit à égalité. » Lance-t-il, le ton sûr. « Montre-moi ton passage préféré, je suis curieux. » Il désigne le livre et se décale un peu du bord pour se rapprocher de la miss. « Sauf si tu dois t'en aller.. tu n'as pas cours ? » Il reprend un bonbon et sourit à pleines dents.



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Re: La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Dim 3 Sep - 14:56
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Kota semblait être parfaitement convaincu que le blanc et le noir étaient tous les deux des couleurs. J'aimerais être aussi convaincue que lui sur ce sujet-là. Peu de personnes considéraient que le noir et le blanc étaient des couleurs comme l'orange ou le violet, surtout parmi les artistes. Je lui en étais donc reconnaissante de me montrer que les deux étaient tout de même des couleurs, et c'était pourquoi je m'étais rapidement montrée convaincue. Je voulais en être convaincue, de toute façon. Il n'était pas difficile de convaincre quelqu'un qui voulait être convaincu. Le jeune garçon sourit, victorieux. Sans trop de difficulté, il devina que j'étais plutôt littéraire, contrairement à lui qui se tournait plus vers le dessin. J'avais un livre dans les mains, ce n'était pas compliqué de deviner que j'aimais lire. Bien qu'effectivement, ce que j'aimais moi, ce n'était pas la lecture de ces pièces, mais bien leur jeu. Ce que je préférais par-dessus tout, c'était de les voir être jouées. Quand je lisais un livre, l'interprétation de toutes les voix et de tous les gestes n'en tenaient qu'à moi-même. C'était moi qui imaginais les voix et les gestes, c'était moi qui imaginais tout ce qu'il se passait suivant la description plus ou moins précise de l'auteur. Le théâtre, c'était différent. Il y avait beau y avoir des actions précises, personne ne les interprétait de la même manière. Par exemple, « lever la main ». C'était une action qu'on connaissait tous, mais que nous n'allions pas faire de la même manière. Certains la lèveront devant eux, d'autres jusqu'en haut, et encore d'autres juste légèrement... Tout dépendait de l'interprétation. C'était pourquoi, quand on allait voir une pièce de théâtre, on pouvait voir toutes ces différentes interprétations. Un acteur pouvait changer toute une pièce. Cette magie du théâtre était ce que j'adorais : à plusieurs, on créait une interprétation d'une pièce qui nous était unique. Je me mis ensuite à parler de Phèdre et de sa différence avec Roméo et Juliette. Il avait fait une erreur, mais elle ne m'avait pas spécialement irritée. Au contraire, ce genre d'erreurs lui permettrait de ne plus confondre des pièces. Et donc, ça allait enrichir sa culture du théâtre. Il joignit ses mains pour s'excuser, et je me mis à rire, agitant ma main pour lui dire que ce n'était rien. A l'entente de mon âge, il se mit à légèrement tousser, mais vu son expression, je pariais qu'il était surpris, et qu'il voulait juste le cacher. J'esquissai un simple sourire suite à cette réaction. Je savais que je faisais plus jeune que mon âge, bien plus jeune même. On me croyait être une jeune fille qui n'avait pas plus de vingt ans alors que j'en avais vingt-trois. C'était surprenant, cependant il fallait s'y attendre. Les femmes asiatiques faisaient toujours plus jeunes que leur âge, n'est-ce pas ? J'enchaînai sur le fait que je n'étais pas encore une actrice de talent. J'espérai qu'un jour, je brillerais aussi sur scène comme tous les nombreux acteurs qui avaient interprété tous ces rôles, et qui avaient gravé leur passage dans l'histoire du théâtre. Je remerciai doucement Kota de me dire avec autant d'assurance que j'y arriverais. Je lui posai ensuite une question sur son année d'étude, et son cursus. Il se mit à rire, mais voilà qu'il redevint hésitant. Avait-il peur de m'avouer quelque chose sur ce sujet-là ? Je restai attentive à sa réponse. Je souris quand il me confirma ma supposition, puis fis une petite mine surprise avant de sourire à nouveau. Il n'était qu'en première année, alors. Cela ne m'étonnait pas vraiment, ça se voyait qu'il n'était pas très grand. Je l'avais déjà appelé comme quelqu'un de plus petit que moi dans ma tête, et j'étais rassurée de voir que c'était le cas... Si j'avais appris qu'il avait le même âge ou qu'il était plus grand que moi, je serais morte d'embarras. J'acquiesçai légèrement de la tête.

« C'est vrai, comme tu es en première année, il te reste énormément de choses à apprendre, et c'est ça qui est bien. La vie est plus amusante quand on a des choses à apprendre ! Et si tu as dix-huit ans, je suis ta noona alors ? Ça fait tout drôle, je me prends un sacré coup de vieux. »

J'éclatai de rire avant de prendre avec plaisir un bonbon de son paquet, le remerciant d'un simple signe de tête. Je souris en le regardant à nouveau.

« Je t'invite à le faire alors, je suis souvent au théâtre si je n'ai pas cours. Et ne t'inquiète pas, je reprends les cours dans quelques heures, alors j'ai tout mon temps ! Et toi ? Tu n'as pas cours non plus ? Ou serais-tu en train de sécher ? »

Je ris légèrement, espiègle. Puis je tournai mes yeux vers mon livre que je feuilletai pour retrouver la bonne page de mon passage préféré, en attendant sa réponse. Ah, le voilà. La scène finale, où Phèdre se suicide sous les yeux de son mari. Puis une réflexion apparut soudainement dans ma tête avant de tourner ma tête vers Kota.

« Tu ne vas pas lire le livre ? Sinon, je te gâcherais un passage du livre, puisque tu l'auras déjà lu. »

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Re: La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Mar 17 Oct - 20:33
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Il a été surpris d’apprendre qu’elle est déjà en sixième année d’études et qu’il n’est lui-même qu’au tout début de son parcours. C’est impressionnant, mais pas démoralisant pour autant parce qu’il ne perd pas de son intérêt pour la jeune femme. Il aborde les gens assez facilement lorsqu’il est d’humeur et c’est en échangeant avec les autres qu’on en apprend toujours plus. Ce n’est pas en restant dans son coin qu’il gagnera confiance en lui, comme il a pu le faire au lycée. Il est souriant et généreux aujourd’hui, il a même sorti des bonbons à partager avec l’étudiante qui les accepte sans hésiter. Il a eu de la chance aussi de ne pas se faire remballer, elle aurait pu se prétendre occupée et couper court à la discussion, mais ils se sont tous deux laissés emporter. Sa noona ? C’est vrai, il n’a pas trop fait attention à son langage bien qu’il n’ait pas omis sa politesse quand il est venu lui parler. « Mais non, tu es encore jeune ne dis pas de bêtises ! » C’est lui qui n’est toujours qu’un enfant, toujours sous la barre des vingt ans. « Sae Yeon noona, je peux t’appeler comme ça ? » Sourire toujours présent sur ses lèvres, il ne perd pas la confiance malgré les quelques années qui les séparent. Désormais Kota veut en savoir plus sur l’histoire de Phèdre, que ce soit par réel intérêt ou parce que la jeune femme s’en passionne, il est devenu curieux. Il a un peu étudié les mythes antiques en cours d’histoire de l’art, mais le nom qui lui revient souvent en mémoire quand on lui parle de tragédie, c’est Antigone. Et il ne le dira pas tout haut, mais il a bien failli confondre ces deux personnages. Dans tous les cas, c’est amusant de rencontrer une possible future comédienne, il le lui souhaite et il acquiesce à ses mots d’un hochement vif de la tête. « J’y ferai des tours de temps en temps. Il y a un club pour ça ? On m’a toujours dit que le théâtre était une bonne thérapie. » Une activité enrichissante qui demande beaucoup de travail sur soi et de communication, idéale pour les personnes un peu timides. Kota aimerait bien essayer de se mettre dans la peau de quelqu’un d’autres, jouer un rôle, se détacher de sa propre nature pour devenir quelqu’un d’autres l’espace d’une représentation. Il a peu confiance en ses talents d’acteur, mais il ne doute pas qu’après toutes ces années, Sae Yeon y soit plus familière et surtout douée. Il lui offre une moue faussement vexée quand elle lui demande s’il sèche les cours, mais l’idiot y réfléchit quand même, pour peu qu’il se soit trompé de jour. « Non ! Je reprends dans moins d'une heure… à peu près. » Il soupire en se souvenant de la matière, philosophie des arts, et tout ce qui est théorique ne lui réussit pas tellement. Ce n’est pas qu’il s’y ennuie, mais presque et il comprendra plus tard qu’il n’aurait pas dû tant se reposer sur ses lauriers. Toujours curieux, il finit par demander à l’étudiante de lui faire lire un de ses passages préférés et sa réponse n’est pas si bête. Il fixe le livre et les pages qu’elle retient en otage dans son hésitation. « Si, je devrais. Ils l’ont à la bibliothèque tu penses ? » Il lui sourit et vient glisser sa main sur celle de Sae Yeon où il ne reste qu’une seconde, espiègle alors qu’il attrape le livre par la reliure pour le lui subtiliser. Il s’éloigne un peu et ne fait que feuilleter les premières pages distraitement. « On devrait se revoir et d’ici là j’en saurai plus sur Phèdre, tu es d’accord ? » Il ne veut pas prendre le risque d’abîmer son livre, sûrement précieux pour elle et le lui rend aussitôt. « Quelles sont tes fleurs préférées ? » La question tombe de nul-part, mais elle n’est pas non plus anodine. Les fleurs et leur langage, Kota s’intéresse assez à ces petits détails futiles pour certains, mais bien précieux pour son âme d’artiste. Il aime bien la poésie aussi bien qu’il ne se trouve aucun talent avec les mots – il essaie parfois, mais il préfère s’exprimer à travers ses crayons. « Non, j’ai une idée ! Donne-moi un thème ou quelque chose que tu aimes, et je te le dessinerai. Un cadeau pour ta gentillesse d’aujourd’hui. » Et il étire ses lèvres le gamin, le soleil dans son sourire et l’innocence dans ses yeux ; elle a été gentille avec lui et il a peut-être été chamboulé par cette rencontre aux allures banales, mais le sourire de la jeune femme restera longtemps gravé dans son esprit rêveur, au moins jusqu’à la prochaine fois.


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Re: La beauté est dans les yeux de celui qui regarde (w/ Sae Yeon) | Mer 25 Oct - 18:01
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Kota n'était qu'en première année alors que j'en étais déjà à ma sixième. Certes, j'avais sauté un an, ayant commencé l'école plus tôt, mais je me sentais soudainement beaucoup plus âgée. Il n'était qu'au début de sa jeunesse alors que moi, j'étais une jeune adulte qui terminerait ses études dans peu d'années. A son âge, j'étais déterminée et innocente, un peu comme lui. J'avais envie de prendre un nouveau départ, et je ne connaissais pas encore les difficultés de la vie adulte. En théorie, je ne les connaissais pas encore puisque je n'avais pas commencé le travail. J'étais peut-être serveuse dans un restaurant, mais ce n'était pas à plein temps. Je me demandais alors à quoi ressemblait le monde du travail lorsque l'on était pleinement intégré à l'intérieur. Décidément, je n'avais pas encore fini de grandir non plus. Je souris à sa remarque, le remerciant avec un simple mot. C'était vrai, j'étais encore jeune. Pas aussi jeune que lui, mais jeune aussi. Cinq années nous séparaient, mais entre dix-huit ans et vingt-trois ans, il y avait tout de même différence. J'étais habituée au monde universitaire alors que lui venait de l'intégrer. « Saeyeon noona », ce nom me fit sourire légèrement. J'avais l'impression qu'un enfant m'appelait. Quelqu'un qui serait à peine plus petit que moi d'un an m'appellerait aussi noona, et pourtant, je n'aurais pas l'impression de le prendre pour un enfant. Peut-être que c'était justement parce que c'était Kota. Il me donnait l'impression d'être encore un enfant, et c'était mignon.

« Bien sûr, Kota. »

Nous parlions ensuite du théâtre. Le théâtre était ce qui avait réussi à me faire échapper du monde réel et à prendre confiance à moi. Je conservais mes faiblesses, mais désormais, je les contrôlais mieux et j'étais plus sûre de moi. Bien que je ne voyais pas les couleurs, je n'en faisais plus tout un plat et j'étais plus mûre. J'avais toujours peur qu'on se moque de moi, mais si personne ne savait, personne ne se moquerait de moi. Savoir jouer un faux rôle était bien pratique pour ça. Au fond de moi, j'avais bien envie que quelqu'un me force à enlever ce masque et m'aide à prendre confiance en moi, mais j'étais aussi très bien dans ma situation actuelle. J'avais des amis, j'étais aimée, j'étais heureuse. Tout allait bien. Je lui parlai alors du théâtre, de Phèdre, etc. et de mon rêve. C'était drôle comment je me dévoilais à un simple inconnu. Mais il me mettait à l'aise, alors je ne voyais pas pourquoi je devrais rester renfermée. Je l'invitai à aller au théâtre s'il voulait me voir jouer, et il répondit qu'il le ferait. Puis, il mentionna le club. Hm... Si je pouvais l'emmener dans le club, ce serait bien. Après tout, j'aurais les cinq membres qu'il me faudrait s'il nous rejoignait. C'était une bonne idée, surtout s'il semblait intéressé par le théâtre. Un sourire malicieux rejoignit mes lèvres et je lui répondis.

« Non, il n'y a pas encore de club. En vérité, j'aimerais en créer un, mais je n'ai pas encore assez de membres. Il me manque une personne pour pouvoir soumettre le club à l'université. Si tu veux faire du théâtre, tu peux nous rejoindre. Le théâtre aide vraiment les gens timides à s'ouvrir, et à prendre confiance en soi. En plus, il te donne de la culture générale et l'occasion de rejouer des pièces célèbres à ta façon. Enfin, je vais m'arrêter là, si je commence à vanter les mérites du théâtre, je ne vais plus m'arrêter. »

Je ris doucement, puis compris qu'il n'était pas en train de sécher les cours. Il avait quand même eu un instant de réflexion. Peut-être que grâce à moi, il aurait pu se rendre compte qu'il avait cours, en ce moment. Heureusement pour lui, ce n'était pas le cas. Il reprenait dans une heure, mais en disant ça, il soupira. Les cours ne l'intéressaient pas ? Je souris à nouveau, curieuse.

« Tu n'aimes pas les cours ? »

Il me demanda ensuite de lui lire un passage de Phèdre, et je m'exécutai. Heureusement, j'eus une réflexion qui m'évita de lui gâcher le livre, et je lui en fis part. Il fut d'accord avec moi. Une nouvelle fois, je souris.

« Ils doivent avoir plusieurs exemplaires à la bibliothèque. C'est un livre connu et souvent étudié, ce serait étrange qu'ils n'en aient pas ! »

Soudain, je sentis un contact sur ma main et alors que je baissai les yeux pour voir ce que c'était, mon livre avait disparu. Je relevai mon visage vers Kota qui avait dans ses mains mon livre de Phèdre. Je fis un grand sourire, amusée. S'il avait été un voleur, il m'aurait déjà volé toutes mes affaires en une seconde vu sa rapidité à me subtiliser le livre. Je le regardai feuilleter le livre, puis acquiesçai.

« Très bien, revoyons-nous. D'ici là, j'espère que tu seras incollable sur Phèdre. »

Je souris d'un air espiègle, puis il me posa une question inattendue. Je fis une mine surprise en le regardant. Mes fleurs préférées ? Pourquoi cette question ? Alors que j'allais répondre, il reprit tout de suite la parole en énonçant son idée. Oh, il était gentil. Je souris légèrement, puis pensai à quelque chose qu'il pourrait dessiner. Ah, je savais !

« Dessine moi de la nourriture. C'est la première chose à laquelle j'ai pensé, c'est tellement savoureux la nourriture. Je te laisse carte blanche pour l'aliment que tu veux dessiner ! »

Ce serait drôle que par pur hasard il dessine mon plat favori, ou mon dessert favori. Enfin, il dessinait tellement bien que même un dessin d'un crayon me ferait plaisir.

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