Please don't hurt me

Deux jours que j’avais entendu le craquement de mes os, un son qui me réveillait en pleine nuit. La douleur avait été si forte que j’en avais pleuré. C’était un entrainement de danse comme tous les autres, comme j’avais l’habitude d’en faire chaque jour. Est-ce que j’avais fait un faux mouvement ? On m’avait dit que j’étais trop maigre et que mon corps ne supportait plus les efforts que je lui demandais. Je ne me trouvais pas mince, j’avais surtout encore quelques kilos à perdre. Et je me retrouvais dans cet hôpital avec un tuyau dans le nez pour m’obliger à m’alimenter. J’avais la nausée, je ne supportais pas cette sonde et je n’arrivais pas à faire taire la douleur dans ma jambe malgré les médicaments. Le plâtre était lourd et je ne savais pas comment m’installer dans ce lit. J’étais épuisé, je n’arrivais pas à dormir depuis que j’étais arrivé là. Et la cerise sur le gâteau ? J’allais devoir parler à un psychologue.

Je me sentais seul, je n’arrivais pas à me rendre compte de ma maigreur. Comment est-ce que j’en étais arrivé là ? A mettre ma vie en jeu ? Je voulais sortir d’ici, mais les infirmières m’avaient bien fait comprendre que je n’étais pas prêt de partir. Je devais reprendre du poids et suivre ma thérapie. Je ne comprenais pas ce qui était en train de m’arriver. Je n’avais jamais vraiment eu d’amis à cause de mon poids. Je voulais juste arrêter de passer mon temps à me faire maltraiter, à pleurer en rentrant le soir chez moi. Je n’étais jamais invité aux anniversaires, on avait sûrement peur que j’engloutisse le gâteau entier.

Il y avait les autres et il y avait mon tortionnaire en chef. Je voulais simplement sympathiser avec lui parce que je le trouvais beau et impressionnant. Il avait un charme fou qui donnait envie de le suivre, c’était peur être pour cette raison qu’il arrivait à entrainer les autres avec lui. C’était tombé sur moi. Je rasais les murs à l’école, j’essayais de me faire le plus discret possible, mais il arrivait toujours à me trouver. Je n’avais jamais rien dit ou fait pour attirer cette haine. C’était simplement gratuit. J’avais perdu beaucoup de poids à cause de lui et je me retrouvais là complètement brisé. C’était de sa faute. Je lui en voulais tellement.

Je fermais les yeux quelques secondes pour essayer de me reposer mais j’étais tellement en colère que j’en étais incapable. Je sursautais en ouvrant les yeux. Je me redressais immédiatement dans mon lit. Damon. Je sentais mon corps entier trembler de terreur.  Qu’est ce qu’il me voulait ? Je n’étais pas assez mal pour lui ? Il fallait faire encore plus. J’avais envie d’appeler à l’aide, mais aucun son ne sortait de ma bouche.