« La tête de celle qui ne voit ni ne sait rien. »  répliquai-je en rajustant mon t-shirt, dont la présence masquait heureusement la majorité des pétales sanguines qui recouvraient ma peau. Seule ma gorge rougie réchappait au tissu et trahissait encore une nuit que je voulais oublier. Naïf. La frappe fut soudaine et ma tête partit légèrement vers l'avant sous la pression sèche de sa paume. Prêt à bondir, je me tournai vers elle abruptement, avant de me figer, sidéré par son coup d'éclat et la lueur qui luisait dans ses prunelles sombres. « Qui ment ? » grondai-je entre mes lèvres serrées, un sourcil arqué sur une obsidienne noircie. « Voir quelqu'un implique avoir une relation ce qui n'est pas mon cas. » Le doigt levé en un geste accusateur, Min Ri appuya son argumentation de petits coups successifs sur les marques fleurissant sur mon cou. Ma mâchoire se durcie, au point que l'os saillit aux angles les plus sévères d'un visage contracté. Je n'avais aucune envie d'entendre les conclusions qu'elle tirait à la vue de quelques taches, conclusion d'autant plus fausse qu'elle allait à l'encontre de tout ce que je désirais et croyais. « Je ne suis qu'un homme, pas un saint Min Ri ! » La coupai-je brutalement, inconscient du fait qu'elle s'était interrompue consciemment. « Et je n'ai aucune envie d'aller plus loin. Ni même de débattre inlassablement sur des émotions que tu me prêtes alors qu'elles n'existent pas. C'était physique et ça s'est arrêté … pourquoi tu souris ? » m'indignai-je, troublé par l’espièglerie que dessinait brusquement son minois à la sérénité retrouvée. « Ne souris pas. » la menaçai-je en pinçant ses lèvres étirées, sans parvenir à effacer celui qui brillait dans ses amandes amusées. Profitant de ma confusion, elle porta la main à un des pansements placés sur ma gorge pour le retirer sèchement. « Bordel ! » grognai-je impulsivement en la lâchant et en posant la paume sur un carré de peau dévoilé. « C'est évident, cacher tout ce … vraiment ? » demandai-je sceptique en la suivant dans la chambre, les sourcils légèrement froncés. « Je ne tiens pas à savoir que ma sœur a besoin de cacher des suçons. Vraiment pas. J'ai déjà suffisamment à faire avec les miens. » maugréai-je en frottant ma paume brutalement contre ma veine. J'aurais voulu les effacer autant que les souvenirs qui pullulaient sous mes paupières. Décernant une grimace à ma jumelle taquine, je m'approchai d'elle et me laissai tomber sur le lit tandis qu'elle mettait sa pâte visqueuse sur les doigts. Je reculais imperceptiblement quand elle les approcha de ma gorge puis me raidit. « Et tu comptes en mettre également sur ta mémoire ? »