La nuit déjà bien entamée, sillonnant de façon peu sûre l’allée, je rigolais toute seule, encore sous les effets des vapeurs de l’alcool que j’avais ingurgité. Une clope à la main, le visage levé vers un ciel dont les étoiles semblaient s’être tirées, je respirais la solitude, et en même temps, la liberté. Les moments où je me retrouvais réellement seule étaient rares, tentant un maximum de les éviter, et pourtant… Ce soir, je semblais plus sereine que d’accoutumée. Sûrement l’effet des différentes choses que j’avais pris, me rendant légèrement stone. Mes pas me guidèrent alors vers un parc dans lequel je m’échouais un temps, faisant une courte sieste qui me rendit presque l’intégralité de mes sens à la normale. Soupirant, je me relevais et décidais de rentrer, l’euphorie s’étant échappée par tous les pores de ma peau telle une traîtresse. Je n’avais pas spécialement envie d’être enfermée, ni même de dormir, pourtant en cet instant, l’idée de m’entourer d’inconnus ou de flâner seule ne me plaisait guère. Alors j’abandonnais juste pour aujourd’hui. Passant la porte de mon appartement, j’y découvris ma colocataire couchée et pourtant éveillée. Avais-je fait trop de bruit ? Pas que je m’en souciais vraiment en fait. La saluant d’un mouvement de tête, j’allais en direction de la salle de bain sans dire un mot, comme d’accoutumée. Pourtant, cette fois ci, Sae Yeon ne resta pas muette, me figeant un traître instant avant qu’un sourire ne vienne étirer mes lippes, amusée. « Le début était pas trop mal, oui. » S’intéressait-elle à moi désormais ? Ou la curiosité sur mes nombreuses disparitions l’avait emporté ? Qu’importe au fond, je ne comptais pas m’étaler plus sur le sujet, ce qu’elle sembla comprendre en se détournant. Je fis un pas pour m’en aller quand soudain elle se releva, me fixant avant de prendre à nouveau la parole. « Pardon ? » Surprise, je mis un temps à comprendre ce qu’elle venait de me demander, avant d’ouvrir de grands yeux, n’étant pas sûre d’avoir réellement bien compris le sens de sa question. Pourtant, elle continua sur sa lancée, m’affirmant bien qu’elle voulait sortir avec moi, alors qu’on ne se connaissait pas. Haussant un sourcil, je finis par lâcher un léger rire, puis hochais la tête, me laissant emporter par son entrain. « Besoin de t’aérer l’esprit ? » Ça se lisait sur ses traits. Ça parfumait ses mots. Je soupirais, puis la regardais de bas en haut d’un air sceptique. « Je veux bien t’emmener quelque part, mais tu comptes y aller en pyjama ? Tu vas ruiner mon image ! » La dernière phrase avait été envoyée sur le ton de la plaisanterie, tandis que je fouillais sans gêne dans l’un de ses placards, jetant sur son lit ce qu’elle avait sûrement de plus sexy. « Allez, mets ça et on y va ! Le Kurss, ça te va ? » Enfin… Si elle ne savait pas où aller, sûrement ne connaissait-elle pas. Lui arrivait-il de s’amuser ? Je n’avais pas l’impression de l’avoir déjà vu sortir faire la fête. Une vraie vie de none ! « Arranges ta tête aussi, ce soir, on va pécho ! » Et à mon ton, on sentait bien que je ne lui laissais pas le choix.