Une fin d’après-midi de plus où je m’égarais entre les allées d’automobiles. Une errance de plus, à laisser mes yeux caresser leurs formes attrayantes, ébloui par le reflet de leur carrosserie reluisante sans oser les toucher. Il y avait des hommes timides n’osant à effleurer la peau d’une femme, pour ma part – sans aborder le sujet de mes capacités de tombeur qui n’ont pas lieu d’être momentanément, car tout clin d’œil aussi troublant serait-t-il n’aurait la faculté de faire piquer un phare à l’un de ses petits bijoux de mécanique. Et oui, il y avait simplement un bouton à enclencher pour y parvenir, à moins que… certainement, plusieurs d’entre elles étaient munies d’une commande vocale. Par curiosité, je me penchai pour admirer à travers la vitre le tableau de bord de ma séduisante voisine aux pare-chocs harmonieux. – je m’interdisais de céder au péché de ces luxueuses berlines. Un rêve de gosse, mais les rêves sont-ils fait pour être réaliser ou demeurer éternellement du registre de l’inaccessible ? Paradoxalement, je tendrais à encourager mon entourage dans la première idée, tandis que je me cantonnais à la seconde. Alors, je continuai à déambuler. Je n’avais l’air de rien, un client parmi les quelques autres vagabonds de cette heure. Mon apparence ne laissait à juger d’un manque de moyen. La tranche d’âge moyenne du jeune cadre, probablement célibataire à cause de l’absence d’alliance à mon doigt. Parce que j’étais moi-même averti à l’analyse de la clientèle, je savais que je rentrais parfaitement dans les normes de prime abord. Cependant, si aux yeux des autres amateurs en quête d’un véhicule clinquant, je me doutais bien que le propriétaire de la concession devait être en train de m’observer du coin de l’œil. Peut-être même avec une once d’exaspération. J’en culpabilisais d’autant plus au fond de moi que je me rappelais ainsi mon grand-père, mais en conséquence, la présence de ce dernier dans mes pensées me dissuadaient d’autant plus de m’abandonner à la tentation de dépenser une somme si onéreuse dans un bien aussi dérisoire qu’une luxueuse voiture. Un soupir m’échappa. Je m’imaginai pourtant bien au volant de celle-ci par exemple, goûtant au plaisir de la route pour me rendre jusqu’à la ferme de mes parents où Yeonhwa me réclamerait d’aller faire un tour. Sans doute finirait-elle par s’endormir dans son siège sur la banquette arrière tant la fluidité de conduite et le silence du moteur serait agréable. Non pas que mon véhicule actuel était à déplorer, juste… La voiture demeure symboliquement le reflet de la réussite d’un homme, c’était un fait superficiel mais bien inscrit dans les mœurs de notre société. Peut-être aussi que par le biais de ce trophée de ma percée professionnelle, j’aurais une preuve déculpabilisante de ne pouvoir garder ma propre fille avec moi, dans notre appartement, à Séoul…