Mort. Il était juste mort. Le garçon ne savait même plus où il se trouvait. Les yeux clos, la bouche entaillée, Ju Hyeon grimaçait de douleur en se tenant les côtes. L’alcool ne l’aidait pas à ne plus ressentir la douleur. Embrumé, le jeune homme se redressa avec difficulté, s’appuyant d’une main contre le mur sale. Cette ruelle était sombre et traînait à quelques mètres de ses pieds un mec qu’il n’avait pas hésité une seconde à tabasser. Il se trouvait seul, ce soir. Jae Sang n’était pas avec lui et les gars, avec lesquels il avait tendance à traîner, non plus. Il était seul, paumé, dans cette ruelle. Il fit plusieurs pas, son pied butant la chaussure du type par terre. Ju Hyeon baissa les yeux vers lui, l’entendit geindre et reprit sa route. Il ne l’avait pas assez amoché pour le tuer. Et d’un côté, il était soulagé. Il n’avait pas envie d’avoir la mort d’un type sur les mains. Quoi que… Au point où il en était, ça ne changerait pas grand-chose à sa vie qui était déjà un enfer. Le jeune homme passa sa main sur son visage et remarqua sur le bout de ses doigts des tâches rouges. Cet enfoiré ne l’avait pas loupé. Un énième soupire s’échappa de ses lèvres tandis qu’il continuait son chemin, s’appuyant toujours contre le mur jusqu’à ce qu’il sorte de la ruelle. Il n’y avait pas grand monde à l’horizon. Pas très étonnant, on était en hiver et la température baissait énormément la nuit. Au moins, frapper ce mec l’avait réchauffé mais il ne sentait plus ses mains, trop endoloris par la répétition frénétique de ses coups. Il n’avait même pas mal, juste ses côtes et son visage le faisaient se sentir encore vivants et lui arrachaient une grimace. En sortant de la ruelle, le garçon ne reconnut pas de suite le lieu. Bordel, où était-il encore allé se foutre ? Ju Hyeon ferma les yeux un court instant, histoire de réfléchir mais l’alcool dans ses veines ne l’aidait absolument pas et ses pensées étaient totalement embrouillées. « Merde. » Jura-t-il avant de plisser les yeux, pour voir un peu plus clair les gros néons rouges. Il réussit à lire l’enseigne du club et réalisa aussitôt à quel point il était loin de la faculté et du dortoir. Il ne pouvait pas rentrer à pieds, pas dans cet état. Il ne savait pas où était Jae Sang ce soir, sûrement en train de se bourrer la gueule comme lui auparavant dans la soirée. Au moins, il ne pensait pas à sa mère ni à So Jung. Il ne pensait à rien, ce monde de merde était loin actuellement. Apercevant un banc non loin, Ju Hyeon décida d’aller s’y installer tout en sortant son téléphone pour envoyer un message à Min Ah. C’était la seule qui pouvait le voir comme ça, la seule qu’il acceptait. Et il savait qu’elle allait répliquer aussitôt le message envoyé. Il eut quelques difficultés à taper sur les touches de son téléphone, son message ne voulant pas dire grand-chose mais au moins, le nom du club était clair. Le reste, absolument pas… Il se laissa tomber sur le banc et sortit de sa veste un joint qu’il s’alluma, le portant à ses lèvres pour prendre une bouffée qui lui fit le plus grand bien. Il pencha sa tête en arrière et souffla la fumée avant de reprendre une autre latte.

Je me réveillai en sursaut en sentant, à quelques centimètres de moi, mon téléphone vibrer. Il me fallut plusieurs dizaines de secondes avant de comprendre que ça ne faisait pas parti de mon rêve et quasiment autant de temps pour réussir à correctement ouvrir mes yeux pour trouver l’objet. Les yeux mi-fermés à cause de la luminosité aveuglante de l’écran, je parvins tout-de-même à lire sur l’écran de verrouillage : Ju Hyeon – 1 message. Comme si je venais de recevoir une décharge électrique, mes yeux s’ouvrirent en grand et je me jetai sur mon téléphone pour en savoir plus. Je ne parvins pas à avoir beaucoup d’information sur son texto, mais une chose était sûre : à une telle heure, s’il m’envoyait le nom d’un lieu, c’était qu’il s’y trouvait et qu’il avait absolument besoin d’aide, immédiatement. Je me fichais pas mal qu’il fasse totalement nuit et que tout le monde dorme dans la maison, l’important, c’était qu’il avait besoin d’aide, de quelqu’un et j’étais mortellement inquiète de l’état dans lequel je pouvais le trouver. La panique formait une immense boule dans ma gorge, qui m’étouffait presque, tandis que le plus discrètement possible, je pris quelques habits chauds pour m’enfermer dans la salle de bain. Mon téléphone toujours à la main afin de savoir immédiatement s’il me renvoyait un message, j’enfilai un pull et un pantalon et je me dirigeai vers la sortie, éclairée par l’écran. Si Min Soo ou nos parents adoptifs m’entendaient, ils m’interdiraient sans aucun doute de partir et c’était primordial que je lui vienne en aide. J’enfilai mes baskets, pris mon manteau, mon sac rempli du nécessaire pour les soins de premier secours et, par précaution, j’attrapai également deux écharpes. Il faisait sans aucun doute très froid dehors et je pouvais parier n’importe quoi Ju Hyeon n’était même pas chaudement habillé. Je me mordis la lèvre à sa pensée et je sortis discrètement de chez moi. Avant de rentrer le nom du lieu qu’il m’avait donné, je lui envoyai un message dans lequel je le suppliais de ne pas bouger. J’espérais qu’il était encore en état de bouger mais s’il me demandait, c’était peu probable.

Grâce aux indications de mon téléphone, je parvins à me rendre à l’endroit indiqué en une dizaine de minutes. Heureusement, ce n’était pas immensément loin d’où j’habitais – ou peut-être était-ce parce que je marchais très vite, je courais presque. Je regardai autour de moi, toujours aussi effrayée, le froid de dehors me brûlant la gorge et je l’aperçus, seul, mal en point, sur un banc. Je courus vers lui et me demandai comment il avait pu survivre dans un tel état. Son visage était amoché, il y avait tellement de sang que c’était impossible de savoir d’où démarrait exactement la plaie qui saignait et la panique que je ressentais n’améliorait rien. « Ju Hyeon, ça va ? Tu m’entends ? » Il avait ses yeux mi-ouverts et je n’avais pas besoin de me demander ce qu’il fumait et pourquoi il fumait, je le savais parfaitement. Le plus important, c’était qu’il était en vie et conscient. Ce ne fut qu’après l’avoir vu bougé que je me rendis compte que j’étais essoufflée. « Il faut de suite soigner tes plaies, tu ne peux pas rester comme ça. » Tout en disant ça, j’ouvris mon sac et je regardai ce que j’avais dedans. Je laissais toujours dedans un désinfectant et des pansements plus ou moins gros, par peur que lui ou mon frère en ait besoin un jour. À chaque fois que je les utilisais, je me remerciais d’avoir pensé à les mettre dedans.

Ju Hyeon avait beaucoup trop bu. Comme quasiment tous les soirs depuis la mort de sa mère. Il voulait juste oublier, oublier ce monde et pourquoi pas finir six pieds sous terre en ayant cherché la bagarre aux mauvais types. Mais ce ne fut pas le cas, non. Non, ce soir encore, c’était lui qui avait foutu la raclée de sa vie à un pauvre type sans nom. Il était là, toujours debout, toujours dans ce monde qu’il voulait quitter. Il n’avait aucune raison de rester, sauf peut-être deux. Jae Sang et Min Ah. Les deux seuls qui le faisaient rester en vie. Sans eux, il ne serait déjà plus de ce monde. Sans eux, il n’aurait réellement plus goût à la vie. Mais ils étaient là, toujours, à le soutenir, à le faire tenir. Le garçon repéra un banc, non loin, et commença à s’avancer vers celui-ci. Il n’était pas en état pour rentrer tout seul. Il avait du mal à tenir sur ses jambes et allait juste finir congeler. Le garçon réussit à arriver jusqu’au banc et s’assit dessus. Ju Hyeon envoya un message à Min Ah, lui indiquant le lieu où il se trouvait. Jae Sang n’était pas disponible, il devait être dans le même état que lui. La seule qui pouvait lui venir en aide, c’était bien Min Ah. Elle n’allait pas tarder à arriver et pour l’attendre et ne surtout pas tombé dans le sommeil, Ju Hyeon sortit un joint qu’il alluma difficilement, ses mains bien trop endolories. Il porta le joint à ses lèvres et en tira une bouffée qu’il souffla juste après. Ça lui fit un bien fou, le réchauffant un peu, mais pas assez. Il tremblait de froid, n’étant pas vêtu chaudement.

Il commençait à s’endormir, ses yeux se fermant petit à petit, ses paupières se faisant vraiment lourdes, quand Min Ah arriva. Il releva le visage vers elle et esquissa un sourire, qui le fit aussitôt grimacer. Il en avait oublié ses blessures. « Ouais, ça va. Super bien, même. Et toi ? Pourquoi t’as l’air toute paniquée ? Il n’y a rien de grave tu sais ? » Dit-il en penchant légèrement la tête sur le côté. « Et je ne suis pas sourd. Pas encore. Je n’ai même pas 30 ans. Tu me prends pour un vieux papy ou quoi ? » Grogna-t-il en se redressant sur le banc, portant rapidement une main à ses côtes douloureuses. « Quelles plaies ? » Demanda-t-il, se grattant la tête avant de reprendre une latte de son joint. « Ne t’en fais pas pour moi, ça va bien. » Dit-il en lui adressant un second sourire qui se transforma en grimace. Il posa sa main légèrement tâchée de sang sur celle de Min Ah, l’empêchant de fouiller dans son sac. « Arrête de t’en faire pour moi, hn ? Je te dis que ça va. Ce n’est rien, tu sais ? Juste des égratignures. Puis, je les mérite, tu ne crois pas ? So Jung, puis ma mère. Toutes les deux qui me lâchent. Il y a bien une raison à ça. » Soupira-t-il en levant la tête vers le ciel peu étoilé. Il n'avait pas l'alcool joyeux et il fallait vraiment qu'il soit au fond du trou pour ne plus penser à So Jung et sa mère. Ce qui n'était pas le cas ce soir, malgré tout ce qu'il avait ingurgité. à force, il avait développé une certaine résistance à l'alcool et le tenait plutôt bien. Il était toujours assez cohérent dans ses propos mais se morfondait beaucoup.

Je le regardais, désespérée de l’entendre parler ainsi. Non pas surprise, parce que Ju Hyeon était ainsi à chaque fois qu’il buvait trop et si je trouvais dramatique de le retrouver dans un état aussi mauvais, lui, n’y voyait aucun inconvénient. La preuve, il venait de dire lui même que ce n’était rien de grave, de simples égratignure. Je lui en foutrais, des égratignures ! S’il croyait que je n’ai pas vu ses grimaces de douleur, il me prenait pour une imbécile : je le connaissais mieux que n’importe qui. Ce qu’il disait pour ne pas inquiéter les autres et ce qu’il pensait réellement était toujours différent et peu importe combien je désirais qu’il me parle honnêtement, sans avoir peur de me paniquer, je savais qu’il était bien trop soucieux pour ça. L’imagine qu’il avait de lui – ce vilain garçon que tout le monde fuit – était tellement erronée qu’elle me donnait presque envie de le frapper pour lui remettre ses idées en place. Sauf qu’il avait sans doute était assez frappé et que ça n’avait absolument pas aider : ce n’était pas de ça dont Ju Hyeon avait besoin. Il lui fallait quelqu’un pour le soutenir, quelqu’un qui ne l’abandonnerait pas comme les deux personnes en qui il avait entièrement confiance l’ont fait. Je soupirais et le regardai dans les yeux, m’arrêtant dans mes gestes. « Si tu es encore en train de déblatérer des conneries pareilles, tu vas sans doute mieux que ce que je ne pensais. Par contre, tu as encore trop bu. » Je me redressai pour mieux lui faire face, afin d’être certaine que le message passe bien. « Ecoute-moi bien, Ju Hyeon. Tu ne mérites pas ce qui t’arrive. Tu n’as rien fait de mal et tu es une victime dans l’histoire, pas un coupable. Je ne veux plus t’entendre dire ou penser une seule fois que tu le mérites ; ni que tout va bien d’ailleurs. Ne me prends pas pour une imbécile et laisse-toi faire, je sais bien que ce ne sont pas des égratignures. » Je me remis à sortir les dernières choses nécessaires et je commençais à imbiber un coton de désinfectant, tout en continuant de parler, pour m’assurer qu’il gardait conscience. On n’était jamais trop prudent. « Je ne vais jamais arrêter de m’inquiéter pour toi, et ce peu importe combien de fois tu me le demandes. Si je pense que tu as besoin de moi, je te collerai autant que nécessaire pour que tu me laisses prendre soin de toi. Et si un jour, je découvre que tu as fait quelque chose de mal et que tu mérites d’être remis à ta place, crois-moi que je te le dirai. Sauf que moi, pour l’instant, tout ce que je vois en toi, c’est un garçon qui a été trop abandonné et qui n’a plus aucune confiance en soi. Crois-moi quand je te dis que tu mérites tout l’amour du monde, parce que c’est vrai. » Je relève la tête vers lui après avoir fini ma tâche et commence à lever ma main avec le côton. « Je vais te soigner, alors montre-moi là où ça fait le plus mal. Et ne me mens pas, je sais quand tu mens. » Chose scientifiquement impossible ; personne ne pouvait savoir exactement quand quelqu’un mentait. S’il se mettait à mentir très bien, je n’y verrai que du feu, comme tout le monde. Sauf que Ju Hyeon, comme la majorité des gens, ne pouvaient pas mentir très bien. Il y avait toujours quelques tics qui révélaient la réalité et qui le trahissait, alors je pouvais affirmer qu’à chaque fois qu’il mentait, je le savais.

Ju Hyeon n’était pas du tout dans son état normal, ce soir. Il n’était pas du genre à broyer du noir ni même à se lamenter de son sort, non. En général, il affrontait la vie comme elle venait, faisait face à ses problèmes. Cependant, quand le garçon buvait trop… Il revenait sur les moments marquants de sa vie, dont il ne s’était jamais plaint, et broyait du noir. Ce n’était pas la première fois qu’il disait que tout ça, il le méritait. Après tout, il n’était pas un saint. Il n’était pas un garçon très clean, à tremper dans l’alcool et parfois la drogue. Et puis, il se battait, souvent. Il n’était pas des plus fréquentables, et il venait à se demander pourquoi Min Ah était son amie. Pourquoi restait-elle à ses côtés ? Pourquoi ne faisait-elle pas comme les autres ? Tout le monde le lâchait, mis à part Jae Sang. Et elle. Mais forcément, ça n’allait pas tarder, non ? ça allait arriver quand il s’y attendrait le moins, c’était plus douloureux. Et tout ce qu’il méritait. Un minable comme lui, n’était pas digne d’une telle amitié.

Le garçon leva les yeux vers la jeune femme et esquissa un sourire à ses paroles. « Je t’avais dit que j’allais bien, non ? Pourquoi tu ne m’as pas cru ? » Demanda-t-il avant de se gratter l’arrière du crâne. Il avait trop bu, oui, comme quasiment tous les soirs de la semaine en ce moment. Ju Hyeon tourna son visage vers Min Ah, remarquant tout d’un coup son sérieux. Oh, ça allait chauffer pour lui. Il l’écouta attentivement, ne pipant pas un mot. « Je ne te prends pas pour une imbécile. » Dit-il en la regardant droit dans les yeux. Oh non, elle était loin d’être une imbécile. Quoi que… Elle était peut-être un peu bête de rester son ami, d’être son ange gardien. Lui qui ne méritait… Non, il se retint même de le penser. On ne savait jamais. Peut-être qu’elle avait des supers pouvoirs et pouvait lire dans ses pensées. Le garçon resta silencieux tandis que Min Ah parlait. En temps normal, il l’aurait interrompu pour lui dire qu’elle n’avait réellement pas besoin de s’en faire pour lui, qu’il était un grand garçon, qu’il pouvait s’occuper de lui, mais… il n’était pas dans un état normal, non. Il avait besoin d’elle actuellement et ses paroles le touchaient vraiment. « Merci… » Dit-il tout bas. Ça ne lui semblait pas assez pour la remercier mais Ju Hyeon n’était pas un très bon orateur et les grands discours n’étaient pas pour lui. « Au cœur. » Dit-il, très sincèrement. Il leva les yeux vers Min Ah et esquissa un faible sourire. « À l’arcade, là. » Dit-il en pointant du doigt son arcade sourcilière complètement défoncée et ensanglantée. Avant même que Min Ah ne pose son coton imbibé contre son arcade, Ju Hyeon grimaça. Il savait que ça allait piquer, et pas qu'un peu. Il serra les poings et la mâchoire, même si ça lui faisait atrocement mal.

Ju Hyeon alcoolisé comme ce soir-là, ce n’était pas quelque chose d’exceptionnel ces jours-ci. Ça faisait un certain temps que, désormais, il finissait dans de tels pitoyables et je détestais du plus profond de mon être tous ceux qui l’avaient mené jusqu’à là. Tous ceux qui le faisaient penser qu’il avait mérité d’être ainsi abandonné alors qu’il n’y avait pas un homme plus gentil intérieurement que lui. Il était rempli d’amour et d’attention mais les autres devaient avoir une certaine tendance à préférer les vrais enfoirés ou à devenir de vrais enfoirés, alors ils le laissaient de côté. D’accord, peut-être n’était-il pas devenu l’homme le plus charmant ces derniers jours, où il se droguait parfois, était bourré la plupart du temps et parfois, revenait avec de telles blessures. Ça ne faisait cependant pas de lui un homme mauvais ou qui méritait d’être blessé, ça démontrait simplement à quel point il était si bon intérieurement, que des abandons pareils l’avaient mené sur un chemin horrible. Mais sur ce chemin-là, il pouvait être sûr d’au moins une chose, quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse et même, quoi que mon frère en pense, je resterai avec lui.

Le sourire qu’il parvenait à montrer malgré son état pitoyable me désespéra d’un côté et me rassura d’un autre ; au moins, il n’était pas paralysé du visage ou je ne sus quoi d’autre. « Je ne te crois pas, parce que tu ne vas pas bien. » répondis-je d’un ton bien moins léger que le sien. S’il trouvait cette situation parfaitement légère et s’il était capable de charrier même ainsi, je n’avais pas cette force-là. Je ne pouvais pas juste sourire et plaisanter en le sachant blessé à ce point-là. Après mon discours sur combien il ne devrait pas dire ces mots-là, je soupirai en entendant sa réponse. « Alors ne me mens pas en disant que tu vas bien… je sais très bien que ça ne va pas du tout bien. Ni intérieurement, ni extérieurement. » Et c’était peut-être anodin les blessures extérieures, face à celles intérieures. Il suffisait de désinfecter et de poser un simple pansement dessus pour qu’elles soient oubliées. Mais celle qu’il avait à l’intérieur, elle saignait abondamment et je n’avais pas accès à ça pour pouvoir le désinfecter et y mettre un pansement. Ou plutôt, je savais que je n’étais pas celle qui pouvait le faire. Sauf que celle qui en avait la capacité s’en foutait. « Ne me remercie pas, j’ai l’impression de faire quelque chose d’extra-ordinaire. Alors que tout ce que je fais, c’est ce que toi tu mérites. » Je lui demandai ensuite où il avait mal et je le regardai, avec cette fois un sourire triste qui se dessina sur mon visage, après sa réponse. « Je suis désolée de ne pouvoir rien faire pour ton coeur. Pour l’instant, je peux juste soigner ton arcade... » Répondis-je, en ravalant les quelques larmes qui étaient sur le bord de mes yeux, me concentrant comme si de rie n’était sur son arcade en la désinfectant.