don't take him away from me

mia & picsou

il l’a encore vu. il a encore passé du temps avec elle et il était heureux, beaucoup trop heureux. ça te plait pas, pas du tout. tu devrais être content pour lui. tu devrais l’encourager à passer du temps avec sa sœur, mais tu n’y arrives pas. t’arrives pas à faire taire ce sentiment d’insécurité qui oppresse ton cœur à chaque fois qu’il te parle de mia. son sourire change dès qu’il mentionne sa sœur et ses yeux sont remplis d’étoiles. tu supportes pas la place qu’elle prend petit à petit dans le cœur de celui que tu aimes. c’est pas elle sa famille, c’est toi. tu devrais lui suffire et pourtant ce n’est pas le cas. elle peut lui donner tout ce que toi tu ne pourras jamais. elle a une vie stable, de l’argent et des parents. toi en comparaison, tu n’es qu’une merde de chien abandonnée sur un trottoir et cette constatation elle te fait mal. bien plus qu’elle ne le devrait. mais c’est pas ta faute, t’arrives pas à te sortir de l’idée qu’il va partir vivre avec elle, te laissant seul dans ce squat. t’as besoin de zinzin, plus que tu ne l’avoueras. c’est ton oxygène, ta boule d’énergie. sans lui, tu n’es plus que l’ombre de toi-même, un zombie qui ne vit sans but dans sa vie. parce que ton but ultime, c’est de rendre l’homme que tu aimes heureux. sauf que là, tu n’y parviens pas, parce que tu n’as pas ce qu’il faut. tu devrais donc le laisser partir et ne pas le retenir. mais tu n’arrives pas à te résoudre à le faire. tu l’as dans la peau ce gamin. il est trop ancré en toi pour que tu ne veuilles le laisser partir. jae won, tu le connais depuis que t’es petit. il a toujours été avec toi, comme les autres gamins du cirque, mais lui, maintenant, c’est particulier. maintenant que tu as admis tes sentiments pour lui, tu ne peux pas le voir partir. tu n’y survivrais pas et tu sais que tu feras une connerie. tu voudrais en parler avec quelqu’un mais tu n’as pas le courage et il est hors de question que zinzin apprenne ce qui se passe dans ta tête, il s’en voudrait sûrement et tu ne veux pas de ça. alors, tu prends la décision d’aller directement parler à sa sœur, cette femme que tu jalouses et envies en même temps. c’est avec elle que tu obtiendras les questions aux réponses que tu te poses. tu sors donc du squat sans bruit et tu te rends sur le campus de la fac. tu sais à quoi elle ressemble, jae won était trop content d’avoir un téléphone, qu’elle a bien entendu payé, et il t’a montré une photo d’elle. elle est belle, très belle même. tu comprends que la beauté c’est dans les gênes. ils partagent les mêmes gènes, mais c’est tout. ils ne sont que des étrangers l’un pour l’autre, alors que toi, tu connais zinzin par cœur. tu sais quand il ment, quand il est heureux, quand il est triste, quand il est mal à l’aise, quand il veut te dire quelque chose, quand il a faim. tu connais tout de lui et elle alors ? est-ce qu’elle sait que vous avez besoin de l’autre pour dormir ? est-ce qu’elle a remarqué son oreille pointue ? est-ce qu’elle sait différencier les différentes façons qu’il a de sourire ? sûrement pas, parce qu’elle ne l’a rencontré il y a pas longtemps, alors que toi ça fait des années que tu le connais. ça devrait te rassurer et pourtant, alors que tu continues ton chemin, t’as du mal à respirer. tes poumons se bloquent et ta vue se brouille. tu sens les larmes couler le long de tes joues et t’es obligé de t’arrêter quelques instants pour reprendre tes esprits. t’es effrayé à l’idée de le perdre à cause d’elle. tu ne veux pas qu’il quitte ta vie, jamais. tu t’installes dans un coin pour essayer de te calmer et tu ne sais pas combien de temps tu mets avant que tu puisses arriver à respirer à nouveau correctement. tu n’as jamais été aussi effrayé à l’idée de voir quelqu’un quitter ta vie que maintenant avec zinzin. c’est pour cette raison que tu as toujours fermé ton cœur à l’amour. parce que chaque fois que tu l’ouvres, on t’abandonne. tu prends une grande inspiration et t’essuies rapidement les dernières traces de larmes sur ton visage. heureusement, tu ne t’aies pas maquillé aujourd’hui. parce que tu te connais, tu sais que tu vas craquer devant elle et il est hors de question que ça coule sur ton visage. tu reprends la route vers le campus, les yeux rougis par l’eau salée de tes larmes. t’as pas l’air dans ton assiette et cette fois, tu n’attires pas les regards à cause de ton look extravagant, mais plutôt parce que t’as l’air de vouloir commettre une connerie, comme un suicide. tu sens les regards emplis de pitié sur toi et tu presses le pas avant que quelqu’un ne t’arrête. tu ne voudrais pas qu’un inconnu te stoppe pour te proposer son aide. tu serais capable de lui fondre en larmes dans les bras. t’arrives enfin sur le campus et tu te demandes à une fille qui passait par là, le chemin du gymnase. t’as fait quelques recherches sur elle quand zinzin t’as donné son prénom et nom de famille. elle est cheerleader et donc le meilleur moyen de la trouver est encore d’aller là-bas en premier. tu remercies la jeune femme et tu prends la direction du bâtiment, le cœur serré et le pas lourd. t’as pas envie de lui parler, ni même de la rencontrer. mais il le faut, sinon, tu n’arriveras pas à faire taire tes angoisses. tu aperçois un groupe de filles qui discutent allègrement venir dans ta direction et tu la reconnais parmi elles. elle est plus jolie en vrai qu’en photo. tu t’approches alors d’elles. « excusez moi. » que tu dis pour attirer leur attention. elles se retournent vers toi et tu plantes ton regard dans celui de mia parce que c’est elle qui t’intéresse, pas les autres. « t’es bien kim mi ah ? » demandes-tu même si tu sais que c’est elle. la fille de la photo et la jeune femme qui te fait face sont identiques. « on peut discuter quelques instants… » tu te doutes qu’elle ne va pas te suivre comme ça. il faut que tu lui parles de jae won, sinon elle passera sûrement simplement son chemin. « c’est à propos de jae won. » t’ajoutes sans parler du fait que tu sais qu’il est son frère. après tout, elle n’en pas peut-être pas parlé avec les filles qui l’entourent. tu tournes les talons pour trouver un endroit où t’asseoir, espérant que la jeune femme te suivra.