L’envie de rouvrir la porte qui referme son atelier. L’envie de se perdre, de se faire du mal. Nova s’est réveillé avec ses pensées dérangeantes en tête. Il ne s’y est plus rendu ces dernières semaines. Il a tenté, longtemps. Il a décroché aussi, plus souvent. Il est resté dans son lit pendant de longues minutes, attendant qu’Ashvin quitte ses draps et s’en aille. Le jeune homme va toujours en cours contrairement à lui. Parfois, le voir lui donne envie d’y retourner encore, même si cela ne servirait à rien. Il est juste une machine cassée. Inutile. Il ne raccompagne pas son amant jusqu’à la porte, il connait la sortie de lui-même depuis tous ces mots. Nova se tourne et se retourne au milieu des draps blancs, les constellations de leur dernière disputent peignant sa peau dans des nuances de bleus et de violets. Il se lève enfin, douche rapide, Nova passe l’étape du petit-déjeuner, ou du déjeuner, qu’est-ce qu’il en sait ? Il n’a aucune idée de l’heure qu’il est et son téléphone éteint depuis des jours n’y change rien. Les joies de la vie en autarcie. Finalement, c’est devant la porte de la pièce qu’il réserve à la peinture qu’il s’arrête. Il a l’impression de sentir ses phalanges brûler autour de la poignée en fer. Sentiment vif et douloureux. Il veut aller de l’avant, vraiment. Même si tout l’encourage à chuter plus bas. Il ne sait juste pas comment. Il avait presque oublié à quoi ressemblait la pièce, c’est pour cela qu’il se surprend devant le capharnaüm en face de lui. Quelques toiles brisées et de la peinture séchée partout, les pots renversés. Le parquet dans un état plus minable encore que lui. Les images lui reviennent ; ses doigts qui tremblent, sa toile qui se transforme en monstruosité et les larmes et la colère qui s’en suivent, lui font tout détruire. Il soupire. Il faudra aller en magasin.

Le taxi le pose devant l’enseigne familière, bien qu’il n’y soit plus allé depuis longtemps. Le vendeur le reconnait rapidement et lui offre un sourire, Nova répond poliment et s’engouffre déjà entre les rayons. Il connait tout par cœur, pourrait faire ses achats les yeux fermés. Une teinte après l’autre, ses bras s’alourdissent. Il lève le bras pour prendre un autre pot quand il se sent tirer par la manche, regard baissé. Une jeune fille. « Oui, bien sûr… » répondit-il rapidement, malgré la surprise. Il attrape le pot de cette main plus froide que ce à quoi il est habitué et lit la référence du pot, il lui donne alors le prix, le connaissant déjà sans besoin de chercher. « Hm… » Il n’est plus habitué à parler aux gens, du moins plus sobre. « Tu devrais prendre cette marque-là, le bleu rend mieux. » Il attrape un autre pot et le lui tend, lui montrant rapidement la différence. « Tu peins depuis longtemps ? »