A cup of tea

ft. kang theo

Septembre était une période compliquée.
Entre la reprise des cours et l’anniversaire de l’incident de Gangnam, Samran avait la sensation d’être agressé constamment par les choses du quotidien, le rendant plus inquiet et sujet aux sautes d’humeurs qu’à l’accoutumée. Il dormait aussi énormément, ce qui étonnait plus d’une personne quand il arrivait le lendemain avec des yeux rouges et des cernes sombres.
Ce n’était pas une période qui le réussissait, et heureusement, le jeune homme pouvait compter sur l’aide précieuse de ses camarades de classe qui lui prêtaient leurs cours quand il s’endormait, ou qui l'accompagnaient tous les jours jusqu’à son dortoir pour s’assurer qu’il ne s’écroule pas en chemin.

Samy avait conscience qu’après sept ans, les événements ne devraient plus autant le toucher… et pourtant, il n’arrivait pas à les sortir de la tête, ses cauchemars le poursuivant jusque dans sa vie de tous les jours.
Ce qui le faisait se sentir particulièrement mal pour son colocataire, Kang Théo, un adorable jeune homme avec qui il avait immédiatement créé des liens autour du thé et de leur passion pour le ménage.


Théo n’était pas encore rentré des cours quand Samy poussa la porte de leur chambre à 15h de l’après midi, ses bras chargés de pots de peinture et d’une large toile. Son chevalet tenait dans un coin de la pièce, bien qu’il soit plus un élément de décoration qu’autre chose, le jeune homme préférant en général peindre dans l’atelier prévu à cet effet. Aujourd’hui, cependant, le jeune homme n’avait aucune envie d’affronter le regard des autres ou de répondre à leurs questions.
Il voulait simplement se jeter à corps perdu dans une oeuvre qui lui permettrait de se changer les idées, au moins quelques heures.

Il ouvrit grand les fenêtres pour faire sortir l’odeur entêtante de la peinture, et s’installa à son tabouret, observant son tableau incomplet.
Un bas de visage se distinguait cependant, la peinture soulignant une mâchoire fine mais solide et deux lèvres pleines. Rien d’autre n’était visible sur cette peinture, et pourtant, Samran savait exactement qui était son modèle.
De frustration et de douleur, il se passa une main dans les cheveux. Voila des semaines qu’il avait commencé ce portrait, après s’être rendu compte que la mère de Yoonjoon ne se rappelait presque plus de l’apparence de son fils, dans sa démence. Il savait qu’il ne pouvait pas laisser la vieille femme oublier le visage de Yoonjoon, tel qu’il le voyait de son vivant.

C’est alors que Samran s’était rendu compte que ses propres souvenirs lui faisaient défaut. Bien évidemment, il avait des dizaines de clichés de Yoonjoon et son groupe d’amis, mais aucun ne rendait réellement justice au soleil qu’avait été son meilleur ami dans sa vie toute entière.
Quelques coups de pinceau plus tard, et une tache de peinture violette ou prune sur la joue, la porte de la chambre s’ouvrit sur Théo, qui entra dans la pièce.

Théo était un jeune homme de bonne taille et musculature, possédant encore un visage légèrement poupon et des traits fins, ainsi que l’un des sourires les plus contagieux qu’il n’avait jamais vu.
Samran lui sourit instinctivement, doucement.
“Hey… comment a été ta journée ?”