Je titube en marchant, manquant de me cogner à trois reprises sur le même poteau avant de comprendre que se pencher sur la droite n’est pas la bonne manière pour marcher droit. J’essaie de me redresser, en vain, mon estomac me fait mal à cause de l’alcool que j’ai ingurgité et, peu importe ma position, j’ai toujours autant l’impression que le sol tangue avec moi. Si ça se trouve, y’a un tremblement de terre et je suis même pas au courant parce que je crois que je suis bourré ! Oh mon dieu, faut que j’appelle Hera, si elle est blessée je vais me faire tuer et en plus je vais me tuer moi-même. Je sors mon téléphone et je le fais tomber aussitôt. Je soupire et je me rends compte que le problème vient vraiment de mon taux d’alcool, pas d’un quelconque tremblement de Terre. Je ne sais même pas vers où je marche, je n’arrive pas à regarder les maisons autour de moi pour savoir dans quel endroit je suis. Je dois me diriger vers un endroit où je dors général, c’est la seule explication… je dors où déjà, normalement ?
… chez les gumiho, non ?
…
Ah, non. C’est vrai que j’ai changé de dortoirs depuis mon retour. Il est où le dortoir des sango, même ? Ça se trouve je me dirige vers le mauvais endroit par habitude… J’ai même pas la force de savoir ça. En plus, je suis sûr que je marche depuis au moins deux heures.
Au moment je crois que ça fait déjà trois heures que je suis en train de marcher, je vois un immense bâtiment (qui bouge de droite à gauche comme un hélicoptère qui ne sait pas se poser) qui me dit vaguement quelque chose. Sans doute les sango. Je percute quelqu’un avant de rentrer et je m’apprête à m’excuser tandis que je vois qu’il a un appareil photo à la main.
Un appareil photo ?!
En pleine nuit ?!
Oh purée c’est un mec chelou ! Il vient prendre des photos des filles du dortoir ?
Attends.
Il en a après les mecs, si ça se trouve !!
Je dois prévenir les gars. Euh, mon téléphone.
Ah, oui, j’ai oublié de le ramasser plus tôt… Faut que je l’empêche de prendre des photos des gens qui dorment ! C’est quoi ce psychopathe sérieusement ? La Yonsei, ça accepte même des gros tarés comme ça ? C’est quoi cette université ! Sauf que je sais pas me battre, moi, comment je peux l’arrêter.

« Eh oh, t’es quiiii toi s’rieux ? Gros pervers c’ça ? »

J’arrive à peine à articuler, j’aurais pas dû abuser autant sur la boisson. N’empêche que j’ai peur moi, si ça se trouve il va m’agresser sur place ce gros taré.

Il était tard, dans la nuit. Il faisait terriblement sombre. A cette heure-ci, à part si c'était pour faire la fête, plus personne n'était à l'extérieur. La plupart des personnes devaient être chez elles. Un soir habituel, j'aurais fait partie de ces gens-là. Cependant, aujourd'hui, ce n'était pas le cas. Je m'ennuyais tellement, assis sur le lit dans ma chambre. Je n'avais rien à faire. Alors je m'étais levé, avec mon appareil photo, puis étais sorti. Je ne pouvais pas réellement prendre de belles photos, en vérité. Il faisait trop noir pour ça, déjà, et en plus, la lumière artificielle ne rendait jamais très bien sur les photos. J'étais sorti pour rien, mais au moins, ça m'occuperait. Je soupirai alors que je regardai les différentes photos que j'avais prises jusqu'à présent. Aucune ne m'allait. Je les supprimai toutes avant d'en reprendre. Je prenais des photos du dortoir des sangos la nuit. Après tout, il n'y avait rien d'autre à prendre. Je n'avais pas envie de m'aventurer trop loin dehors. Je n'avais pas envie de marcher trop longtemps. En plus, cette activité était uniquement pour assouvir mon ennui. Prendre des photos, c'était toujours agréable. Je fixai la mise au point, cadrant bien la scène, avant de capturer cette photo. Il y avait quelques lumières allumées, alors ça rendait bien, sur la photo. Enfin, mon appareil photo n'était pas capable de retranscrire à la perfection ce que je voyais dans la vraie vie, et il ne rendait pas très bien la lumière artificielle. Je voulais donc un nouvel appareil photo, et c'était pourquoi j'étais en train d'économiser depuis des mois. Mais ça ne suffisait toujours pas, malheureusement. J'étais en train de prendre une nouvelle photo quand un homme m'interpella.

« Eh oh, t’es quiiii toi s’rieux ? Gros pervers c’ça ? »

Je le regardai d’un air ahuri. Pardon ? Moi, un pervers ? Je ne compris pas ce qu’il voulait dire. Pourquoi est-ce que je serais un pervers ? Je me contentais de prendre des photos, seul dans mon coin... Que me voulait-il ? Je soupirai, ayant bien compris que ce jeune homme était alcoolisé. Je ne le connaissais que de vue, c’était un sango et il était pas mal connu dû à son énorme richesse et à son statut social. Je ne lui avais jamais parlé. Je n’aurais jamais pensé que la première fois que l’on se parlerait serait en pleine nuit, qu’il serait alcoolisé et qu’en plus il m’insulterait de pervers... Comme je n’avais pas envie de me mêler à lui, et qu’en plus, ce serait une perte de temps puisqu’il était bourré, je décidai de ne pas lui répondre et de reprendre mon activité précédente : la photographie. Il n’y avait pas besoin d’accorder de l’attention à des gens bourrés.

Il m’ignore ? Il me passe à côté sans même me jeter un vrai regard ? Il m’ignore moi, Nizam Iwan ! Moi, Nizam WooJin ! Comment ose t-il me faire un tel affront ? Est-ce qu’il sait qui je suis ! Je ne suis pas n’importe qui, moi ! « YAAAAAISSSH ! »  Je le rattrape d’un pas chancelant et pour ne pas tomber lors de ma dernière manœuvre, je lui prends l’épaule. Cet enfoiré est plus grand que moi, en plus ! Bref. Je le fusille d’un regard qui vacille clairement : je suis bourré, après tout. « COMMENT TU PEUX OSER M’IGNORER ! Est-ce que tu sais qui je suis ? Je suis celui qui peut foutre tes parents et tous tes potes au chômage en un clin d’oeil ! » C’est ce que j’aurais pu faire, si on était à Singapour. « J’PEUX POURRIR TA VIE ESPÈCE DE GROS PERVERS SEXUELLEMENT COMPLEXE ! » Et honnêtement, ça me fait chier de l’admettre, mais il a pas le physique à être sexuellement frustré. « Ecoute mon gars. J’comprends que t’aimes les meufs, c’est beau les meufs, ça a de belles courbes, ça jolie innocemment ; ma Hera par exemple, bordel qu’est-ce qu’elle est belle quand elle sourit. C’est un ange c’te fille. Mais !! Ne t’avise pas de la stalker mec ok ? Si tu fais ça demain t’es mort ! T’as pigé ? Hera c’est ma femme. Tu la touches pas ! » Je bouffe la moitié de mes mots et je pue sans doute l’alcool mais je m’en fous, sur l’instant. « Bref, les meufs, c’est joli mais faut pas les prendre en photo comme ça mec c’est flippant, t’es écœurant ! T’sais que si j’appelle les flics, t’es en prison là ? ET ME REGARDE PAS COMME CA OK ? » S’ils venaient vraiment, les policiers, ce serait moi qui finirait en cellule de dégrisement. Mais bon, ça, vaut mieux pas : si mon père l’apprend, je suis un homme mort. « P’tin, t’es grave flippant comme mec, tu veux pas exprimer tes sentiments sur ta gueule ? On dirait un zombie ! »
Oh mon dieu.
Et si c’était un fantôme ? Genre un fantôme qui erre dans le dortoir parce qu’il s’est suicidé à la suite d’un examen loupé ? Cette pensée me terrorise sur place, je me glacifie et je le regarde avec les sourcils froncés, afin d’être certain qu’il soit bien une matière consistante. Puis, mes mains sur ses épaules, je les mets contre son visage pour sentir la température de sa peau ; froide (bon, c’était normal, il faisait froid dehors, mais j’étais pas en capacité de le savoir ça, avec l’alcool…). « Oh…..……. Mon……………… Dieu.. » Je déglutis. Ce mec est un fantôme. Un fantôme vierge. Comme dans les films d’horreur, sauf que là c’est un gars, pas une meuf. Et c’est flippant.
Ou bien. Ou bien c'est un vampire. Qui vient sucer le sang des filles. Oh mon diiiiiiieu.

Alors que je voulais l'ignorer, l'inconnu se mit à crier. Génial. Je soupirai, déjà énervé par la situation. Je pouvais supporter ça. Je pouvais être patient, et attendre qu'il déchaîne tout son alcool sur moi sans dire un mot. Je ne voulais pas lui prêter attention, il était bourré. Une conversation avec lui serait inutile. Mais, à mon goût, il parlait beaucoup trop. Donc il était ce type de personne lorsqu'il était alcoolisé... Je ne voulais plus jamais le voir alcoolisé, alors. Il se vanta de son argent, disant qu'il pouvait réduire en néant les efforts de mes parents et de mes amis. Je savais qu'il en serait capable, beaucoup de choses se disaient à son sujet. Mais, généralement, on parlait de lui et de Hera, la présidente des gumihos. Je ne la connaissais que de vue, et je n'allais certainement pas côtoyer des personnes avec d'aussi grandes prestances. Mais sa vie m'intéressait peu, je voulais juste qu'il me laisse tranquille... Il me prenait pour un pervers. Or, prendre des photos ne voulait pas dire pervers. C'était un détail qui manqua de me faire élever la voix, mais, heureusement, doté d'un self-control important, je pus m'en retenir. Il continua sur sa lancée, parlant des femmes, de leurs courbes, alors que finalement, moi, je ne les appréciais pas tellement, les femmes, puis parla de Hera. Comme c'était étonnant... Je soupirai silencieusement, regardant un point dans le vide. J'avais hâte que ce moment se finisse. Je relevai mon regard sur lui quand il mentionna à nouveau les photos et les filles. Et même si je prenais en photo des filles, ça ne voulait pas dire que j'étais un pervers. Nous n'avions pas le droit de prendre des photos de personnes sans leur autorisation, mais si la fille était d'accord, je pouvais très bien prendre une photo d'elle et ce ne serait certainement pas pour mon plaisir sexuel. Depuis quand prendre des photos de personnes était devenu un acte sexuel ? Ce point m'énerva, mais je ne dis toujours rien. Il était alcoolisé, ça ne servait à rien de converser avec lui. Son attaque envers moi ne me fit rien non plus. Je savais que je faisais peur, à ne rien dire, à toujours regarder sans agir. J'étais ce genre de personne. Et, là, je n'avais pas envie d'agir, encore une fois. Et puis, après cette phrase-là, l'inconnu devant moi changea soudainement d'expression. Comme s'il venait de réaliser quelque chose. Cependant, vu son état, j'étais prêt à parier que ce n'était pas quelque chose de vrai. Je soupirai. Il posa ses mains contre mon visage, ce qui me fit froncer des sourcils. Mais que faisait-il ? Je m'éloignai de lui par quelques pas alors qu'il semblait horrifié.

« Vous n'êtes pas sobre. Je ne prends pas de photos de filles. Laissez-moi tranquille. »

Je ferais mieux de rentrer. Je tournai des talons, mon appareil photo en main pour rentrer au dortoir.

Je le fusillai du regard. Comment pouvait-il tourner les talons alors que moi, Nizam Iwan, je lui parlais ?! « Pff ! Pff ! » Criais-je ne me remettant bien face à lui, d’un pas chancelant, oubliant l’hypothèse qu’il soit un vampire ou un fantôme. « Comme si un pervers allait assumer ses fautes ! Comme si… ! » je réfléchis quelques secondes, ayant oublié ce que je désirais dire. « Comme si un vampire allait dire que c’en est un ! Je n’ai jamais vu dans les séries un vampire admettre seul son identité ! Dans Twilight par exemple… » Je n’avais pas vu Twilight. « Bref ! » Mais c’était pas important, moi, je me comprenais. « Le fait est que je vais protéger l’université ! Je vais devenir un héro ! Hahahahah ! » Fou-rire inexplicable ; sans doute l’alcool. « Je vais protéger tout le monde ici d’un vampire psychopathe assoiffé du sang de nos belles demoiselles ! » Quand je pense que j’ai parlé à un gros taré de ma Hera… ma belle Hera… « Si tu comptes faire un pas de plus… ! Tu auras à faire à moi ! » Ce qui n’était pas une tâche bien compliquée, mes capacités en combat étaient parfaitement limitées. Seulement, il n’avait pas l’air beaucoup plus costaud non plus. C’était une force égale – mais au pire, je savais très bien fuir. En étant sobre en tout cas, je savais très bien fuir. « Si vous pensez que l’alcool est un argument pour me passer à côté ! Ha ! Le célèbre WooJin, sobre ou non, reste un être supérieur ! Un être parfaitement digne de ses actes ! Et son acte actuel, et héroïque en soit, c’est protéger l’université ! » Je levai mes bras soudainement, un air sévère, énervé et badass sur le visage. « VOUS NE PASSEREZ PAS !!!! » Hurlai-je, comprenant ma référence. Tant pis pour les bâtons inexistants dans mes mains, avec un peu d’imagination, ça passait crème. On n’était pas à ça près non plus !

Encore une fois, il me rattrapa. Je poussai un long soupir, exténué de son comportement. Je voulais vraiment m'enfuir le plus vite possible pour l'éviter. Ma patience était très bonne, mais elle avait ses limites. Je l'écoutai alors d'une oreille dire tout et n'importe quoi. Je ne le regardais même plus, je regardais tout simplement ce qu'il y avait derrière lui : le dortoir. Une fois que je serais à l'intérieur, je m'enfermerais dans ma chambre et j'irais tout de suite dormir pour ne pas risquer de le voir à nouveau. Je n'aurais peut-être pas dû sortir. Comment aurais-je pu savoir en même temps qu'un fou me prendrait pour un pervers vampire ? Quelque chose n'allait pas bien, dans sa tête. Soudainement, il leva ses bras. Qu'est-ce qu'il faisait encore ? C'est quand il prononça la fameuse phrase tirée du Seigneur des anneaux que je compris ce qu'il avait voulu faire. Ahahaha, très drôle. Je n'eus aucune réaction particulière sur le visage avant de soupirer, et de le pousser pour qu'il me libère le passage. Ce n'était pas dans mes habitudes de faire ça, mais je sentais bien que c'était la seule façon pour moi de me débarrasser de lui. Je me tournai vers lui une fois que je m'étais éloigné de quelques pas, et que je me rapprochais enfin du dortoir.

« Et si, je passe. Au revoir. »

Puis je me tournai à nouveau, et continuai à me diriger vers le dortoir. S'il me laissait toujours pas tranquille, ma seule solution serait de courir. Je n'avais pas voulu en venir jusque là, mais s'il le fallait... Je le ferais.

Comment ça il passait ? Mais c’était qui ce mec, il ne connaissait même pas la référence ? Il n’était pas supposé réagir comme ça ; répondre comme ça ; passer comme ça ! Non mais c’était pas possible, les vampires ne connaissaient même pas ce genre de choses ?
Les vampires !
Mon dieu ! C’est vrai que ce mec était un vampire ! Je ne devais pas rester comme ça, en train de lui chercher des ennuis. Je n’allais sûrement pas rentrer vivant ce soir… mais l’alcool s’en foutait, de ça ! J’étais un héro, j’étais Nizam Iwan, j’allais sauver la planète Terre d’un être malveillant et je mourrai avec des acclamations ! C’étaient les idées que m’envoyait l’alcool et ça m’arrangeait bien de les croire, sur le moment. Du coup, je le rattrapai et je me replaçai devant lui, les bras toujours levés en l’air comme un imbécile puisque j’avais oublié ma position et je le fusillai du regard. « Je ne te laisserai pas passer. Tu ne tueras aucune fille, tu ne suceras aucun sang tant que je serai vivant ! » Raaah, quelle phrase héroïque ! J’étais vraiment né pour accomplir de grandes choses. Si Hera apprenait ce que je faisais, elle sauterait dans mes bras et je verrais la face décapitée de Hyeon. « Tu es un héro, Iwan ! » Dirait-elle les larmes aux yeux, émue, en m’embrassant.
Dommage que Hera ne soit pas du tout le style à réagir de cette façon.
Dommage aussi que mon scénario suppose que je meurs après avoir confronté le vampire…
Rah, dommage. J’étais pourtant un vrai héro et tout héro a une héroïne ! « J’ai des super-pouvoirs moi aussi ! » Je n’en avais pas. Mais c’était pas grave, on n’était pas à ça près, non ? Avec un peu d’imagination, ça passait crème…

Bien sûr, si tout se serait fini là, ç'aurait été vraiment trop beau. Je poussai un énième soupir alors que je le revis entrer dans mon champ de vision. Je savais que ce moment aurait une fin, et que je n'avais juste qu'à le supporter. Mais bien que j'aie une bonne patience, s'il continuait à se mettre dans mon chemin, je n'aurais plus la patience de ne rien faire. Il avait l'air tellement ridicule, ainsi. Les bras levés comme la célèbre référence, il ne lui manquait plus que le bâton magique, la barbe, le costume... Je me demandais à quoi il ressemblerait avec cet accoutrement... Il sortit une phrase digne d'un héros de dessin-animé. Il pensait que j'étais un vampire qui venait sucer le sang des filles... Génial. J'évitais à tout prix les filles, et pourtant, j'étais là pour tuer ou mater les filles. En même temps, les alcooliques avaient une vision particulière du monde... Il déclara ensuite qu'il avait des super-pouvoirs. Hm, il était totalement bourré. Je n'avais pas du tout envie de lui répondre. Mais est-ce que j'avais le choix ? Je supposai que non. Si lui mettre des stops ne marchait pas, je supposai qu'il fallait que j'aille dans son sens. Est-ce que ça allait marcher ? Il n'y avait qu'à tester. Au pire, je n'aurais qu'à faire semblant d'être un vrai vampire, et il me laissera tranquille.

« Montrez-les moi, dans ce cas. »

Et j'attendis devant lui, le regardant d'un air ennuyé. Mon appareil photo était autour de mon cou, et je le tenais toujours dans mes mains. Si j'avais été quelqu'un de mauvais, je l'aurais déjà mitraillé de photos pour montrer ça à tout le monde le lendemain. Mais je n'étais pas comme ça. Il en avait, de la chance.

Ah. Lui montrer mes super-pouvoirs ? Je suis pris au dépourvu là. Qu’est-ce qui lui prend ? Jusqu’à maintenant il cherchait à me fuir et il s’en foutait de ce que je disais, il ne me croyait pas une seule seconde alors pourquoi, au moment où je mens, pile poil à ce moment-là, il décide de donner du poids à mes paroles ? Il a compris que je mentais c’est ça ?! Ouais !! Les vampires, ça doit bien avoir ce pouvoir-là… savoir quand on ment…. raaaah ! Et dire que je n’ai fait que lui balancer des mensonges jusqu’à maintenant, c’est grave flippant… Il va pas me tuer pour lui avoir menti, au moins ? Enfin quoi que… c’est clairement probable… oh mon dieu… je vais mourir ? Je me mords la lèvre à cette idée.
Non. Je ne vais pas mourir. Je vais lui montrer qu’il a tort : que je ne lui mens pas. Je vais lui montrer mes super-pouvoirs ! Mais le quel ? Ou plutôt, comment ? C’est possible de montrer quelque chose qu’on n’a pas ? Je me mords la lèvre encore plus fort.
Attends.
Faut pas que je me morde la lèvre, comme ça. Si du sang coule…
Il va me dévorer.
Je déglutis difficilement et je lui jette un regard exprimant toutes mes craintes actuelles. Je tends mon doigt au loin, et je fais une expression concentrée, comme si je désirais faire apparaître un truc à l’endroit que je montre. Je fais ensuite une expression ébahie. « Regarde ! Regarde la boule de feu que j’ai créée ! » Je cris ça et j’espère du plus profond de mon coeur qu’il va tourner la tête vers là-bas. En attendant, je me retourne et je me barre en courant en direction des dortoirs. Je vois que le monde tourne autour de moi et au bout de quelques mètres, je trébuche par terre. En priant qu’il ne l’ait pas vu ou qu’il ne vienne pas vers moi, je me relève tant bien que mal et j’essaie de partir, essoufflé, avec un pas titubant et un coeur qui bat super vite, à cause de la peur.