« Soo ? Qu'est-ce qu'il est chiant ! Toujours à traîner dans mes pattes, à me faire des farces et à m’appeler sa petite maman quand je lui fais la morale. Heureusement que je ne me laisse pas faire et lui rend toujours la monnaie de sa pièce. » - Témoignage de sa grande soeur.
« Hyun Soo je l'aime bien, mais... de loin. Il a trop d'énergie à revendre, c'est presque impossible de le suivre. Il fait beaucoup de sport pour se défouler, mais ça n'a pas de très grands résultats. Et même quand il parle, il va à cent à l’heure, pire qu’une fusée, on a limite l’impression qu’il est dans une autre dimension. » - Témoignage d'un de ses camarades de classe du lycée.
« Cet enfoiré a fait courir une rumeur selon laquelle j'aurai déjà couché pour de l'argent. Depuis, je reçois sans arrête des appels et des propositions salaces ! Et le pire, c’est qu’il fuit sans cesse, il s’échappe plus facilement que de l’eau. J'vous jure, ce type j'le coince j'le démonte. » - Témoignage d'une anonyme.

Vous l'aurez compris, Soo est tout sauf facile à vivre. Hyperactif depuis sa naissance, même s'il a fait de très grands progrès, il continue à faire preuve d'énormément d'énergie et de vivacité. Son cerveau carbure en permanence, entraînant non seulement une grande impulsivité, un trouble de l'attention, mais également de fréquentes crises d'insomnies. Même s'il fait du sport tous les jours, il n'arrive jamais à dormir plus de six heures, sauf exceptions, et le pire, c'est que même la fatigue n'arrive pas à le calmer.
Ajoutez à cela le fait qu'il est extrêmement bavard. Une vraie pipelette. Sa langue est même plus rapide que ses pensées, si bien qu'il peut passer d'un sujet à un autre, sans aucune transition et sans même prévenir. C'est à cause de ça qu'il est autant commère. Les ragots, il aime ça, et il sait se montrer créatif. Il faut bien qu'il trouve des sujets de conversation après tout ! Alors il joue les fouines, il laisse ses oreilles traîner, il observe tout, toujours, et puis il s'engage à propager toutes les rumeurs, vraies ou fausses, histoire d'en faire profiter les autres. Quelle âme généreuse n'est-ce pas ? Les gens le prennent pour un infecte enfoiré à cause de moi, néanmoins la plupart du temps il ne fait pas ça avec de mauvaises pensées, juste pour faire souffrir l'autre. Non, en vérité, c'est devenu une habitude de vie comme se brosser les dents matin et soir ou jeter un coup d'oeil toutes les cinq minutes à son téléphone.

Tu sais pas pourquoi mais un jour t'es né, comme ça. T'as débarqué sans prévenir. T'étais bien dans le ventre de ta mère, mais pas suffisamment apparemment, parce que t'en es sorti avec deux semaines d'avance. C'était la course chez toi, tout n'avait pas encore été prévu, mais toi tu t'en fichais, t'étais un bébé, tu te contentais de vivre et pleurer. Et puis t'as dû grandir. On t'a pas donné le choix, on t'a forcé, mais c'était pas grave. Parce que t'étais pressé de grandir. T'étais pressé de découvrir le monde. Véritable pile électrique, dès que t'as eu l'âge de te tenir debout, tu courrais partout. Ton cerveau marchait à vitesse grand V, personne arrivait à te suivre, mais c'était pas grave, t'étais bien, t'avançais, tu te lançais pour de bon dans ta petite vie.

▬ SOO C'EST QUOI CA ?! Viens ici immédiatement !
Ouais, t'avais vieilli, t'avais vieilli pour de bon. T'étais toujours aussi insupportable qu'avant, mais t'avais plus l'excuse de l'enfance, alors tu te prenais tout en pleine poire. Ta soeur, surtout, elle t'en voulait. T'étais déjà une vraie fouine à cette époque, t'avais trouvé son journal intime, tu l'avais lu, elle l'avait vu, et maintenant tu te prenais une raclée. Pas qu'elle ose vraiment te frapper, non, mis elle t'en a jetée des objets. Et puis elle est vite passée à la vitesse supérieure, elle a commencé à se venger. Tu te rappelleras toujours de ce jour, t'avais huit ans, t'étais innocent, quoique véritablement intenable. T'avais rien demandé ce jour-là. Tout ce que t'avais fait, c'était crier sur tous les toits que ta soeur avait un amoureux. Et voilà qu'elle t'a sauté dessus, t'a empoigné, et déguisé en fille. Quand tu t'es vu dans le miroir, t'as halluciné, t'y croyais pas. T'étais beau en fillette, mais t'en revenais pas qu'elle aie osé faire ça. Alors depuis c'était la guerre. Tes parents avaient toujours eu du mal avec toi. Ils t'aimaient, c'était pas la question, mais t'étais trop ingérable pour eux. Alors ils prenaient toujours de la partie de celle que t'appelais la "vieille sorcière" et trois jours par semaine tu te retrouvais à appeler ta grand-mère en pleurant sur ton aînée si diabolique.

▬ Eh, tu savais que...
Le collège, c'était pas facile au début. Personne arrivait à te suivre, la plupart du temps tu restais seul avec toi-même. Oh bien sûr t'allais souvent vers les autres, mais tu prenais compte de leur lenteur seulement quand t'étais loin devant. Tu ne savais pas comment t'intégrer, t'avais peur de rester seul, alors tu cherchais des sujets de conversations. Et c'est là que t'as eu cette idée. T'as commence à propager des rumeurs. Et ça a marché. Tu pouvais passer des heures et des heures à parler avec tes camarades en crachant sur le dos de quelqu'un d'autre. T'es rapidement devenu la petite star du collège. Tout le monde venait te voir, que ce soit pour faire la commère avec toi ou pour t'accuser d'avoir lancé telle ou telle rumeur. Mais au fond, en-dehors de ça, t'existais pas. Personne se souciait vraiment de toi, t'aurai pu partir sans prévenir que rien n'aurai changé. Et ça te rendait triste. Mais tu te changeais les idées en jouant encore plus la fouine. C'était comme ça que tu noyais ton chagrin.

▬ Je crois que je t'aime...
Ton coeur battait à 200 kilomètre à l'heure. Tu tremblais, la tête basse, n'osant pas fixer dans les yeux celle que tu aimais. Elle avait toujours été gentille avec toi. Elle n'avait pas peur de ton côté hyperactif, au contraire, elle trouvait ça attachant. Et fascinant. Elle prenait soin de toi, elle te parlait souvent, plaisantait avec toi. C'était la seule que tu fréquentais autant. Et t'étais tombé amoureux. Sauf que ce n'était pas réciproque. Elle t'a doucement relevé la tête, avant de t'expliquer clairement qu'elle t'appréciait beaucoup, mais que ça n'allait pas plus loin. Tu t'y attendais, mais la douleur fut atroce. Alors t'es parti. T'as fui, sans regarder derrière toi. T'es directement rentré chez toi et t'es pas retourné au lycée de toute la semaine. Pourtant elle continuait de t'attirer, t'étais comme un papillon prisonnier de sa lumière. Alors t'as fini par revenir. En te voyant, elle t'a sourie. Elle t'a pris dans ses bras en te disant à quel point elle était heureuse de te voir. Elle ne voulait pas te laisser, t'étais son ami. Elle ne se rendait pas compte comme tu souffrais à cause des chaînes qui te reliaient à elle.

▬ Pourquoi je devrais aller à la fac ? Les cours, c'est une torture.
Yonsei. c'était le mot que tes parents te répétaient encore et encore et encore. Mais toi tu voulais pas y aller. T'étais pas fait pour les études. Pourtant ils ont insisté. Même ta soeur s'y est mise. Et t'as fini par craqué. Pour eux t'étais un cas perdu, ils savaient pas quoi faire de toi, alors ils t'ont envoyé en STAPS. Mais t'as arrêté au bout d'un an. Les sciences, c'était pas fait pour toi. Par contre t'avais un objectif. Tu voulais devenir paparazzi. Y avait rien qui te correspondait mieux que ça, t'étais fait pour ce métier. T'étais bon pour rien d'autre à vrai dire. Sauf que tes parents voulaient que tu restes à la fac. T'aurai bien aimé faire une école de photographie, mais tu pouvais pas le dire à tes parents, ils auraient probablement fait un arrêt cardiaque en entendant le métier que tu voulais faire. Alors à la place tu leur as dit que tu voulais être journaliste. Et tu t'es orienté vers des études le permettant.