Young and beautiful

My one and only savior

Samran était terrifié. Voila plusieurs dizaines de minutes qu’il se trouvait dans sa chambre, à essayer tenues sur tenues qui lui sembleraient appropriées pour une soirée mondaine. Bien sur, sa grand mère, qui avait toujours trouvé son aversion pour ce genre d'événements incompréhensibles, avait toujours gardé quelques costumes pour des occasions comme celles ci. Malheureusement, aucun ne lui convenaient. Les cravates étaient trop serrées et l’étouffaient, les manches des trois costumes remontaient légèrement sur ses poignets, témoignant de leur âge avancé.
Finalement, il avait laissé tombé cette idée, et avait trouvé une chemise bleue qui était heureusement repassée, et son seul jean qui n’était pas troué ou couverts de taches de peinture.

Cela ne semblait pas plaire suffisamment à sa grand mère, qui, parée de sa robe noire, il fit un regard désapprobateur, claquant la langue, mais abandonnant finalement l’idée de le faire entrer dans ses costumes de chaebol, elle lui fourra un noeud papillon bleu marine dans les mains.
“Mets ça, et qu'ça saute !”
On ne dit évidemment pas non à Mama Kim, et le jeune homme finit par décider que le noeud papillon s’accordait bien avec le reste de sa tenue et avec ses cheveux noirs lui tombant légèrement sur le front, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

Puis le klaxon du chauffeur le rappela à la raison, et il dévala l’escalier pour rejoindre sa grand mère qui grommelait sans doute des insanités sur son petit fils et sa facheuse habitude d’être en retard.
Le jeune homme était en vérité terrifié. Ce n’était évidemment pas la première fois que son art avait été admiré en exposition. Cependant, ces expositions avaient été plus petites et plus intimes. Il avait été entouré de ses amis et de véritables amateurs d’art. Mais cette soirée, c’était l’idée de sa grand mère avant tout, et il savait parfaitement que la salle serait remplie de mécènes n’y connaissant pas grand chose en peinture mais prêts à sortir leur chèque pour certaines de ses toiles.

Et le jeune homme devait l’avouer, l’argent n’était pas une chose qu’il allait refuser, même si il ne manquait de rien. Malheureusement, la peinture était un métier coûtant extrêmement cher en matériaux, et si il voulait continuer à faire des ateliers bénévolement dans toute la ville, “comme un bon samaritain” (courtoisie de sa grand mère), alors il allait avoir besoin d’argent pour les financer.
C’était pour cela que le jeune homme avait fini par se résoudre à accepter cette proposition. Mais surtout à demander de l’aide. Une aide bienvenue quand on sait que Samran n’était pas doué dans les situations sociales, quelles qu’elles soient, et en particulier quand les personnes qu’il cotoyaient jouaient avec les millions tous les jours.

Il inspira et sortit son portable de sa poche.

To : Nara. a écrit:Ou est ce que tu es ? Ma grand mère est à deux doigts de m’étriper si je ne rentre pas. Tu auras ma mort sur ta conscience !

Tremblant de froid devant la galerie, il scruta la rue à la recherche de sa sauveuse, qui commençait à être bien plus que raisonnablement en retard.

   

Young and beautiful

My one and only savior

La grand mère de Samran était une chaebol telle qu’on les imagine dans les films : mariée très jeune pour satisfaire ses parents qui désiraient une union rapide et avantageuse, elle avait fait ce choix pour avoir la possibilité de poursuivre de longues études et devenir médecin. C’était une femme forte qui avait fait un choix difficile dans un monde qui n’était pas forcément facile pour les femmes.
Celle ci avait certains principes, et l’un d’entre eux était un mariage jeune pour que son petit fils aie une situation stable et une femme aimante.
Ca partait donc d’une bonne intention quand celle ci avait fait entrer la très flamboyante Nara dans sa vie. Une femme de bonne famille, ayant de la conversation et pouvant comprendre son statut d’étranger dans la grande ville de Séoul.

Ce que sa grand mère ne savait pas encore : c’était que Samran n’était pas attiré par l’idée d’une relation, et encore moins avec une femme.
Sa rencontre avec Nara, bien qu’elle lui valut une amie fidèle, n’était pas la rencontre providencielle que sa grand mère avait espéré, et elle avait finalement accepté de laisser Samran choisir, ou non, de fréquenter quelqu’un. Quelqu’un qu’elle n’aurait pas choisi.

Parfois, cependant, il regrettait sérieusement ses choix de vie, comme le choix qu’il avait fait d’inviter Nara à cette exposition, par exemple. Celle ci avait du retard, et Samran pouvait sentir sa grand mère percer des trous dans saon crâne depuis le hall d’exposition. Mais le thailandais ne pouvait simplement pas entrer sans sa cavalière et son seul soutien.
Soutien qui arrivait heureusement au bout de la rue. Elle était évidemment magnifique, comme toujours : contrairement à lui, elle semblait parfaitement à l’aise dans ce genre d’ambiance…

Ce qui était une bonne chose, en soit. Il l’avait justement invité pour ça.

« sympa ton petit noeud pap', je t'avais jamais vu comme ça. » Le jeune homme rougit violemment et plaqua sa main sur son noeud papillon, l’air renfrogné. “Arrêtes, j’ai l’air idiot…” fit en faisant la moue. “Toi tu es superbe !” fit t’il, presque jaloux. Ou qu’elle aille, elle semblait flotter avec aise.
« enfin désolée du retard, faut pas m'en vouloir... d'ailleurs t'as l'air d'avoir froid, on rentre ? Ça se passe bien à l'intérieur ? »
Le jeune homme leva les yeux au ciel parce qu’il savait exactement ce qu’elle faisait. Mais il était bien trop stressé et avait bien trop froid pour continuer à lui faire la leçon. Il se contenta de lui offrir son bras et de l'entraîner à l’intérieur de la salle d’exposition. “Ca a l’air.” marmonna t’il. “Ma grand mère était furieuse que je refuse d’entrer. Sérieusement, Nara, j’ai besoin de toi. Je vais forcément passer pour un idiot.”

L’endroit était très élégant, comme lui avait promis sa grand mère. Ses peintures étaient soigneusement exposées dans une grande salle avec des hauts plafonds à moulures, et avec le genre de parquet qui donnaient l’impression de se retrouver propulsés au château de Versailles.
Des dizaines de couples étaient déjà présent, un verre de cocktail à la main, et discutant autour des tableaux comme si ils savaient quelque chose sur ses choix artistiques. Sa grand mère les intercepta dans l’entrée en sifflant.

“Ah, enfin vous voila !” Elle s’adoucit relativement en voyant Nara. “Nara, ma chère, merci d’être venue, comment vont tes parents ?”

   

Young and beautiful

My one and only savior

Samran avait toujours été un jeune homme très timide, et refermé sur lui même. Il avait beau avoir toujours vécu dans un univers de réceptions et de luxe, mais dès sa tendre jeunesse, ses parents avaient compris que Samran n’était pas le genre d’enfant que l’on peut présenter comme un trophée, et avaient arrêté de l’emmener à leurs soirées. Sa grand mère était moins mondaine que ses parents, avec son travail qui lui prenait tout son temps, mais elle n’avait pas abandonné l’idée de faire de son fils le célibataire le plus couru de Séoul.

Samran s’avait qu’elle faisait tout ça en partie parce qu’elle s’inquiétait pour lui, elle s’inquiétait parce qu’il s’était refermé depuis l’incident, passant son temps seul avec ses peintures, ou avec les quelques amis qu’il avait pu se faire (il se souvenait encore de la tête qu’elle avait fait en rencontrant Caden. C’était mauvais, très mauvais), et ses cousins et cousines.
Elle avait peur de le voir arrêter de s’occuper de lui même si elle venait à disparaitre, et Samran trouvait que c’était adorable, réellement. Mais il ne voulait faire de mal à personne, alors après le rendez vous foireux pas si foireux avec Nara, il avait du se résoudre à demander à sa grand mère d’arrêter les frais « arrête de dire des bêtises Samran puis si je le pensais que ça t'allait pas, je te l'aurais dis ! et merci pour le compliment, il ne faut pas que je fasse tache à côté de toi. »

Samran ne serait jamais assez reconnaissant d’avoir rencontré Nara, même au travers des tentatives désespérées de sa grand mère pour lui trouver une femme avec qui passer le reste de sa vie. La jeune femme était tout ce qu’il n’était pas : charmante, forte, confidente. A coté d’elle, il avait la sensation de n’être qu’un grand pantin déguingandé. Mais son sourire et ses quelques mots rassurants avaient eu l’effet de détendre un peu ses épaules. Il finit par lui rendre son sourire, même si il se sentait plus au bord de la crise de panique qu’autre chose.

« Reste détendu, tu passeras pas pour un idiot. Au contraire, c'est une exposition et c'est toi qui gère. Ce sont tes oeuvres, une fois que tu seras dedans, tu oublieras complètement le lieu. T'es un artiste Samran, et doué, donc garde ça e tête. » Samran finit par hocher la tête, se mordillant la lèvre nerveusement en voyant l’endroit de l’exposition se dessiner sous les épais rideaux de velours. C’était vrai. Il était l’artiste, et tous ses gens étaient là en partie à cause de sa grand mère mais aussi parce qu’ils avaient aimé ses peintures. Il allait y arriver. “D’accord, merci. Je vais essayer. Tu restes avec moi, hm ?” demanda t’il nerveusement en serrant légèrement son bras, alors que sa grand mère, complètement dans son élément, contrairement à lui, s’approcher d’eux.

« ils vont bien, merci. Et vous comment allez-vous ? » La grand mère de Samran était heureusement facile à satisfaire, en partie parce qu’elle avait eut un vrai coup de coeur pour son ancien choix pour son petit fils. Il savait qu’au fond d’elle, elle espérait toujours le voir changer d’avis. Ce qui n’arriverait pas.
“Très bien, merci ma chérie.” fit t’elle, tout sourire, avant de se tourner vers Samran. “Mon chéri, Samran, ca fait une demie heure que les Kang t’attendent.”
« C'est moi qui vous remercie. J'ai hâte de pouvoir apprécier les oeuvres de Samran. »
Samran sourit doucement à Nara, un sourire sincère, qui illuminait tout son visage et faisait plisser ses yeux. Ils étaient rares, mais beaucoup d’entre eux lui étaient destinés. Il hocha la tête vers sa grand mère, et il entraina Nara vers les Kang, qui étaient un mari et une femme particulièrement riches au nez allongé, comme deux énormes souris.

Et la jeune femme avait raison. Parler de ses peintures lui permettait de prendre énormément d’assurance, en particulier quand ils s’arrêtèrent devant sa peinture préférée, une peinture représentant un ciel étoilé et une vieille Sedan rouillée, a la prise du temps dans un champ paisible.
C’est à ce moment là que vinrent les questions gênantes.
“On m’a dit que cette peinture avait été inspiré par l’incident de l’ancienne sucrerie, il y a sept ans.” “vous y étiez ?” “ca a du être horrible…” “On m’a dit que c’était des voyous qui ont fait exploser l’endroit.” “Ne dites pas de bêtises, chéri.”
Quand il explosa, les Kang ne s’y attendaient certainement pas. “Ca suffit !” s’exclama t’il, sa voix se brisant sous le coup de l’émotion. Il se rendit alors soudainement compte que ses yeux s’étaient remplis de larmes, et il les frotta rapidement.

“Pardon. J’ai besoin...J’ai besoin d’une pause.” Il lanca un regard désolé à Nara, qui devait elle aussi être perdue, et se précipita vers le buffet.