14 ans. tu claques la porte sans te retenir, tu as du mal à retenir tes larmes. tu avais tout fait, tout essayé pour qu'il soit fier de toi, mais rien, c'était toujours que pour elle ! il n'avait de yeux que pour ta soeur, la sublime et parfaite bo mi ! venez admirer le bijou de la famille, la fille modèle, celle qui a toujours voulu et qu'il a eu. et toi alors ? tu venais faire quoi dans cette histoire ? tu n'arriverais jamais à la hauteur de ta soeur. tu te jettes sur le lit, laissant finalement les torrents de larmes qui menaçaient de t'emporter couler. tu cries, tu hurles ta peine mais rien... juste le silence, et l'impression de ne pas être à ta place ici. tu n’entends pas la porte s'ouvrir, tu sens juste les bras qui t’entourent, ta mère qui te love contre elle, murmurant des mots doux à ton oreille, te berçant dans ses bras. elle te dit que ça va aller, elle panse tes plaies, mais les blessures de ton coeur d'enfant, causées par un père aveuglé par ta soeur aînée, qui pourraient les soigner ?

18 ans. tu jettes un coup d'oeil par dessus ton épaule, regardant derrière toi à plusieurs reprises. tu ne sais pas si c'est une bonne idée, peut-être que tu allais rencontrer si ça se trouve un serial killer et que tu ne le savais même pas. tu étais nerveuse et pourtant, il y avait ce sentiment, cette excitation à l'idée de jouer avec la légalité. tu tenais les papiers entre tes mains, les toutes premières fausses pièces d'identités que tu avais faites. c'était la première fois que tu jouais autant avec le feu, avec l'autorité. tu te contentais de simples piratages ici et là, du moins jusqu'à maintenant. un message que tu avais reçu un soir, alors que tu venais de mettre la main sur des données confidentielles concernant le possible futur mari de ta soeur. pas que tu étais méfiante, mais s'il allait rejoindre la famille, il fallait que tu saches tout de lui. un simple message mais avec une demande particulière, des faux papiers. tu n'avais jamais fait ça, tu hésitas longuement, et puis la curiosité qui l'emporte. ton premier contrat, un pion que tu avances sur l'échiquier pour défier ton père.

20 ans. tu accélères le pas, te retenant de regarder derrière toi, tu savais qu'ils étaient là, cachés quelque part. dès que tu les avais vu au loin, tu avais fait demi-tour. tu savais que c'était une mauvaise idée et pourtant tu étais venue. ce mec n'était pas claire, c'était même l'un des gros patrons de la partie sombre de la ville. tu avais voulu jouer aux filles sans peurs, qui savent ce qu'elles font, et te voilà à fuir comme une biche devant une prédateur. des voix qui se rapprochent, ton coeur qui cogne dans ta poitrine à l'idée de ce qu'ils pourraient te faire s'ils te mettaient la main dessus. tu tournes au coin de la rue, apercevant les lettres lumineuses d'un club, tu ne perds pas de temps, ouvrant la porte de derrière en trifouillant la serrure et entrant sans demander ton reste. tu te caches dans la première pièce, tombant nez à nez avec une jeune femme qui semblait tout aussi surprise que toi. tes yeux qui parcourent sa tenue, tu sens le rouge te monter aux joues mais ses couleurs te quittent tout aussi vite quand tu les entends. tu la supplies du regard, de t'aider. et c'est ce qu'elle a fait. elle était ta sauveuse. celle qui deviendra ton petit ange démoniaque. malia.

22 ans. tu sais qu'il est là, qu'il observe depuis la fenêtre, il le fait toujours. il était un mystère que tu t’efforçais de résoudre, parce que contrairement à un ordinateur, tu n'arrivais pas à le lire. il ne suffisait pas d'un code, d'un coup de baguette magique pour qu'il s'ouvre à toi. non, il était bien plus compliqué que n'importe lequel des piratages que tu avais fait. et pourtant tu revenais toujours, dans cette rue, pour le voir. tu prétends que c'est pour les affaires, que tu viens au bar qui se trouve en bas de chez lui. tu essayes de te convaincre, que ce n'est rien de plus que de la curiosité. et pourtant est-ce réellement que cela ? tu sirotes une gorgée de ta boisson, sentant la présence à tes côtés alors que ton regard ne quitte pas l'écran de ton téléphone. tu n'as pas besoin de relever ton visage, de te tourner vers le jeune homme à tes côtés. tu retiens un sourire fin, il était venu.