you and i both ft. bora-noona
Invité
Invité
you and i both ft. bora-noona | Dim 8 Oct - 16:07 Citer EditerSupprimer
misery loves company
bora & hyun too
✻✻✻ C’est une femme d’une trentaine d’années. Les minutes passent, et la chaise en face d’elle reste désespérément vide. Néanmoins, l’air impassible et le dos droit, elle fait comme si de rien n’était. Du bout du pouce, elle efface la trace de rouge à lèvres, restée sur le rebord de son verre à vin. La précision presque maniaque avec laquelle sa main s’exécute t’est familière. Toi, lorsque tu demandes à Ha Young de te rappeler, tu te mets à rajuster tes boutons de manchettes. Tu joues aussi nerveusement avec ton alliance. C’est ainsi que tu te distrais. Mais tu finis toujours par céder : ton regard revient sans cesse vers ce téléphone qui ne sonne pas, espérant en vain. L’inconnue se montrera-t-elle aussi faible que toi ? Pour le savoir, il faudrait continuer à l’observer. On ne t’en laisse malheureusement pas la possibilité. « Alors, Chef ? Est-ce que je lui demande si elle compte s’en aller ? Plusieurs personnes attendent dehors, le temps qu’une table se libère. Et elle, elle n’a pas encore commandé. » La voix d’un de tes employés te sort de ta torpeur. Un peu désarçonné, comme encore sous l’emprise d’un rêve que tu ferais éveillé, tu hésites un instant. Mais la réponse ne tardes pas à s’imposer : « Laisse-la. » Ta décision n’appelle pas de discussion. Sans rien ajouter, tu retournes donc à tes occupations. En ce vendredi soir, le restaurant fait le plein. On ne cesse de te solliciter. Tu as bien d’autres problèmes à régler, bien d’autres choses à penser. Toutefois, la cliente esseulée ne quitte jamais plus de quelques secondes ton champ de vision ; du coin de l’oeil, tu vérifies régulièrement comment la situation évolue. Tu ne fais cela ni par curiosité, ni pitié. La jeune femme est telle un miroir dans lequel tu ne peux pas t’empêcher de chercher ton reflet. Et à chaque fois qu’elle lève la tête pour voir qui vient d’arriver, il apparaît. Tout au long de la nuit, il reste à ses côtés. Ce n’est cependant pas assez pour briser la solitude avec laquelle tu la regardes se débattre, en silence et avec dignité. Car dans son attente obstinée, il y a une indéniable beauté. Devant tant de persévérance et de volonté, tu es presque subjugué. Impatient et impulsif, tu ne sais pas si tu aurais été capable de rester aussi longtemps sans exploser. C’est peut-être la raison pour laquelle ton mariage à toi va sûrement s’effondrer. A cette pensée, un soupir t’échappe. Mais une fois encore, tu n’as pas le temps de t’apitoyer sur ton sort : tes dernières serveuses viennent te demander si elles peuvent rentrer. D’un léger mouvement du menton, elles te désignent la seule table qu’elles n’ont pas encore pu débarrasser. Tu les rassures : c’est bon, le service est terminé, tu vas t’en charger. « Il y a eu un accident sur l’autoroute. Pas de mort, mais beaucoup de problèmes de circulation. C’est à cause du mauvais temps. Il paraît que ça a même perturbé le réseau téléphonique. A certains endroits de la ville, il a été impossible de passer le moindre appel. » Ta voix retentit dans la salle désormais déserte. L’espace d’un instant, tu as hésité à lui offrir des paroles réconfortantes. Mais quitte à prononcer des mots qui sonneraient faux, mieux valait en choisir des qui permettraient de s’inventer des excuses et de se bercer d’illusions. Le fil de tes mensonges aidera la jeune femme à broder un nouveau voile avec lequel elle pourra se bander les yeux. N'importe quelle histoire qui expliquera l’absence de celui qu’elle attendait suffira. Et au cas où le courage ou la mauvaise foi lui manquerait, tu lui verses un nouveau verre de Bourgogne : « Cadeau de la maison. » Tu laisses la bouteille à côté d’elle, n’en ayant guère besoin. Dans ces moments-là, tu préfères te servir un whisky. Tes pas te guident donc au bar, à quelques mètres de là ; tu t’y installes, le dos tourné à ton interlocutrice. Après l’avoir observée toute la soirée, tu fuis son regard. Tu ne veux pas qu’elle se voit en toi comme tu t’es vu en elle. « Prenez le temps qu’il vous faut avant de repartir. De toutes manières, je comptais dormir ici. »
© LOYALS.
Invité
Invité
Re: you and i both ft. bora-noona | Dim 8 Oct - 20:17 Citer EditerSupprimer
misery loves company
bora & hyun too
Un souffle inaudible pourrait s'échapper de mes lèvres dès que je vois quelqu'un pénétrer dans ce restaurant. Et quand on y réfléchit un instant, je pourrais me retrouver avec le souffle coupé. Depuis combien de temps suis-je installée ? Depuis combien de temps je rêve de tapoter le sol avec mes talons ? L'impatience risque de frapper à ma porte bien plus vite que mon mari, qui, comme un bon nombre de fois, ne tient pas à faire acte de présence. J'espère qu'il est un peu plus sérieux concernant son travail en tant que chef-cuisinier même si je pense déjà avoir ma petite idée sur la question. Woo Young fait toujours preuve d'une ponctualité à moins que je sois être dans la partie. Cette conclusion peut paraître hâtive et infondée. Je ne veux pas l'accabler de toutes les maudites choses qui s'immiscent dans notre couple depuis des années maintenant mais ... J'aurais aimé qu'il fasse attention à moi, qu'il essaye au moins une fois avant de me rendre plus ridicule que je ne le suis déjà. Glissant ma main dans mes cheveux, je regarde mes pointes bouclées sur mon chemisier en soie que j'ai fraîchement acheté pour lui plaire. Pendant quelques secondes, je songe à vérifier mon maquillage et le reste. J'ai beau être coquette, je ne sais plus ce qu'il attend de moi. Quant à moi ? La réponse me paraît évidente. J'aimerais qu'il soit courageux, qu'il m'affronte en posant ses fesses sur cette chaise vide.
Et la soirée passe. Cette soirée qui aurait pu me faire rire ou tout simplement être agréable est lente voire douloureuse comme si on me forçait à boire un mélange mortel. Sans le savoir, ma langue humidifie mes lèvres asséchées. Je n'ai quasiment rien mangé à part ces cochonneries posées sur la table. Je n'ai rien bu non plus ou du moins, pas ce qu'il fallait. Cette histoire me coupe l'appétit au point, qu'un jour, je pourrais moi-même remplacer les quelques mannequins que j'engage pour mon affaire. Puis, finalement, je sens un léger courant d'air, et discrètement (façon de parler puisque je suis la seule à être installée comme une idiote ici), je relève la tête afin de mieux réaliser le départ des serveuses et de l'heure qu'il est. Encore une journée où tu es pathétique, Kwak Bora. Tu aimes bien les enchaîner, pas vrai ? Cette sensation persiste quand un jeune homme, grand et élégant, s'approche de moi. J'ignore si je suis surprise par cette tournure, par ses dires ou un calme qui me semble olympien. A sa place, je voudrais virer cette cliente ridicule au plus vite. Mais dans notre pays où le taux de suicide est assez élevé, il est préférable d'éviter toute histoire malencontreuse. Je hoche simplement la tête à la suite de ces paroles polies bien qu'il ne s'agisse que de mensonges. Plus rien ne pourra excuser Woo Young même la fin du monde. Observant le propriétaire des lieux au lieu du liquide rouge qu'il verse dans mon verre, je m'étonne à penser qu'un simple inconnu se montre plus attentionné que quiconque. J'ai vraiment des pensées noires, ce soir. Je lâche donc un rire pour évacuer ma frustration après avoir fait une courbette en guise de remerciements. " Je vous promets de ne pas m'éterniser bien que j'ai pu admirer les charmes des lieux durant une bonne partie de ma soirée. " A la longue, j'ai malheureusement fait le tour de la propriété. Glissant mes doigts autour du pied du verre de vin, l'odeur de ce dernier est un précieux réconfort. Il me faut seulement quelques secondes pour lever le coude et en boire plusieurs gorgées. " Et j'éviterai également de revenir. Je vais prendre goût à vos cadeaux et je risque fortement de ruiner votre affaire. " Je ne parviens même pas à faire semblant, comme si l'alcool était un vice qui m'empêchait d'être aussi malhonnête que son propre contenu. En tout cas, et, contrairement à mes dires, je ne parviens pas à me lever. Faut dire que je n'ai pas envie de rejoindre un appartement vide tandis que mon mari s'offre d'autres plaisirs que la compagnie de sa femme qui n'est pas fichue d'avoir un ventre arrondi. " Enfin, c'est une blague. " Autant éviter de voir un autre homme constater le peu de charme que je peux dégager, hein...
Et la soirée passe. Cette soirée qui aurait pu me faire rire ou tout simplement être agréable est lente voire douloureuse comme si on me forçait à boire un mélange mortel. Sans le savoir, ma langue humidifie mes lèvres asséchées. Je n'ai quasiment rien mangé à part ces cochonneries posées sur la table. Je n'ai rien bu non plus ou du moins, pas ce qu'il fallait. Cette histoire me coupe l'appétit au point, qu'un jour, je pourrais moi-même remplacer les quelques mannequins que j'engage pour mon affaire. Puis, finalement, je sens un léger courant d'air, et discrètement (façon de parler puisque je suis la seule à être installée comme une idiote ici), je relève la tête afin de mieux réaliser le départ des serveuses et de l'heure qu'il est. Encore une journée où tu es pathétique, Kwak Bora. Tu aimes bien les enchaîner, pas vrai ? Cette sensation persiste quand un jeune homme, grand et élégant, s'approche de moi. J'ignore si je suis surprise par cette tournure, par ses dires ou un calme qui me semble olympien. A sa place, je voudrais virer cette cliente ridicule au plus vite. Mais dans notre pays où le taux de suicide est assez élevé, il est préférable d'éviter toute histoire malencontreuse. Je hoche simplement la tête à la suite de ces paroles polies bien qu'il ne s'agisse que de mensonges. Plus rien ne pourra excuser Woo Young même la fin du monde. Observant le propriétaire des lieux au lieu du liquide rouge qu'il verse dans mon verre, je m'étonne à penser qu'un simple inconnu se montre plus attentionné que quiconque. J'ai vraiment des pensées noires, ce soir. Je lâche donc un rire pour évacuer ma frustration après avoir fait une courbette en guise de remerciements. " Je vous promets de ne pas m'éterniser bien que j'ai pu admirer les charmes des lieux durant une bonne partie de ma soirée. " A la longue, j'ai malheureusement fait le tour de la propriété. Glissant mes doigts autour du pied du verre de vin, l'odeur de ce dernier est un précieux réconfort. Il me faut seulement quelques secondes pour lever le coude et en boire plusieurs gorgées. " Et j'éviterai également de revenir. Je vais prendre goût à vos cadeaux et je risque fortement de ruiner votre affaire. " Je ne parviens même pas à faire semblant, comme si l'alcool était un vice qui m'empêchait d'être aussi malhonnête que son propre contenu. En tout cas, et, contrairement à mes dires, je ne parviens pas à me lever. Faut dire que je n'ai pas envie de rejoindre un appartement vide tandis que mon mari s'offre d'autres plaisirs que la compagnie de sa femme qui n'est pas fichue d'avoir un ventre arrondi. " Enfin, c'est une blague. " Autant éviter de voir un autre homme constater le peu de charme que je peux dégager, hein...
© LOYALS.
Invité
Invité
Re: you and i both ft. bora-noona | Ven 13 Oct - 22:14 Citer EditerSupprimer
misery loves company
bora & hyun too
✻✻✻ La plaisanterie de l’inconnue t’arrache un sourire. Haussant les épaules, tu lui désignes la salle richement décorée et les tables qui, tout au long de la soirée, ont été occupées : « C’est gentil de vous préoccuper de moi. Mais ne vous inquiétez pas, je m’en sors assez bien. Je peux bien vous offrir un verre. » Même si vous n’échangez que des banalités, tu es content d’avoir quelqu’un avec qui parler. Tu n’as jamais été d’un naturel très bavard. Mais le silence auquel tu te heures chaque nuit, depuis que Ha Young est partie, commence à te peser. Dans la pénombre de ta chambre, la tête appuyée contre le mur que tu partages avec l’appartement voisin, tu te surprends à guetter le moindre signe de vie : des bruits de pas dans la cage d’escalier, les cris d’un bébé qui vient de se réveiller, les soupirs étouffés d’un couple en train de s’aimer… Tout est bon à prendre tant que tu n’as plus l’impression d’être le seul à veiller. « Si vous tenez réellement à me dédommager, restez et racontez-moi une autre blague. » Car depuis des semaines, tu peines à trouver le sommeil. Parfois, ta fatigue est telle que tu finis par t’endormir. Mais tu te réveilles systématiquement en sursaut, tes bras cherchant le corps de celle qui devrait être assoupie à tes côtés. Ce soir encore, tu n’échapperas pas à l’insomnie. Cette certitude ne t’empêche pas de chercher quelques instants de répit. Tel un enfant qui demande à sa mère une histoire avant qu’elle éteigne la lumière, tu te tournes vers la jeune femme et tu la pries de te distraire. C’est sans doute un peu osé et téméraire, mais quelque chose te dit qu’elle comprendra. Elle aussi a visiblement besoin de se changer les idées. Après avoir passé des heures à attendre la même personne et à remuer les mêmes pensées, une conversation avec un étranger pourrait peut-être l’aider. Toi, t’as l’impression que c’est ce dont tu as besoin. Tout à l’heure, quand elle t’a aperçu pour la première fois, cela t’a fait du bien : ce regard nouveau qui se posait sur toi, un peu étonné, un peu charmé… cela te change des yeux effrayés et pleins de larmes avec lesquels Ha Young a pris l’habitude de te dévisager. Si elle savait tout ce tu as fait, ton interlocutrice verrait-elle, elle aussi, un monstre en toi ? La question te traverse l’esprit alors que tu fais tournoyer le liquide ambré que tu t’es versé contre les parois de ton verre. Avalant une gorgée, tu décides de tenter le diable. « A moins que vous préféreriez que je vous raconte la vaste farce qu’est devenue ma vie ? » L’alcool laisse un goût amer dans ta bouche. Ou alors, c’est l’évocation voilée de tes déboires qui a cette saveur. Pour faire passer le tout, tu te sers un nouveau verre. « Cette porte que vous avez passé la soirée à fixer, ça fait deux semaines que je la fixe. Et celle que j’attends ne l’a toujours pas franchie. Ridicule, non? »
© LOYALS.
Invité
Invité
Re: you and i both ft. bora-noona | Sam 28 Oct - 19:53 Citer EditerSupprimer
misery loves company
bora & hyun too
Pour une femme désespérée, je ressens comme une fierté quand j’use de mon talent qu’est l’autodérision. Mes rires peuvent paraître nerveux (ils le sont en réalité), j’accepte l’intrusion du patron du restaurant dans ma bulle d’intimité. Au fond, cette chaise vide et moi avions beaucoup discuté depuis mon entrée dans les lieux. Elle n’était peut-être pas très bavarde mais s’était montrée très respectable et compréhensive. Un peu comme cet homme qui tente d’excuser ma solitude d’un soir (et plus) par un grave accident. Comme dit précédemment, il y a longtemps que je ne peux plus croire toute série de circonstances exceptionnelles. Celles-ci ont le don de tomber toujours au mauvais moment, et clairement, le destin ne peut pas autant s’acharner sur une personne, pas vrai ? Ne trouvant pas une réponse à sa remarque, c’est un léger sourire qui s’affiche à la place. Pendant un instant, je songe à l’interroger sur son affaire mais mon esprit n’est pas apte à parler chiffres et de business tout court. Je veux juste me lamenter, noyer mon chagrin dans l’alcool. Je n’ai plus de réputation, je n’ai plus de fierté et je pourrais facilement tomber dans cette faiblesse. A moins que cela soit déjà fait. En effet, j’ai déjà eu l’occasion de sombrer en buvant à répétition ce vin rouge. Délicieux, loin d’être aussi amer que moi. Je devrais le complimenter sur son menu. D’ailleurs, mon instinct de survie ainsi que mon estomac le supplieraient bien de m’apporter un plat plus consistant afin que je puisse rentrer chez moi en sécurité. Pour ça ? Il faudrait que j’envisage de faire demi-tour. Au fond, je me sens bien ici. « Une blague en échange d’une boisson ? Vous n’avez pas peur de ne plus comprendre mon humour ? C’est ce qui arrive souvent aux gens après quelques verres. » A rire pour rien, à s’exclamer trop fort pour combler un silence perpétuel et une affection inexistante. Serait-il un bon camarade de jeu ? Une femme seule et triste avec un homme dans des locaux vides ? Je me collerai bien une tarte pour avoir des pensées aussi osées. Et finalement, ses derniers propos me poussent à le fixer. Pendant un instant, je ne sais comment réagir. Il me surprend une nouvelle fois. Non pas par son analyse mais par cette même façon de penser. Pourtant, je relève le menton aussi fièrement que je le peux. « J’ose croire qu’ils sont bien plus ridicules que nous. » Je relâche mes épaules, pas convaincue en fait. J’ignore si cette jeune femme dont il me parle ne parvient pas à le regarder dans les yeux, si elle a réussi à l’abandonner. Je reviens donc sur sa première question. « Vous devriez donc prendre sa place. » Je désigne la chaise des yeux avec un sourire, sans aucune ambiguïté. « Je suis sûre que vous êtes une bonne compagnie. Ne vous sous-estimez pas. » C’est bien l’un des seuls qui m’a accordé une petite importance depuis des lustres. Rien que pour ça, je suis prête à l’écouter.
© LOYALS.
Invité
Invité
Re: you and i both ft. bora-noona | Ven 23 Fév - 17:28 Citer EditerSupprimer
misery loves company
bora & hyun too
✻✻✻ D’un signe de la tête, la jeune femme t’invite à prendre place à sa table. Tu te lèves pour obtempérer, puis tu finis par te raviser. Ressasser vos histoires respectives est quelque chose que vous pouvez bien faire chacun de votre côté. Quand on a la chance d’avoir de la compagnie, ne vaut-il pas mieux tenter d’oublier ? Quittant ton siège, tu marches jusqu’à l’inconnue et lui tends ton bras. A ce geste galant, tu joins ton sourire le plus courtois. « Je ne me sous-estime pas. Ma conversation n’est pas des plus des intéressantes, ni des plus amusantes. En revanche, il paraît que je me débrouille beaucoup mieux en cuisine. Vous voulez tester ? » Tu prends la direction de l’arrière-salle. Les lumières y sont éteintes, un silence presque complet y règne. Seul le ronronnement des réfrigérateurs vient perturber la quiétude des lieux. Ta main cherche à tâtons l’interrupteur. Elle le trouve sans peine ; tu as passé tant de temps ici que tu pourrais t’y repérer les yeux fermés. Guidé par l’habitude, tu sors rapidement ce qu’il faut pour préparer un repas complet. Tu ne prends même pas le temps de demander si oui ou non, elle a faim ; tu as bien vu qu’elle n’avait rien avalé de la soirée. La laisser repartir le ventre vide est hors de question. Il en y va presque de l’honneur de ton établissement. « Vous pourrez vous venger de l’idiot qui vous a oubliée en lui décrivant tout ce qu’il a manqué. » Découpe des ingrédients, cuisson des mets et dressage de l’assiette… tu apportes un grand soin à tout ce que tu fais. C’est ta façon à toi de la consoler. Tu ne sais que trop bien que, dans ces moments-là, les paroles encourageantes ne font qu’agacer. Quand on se sent seul et négligé de tous côtés, les mots ne suffisent pas. Les marques de présence et d’attention doivent être concrètes et tangibles. Tu déposes donc le premier plat que tu as préparé devant la jeune femme, puis n’ajoutes rien. Tu te contentes de la regarder ; ce sont ses vêtements qui arrêtent ton attention. Plusieurs fois au cours de la soirée, le style de l’inconnue t’a frappé. N’étant pas un expert, expliquer ce qu’il a de particulier te paraît compliqué. Mais des clientes élégantes, tu en as suffisamment vu dans ton établissement. Ton interlocutrice a autant de distinction qu’elles ; et pourtant, elle ne leur ressemble pas tout à fait. C’est comme si la grâce qu’elle dégageait émanait de tout son être, et non pas du simple paraître. Ce paradoxe attise encore davantage ta curiosité. « Est-ce que vous êtes aussi bien habillée tous les jours ? Ou est-ce que tous ces efforts, c’était pour celui que vous attendiez ? » Tu n’as pas envie d’être indiscret, mais la question t’échappe. Sa formulation un peu maladroite t’embarrasse un peu. Cependant, ce qui est fait est fait. Alors au lieu de ruminer et de ressasser, tu poursuis : « Si tel est le cas, c’est vraiment dommage que vous n’ayez pas pu passer la soirée que vous espériez. » Tu t’interromps, songeur ; marquant un bref instant de réflexion, tu inclines la tête sur le côté. Lorsque tu redresses, c’est comme pour annoncer la conclusion qui s’impose : « Quel était le programme ? Qui sait ?- Je suis peut-être le remplaçant qu’il vous faut. »
© LOYALS.
Invité
Invité
Re: you and i both ft. bora-noona | Dim 4 Mar - 21:40 Citer EditerSupprimer
misery loves company
bora & hyun soo
Pendant un court laps de temps, je me demande s'il serait en mesure de décliner mon invitation. Il est celui qui a ouvert le bal, qui a fait le premier pas et je ne devrais pas douter de ses envies car il a osé ne pas s'asseoir après mon signe de tête. Peut-être qu'il a considéré que mon état de pleurnicheuse ne serait plus aussi intéressant que prévu. Or, mes yeux finissent par fixer ce bras qu'il me tend, dans une galanterie qui me fait esquisser un sourire poli. Woo Young usait des mêmes gestes pour m'inviter à le suivre ou à danser comme c'était le cas lors de notre mariage. Ce dernier a beau remonté à quelques années, je ne parviens pas à l'oublier. Nos jours heureux me font tellement rêver, et j'espère qu'un jour, ils reviendront hanter son esprit pour qu'il me revienne. Mon doux mari. Puis, c'est à mon tour d'hésiter. Je retrousse mes lèvres et manque d'humidifier ces dernières dans un geste mesuré. Mon assiette est intacte et pourrait rejoindre le reste de la vaisselle si les traces du doigt du serveur n'avaient pas été la preuve de l'intervention d'un homme lambda. Ma main droite se pose subitement sur les anses de mon sac à mains tandis qu'une voix balaye mes éternels doutes: qu'importe. " Je vous suis. " Cette fois-ci, il n'y a aucun sourire, juste une curiosité et un besoin de m'accrocher à quelque chose. Je m'installe sur un tabouret tandis que je l'observe et analyse le moindre de ses gestes. Je tente même de croiser son regard pour voir s'il a cette lueur dans son regard, ses yeux brillants qui traduiraient son plaisir. Je devrais être gênée de le comparer autant que celui qui partage mon lit conjugal. " Je ne sais pas. Il travaille dans un restaurant en tant que chef-cuisinier. " J'échappe un rire afin de souligner l'ironie. Même si je ne fais aucun effort, je ne peux y échapper. Je masque mon désarroi en glissant ma main devant ma bouche, ce qui suscite un léger blanc entre nous. Je ne sais pas si c'est cette situation qui le pousse à me regarder de plus en plus. Les jambes croisées par habitude, les questions du jeune homme me surprennent. " Non. C'est quotidien. Certes, l'occasion de sortir m'a poussé à m'apprêter un peu plus mais faire attention pour un homme, je trouve ça terriblement dommage. " Je finis par me redresser et fais quelques pas vers lui. " Je voulais simplement profiter d'une soirée avec lui, mettre les choses à plat et qui sait, nous balader dans la rue, main dans la main comme des amoureux transits. " Je grimace quand je me rappelle de ses mots. " Difficile d'être le remplaçant. " Ce n'est pas le but et ça ne le sera pas dans les prochains jours. Nous avons peut-être plus de moments difficiles que des joies mais c'est indéniable: j'aime encore mon mari. Je ne lui fais tout simplement plus confiance. Est-ce que cette contradiction est possible ? Si oui, est-elle supportable ? " Et vous ? Qu'est-ce qui vous empêche d'être celui qui ouvrirait la porte ? Si elle vous manque, vous devriez aller la chercher. " Coupée dans mon inspiration par ce joli dressage, je glisse mes mèches de cheveux derrière l'oreille avant de pencher ma tête. " Qu'est-ce que c'est ? "
© LOYALS.
Contenu sponsorisé