C’est une enchanteresse. Juchée sur son podium. Perchée sur ses chaussures à talons. Des jambes longilignes. Flashback. Une voix qui le transperce. Flashback. Il ouvre les yeux, absorbé par la voix de la sirène. Il l’a faite chanter lui aussi, au cours d’une soirée aussi maussade qu’ennuyeuse. Elle était là la belle, les cuisses croisées sur un canapé à entortiller ses cheveux autour de ses doigts. Aegir les remarque ces beautés, seules et égarées, tout comme lui. il a hésité avant de venir lui parler par peur de ne pas paraitre aussi intrigant que son physique. Car si le garçon est beau comme un dieu il n’en a pas du tout la force. Mais elle était trop sensuelle pour pouvoir être laissée au désir de n’importe qui. Et, bien qu’aegir avait peu d’estime de lui-même, il ne se considérait pas comme n’importe qui. Alors il s’était installé à côté d’elle. sunah. Et il ne sut si c’était ses origines, son visage, son être ou tout simplement le fait qu’ils étaient las de cette soirée, qui avait convaincu la demoiselle de le suivre pour un temps seulement, mais tout était allé très vite.

Mais voilà. Après quelques baisers échangés le lendemain matin elle avait filé, parce qu’elle le voulait et parce qu’elle avait été encouragé par le garçon. Elle n’était pas pour lui, ou plutôt, il ne pourrait lui offrir ce qu’elle désirait le plus au monde : une relation certainement électrique et puissante. Parce que lui-même n’était ni l’un, ni l’autre. Adieu la créature, et bonjour les remords.

Seulement aujourd’hui, le destin se moque d’aegir et l’embarque dans le bar où sunah est là, et pire, où elle chante. Raison de plus pour être séduit. Raison de plus pour avoir envie de lui parler. Le cœur du garçon se met à brûler pour la première fois depuis longtemps. Le stress. Lui qui manie la tchatche comme personne. Lui qui, malgré ses lacunes physiques, envoûte par les mots. Il appréhende.

La prestation se termine, aegir choppe deux coupes de champagne, parce qu’il ne sait pas vraiment ce qu’elle aime boire et cherche la star de la soirée du regard. Ce n’est pas évident parmi tout ce monde, mais au vue de la prestance qu’elle dégage, elle n’est pas difficile à repérer. Et puis, l’étudiant est bien plus grand que la plupart des gens ici. Il prend son courage à deux mains et s’avance vers sunah. Il ne sait pas vraiment quoi lui dire aux premiers abords, mais heureusement, son don ne l’a pas laissé tomber. Il lui tend la flûte « - j’ai cru découvrir beaucoup de tes talents mais je crois avoir omis de remarquer celui-ci. » un clin d’œil et un sourire ; il montre une certaine assurance qu’il n’a pas vraiment l’habitude de dévoiler, mais tout se fait si naturellement…

Assise sur son tabouret, sa guitare sur les genoux Su Nah affiche son sourire doux, sa voix qu’elle contrôle et son regard qu’elle plisse sur la foule. Elle e sent à l’aise sur scène, exposée et pourtant si à l’abri. Comme si elle avait finalement trouvé un endroit où elle se sentait à sa place. Elle sourit sous les applaudissements. Elle commence à se faire un petit nom dans le bar et s’aperçoit avec délice que plusieurs habitués reviennent ses soirs de prestations, comme s’ils n’attendaient que ça. Ça troublait Su Nah de comprendre que des gens attendaient le week-end et décidait, parmi tant d’autres choix d’activités, de venir l’écouter chanter … C’était aussi gratifiant que stressant, mais tellement glorifiant. 

Elle dépose sa guitare, rit au commentaire qu’elle entend venir de la foule et agite son doigt en direction de l’homme en signe de protestation. Ce n’est jamais méchant, toujours bon enfant, et c’est agréable. Ça fait du bien à Su Nah de trouver un univers où elle peut s’épanouir. Sa vie lui parait si chaotique qu’elle ne sait plus comment faire pour enfin avancer et de sortir de ces longs mois de relations désastreuse. Elle avait toujours mal choisi les hommes de qui elle tombait amoureuse, c’était un fait avérer depuis le temps … combien d’hommes avaient finis par lui briser le cœur ? 4 ? Si ce n’est 5. Elle ne comptait même plus. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait de mal pour qu’un homme finisse par se  lasser. Ils partaient tous, si encore avec l’égo de pouvoir dire que c’était elle qui partait, mais même pas … elle avait par croire qu’elle n’en valait pas la peine et qu’elle pouvait se contenter de quelques étreintes fugaces le temps d’une nuit qui, pourtant, la rendait davantage triste. 

Une musique plus entrainante se lance et Su Nah la chante, vivant sur scène, brillant sur scène, avec un sourire resplendissant.  Elle était belle Su Nah quand elle était sur scène et peu de personnes s’apercevaient de ce voile sur son regard quand elle quittait ses planches bénies. Soudain, le verre qui apparait sous ses yeux accompagne un battement de cœur raté quand elle reconnait ce visage et cette voix. Elle esquisse un sourire maladroit et gêné. Le garçon affiche une telle assurance et manie si bien les mots que Su Nah perd ses moyens en déglutissant. Elle lève les yeux vers lui troublé par sa beauté étrangère et sourit en coin. « Et il t’en reste encore bien d’autres à découvrir. » souffle-t-elle tentant d’avoir la même assurance. Elle s’empare d’une coupe et ose croiser son regard avant de rougir. Elle se revoit à cette soirée et peut encore sentir le goût de ses lèvres fines sur sa bouche. 

Su Nah laisse échapper un petit rire nerveux avant de glisser une mèche de cheveux derrière son oreille. « Que fais-tu ici ? » Sa voix est douce et elle lui montre une banquette pour l’inviter à s’asseoir avec elle. Elle boit une gorgée, assoiffée d’avoir tant chanter. Elle transpire légèrement et une goutte de sueur glisse de son cou, suivant le long de sa clavicule pour venir s’échouer dans son décolleté. Elle se laisse tomber sur la banquette en poussant un soupire d’aise. Finalement la soirée pouvait bien se terminer si elle le voulait. 

 

Aegir n’avait pas vraiment l’habitude de ce genre d’endroits, il n’avait pas non plus l’habitude de sortir d’ailleurs. Son frère n’aimait pas trop ne pas savoir où il trainait mais après tout, c’était lui l’ainé alors il faisait ce qu’il voulait non ? ou du moins dans la limite du raisonnable. Le problème c’était qu’il n’arrivait pas à se sortir sunah de la tête ou du moins la soirée qu’ils avaient passé ensemble. tout avait semblé si simple, si naturel, que le russe ne s’était pas reconnu lui-même. il fallait dire que la jeune coréenne avait un certain don pour mettre les gens à l’aise et les combler, ce qui était pour l’étudiant, une grande qualité. Mais quelque chose n’avait certainement pas été, et ce devait être la raison pour laquelle, sa conquête d’un rêve avait décidé de filer en douce le lendemain matin. Et aegir, dans la plus grande de ses psychoses avait d’abord pensé qu’elle avait deviné ce qui se tramait chez le garçon, avant de revenir à la raison : qui pouvait se douter qu’il souffrait d’un tel mal ? que pour lui, prendre le bus était une phobie à cause des secousses ou encore qu’il n’avait jamais pu se rendre dans un parc d’attraction ? sunah ne pouvait pas avoir su ce qui clochait ; alors la raison était autre, et ça aussi, ça avait le don d’inquiéter le fils des orages.

Mais il ne voulut pas montrer son éventuelle déception. Peut-être qu’il avait tort de se poser trop de questions et que justement avec sunah il pouvait souffler un coup. Elle avait l’air tellement simple, mais elle était si intrigante à la fois ; une qualité que le blondinet n’avait pas relevé chez beaucoup de personnes ici. Alors il la suivit, s’installa à côté d’elle tandis que ses yeux plissés sous la satisfaction ne cessaient de se balader sur la chanteuse. Elle avait vraiment quelque chose. Le coude d’aegir vint se positionner près de la joue de sa camarade, contre le haut du canapé alors qu’il tentait d’afficher un air beaucoup plus décontracté, et sûr de lui affichant un sourire de mauvais garçon malgré lui. « - il ne me tarde d’en savoir plus. » ; « - je suis en balade nocturne. » qui cherche sa proie pour se rassurer qu’il n’en est plus une. « - une voix m’a conduit ici. » glissa subtilement aegir pour ne pas s’avouer qu’en fait, il avait fait à peu près tous les bars de la ville pour retrouver la jeune femme. Il n’avait pas pris le temps de lui demander où elle se rendait habituellement, alors le garçon n’avait aucune piste.

Les bulles lui dévorent la gorge alors qu’une sensation chaude s’échappe de sa bouche, aegir balade son regard dans la soirée qui se déroule autour d’eux et il a l’impression de revivre leur première rencontre, si fusionnelle fut-elle. puis, il se décida enfin à mettre les pieds dans le plat : « - tu es partie tellement vite la dernière fois, je n’ai pas vraiment eu le temps de profiter encore un peu. » ; « - est-ce que quelque chose t’a fait peur pour te faire déguerpir aussi rapidement ? » ou quelqu’un ? peut-être était-elle tombée sur ashvin et s’était trouvée complètement désorientée, quoiqu’il en fut, le blond avait besoin de réponse, tant besoin, qu’il attrapa inconsciemment la main de la chanteuse, comme pour l’empêcher de se volatiliser encore.