Un soir relativement commun aux autres. N’étant pas de permanence à la jungle pour émerveiller les fantasmes des hommes affamés de mon corps bougeant avec rythme sur la musique, j’embellissais les murs de cette ville encore vierge de mon art. Trois ans que je placardais un peu partout à Séoul mes œuvres à la bombe de peinture. Trois ans, et je trouvais toujours des rues entière ne demandant qu’à être rafraichies. Des couleurs vives, c’était tellement plus beau que ces tons taciturnes de béton. Si à New York, j’avais déjà pris cet habitude, Il Sung m’avait suivi sans poser de questions, y trouvant tout autant de plaisir que moi. A Séoul, nous n’avions pas brisé une équipe qui gagnait. Cependant, cette nuit, je la jouais solo. Il n’y avait pas anguille sous roche. Aucune tempête en préparation, bien que ce soit encore banal dans notre couple. Mon technicien de lumières était simplement entrain de travailler. Il me rejoindrait sans aucun doute dans quelques heures. En attendant, ma capuche sur la tête dissimulant mon visage, je glissais telle une ombre dans les recoins sombres pour éviter de me faire repérer par la police. Les courses poursuites c’est bien quand je veux me maintenir en forme, mais je n’avais aucunement l’envie de me fatiguer inutilement dans l’immédiat. Les mains au fond des poches de mon sweatshirt, mon sac su le dos, je marchais tranquillement quand j’entendis des cris dans la rue. Je crus d’abord à une agression et je me mis sur la défensive, prête à bondir sur l’ennemi. Quand mes yeux se posaient sur l’attroupement d’harpie en furie, je compris qu’il ne s’agissait que d’un groupe de groupie un peu trop bruyante. Je m’arrêtais pour observer la scène qui se déroulait sous mes yeux. Je les trouvais quelque peu pathétique, bien que dans un sens, je ne devais pas être loin d’elles quand je joue les hystériques. Un jeune homme dans la foule attirait mon regard. Il avait mal à l’aise, trop gentil pour repousser la masse compacte qui l’oppressait de toute part. J’allais poursuivre mon chemin, le laissant dans les joies de sa célébrité quand son visage me parut soudainement familier. Je le fixais d’avantage, détaillant chacun de ses traits. « oh… » Murmurais-je. Si son visage ne m’était pas inconnu, c’était parce que je l’avais déjà croisé au dortoir. Il trainait souvent avec notre président. Je croyais même qu’il faisait partie de son groupe de musique, bien que je n’en mettrais pas ma main à couper. Je ne le connaissais que de vue. Néanmoins, le fait d’appartenir à la même fraternité me poussa à faire preuve de loyauté envers lui. Me frayant un chemin au travers de la foule, j’en profitais pour tirer les cheveux de l’une, griffer le bras de l’autre avec la seule volonté d’accentuer la confusion générale et attirer l’attention sur d’autre. Je parvins enfin jusqu’à lui. Une fois à sa hauteur, je m’accrochais à son bras sans aucune hésitation, prenant un air faussement boudeur. « Oppaaa ! Tu comptais me faire attendre encore longtemps comme ca ? » et sous les regards médusés des girlys, je le tirais dans une autre direction. « Alors ? On se le fait se resto ? »  

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