Il lui avait fallu un courage monstre pour se poster devant cette porte et davantage pour toquer. Il avait passé des mois à la fuir depuis sa sortie, comme il avait passé des mois à fuir son cousin. Il avait eu besoin de temps Insu, un temps dont il avait toujours besoin, mais qu’il s’efforçait de ne pas  prendre. Il avait fini par réaliser qu’à trop se cacher il finirait par les perdre tous. N’était-ce pas une punition qu’il cherchait à s’infliger finalement ? Il retient un soupire et ferme les yeux avant de grimacer douloureusement. C’était encore plus dur maintenant qu’il était devant se battant de bois. Frappe Insu. Frappe. Son poing s’abat sur la porte rapidement et il attend, pas certains de savoir quelles seront les retrouvailles. Il déglutit et son cœur rate un battement quand il entend la porte s’ouvrir. La silhouette délicieuse de sa meilleure amie disparait au profil d’un garçon d’à peu près son âge mangeant une cuisse de poulet en le fixant d’un air bovin. Perdu, Insu cligne des yeux et finis par froncer les sourcils. Il savait qu’il avait dû rater quelques choses dans la vie de sa meilleure amie, mais il pouvait décemment assurer connaitre ses goûts en questions d’hommes et le garçon en face de lui ne répondait en rien au critère qui faisait chavirer le cœur de sa belle. « Où est Minri ? » demande-t-il sans politesse en se penchant pour regarder l’intérieure de l’appartement. La décoration entière avait changé et pendant une seconde il s’était persuadé s’être trompé d’appartement mais l’éclat familier sur le portant de la porte après une nuit arrosée était le témoin qu’il était bien à la bonne adresse. « Qui ? » demande le garçon d’un air blasé. « Minri putain. La jeune fille qui habite ici. » Grogne Insu qui perd patience. Parce qu’il a l’impression de débarquer d’une nouvelle planète, d’avoir basculé dans un univers qui n’était plus le sien. Avait-il trop forcé sur les antis dépresseurs ? Le garçon hausse les épaules pour lui souffler d’un air stoïque. « Je sais pas. Je vis seul ici depuis un moment. » Puis craignant qu’Insu ne se montre sûrement insistant ou dangereux il referme la porte brusquement. Insu n’arrive pas vraiment à réfléchir face à cette situation totalement grotesque. Il sort de l’immeuble qu’il fixe de longues secondes tentant de comprendre. Il finit par sortir son téléphone de sa poche et compose le numéro de la jeune femme les mains tremblantes. « Minri t’es où putain … ? » souffle-t-il pendant que ça sonne incertain de savoir si son amie d’enfance allait décrocher.

Cela faisait plusieurs semaines que j’avais emménagées dans ce loft sur deux étages. C’était Je Ha qui m’avait emmené ici, m’assurant que j’allais adorer l’endroit. Il n’était pas mon jumeau pour rien, car j’en avais eu le coup de foudre à la première visite. Malgré le loyer exorbitant et l’espace disproportionné pour une seule personne, je le voulais. Je faisais rarement un tel caprice, surtout quand une somme élevée était en jeu. Cependant, avec les évènements de l’année qui venaient de s’écouler, j’estimais avoir le droit à un tel écart. J’avais pioché dans ma cagnotte pour mon futur voyage et le tour était joué. Mon âme sœur avait insisté pour habiter avec moi le temps que je trouve des colocataires. Ce qui m’occupait l’esprit des jours qui ont suivirent. C’était ainsi que j’essayais de survivre en attendant de retrouver une vie plus ou moins équilibrée. J’avais également appris que mon meilleur ami était sorti de prison. Et quand je m’étais précipité à l’appartement qu’il partageait avec son cousin, celui-ci me dit qu’il n’était pas rentré. Où était-il ? Je n’avais aucune idée. Il ne répondait pas à mes appels tout comme il les avait finis par les ignorer en prison également. Il m’en manquait à en crever. Et pourtant, je n’avais plus la force de courir après ces gens que j’aimais, mais qui préféraient se cacher de moi. Assise dans le canapé du salon commun, je regardais la télé sans vraiment la voir. Je faisais la mise en page de mon prochain book. Des photographies étaient étalées sur la table basse, mais aussi sur le tapis, le fauteuil. Je restais indécise sur ce que je voulais exactement. Plusieurs photos me plaisaient, mais je ne trouvais aucun lien logique entre elles. Je soupirais, me redressant pour aller me faire un café dans la cuisine. C’est à ce moment que le téléphone retentit. J’allais décrocher par réflexe, mais le nom qui s’afficha sur l’écran me fit hésiter. Je le fixais un moment avant de décrocher. « Allô ? » murmurais-je sur un ton peu assuré qui me ressemblait peu. « In Su ? C’est toi… c’est bien toi ? » Ajoutais-je hésitante, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. S’il aurait pu s’enfuir, je pense qu’il l’aurait fait. Je serrais mon t-shirt de ma main libre. Des larmes, de tristesse ou de joie je n’aurais su le dire, perlait au coin de mes yeux alors que sa voie résonnait au bout du fil.