Le shopping, c’était autrefois une distraction que j’affectionnais, enfin, oui et non, tout dépendait de qui m’accompagnait. Arpenter les allées de fastueux centre commerciaux de Singapour avec mes hypocrites de camarades n’avait rien de comparable aux partagés avec mes deux soeurs ainées. Inexorablement, ma perception et mon appréciation avaient été altéré suite à mon arrivée à Séoul. En y repensant, discret rire amer sifflant entre mes lèvres élégamment maquillées, la rumeur d’être une fille d’homme d’affaire ruiné me correspondait plutôt bien à l’époque, un an et demi en arrière, du moins en apparence. Néanmoins, grâce à cette nouvelle vie, j’avais pu faire de nouvelles expériences et trainer les magasins avec des amies, enfin des personnes sincères, était devenu chose possible.  Rare, du fait de mes études, mon emploi du temps, la complexité de jongler entre toutes mes responsabilités sans trop délaissé mon fiancé… Attendant dans le hall où, tu m’avais donné rendez-vous, mes yeux se posèrent sur la bague que je portais à mon annulaire. Tendrement, je la couvais du regard, ce symbole gage de ma promesse de mariage. Un secret que je n’avais que trop peu pu confier aux quelques personnes proches de mon entourage, alors qu’une partie de mon être souhaitait clamer haut et fort mes fiançailles datant déjà de plusieurs mois.

Ce fut, le contact de tes doigts sur le tissu de mes vêtements qui m’extirpa de mes pensées amoureuses. Imperceptible sursaut, je me retournais. Paupières papillonnantes, je me rattachais à la réalité de l’instant présent. « Non, ne t’en fais. » Un peu froide, comme à mon habitude, mes lèvres s’étirèrent néanmoins en un léger sourire appuyant ma sincérité. Je ne prétendrais pas avoir longtemps attendu alors que la notion du temps m’avait échappé, trop occupée à rêvasser de mon fiancé. « Allons-y, j’ai fais mander un chauffeur. » Je n’usais plus guère des avantages de la fortune familiale, surtout quand les services se rattachaient à mes grand-parents, néanmoins en quelques exceptions qui pouvaient bénéficier aux miens – car oui, chaque gumiho était comme l’un des miens à présent, encore plus l’une de mes roommates – je faisais une entorse à ce principe. Nous rendre jusqu’au centre commercial avec ton fauteuil nous serait bien plus aisé en voiture qu’en prenant les transports en commun. Ainsi, je me plaçais derrière toi et entrepris de pousser ton fauteuil. À me voir agir de la sorte, nombre qui m’avaient connu d’antan pourrait bien se demander ce qui m’était arrivée. Moi, Zhang Hera qui aidait, au lieu de passer mon chemin en ignorant. Je m’en rendais compte, et même au sein de la Yonsei certains ne manquaient d’être étonnés comme la vie ici m’avait progressivement changé, et continuait encore…

Toutes deux placées sur la banquette arrière de la luxueuse voiture aux vitres tintées, j’entrepris la conversation : « Tu as une idée de costume pour la soirée ? » Je me gardais bien de prononcer le nom d’Urbex en présence du chauffeur dont je me méfiais de l’indiscrétion de ses oreilles et de sa tendance à colporter à celles de ma grand-mère. Nul ne m’empêcherait de participer à cet événement que je m’échinais à préparer et qui en plus me plaisait sincèrement ! Cependant, je ne sous-estimais pas les capacités familiales à me mettre des bâtons dans les roues – les femmes de notre lignée étions toutes faites du même bois –, et préférait m’épargner plus déboires qu’auxquels je ne me confrontais déjà. « Voici, le mien, enfin, le concept, mais il faut que je trouve matière à le réaliser. » Après avoir pianoté sur l’écran de mon smartphone, je lui présentais l’image du personnage de jeux vidéos correspondant : Witch Mercy. Tout comme, je veillais également à ne pas formuler à haute voix son nom, je ne souhaitais pas m’épandre non plus sur le pourquoi du comment m’ayant imposé ce choix, quelque peu… sexy…