“don't be afraid of your fears. they're not there to scare you. they're there to let you know that something is worth it.”― c. joybell c.
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En ce moment, c'est dur pour toi, beaucoup trop dur. Le poids de tes problèmes se sent sur tes épaules. Il t'écrase, te broie si aisément que tu penses souvent à abandonner. Tu ne sais pas comment tu trouves encore la force d'avancer dans ce brouillard perpétuel qu'est ta vie. Tu ne sais pas par quel miracle tu tiens encore debout après toutes les épreuves que tu subis. La plupart du temps tu te défonce pour oublier ou pour te donner l'illusion que ta vie a un semblant de stabilité. Mais c'est faux, ta vie est un désastre. Elle s'écroule petit à petit et toi, tu contente de faire semblant de ne rien voir. Tu te cache la vérité, mais tu l'as cache aussi à tes proches. Enfin, c'est ce que tu penses mais eux, ne sont pas dupe, si toi tu ne veux faire face à la vérité, ta famille et tes proches amis connaissent la vérité -une partie tout du moins-. Par exemple, ta mère est bel et bien au courant pour tes trafiques, elle le sait, mais elle ne dit rien. Elle n'est pas comme ton père qui t'aurais probablement remonter les bretelles. Non, elle, elle sait que ton argent sale vous aide à tenir le coup alors elle ne dit rien, elle ferme les yeux sur ce que tu peux faire. Elle accepte ce que tu lui apporte toutes les semaines même si ça lui déchire sûrement le cœur de te voir à nouveau faire ce genre de chose pour la famille. Kin lui, se doute aussi de ce que tu fais, il t'a dit de faire attention parce qu'il sait bien que rien ne te fera changer d'avis, que tu préféreras te mettre en danger plutôt que de voir ta famille à la rue. Et puis, il y a Hiro... il t'a surprit pas plus tard qu'il y a quelque jours avec un type complètement défoncer qui voulait sa dose. Tu l'as envoyé chier, tu lui as dis de s'occuper de ce qui le regardait, que c'était pas ses affaires. Mais tu as regretté ton geste, tout ça, ça le concerne plus que tu le pense. Il est de ta famille, et même si tu reste secret sur tout ce que tu fais, peut-être qu'au fond il s'inquiète pour toi. Peut-être que derrière cette rancœur, il y a un espoir qu'il se fasse du soucis pour toi. Tu aimerais bien le savoir ça, tu voudrais bien qu'il te fasse comprendre, même avec ses mots à lui, qu'il a peur pour toi, que malgré la colère qui bouillonne en lui, il tient encore un peu à toi. Il n'a aucune idée d'à quel point, tu souffre de cette relation chaotique. Tu es rongé par la culpabilité, par l'impression d'être absent, par le manque de contact entre vous. Par moment, tu te sens complètement impuissant face à vos échanges qui sont tous plus dévastateurs les uns que les autres. Et il y a des soirs, comme aujourd'hui, où tu perds espoir, où tu te demande si ça vaut le coup de se battre pour lui, pour vous. Peut-être qu'il serait mieux sans toi, peut-être qu'il a simplement besoin que tu ne sois plus là du tout plutôt que d'être à moitié présent.« Je travaillais. » Il prononce ces mots d'une façon beaucoup trop calme, c'en est presque inquiétant. « Tu quoi ? » Oui, ça t'étonne, il ne t'a rien dit et l'apprendre comme ça n'arrange pas ta colère qui s'agite dans tes veines. Tu as toujours tout fait pour que tes frères n'aient pas à faire ce que toi tu fais. Si tu travailles et vends ton corps, c'est pour que Hiro et Kin soient capable de faire leurs études sans problèmes. « J’ai trouvé un job, mais j’en ai marre que tu rapportes toujours tout à maman. Maman ci, maman ça. » Tes poings se serrent et tes dents grincent. Si tu rapporte tout à votre mère, c'est parce que tu la vois se ronger le sang pour lui, pour toi, pour vous. Et puis, aussi car votre mère est une excuse pour ne pas lui dire qu'il t'inquiète. Tu te cache derrière elle pour ne pas lui dire directement que tu as peur qu'il devienne comme toi, que tu sais que le chemin qu'il emprunte est tout sauf le bon. Mais il est plus simple de prendre pour excuse votre mère plutôt que de simplement lui dire que tu es inquiet pour lui. « A t’entendre, c’est presque ma faute lorsqu’elle tombe malade. Arrête, arrête de jouer les pères avec moi alors que t’es pas plus présent, j’en ai marre ! » Tu sens ta mâchoire se crispé retenant ton impulsivité. Ta colère cherche à s'exprimer, ton ras-le-bol de devoir lui répété les choses et sa colère à lui qui te touche un peu plus chaque jours, tout ça se mélange et tu t'apprête à lui hurler dessus avant que son verre éclate à tes pieds. Le geste te surprend, tu tournes la tête comme pour te protéger des éclats de verre. Durant quelques secondes, tu te demande à quel moment votre relation a pu être aussi chaotique. Un silence. Il est long et froid. Tu te sens envahit par un élan de rage et tu traverse le champs de verre sur le sol et tu vas jusqu'à lui faire face. « Parce que tu crois être le seul à en avoir marre ?! » Commence-tu, alors que tu le fixe d'un regard noir. « Non, Hiro moi aussi j'en ai marre. Je supporte plus ta colère, je la subis sans savoir pourquoi ! » Les langues se délient plus facilement sous la colère, et même si tu n'en prends pas encore conscience, ça te fait du bien. « Si tu cherches à te venger pour l'accident, la culpabilité s'en charge pour toi ! J'ai pas besoin de ta colère en plus de tout ça ! » Mais j'ai besoin de toi , pense-tu alors, les mots restant prisonniers de ta gorge, bien trop difficile à prononcer. Ton cœur se sert, tu as appris à vivre avec la culpabilité, mais vivre sans ton frère, tu n'y arrives pas.