♪♪♪♪ | Depuis que j'ai le bras en bandoulière mes journées sont assez simple : allez en cours, revenir, regarder des télénovelas, faire du shopping sur internet, téléphoner à Myungshin via skype, répondre douuuuuuucement aux mails des agences de mannequinat avec ma seule main valide, et attendre que Hansoo revienne du boulot pour lui demander toutes les tâches ingrates. Comme : Fais-moi à manger, aide moi à me déshabiller, et je ne sais encore. Est-ce que je continue quand même de le réquisitionner pour des parties de jambes en l'air ? Oui. Et la demande augmente d'autant plus que les périodes rouges arrivent. Mais on est pas là pour parler de mes relations sexuelles. Déjà, laissez-moi terminer mon test du cosmo intitulé « est-il fait pour moi » ? Oui parce qu'on sait jamais, parfois ça aide ces petits test.

A peine ai-je le temps de terminer mon test que je reçois un message de Miyako m'indiquant qu'elle attends à la porte d'entrée des pyobeom. C'est vrai qu'elle doit passer. J'espère qu'elle dormira ici cette nuit. Ça me manque de parler Japonais. Me levant doucement j'abandonne mon magazine que je pose sur mon lit pour descendre les escaliers le plus agilement possible. Pas la peine de se presser au risque de se déboiter la seconde épaule. Au passage je croise Connor qui remonte, les escaliers, une pizza en main. Je respire l'odeur en gémissant presque. «t'as interet à la descendre dans la salle commune car on a des invités ce soir ! » lui dis-je en faisant un petit clin d'oeil avant qu'il me réponde un « of course » venant du fin fond du cœur. Ah les américains ils sont trop généreux.

Je ne me fais pas plus attendre et ouvre la porte d'entrée du dortoir rose à mon amie avant de lui faire un petit câlin. C'est mon côté brésilien ça, toujours tactile avec tout le monde. «Nyaaaah ! Tu m'as manqué ! Ça va en ce moment ?? Les cours la vie ? Les amouuuuuuurs ? Tiens d'ailleurs hum... » je rougis un peu puis m'empresse d'emmener la jeune femme dans la salle commune ou certains pyobeom sont en train de jouer à la ps4 pendant que d'autres préfèrent juste chiller sur les fauteuils en discutant. J'en profite pour saluer tout le monde et présenter Miyako puis je traverse le salon pour aller dans la cuisine, afin de servir mon invitée. « J'ai croisé ton crush en passant !! Tu l'as pas vu arriver ? Connor ! Il avait une pizza dans la main et oh my god ça sentait trop bon ! Du coup je lui ai dit qu'il devait absolument descendre pour partager ! Il a dit qu'il le ferait ! » Je fais un petit clin d'oeil à mon amie avant de lui demander ce qu'elle veut boire. Mais je ne le lui laisse pas vraiment le temps que je sors déjà ma limonade toute fraîche. « J'ai préparé ça ce matin ! Mais sinon y a aussi les cocktails de Evan au cas où tu veux boire un peu d'alcool huhu...alors ça va ?? »

Les rues de Séoul sont tellement apaisantes en automne, je ne m’en lasse pas. Je pourrais passer ma journée à me balader dans le quartier de Hongdae. C’est d’ailleurs ce que je suis en train de faire sauf que je n’ai pas fait qu’admirer le paysage, j’ai été m’acheter un énième rouge à lèvres. Une des marques que j’affectionne particulièrement vient de sortir une nouvelle gamme de matte qu’il fallait que je possède illico-presto. Et puis, comme je n’étais pas très loin de la rue où vivent les pyobeoms, je me suis dit que ce serait une bonne idée d’aller rendre visite à Nora. Depuis ce gros évènement avec la sirène monstrueuse, les bunkers dans lesquels nous sommes restés enfermés et tout ça, j’ai besoin de passer du temps avec elle. Il faut dire qu’elle a été salement amochée et qu’elle avait besoin qu’on l’aide. En plus de son copain et de sa meilleure amie, je me suis proposée pour être là en cas de besoin. Comme elle ne m’a pas sollicité plus que ça, j’ai décidé de lui imposer ma présence. Elle ne m’en voudra absolument pas, je le sais. D’ailleurs, ça se confirme dans sa réponse à mon message. Je suis la bienvenue, comme toujours. En prenant l'angle de la rue, je me retrouve à quelques mètres derrière un homme qui semble se rendre au même endroit que moi. Il ne me faut que quelques secondes pour réaliser qu'il s'agit de Connor, mon crush du moment. Je n'ose pas avancer plus rapidement, ni l'appeler, ni rien du tout. Je reste simplement derrière lui, ralentissant même la marche pour le laisser entrer en premier et venir toquer ensuite. Hors de question de me pointer face à lui pour lui dire que nous allons au même endroit, il risquerait de me trouver étrange... Comme d’habitude, je ne patiente pas bien longtemps sur le palier. Il y a toujours quelqu’un pour m’ouvrir la porte tant il y a d’allées et retour dans cette maison et cette fois, j’ai le plaisir d’avoir la plus belle des habitantes pour m’ouvrir la porte. Nos retrouvailles sont, comme d’habitude, très bruyantes et en japonais, s'il-vous-plaît !

« Mon trésor adoré ! » Consciente que je ne peux pas la serrer dans mes bras sous peine de la faire hurler de douleur, je pose donc mes mains sur chacune de ses joues et dépose un rapide baiser sur ses lèvres. C’est Nora, je sais qu’elle ne sera pas trop surprise par ce geste pour le moins audacieux. Si nos chers compatriotes nous voyaient, ils seraient probablement tous blancs comme des linges. « Tu m’as manqué aussi, trop même ! Je me suis ennuyée sans toi, tu ne peux pas savoir… Tu vas mieux ? » Je l’observe sous tous les angles. Elle est encore en rémission et visiblement pas épargnée par les douleurs. On dirait un petit faon blessé, ma pauvre petite chérie. « Moi ? Oh, tu sais comment je suis. Ça va toujours bien, tant que je suis en vie… Par contre, si on pouvait éviter de parler des cours, ça m’arrangerait bien. Je crois que ma réussite scolaire va encore une fois dépendre du miracle ! » Je pousse un long soupir, balayant la pièce du regard. Les allées et venues sont courantes, certaines têtes me sont familières et d’autres ne me parlent absolument pas. Sûrement des nouvelles arrivées ou des gens que je n’ai pas encore eu le plaisir de connaître. En vrai, je crois que je connais plus de pyobeoms que de sango tant je passe ma vie ici. Quand mon amie me demande comment vont les amours, nous échangeons un regard plein de sous-entendus. Je ne peux m’empêcher de sourire bêtement, surtout lorsqu’elle mentionne le fait qu’elle a vu passer le beau gosse. Ca veut dire qu’il est ici, dans cette maison. Oh, ça y est, j’ai mal au cœur.

J’ai dû parler de Connor à Nora une bonne centaine de fois, si ce n’est plus. C’est ce garçon de mon cours de grammaire coréenne ; un mec vraiment intelligent, vif d’esprit et surtout très, très mignon. Je ne sais pas si ce sont ses remarques très intéressantes dont il nous fait part quand il est interrogé ou sa mèche de cheveux noirs qu’il enlève d’un mouvement de tête qui me fait le plus craquer mais je suis sous le charme. Un amour de lycéen, certains diront. Je ne vais pas mentir, j’ai l’impression d’être à nouveau une écolière qui vit son premier émoi mais c’est un sentiment tellement agréable que je n’en éprouve aucune honte. Nora sait tout de cette histoire, je la lui ai raconté de A à Z. Déjà parce que c’est une de mes meilleures amies ici et ensuite parce que, comme lui, elle est chez les roses. Elle est donc la plus à même de me fournir des informations sur lui, informations dont je pourrais me servir pour aller lui parler. Ce que, jusqu’à lors, je n’ai pas réussi à faire. Vous devez vous dire que c’est étrange pour une fille aussi sociable que moi et pourtant, quand mes sentiments amoureux ne naissent pas d’une amitié mais d’un simple coup de cœur, je deviens un tantinet timide. « Je saaaaaais !!! » Je m’exclame alors quand elle me dit qu’il vient tout juste de rentrer à la maison. « Je l’ai suivi, j’en ai profité pour regarder ses fesses et… oh mon Dieu, elles étaient carrém… oh, tiens, bonjour tout le monde ! » Tellement plongée dans ma description de son derrière, je n’ai même pas remarqué que Nora m’a trainée jusqu’au salon où une dizaine de roses vivent leurs vies. D’un rapide coup d’œil, je vérifie si Loïs est parmi eux avant de me résigner. Il y a sûrement trop de monde pour lui, il doit très certainement être dans sa chambre.

Je me tourne ensuite vers Nora pour murmurer, un ongle coincé entre mes canines. « Tu es sûre que je peux venir lui piquer de la pizza ? Je veux dire… Il ne me connait même pas. Il va croire que je suis encore une opportuniste qui est trop fauchée pour se payer à manger alors elle pique dans les assiettes des autres. » Je sais qu’elle va me rassurer et me dire que je suis la bienvenue. C’est tout Nora, ça. Je pense que c’est son côté brésilien qui veut ça, ils sont toujours très accueillants et ne refuse jamais la compagnie. Espérons que le beau brun veuille également de la mienne. Je me laisse tenter par la limonade qu’elle me tend, lui en vantant les mérites une fois goûtée et lui prend délicatement son bras valide pour l’emmener un peu plus loin de la foule. « Est-ce que je peux rester dormir ce soir ? Je vais tenter une fois de plus de dépuceler Loïs. Il en aurait bien besoin en ce moment, il est tendu comme un slip avec son hosto ! » Bien sûr, je finis par poser mon front sur l’épaule de mon amie en éclatant de rire parce que soyons honnête, y a-t-il une chance pour qu’on puisse se glisser sous les draps de ce garçon ? On finirait par être chassés à coup d’insultes allemandes tellement effrayantes que ça nous dissuaderait de recommencer !

♪♪♪♪ | Wow. Ça je l'avais pas vu venir, le bisous de madame miyako. Et autant vous dire que ça m'a un peu retourné l'estomac. De un parce qu'on venait délibérément de m'embrasser, de deux parce que ce n'était pas Hansoo, et que je sentais déjà l'overthinking recommencer. Mais allez. Fallait pas que ça me stresse. C'était Miya. Miya est pas attirée par toi, elle t'aime juste bien et c'est sa manière de te saluer. Rapidement, et une fois dans la cuisine vous commencez à discuter en Japonais. C'est votre langue maternelle mais surtout, c'est une langue que la majorité des gens ne comprennent pas. En particulier les personnes dont nous serions le plus susceptible de discuter. Et pour le coup, il y a bien un sujet de discussion qui m’intéresse : Connor. Ce beau brun photographe, arrivé tout fraîchement pendant les vacances d'été, et adorable comme un cœur. Il est pas très bavard mais quand on l'invite, il dit toujours oui, et de ce que j'ai compris, Miyako l'aime bien. Elle l'aime tellement qu'elle parle de ses fesses. Ce qui me décroche un petit sourire. «L’autre-fois tu me disais que les fesses de l'allemand étaient canons...maintenant tu me parles de celles de l'américain ? Va falloir faire un choix chérie » petit clin d'oeil avant de me servir de la limonade puis d'aller me poser avec mon amie dans le salon, attendant sagement que le jeune homme fasse irruption.

Lorsqu'elle me parle de dépuceler Loïs je m'étouffe presque avec ma boisson et me met à rire. « Tu veux dormir ici pour pouvoir le dépuceler ? Tu préfères pas t'attaquer à Connor ? Sans vouloir être pessimiste...Loïs alors beaucoup trop chelou pour moi...en plus je crois que mon mec et lui se supportent pas» Je secoue la tête en riant. Ah mon dieu cette fille. Je comprends pas par qui elle est attirée. C'est pas plus simple d'être attirée par une seule personne ? Pourquoi je traîne toujours qu'avec des cœur d'artichauts hein ?? « Et t'inquiète pas pour la pizza mon chat il a dit qu'il viendrait il va venir ! Tiens regarde qui voilà ! Je déconnais pas ! » Et voilà que l'écrivain de son mètre 82 débarque dans le salon en saluant tout le monde, pizza en mains. Je peux déjà voir que quelques curieux se mettent à sentir l'odeur qui envahi la pièce. Ah non. Vous nous squatter pas notre pizza on a réservé avant. AH et voilà qu'il nous salue et vient s'asseoir près de nous. Oh mon dieu ce sourire. Tu m'étonnes que Miya craque pour ce beau gosse.

♪♪♪♪ | Nora et ses manières à elle de demander de la pizza. Un peu étrange mais soit. Elle me propose de partager, je ne vais pas faire mon asocial alors j'accepte la proposition. Qu'elle me laisse juste le temps de me déchausser, de me changer et de me recoiffer et je suis à elle. Huit bonnes minutes plus tard, armé de ma boîte à pizza dans les mains je descend rapidement les escaliers et rejoins la salle commune des panthères, adressant un joli sourire à la métis qui semble m'attendre et sa compère asiatique qui m'a l'air bien familier. Kiyako ? Noyako ? Niyako ? Quelque chose comme ça. Je vais faire comme si je sais et je vais l'appeler Yaya. Et si elle me demande d'où ce surnom sort, je lui dirais que c'est comme ça que les américains surnomment leurs amis asiatiques et que c'est quelque chose de très positif. En vérité j'en sais rien, c'est une pure et simple invention de mon cerveau. M'installant alors près des jeunes femmes j'ouvre la boîte à pizza pour leur offrir une vue sur une pizza taille XXL. En vrai je pense que avec ou sans invitation j'aurai fait partager. Impossible de manger ça tout seul. Faut dire que les pizza en Corée sont tout aussi fat qu'aux USA. « Alors les filles... » je commence en Anglais, avant de me lever pour aller ouvrir la fenêtre du balcon et sortir mon paquet de cigarettes de ma poche. «C'est toi que j'ai vu lundi matin en cours de Coréen ? » je demande à la nipponne avant de coincer ma chesterfield entre les lèvres, pour ensuite l'allumer. «Non putain Jaein touche à ton cul la pizza est pas pour toi man ! ! » je crie soudainement sur le vice-président qui passe par là et attrape sans demander une part de pizza en levant le pouce. Ce mec mon dieu...insupportable. Je secoue la tête l'air dépité puis recrache la fumée de ma clope par les narines avant de reprendre une taff. Elle est plutôt mignonne cette Japonaise. Plus belle que certaines Coréennes en tout cas.

♪♪♪♪ | Putain mais plus jamais je retourne acheter kfc. Quand je demande 13 tenders. C'est 13 tenders. Pas 11 tenders et 2 hot wings. Putain. En plus cette brebis m'a même pas mis la sauce mayo. Je vous jure je vais boycotter. Et leur écrire un mail pour qu'ils recrutent des gens qui savent compter et entendre. Je vois pas ce qu'est dur à comprendre dans « vas-y bro mets moi un bucket 13 tenders s'teup sauce mayo, bbq et ketch ». Une fois la bagnole garée, je rentre au dortoir bucket de poulet en mains, je salue les gens,je file un hot wings à mon couz qui traîne par là et là qu'est-ce que je vois pas ? Le Dicaprio qui se ramène avec une pizza et qui commence à draguer la mexicaine. Je me rapproche d'eux ou du moins je me rapproche de la pizza car c'est elle qui m’intéresse et je dépose le seau kfc pour me servir de mes deux mains afin d'attraper un morceau de pizza. Mais trop tard la Mexicaine me frappe la main pour m’empêcher. « Oh vas-y c'est bon la ! En plus c'est pas vegan pourquoi tu fais ta meuf ! Partage wesh ! Tiens je t'ai ramené du poulet je sais que t'adores ça en plus ! » Petit clin d'oeil envers Nora avant de m'installer près du petit clan en prenant une part de pizza, pour commencer à la manger. La remarque du Leonardo j'y fais pas attention. Si il est dans cette frat c'est grace à moi alors il me doit bien une part. « Alors Nora on me présente pas à ta copine ? » Je me penche vers la nana méga canon à côté d'elle puis je lui tends ma main. «Moi c'est Jaein, Kwon JaeIn. 23 ans, vice-président des pyobeom et en quatrième année d'ingenierie aerospatiale ! Je suis aussi DJ à la boite de nuit epsilon et je suis au club de football et football us si jamais tu cherches un boulot en tant que serveuse ou cheerleader ! T'es la bienvenue poulette ! »

Nora et moi, c’est l’amour fou. C’est tellement l’amour fou qu’on a des discussions sur absolument TOUT, aucune gêne, aucun tabou. Elle m’a beaucoup aidé quand je suis arrivée ici et j’ai développé une grande amitié avec elle, ce qui fait que je n’ai vraiment pas honte dès que j’ai quelque chose à lui dire. Je sais qu’elle sera une oreille attentive et sincèrement, c’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment. Alors bien sûr, quand nous commençons à parler des fesses des garçons de sa fratrie en plein milieu de la cuisine, je ne suis pas étonnée. Le plus marrant c’est de voir que les étudiants avec les têtes dans le frigo et dans le placard ne se retournent pas pour nous juger car nous communiquons en japonais. « Est-ce que je peux avoir les deux ? » je lui réponds alors en riant quand elle me dit qu’il faut que je fasse un choix entre les fesses de mon schleu favori et du beau gosse du cours de grammaire. Je termine le verre de limonade qu’elle m’a gentiment tendu et après l’avoir posé dans l’évier (personne ne m’en voudra d’avoir laissé mon verre là, ce n’est pas ma fratrie après tout) et je la suis jusqu’au salon. Tout ce monde me donne envie de faire une fête improvisée mais nous sommes en plein milieu de la semaine et je doute qu’un grand nombre d’entre eux soient enthousiaste à l’idée de se rendre en cours avec la gueule de bois. Je m’installe sur le sol, me présentant à certains, renouant le contact avec d’autres que j’ai déjà croisé lors de mes anciennes visites et me penche contre mon amie pour l’écouter me parler de Loïs.

On a déjà parlé plusieurs fois de lui mais on ne peut pas dire que je sois très surprise par son avis sur le jeune homme. Il n’est pas le garçon le plus sociable de la planète, je l’accorde, il m’arrive moi-même de le surnommer ‘‘l’ovni’’ mais je le trouve adorable, dans le fond. « Je plaisante, chérie. Tu sais bien comment je me comporte avec Loïs. C’est mon meilleur ami, je sais que je peux pousser le bouchon très loin avec lui parce qu’il ne va pas m’en tenir rigueur. Je sais qu’il ne s’entend pas avec tout le monde, il peut être très compliqué mais… c’est vraiment quelqu’un de bien, tu sais ? Je ne sais pas ce qu’il y a bien pu avoir entre Hansoo et lui mais je suis sûre que ça peut s’arranger. Je peux intervenir, si tu veux ? » En vrai, ça me dérange de savoir que Loïs ne s’entend pas avec les autres. J’aimerai vraiment qu’il aille vers les autres, qu’il tisse des amitiés avec ceux qui l’entourent, ça l’aiderait énormément. Malheureusement, je ne peux pas le forcer à faire quoi que ce soit. Je n’ai pas le temps de réfléchir plus longtemps à tout ça car voilà que le beau gosse déboule dans le salon avec sa pizza. Je sens le rouge me monter aux joues quand il arrive droit vers nous avec son sourire ravageur. Si j’étais faite de glace, je ne serai déjà plus qu’une flaque d’eau en cet instant. Je m’accroche au bras de Nora comme si j’étais prête à glisser dans un puit sans fond et lâche un « Oh mon Dieu… » dans l’oreille de mon amie japonaise quand il prend place face à nous. Je ne l’avais jamais vu d’aussi prêt et oh là, là, il est d’autant plus magnifique. Regardez-moi ces yeux, cette mèche de cheveux qui lui tombe sur le front, son sourire ravageur, son cou, ses bras, ses mains… je craque.

Il me faut un certain temps avant de réaliser qu’il s’adresse à moi, je suis tellement occupée à observer les grains de beauté qu’il a sur le visage qu’il a fallu que Nora me donne un coup de coude. Je crois même pas si elle l’a fait exprès, d’ailleurs. Comment on parle en anglais, encore ? Bon sang, je suis incorrigible. J’en viens même à oublier la langue de Shakespeare pour un garçon. « Oui, c’est moi. On a… Hum, on est ensemble en cours de gram... » Je sursaute, interrompue lorsqu’il se met à crier sur un autre jeune homme dont la main apparaît soudainement au dessus de la pizza pour se saisir d’un morceau. J'espère que celui qui vient de ruiner un moment entre Connor et moi a une très bonne raison. Je lève les yeux pour me retrouver face à une grande perche qui croque joyeusement dans sa part, pas du tout perturbé. Mais c’est pas possible, ce sont tous des géants dans cette fratrie ou quoi ? Je baisse de nouveau le regard vers Connor qui s’est allumé une cigarette et recrache la fumée en me fixant intensément. Au secours, il est tellement sexy. Je détourne le regard, prenant délicatement une part de pizza en le remerciant quand soudain, le voleur de nourriture s’installe parmi nous et me fait une description digne d’un site de rencontre. « Serveuse ou cheerleader, hein ? » Je le dévisage, amusée. Ca se voit qu’il ne me connait pas celui-là. « Et si mon truc c’était d’être barmaid ou… je sais pas, videuse, tiens ? En tout cas, je te remercie. Maintenant que je sais que tu bosses à l’epsilon, je passerais te voir. Si tu peux m’avoir un verre gratuit, on sera de bons amis toi et moi ! »

♪♪♪♪ | Petit sourire amer en voyant Jaein débarquer et monopoliser l'attention. Est-ce qu'au moins il s'en rend compte ? Est-ce qu'il voit que c'est chiant à souhait de se faire couper la parole ou de se faire squatter une conversation comme ça ? Non il sait pas parce que lui il ne subit pas, il fait subir nuance. Il fait chier littéralement toute la promo et parce qu'il a quand même quelques bonnes qualité on le laisse faire. Peut-être qu'il serait plus sympa si quelqu'un sur cette fichue terre lui apprenait les bonnes manières. Ne serait-ce qu'un petit "bonjour comment vous allez, excusez-moi de vous déranger". Non ça il connait pas. Il est juste irrespectueux. Clope à peine consummée mais déjà écrasée dans le cendrier le plus proche. Il m'a coupé l'envie de cloper celui-là. Je le laisse terminer sa conversation avec la Japonaise et en profite pour lancer un petit regard compatissant à Nora. J'ai appris qu'elle avait vécu environ un an avec lui dans la même chambre. Même plus, et rien que pour ça je disais chapeau. En fait voilà. La preuve que ce mec était un monopolisateur. Même mes pensées qu'elles soient bonnes ou mauvaises étaient penchées vers lui, et c'est sûrement ce qu'il attendait cet idiot, qu'il marque les esprits. Pourtant celle qui aujourd'hui marquerait les esprits, c'était Yaya quelque chose. De un parce  que j'avais bien envie d'en apprendre plus sur elle, de deux parce qu'elle avait l'air gentille. De trois parce qu'elle était bien mignonne aussi. "Bon...du coup oui on est grammaire...désolé pour le petit contre-temps de notre cher vice-pésident. C'est quoi déjà ton nom ?"

Quand je vois tous les roses regroupés en un même lieu, j’ai l’impression d’être au milieu d’une jungle. Cela peut être déroutant pour beaucoup mais moi, ça me fait bien rire. Ici aussi, chaque spécimen est différent. Il y a ceux qui se prennent pour les rois de la savane, comme ce cher Jaein visiblement, d’autres qui se contentent juste d’être là et puis il y a les discrets qui vivent leur vie sans venir à l’encontre de celles des autres, pas même une seule fois. Dans cette catégorie, je peux aisément y voir Loïs. Je crois ne l’avoir vu qu’une seule fois dans ce salon et il s’y trouvait simplement parce qu’il était de passage. Jamais je ne l’ai vu s’asseoir avec les autres, entamer une discussion ou quoi que ce soit. Pourtant c’est très simple… Parfois il suffit même d’une pizza pour que le lien s’établisse. Il fallait voir Connor. Il était arrivé comme une fleur avec de la nourriture et on avait été attirés comme des abeilles par du sucre. Enfin, moi ce n’était pas ce qui m’attirait le plus dans cette histoire. Il aurait pu venir les mains vides que sa présence aurait été accueillie comme celle du Messie. Je serai restée assise là pour détailler ses traits sans rien demander de plus. Quand le vice-président finit par s’éloigner, l’américain reprend la conversation pour mon plus grand bonheur. Nora, à côté, nous laisse faire connaissance. Bénie soit-elle. « Miyako. » je réponds dans un sourire. Je ne sais pas si ça se voit que j’ai l’air d’une parfaite idiote, en tout cas il est assez gentil pour ne pas le faire remarquer ni se montrer légèrement méfiant. « Mais tu peux m’appeler Miya ! » Je croque dans ma pizza et hurle intérieurement quand le fromage se met à dégouliner sur mes doigts. Bon sang, je suis incorrigible. Je suçote mes phalanges une à une, vérifiant rapidement que rien n’est venu tâcher mes vêtements : « Et toi tu es Connor, c’est ça ? » Question totalement inutile, je sais parfaitement comment il se nomme mais c’est mieux pour nous deux s’il l’ignore. « J’ai… entendu le professeur t’appeler un jour. » Autre sourire mielleux. S’il ne s’enfuit pas après avoir englouti sa pizza, je peux m’estimer chanceuse car j'ai vraiment, vraaaaiment l'air d'une idiote. « Tu es en Corée depuis longtemps ? »