Twins or Monsters ?

Caem, Lenny & Iggy

Une brise légère balaya mes traits pâles, les mèches sombres sur mon front et le regard tendu au-dessus des arbres. Les feuilles remuaient, s'agitaient au rythme du vent qui soufflait pour les déstabiliser. Je les observais, silencieusement, attentif aux paroles soufflées à mes oreilles. Écouteurs branchés sur une voix chaleureuse, écorchée, je m'abreuvais de chaque mot, aussi triste ou réaliste soit-il. (MUSIC) Hyukoh, j'écoutais ce groupe depuis quelques jours, et je commençais de plus en plus à les apprécier. We all die alone, criait-il, me frappant de plein fouet de cet anglais paternel qui me manquait tant. Les sonorités coréennes reprirent rapidement le dessus, dominantes, mais tout aussi fascinantes. Prenantes. Ce groupe allait bien avec les levers de jour, les couchers de soleil, ou les douces journées comme celle-ci, qui ressemblaient presque à des aperçus du printemps, en plein mois octobre. Mes paupières se fermèrent un long instant, les doigts s'agrippant aux rebords, les pieds dans le vide. Calme et silence. La musique m'aidait à me concentrer, à me poser. Je m'étais installé sur le toit, sur ce muret qui en surplombait cette belle hauteur, jouant avec cette sensation de liberté à flotter les chaussures dans les airs. Je ne craignais pas le vide, il me rendait indifférent. Iggy en jouait lui, incarnant un funambule farfelu qui faisait peur aux autres, dans ses pas incertains mais pourtant parfaitement maîtrisés. Moi, je préférais m'asseoir et contempler. J'ouvrais les yeux, fronçant légèrement les sourcils sous les rayons de lumière qui me frappèrent. Quelques silhouettes étudiantes se baladaient en contrebas, marchant vite, courant comme si leur vie en dépendait entre les bâtiments de la faculté. De vraies fourmis vues d'ici, mais elles n'étaient pas si petites en réalité, du cinquième étage où je me tenais. Mes cils roulèrent et s'arrêtèrent sur l'une d'entre elle, familière, sauvage et ténébreuse. Je le détaillais, il ne semblait pas savoir où aller, contrairement aux autres. Et puis, étrangement, il leva les yeux vers le haut, rencontrant les miens qu'il ne lâcha pas. Même si c'était un loup, je ne lui émis aucune salutation, verbale ou physique. Les secondes passèrent, et je détournais le regard pour me décider à me lever, descendant lentement du muret. Je retirais les écouteurs, les rangeant dans une poche, avant de m'asseoir par terre, m'adossant au béton grisâtre de la structure. Je fis glisser le petit livre que j'avais délaissé par terre avec mon sac, en tournant les pages jusqu'à un post-it bleu, couvert d'annotations en tout genre au stylo noir. Une écriture légère, élégante, pleines de boucles et de traits fins. Un monologue tapissait la page entière, et je me plongeai à nouveau dans sa lecture, pour en retenir chaque mot, chaque intonation, chaque geste.. Jusqu'à ce que soudainement, la porte du toit s'ouvre bruyamment. Mes paupières se relevèrent au-dessus de la couverture du fin ouvrage, sans avoir pour autant bougé. La silhouette masculine que j'avais scruté un peu plus tôt, venait d'apparaître. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'autre sur ce toit, à part moi. Et Iggy. Il avança dans ma direction, et mes iris à la teinte fauve l'abandonnèrent pour un personnage plus intéressant..  

    

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.