Ces derniers temps, la vie de Calvin avait pris un virage impressionnant. Il avait soulagé ses larges épaules en avouant ses sentiments à Mo Yeon après tellement d’efforts à les dissimuler. Lui qui avait toujours pensé qu’elle le détestait bien qu’il prétendait le contraire, lui qui s’est toujours dit qu’elle était beaucoup trop bien pour le merdeux qu’il est, qu’il n’y arriverai jamais et pourtant … Il n’avait pas utilisé de magie noir, de poupée vaudou ou encore tout autre magie afin qu’elle lui rende sa déclaration. Il l’avait encore moins menacée, absolument pas drogué. Il faut croire que comme lui, son jeu d’actrice était infaillible. Tout était parti d’une crise de jalousie vis-à-vis d’une fille qu’il ne connaissait pas. Il serait mentir de dire qu’il n’avait pas fait exprès d’aller en chercher une mais également qu’il s’attendait à un tel dénouement. Aujourd’hui il s’était rangé, correctement rangé. Mo Yeon le rendait heureux par sa simple présence, sa voix, son sourire. Il ne regardait aucune autre fille depuis bien longtemps, depuis ce jour c’est limite si il n’est pas devenu complètement aveugle.

Après son couple, la paternité lui tombait soudainement dessus, comme ça, sans rien. Non arretez-vous, il n’a pas enfanté Mo Yeon. Quand bien même il est réellement certain de ses sentiments pour elle, ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Non la veille – ou du moins ce matin – en rentrant presque devenu sourd de son travail de DJ, dans le coin d’une ruelle il est tombé sur eux. Non pas un mais deux chiots, se nourrissant comme ils le peuvent dans une poubelle éventrée. Calvin est con, ce n’est un secret pour personne, complètement stupide et imprudent. Pourtant, laisser ces misérables chiots ici lui était impossible. Il avait bien vérifier autour, questionné un homme vivant à coté qui s’en allait travailler, ils ne semblant pas avoir de propriétaire. Alors ils les avaient amenés chez lui, largement et secrètement attendri par leurs grands yeux ainsi que la manière si douce avec laquelle ils s’étaient mis à le suivre partout. Calvin est con, le roi des petits cons même, mais il n’est pas un monstre.

Il leur avait acheté un panier, des croquettes, sacrifié cinq paires de chaussette qu’ils avaient déchiré sans trop son accord mais peu importe. Midi sonnant, il voulait les garder. Ils n’avaient aucun collier, ne semblaient appartenir à personne, qui est-ce que cela peut déranger ? Immédiatement, il avait harcelé Mo Yeon. Premièrement, il voulait vérifier auprès du vétérinaire que ses chiots sont en bonne santé et n’étaient pas pucés. Bien sûr Calvin s’est largement améliorer en coréen mais à propos du champ lexical des animaux, à part en anglais évidemment, il n’y connait rien. Deuxièmement, ils semblent être dans les premiers mois de leur vie, il avait donc plus ou moins besoin de l’accord de sa petite amie avec qui il compte bien faire l’intégralité de sa vie pour les adopter. Troisièmement, il savait qu’il se ferait anéantir sur place si elle ne les voyait pas et ne choisissait pas leur prénom avec lui. Par messages, il comprit très rapidement que les deux premiers points étaient largement validés. Il n’avait plus qu’à l’attendre pour choisir leurs prénoms et se rendre chez le vétérinaire.

Hélant un taxi, au plus vite, Mo Yeon s’engouffre dans le premier venu, légèrement agitée, ou plutôt excitée. D’un ton presque autoritaire elle indique le chemin à l’homme assis au-devant de la voiture, lui demandant de rouler rapidement, du moins le plus possible. Elle ne lui dit rien de plus faisant penser à une véritable urgence. Requête qu’il accepte, malgré une petite moue désappointée. A vrai dire elle n’a aucune urgence, pas réelle en tout cas. Elle a juste hâte d’arriver à destination depuis les derniers messages échangés avec son petit ami, Calvin. Elle a encore du mal à réaliser le fait qu’il est désormais le sien et qu’elle est désormais la sienne. Cette idée lui donne encore le rouge aux joues, se sentant parfois intimidée. C’est la première fois qu’elle peut réellement se considérer comme étant en couple, et surtout amoureuse, malgré le fait qu’elle ait déjà eu une longue relation, toxique. C’est un grand pas pour la jeune femme et surtout un changement radical dans sa vie. Beaucoup ont remarqué ce fameux changement, la trouvant parfois à sourire toute seule, ce qui n’arrivait jamais auparavant, ou la surprenant à faire quelques plats, à parler plus doucement, plus gentiment, fumant même moins. Mais c’est peut-être parce que l’hiver est présent depuis quelques jours. Enfin qu’importe. Elle a changé et elle le sait. C’est un changement qui ne lui déplait pas, elle a juste besoin de temps pour s’y adapter. Il faut dire qu’une Mo Yeon heureuse c’est d’une grande rareté, voir improbable. Et pourtant . . . la vie en a décidé autrement, lui laissant la chance de goûter à une once de bonheur, voir un peu de lumière dans cette obscurité. Elle reste tout de même fidèle à elle-même mais elle est juste amoureuse et heureuse. Elle est tellement heureuse qu’elle se hâte même à aller le voir dans son appartement, allant même jusqu’à payer un taxi, elle qui ne prend jamais les taxis et favorise les autres transports. En même temps ses fils l’attendent. Ses fils . . . elle en rigole presque à cette idée. Elle ne les a pas encore vu, juste en photo, et pourtant, elle se voit déjà mère. Certes mère de deux chiots mais mère quand même. Après plusieurs minutes à cogiter, elle arrive enfin à destination, payant et sortant rapidement du taxi. Elle ne prend pas la peine de prévenir Calvin et monte déjà à l’appartement dont elle a les doubles des clés. Elle ouvre la porte en grand, surprenant certainement Calvin et les petits, criant en même temps, « ILS SONT OÙ ? ». Elle est tellement obnubilée par ces petits chiots qu’elle aperçoit au loin, leurs queues s’agitant joyeusement, qu’elle en oublie leur père. Elle écarquille les yeux et s’approche doucement d’eux pour qu’ils n’aient aucune crainte et puissent la sentir. « Coucou vous ! Regardez qui est là ! C’est votre future maman ! ». Mo Yeon la sensible acte un ! « Que vous êtes beaux !!!! Venez me voir mes bébés ». Mo Yeon la sensible acte deux ! Elle s’approche encore plus et passe ses mains dans leurs dos, sourire aux lèvres, les ameutant vers elle comme s’ils avaient compris que désormais elle allait remplacer leur mère, sûrement morte ou disparue.

Calvin trouvait que Mo Yeon était atrocement longue. Impatient de nature, ce défaut était largement décuplé par la hâte de se rendre chez le vétérinaire. Il voulait savoir si ils étaient en bonne santé et surtout si ils ne sont pas pucés. Si ils le sont, il pourrait clairement en chialer comme un gosse devant la mort de Sasha dans le film Pokémon. En une nuit et une journée, il avait largement eu le temps de s’attacher à eux. Il avait senti quelque chose entre eux, un coup de foudre, un coup de paternité. Il ne supporterai pas qu’on lui retire ses petits, de toute façon il retournerai certainement les voler pour les récupérer. Du vol d’animaux, il n’en a encore jamais fait mais pour eux il pouvait bien faire une exception.
Alors comme un lion en gage, il s’occupe comme il peut. Il s’assoit sur le canapé pour s’en lever deux secondes après pour aller les caresser, puis il va dans la salle de bain pour se regarder avant de retourner sur le fauteuil pour quelques secondes encore et ceci, indéfiniment. Finalement, il a trouvé le moyen de tuer sa patience en faisant le ménage. Non parce que le lieu est tellement en bordel que les gamins pourraient se blesser avec n’importe quoi ou tomber malade en bouffant ce qui traine. Hors de question ! Avec son tablier qui cache son torse nu parce que ça donne chaud le ménage faut pas croire, ses gants en latex rose et son bandeau fait en papier cul accroché autour de la tête juste comme ça, il commence à tout raser. Il remplit des sacs poubelles, fait la vaisselle, la sèche, la range, passe le balais, lave à terre … Tout ce qu’i n’a jamais fait depuis qu’il vit ici. Ca sent bon, ça sent le propre, ça sent cette odeur qu’il n’a pas connu depuis bien longtemps. Il s’appliquait soigneusement à laver le sol de la salle de bain, frottant plus que de raison mais ne disons rien pour une fois qu’il fait le ménage, lorsqu’il entend une furie rentrer dans la maison. Même pas elle n’a prononcé son nom, pas un seul mot à son attention … Il n’en attendait pas moins. Donnez donc deux chiots à votre femme et elle vous oublie ! Dans sa tenue de guerrier de la propreté, gants et balais toujours en main, il la rejoint dans le salon. Elle a déjà accaparé les petits qui lui sautant dessus comme si ils avaient reconnus leurs mères. « C’EST A CETTE HEURE CI QUE TU RENTRES ? Et moi ?! C’est ma tenue tu m’as pas reconnu ? » S’indigne-t-il faussement. Sachez cependant, que sa tenue ne retire rien à sa beauté. Il s’approche d’elle avant de remarquer les chaussures à ses pieds. « MO YEON JE VIENS DE LAVER A TERRE RETIRE TOUT DE SUITE TES CHAUSSURES ! TU SENS PAS L’ODEUR DU PROPRE ? T’AS PAS VU COMMENT C’EST BEAU PARTOUT ? EST-CE QUE TU SAVAIS QUE J’AVAIS UNE TABLE BASSE DEVANT LE CANAPE TOI ? » Car oui, Calvin en avait fait des découvertes sur son mobilier aujourd’hui …. « T’as vu comment ils sont beaux mes bébés ! » Il finit par s’adoucir lorsque l’un d’entre eux le regarde avec des yeux à croquer. « EST-CE QUE LE GUERRIER KWON PEUT RECEVOIR UN BAISER MAINTENANT ? » A vrai dire, son pseudo air autoritaire était largement gâché par sa tenue mais ne sait-on jamais ?

La jeune femme se hâte tellement de retrouver, ou plutôt de trouver, ses enfants qu’elle en oublie le père, être tout de même important qu’il est préférable de ne pas oublier. Et forcément il la lui rappelle en ce pointant devant elle dans une tenue quelque peu . . . déconcertante, au point qu’elle en vient à se demander si elle n’est pas en plein rêve ou si elle est même en train de fantasmer sur un Calvin en tenue ménagère. Elle cligne donc plusieurs fois des yeux, arrêtant tout geste, oubliant cette fois-ci les chiens, le fixant intensément, les yeux écarquillés, la bouche mi- ouverte. Est-ce qu’il tourne un film ? Ou alors il veut lui faire une blague ? Qu’est-ce qui se passe pour qu’il agisse ainsi et surtout qu’il soit dans une telle tenue, à faire le ménage dans son appartement ? Elle se souvient encore de la fois où elle avait débarqué chez lui, obligée de faire le ménage, un ménage qui avait été particulièrement éreintant au vu de l’état de son appartement. Mais là, aujourd’hui, en effet, l’appartement est propre. Presque trop propre. Mo Yeon en viendrait à soupçonner certaines choses. Ce n’est tellement pas habituel qu’elle ne sait pas quoi lui dire. Elle reste là, le regardant intensément, toujours aussi surprise. « Cal . . . CALVIN !! ». Elle sort enfin de sa surprise, faisant un léger pas en arrière, juste pour être certaine de le voir en entier. Elle se met alors à rire, le trouvant presque sexy en tenue de ménagère. « MAIS QU’EST-CE QUI T’ARRIVE ?? Comment . . . Pourquoi ? En plus d’être en tenue ridicule tu as fait le ménage ! Mais il se passe quoi ! Tu es malade ? ». Elle s’approche de lui, vérifiant quand même sa température, mais tout semble normal. Elle s’éloigne de nouveau, rigole encore, se tordant presque. « C’est la paternité qui te donne des ailes » dit-elle en reprenant progressivement son sérieux. « Je peux te prendre en photo juste pour mon plaisir personnel et comme ça dès que tu me manqueras je regarderai cette photo-là », elle ne lui demande pas réellement son avis parce qu’elle sort dans la seconde qui suit son téléphone et le prend précieusement en photo, la gardant pour elle, comme souvenir. « Le jour où je serai enceinte je veux pas voir ce que ça va donner ». Quoique . . . Elle s’en va enlever ses chaussures, revenant juste après, en l’attrapant par le tablier, le tirant légèrement, « c’est que ça en deviendrait presque un fantasme de te voir dans cette tenue » dit-elle malicieusement en l’embrassant tendrement. Même dans cette tenue il est parfait son homme. De toute manière, dans n’importe quelle tenue il l’est. « Mon guerrier Kwon est satisfait ? ». Elle place ses deux mains contre son cou, l’embrassant de nouveau. « Bon occupons nous de nos bébés et après je m’occuperai de toi », elle lui fait un clin d’œil, sentant alors les chiots venir à leurs pieds pour leur signaler qu’ils sont toujours là. « Je crois qu’ils nous attendent ! ».

Trahison. Disgrâce. L’esprit du mal est marqué sur sa face. De nouvelles queues qui s’agitent et voilà qu’elle oublie la principale, la première, la SEULE ET L’UNIQUE ? Comment fait-elle pour survivre dans la rue face à toutes les autres queues agitées ? L’oubli-t-elle tout aussi vite ? Hier, Calvin n’a pas su passer une porte. Est-ce à cause de ses cornes ? Disgrâce infâme, inonde mon âme. Oui non, je plaisante. Calvin ne pense pas sincèrement que Mo Yeon puisse le tromper. Il lui fait une confiance aussi aveugle que celle de Barry White. Et puis, Mo Yeon est bien trop sauvage. Rappelons qu’elle lui a quand même mis un coup de boule pour rien du tout au jour, dans son visage parfait et faisant pisser de sang son nez. Imaginez un mec qui vient la draguer dans la rue ? HAHA HAHA HAHA HAHA HAHA HAHA, bref. Alors il plaint Calvin. Premièrement parce qu’elle ne l’a pas remarqué, deuxièmement parce qu’elle n’a pas retiré ses chaussures en entrant alors que PUTAIN IL A FAIT LE MENAGE !!!!!!!!!! Ce n’est qu’à ce moment là qu’elle le remarque, complètement stupéfaite avec des yeux aussi gros que deux ballons de basket. Elle reste muette pendant quelques secondes et Calvin comprend rien. Il se dit qu’on a dû l’assommer, qu’elle a perdu la mémoire et qu’elle sait même plus qui est l’homme merveilleux qui lui fait face. Putain faut vraiment TOUT RECOMMENCER ? N’A-T-IL DONC PAS ASSEZ GALERER POUR MERITER SON AMOUR PUTAIN ???? Il maudissait les Dieux, il maudissait son amésique jusqu’à ce qu’elle le fasse carrément sursauter en criant soudainement son prénom. AH BAH VOILA ! Il la regarde rire, sans trop comprendre parce que pour lui, il a rien fait de marrant. Il ne comprend seulement qu’elle se moque de sa tenue que lorsqu’elle finit par retrouver à nouveau la parole. « Quoi ? Mais elle est très bien ma tenue ! » S’indigne-t-il en baissant les yeux vers cette dernière. Quoi il y a un problème avec sa tenue de guerrier ??? « Bah non j’suis pas malade ! » Mais elle vient vérifier quand même. C’est bien les femmes ça, elles se plaignent qu’on ne les écoute jamais mais c’est réciproque ! Elle s’écarte encore, sans même lui faire de bisou, se tordent encore de rire. Et puis, même pas elle fait un petit compliment sur son travail magnifique. Aucune reconnaissance, aucun encouragement, rt si toi aussi t’es choqué déçu. Elle lui demande pour prendre une photo de lui mais comme il connait la bête, il sait que son avis elle s’en fiche un peu. Alors il répond même pas et prendre une pause sensuelle dégueulasse pour qu’elle puisse se rappeler de la puissance de son sex appeal en toute circonstance. « Le jour où tu seras enceinte j’aurai même pas le choix de faire le ménage de toute façon. » Il soupire, se préparant d’ores et déjà au pire. « Mais au moins, tu seras ma table basse de poche ! J’pourrai poser des assiettes, des verres, des lampes et tout sur ton ventre ! » Voyons le bon côté des choses. Elle va enfin retirer ses chaussures qui salissent son sol parfait et qui sent bon la rose des bois avant de revenir vers lui. Il sourit en l’entendant dire que ce serait presque un fantasme de le voir dans cette tenue. « Ouais je sais. » Pis il fait bouger ses pecs derrière son tablier pour l’impressionner encore plus. Il profite de son tendre baiser, hôchant seulement la tête lorsqu’elle lui demande si il est satisfait avant de profiter de son second baiser. Il se sent soudainement très pressé de choisir leurs prénoms mais pour une toute autre raison que celle de les amener chez le vétérinaire. Les chiots à ses pieds, il les attrape chacun dans une main. « Ok alors lui c’est Détritus et lui Public. » Qu’il lance en en soulevant un puis l’autre avant dans les reposer. Bah ouais, il les a trouvé dans une poubelle quand même. Mais pas de temps à perdre. « Voilà on a trouvé. » Qu’il lance avant d’abaisser son pantalon et prêt à foncer dans la chambre.

C’est tellement étrange de voir Calvin dans une telle tenue que Mo Yeon a réellement du mal à s’en remettre mais plus l’image survient dans sa tête et plus elle réalise à quel point il est ridicule dans cette tenue. Mais c’est uniquement parce qu’elle n’a pas l’habitude de le voir vêtu ainsi et puis parce que c’est surprenant de voir Calvin faire le ménage. Elle n’aurait jamais parié sur lui. Enfin qu’importe, au moins elle l’aura vu ainsi une fois dans sa vie et sait pertinemment que ça ne risque pas de se reproduire avant un long moment, autant qu’elle en profite au maximum, gardant cela en souvenir, rigolant en le voyant prendre une pause le rendant encore plus ridicule. C’est pour cette raison qu’elle l’aime autant. C’est parce qu’il sait la faire rire dans des moments où elle ne l’aurait jamais fait auparavant. C’est le pouvoir de son homme. Elle place ses mains contre son ventre alors qu’il parle de mettre des choses sur son ventre lorsqu’elle sera enceinte. « Tu n’auras pas intérêt à le faire sinon tu reverras du sang coulé de ton nez », c’est qu’elle devient aussi menaçante Mo Yeon. Elle imagine tout de même la scène, trouvant cela ridicule et se retenant de rire. Au moins ils seront un couple atypique, sortant des sentiers battus. Elle chasse toutefois cette image de son esprit, se sentant légèrement mal à l’aise à l’idée de s’imaginer enceinte. Elle est encore trop jeune et puis . . . elle n’en est pas encore là avec lui. Certes sa mère a eu ses frères et sœurs tôt mais elle, elle préfère éviter au vu de ce que ça a donné par la suite. Enfin bref, elle finit par lui obéir, enlevant ses chaussures mais se rapprochant rapidement de lui pour le complimenter, enfin. Ce qui semble lui satisfaire, mais les petits comprennent rapidement qu’ils risquent de ne plus être le centre d’attention d’ici quelques minutes et interviennent pour réclamer de l’affection. Elle se concentre donc de nouveau sur eux, caressant doucement les deux petites créatures. Malheureusement pour eux, Papa Kwon ne semble pas être de cet avis, bien trop pressé qu’on s’occupe de lui, surtout, donnant rapidement des prénoms ridicules, abaissant déjà son pantalon, réclamant lui aussi de l’affection. Mo Yeon pousse un long soupir se demandant comment elle va survivre si ce sont réellement deux mâles. Elle en a déjà un qui lui prend beaucoup d’énergie et qui en réclame déjà beaucoup. « Remets ton pantalon ! Allez ! Dépêche-toi ! Tu n’auras rien tant qu’on aura pas trouvé des prénoms et qu’on les aura pas ramenés au vétérinaire . . .  S’il y en a encore un d’ouvert après avoir trouvé leurs prénoms ». Parce que ça risque de prendre du temps. « Tu te vois appeler ton chien détritus et poubelle dans la rue ? Sérieusement ? ». Elle arque un sourcil, hochant négativement de la tête. « C’est trop moche », elle est directe mais c’est la vérité. Elle ne veut pas que ses bébés soient traumatisés à cause de leurs prénoms. « Pourquoi pas . . . », elle réfléchit quelques secondes, « Gizzmo et Apollon ? ». La nuit risque d’être longue . . .

Franchement, utiliser Mo Yeon comme table basse ou plutôt, table haute lorsqu’elle sera enceinte, c’est une super bonne idée ! Bon, sûrement qu’elle sera casse couille comme la plupart des femmes enceintes mais au moins, elle sera encore plus pratique ! Il pourra poser ses canettes, ses chips, la télécommande, son téléphone et tout ceci, sans les perdre dans le canapé ! Une idée merveilleuse, sublime dont il s’apprêtait à faire déposer le brevet parce que il est certain que personne n’a eu une idée pareille mais Mo Yeon semblait plus ou moins opposée à son idée. En fait, très franchement opposé par sa menace des plus explicites. « Mais faut y voir l’aspect pratique ! J’suis sûr que toi tu vas poser plein de truc sur ton bide énorme et moi j’aurai pas le droit ! Jm’en fou, je deviendrai gros. » Il regarde son ventre derrière son tablier qu’il essaye de faire gonfler pour se donner un aperçu. « Ouais non. Mais je trouverai une solution ! » Qu’il s’exclame, rempli d’une détermination sans précédent. Il aurait pu continuer à réfléchir à voix haute sur le comment devenir un meuble humain mais Mo Yeon savait mieux que personne le faire taire. Mieux que personne pour le faire taire mais aussi pour lui donner très chaud. Soudainement pressé, il balance deux conneries en guise de prénom mais qui ont une véritable logique puisqu’ils ont été trouvés dans des poubelles avant de reposer les chiens et abaisser son pantalon. Voilà, maintenant les noms trouvés, ils peuvent passer aux choses sérieuses. Il en était content lui, ça leur allait bien de toute façon, c’est mignon maiiiiiiiiis une nouvelle fois, Mo Yeon n’était pas de cet avis. Ascenseur émotionnel, elle lui demandait de remonter son pantalon pour leur trouver des prénoms et critiquant par ailleurs, son choix de génie ! « Mais bien sûr que ouais j’me vois les appeler comme ça dans la rue ! Regarde « Camille » c’est flingué comme prénom et pourtant, sa laideur et elle le vivent bien ! » Il soupir en remontant son pantalon et s’essayant. « Camille aussi c’est moche, j’vois pas où est le problème. » Kamikaze qu’elle aurait dû s’appeler ouais ! Le jeune homme éclate littéralement de rire en attendant sa proposition de prénom. « Guizzmo et Apollon ? » Il en rigole encore avant d’attraper un chiot dans ses bras. « Déjà pourquoi Apoilon alors qu’ils ont les poils courts. » RIEZ TOUS A CE JEU DE MOT. « Et Guizzmo, on dirait un nom de glace alors que eux, ils ressemblent à des saucisses. » Même si ils sont de belles saucisses. « Il faut des prénoms américains, parce que Papa Calvin est américain et parce que c’est grave plus stylé ! Genre … » Il en désigne un « Onepac » puis l’autre. « Et 2pac ! » Il tourne les yeux vers Mo Yeon trop fier. « Parce que c’est des thug dogs ! »

Mo Yeon regarde son ventre, essayant de s’imaginer avec quelque chose de plus gros, mais elle n’y arrive pas. Ça ne vient pas. Et puis sincèrement, ça serait moche. Elle ne se voit pas aussi grosse qu’une baleine, se plaignant toujours, marchant comme un crabe, se tenant le dos pour se maintenir, Calvin faisant le guignol, la poussant à bout et l’utilisant de toutes les manières possibles. Elle chasse cette idée horrible de son esprit, préférant se focaliser sur autre chose. « Tu verras si tu feras encore le malin quand ça arrivera. Tu vas moins rigoler. Je te le dis-moi », elle sait parfaitement que lui comme elle, ils risquent de souffrir. Déjà qu’ils sont un couple qui se cherche alors d’ici quelques années, avec un bébé dans le ventre, ça risque d’être pire, mais peut-être pas dans le bon sens. Là, ils savent que c’est pour plaisanter, mais plus tard . . . Mo Yeon arrête toutes ses pensées, ne préférant pas penser à l’avenir. C’est bien trop terrifiant. Mais avant de penser au futur, il faut penser au présent, et pour le moment les deux jeunes tourtereaux ne semblent pas être en accord pour les prénoms de leurs enfants. Il faut déjà régler ce premier problème avant d’en régler un autre. Elle l’oblige donc à reprendre son sérieux, s’asseyant à ses côtés, et regardant les deux chiots devant elle. Elle ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire en entendant la blague de son copain, « qu’est-ce que t’es stupide parfois » dit-elle en lui donnant un petit coup à l’épaule. Franchement il n’y a que lui pour trouver des jeux de mots pourris. Il est capable d’en trouver même sur des choses dont personne n’y penserait. « Yah ! Ne les critique pas ! Ils t’entendent tu sais. Ils risquent d’être blessés et de te bouder », mais oui bien sûr, comme si des chiots étaient capables d’une telle prouesse. Quoique . . . « Et t’as oublié que leur maman n’est pas coréenne, Monsieur ». Mais si on devait reprendre ses origines, elle est quand même née en France. Certes elle a du sang coréen mais née en France quand même. Lorsqu’il suggère deux nouveaux prénoms, elle finit par prendre le coussin qui est à ses côtés et le lui balance dans la figure, « choisis moi d’autres prénoms. Il en faut des différents ». Elle pousse un long soupir, se pinçant légèrement le nez. Elle sent qu’avec lui ça risque de prendre un siècle avant de se décider. « Tant que t’y es on a qu’à les appeler Dok2 et ZionT », elle le dit de manière ironique, mais en vrai c’est quand même des prénoms de chien qui claquent. « Ou encore Booba et Lacrim », elle grimace, trouvant cela terriblement moche. « Tu sais quoi bae, tu as qu’à choisir un prénom et j’en choisis un, comme ça, c’est équitable ? ». Elle cligne plusieurs fois des yeux. Elle sait que c’est un risque à prendre et qu’il risque de donner un prénom horrible à un chien mais au moins l’autre sera sauvé.

Calvin et Mo Yeon sont encore bien loin d’avoir un enfant. Si cela devrait arriver demain, le jeune homme serait mort de peur. Il n’est pas prêt, il n’est pas assez mature, sûrement pas encore assez responsable. Il a encore de belles conneries à faire avant d’endosser ce rôle si sérieux. « Et pourquoi donc ? Qu’est-ce que tu vas faire en tant que future table basse ? Tu vas me faire me cogner le petit orteil contre toi ? » Pis il rit comme le plus grand des trou du culs, tellement fier de lui. Il se moque bien d’elle mais il sait parfaitement qu’elle et ses hormones fous lui en feront voir de toutes les couleurs. Alors il préfère ne pas y penser et se moquer d’elle tant qu’il le peut encore.

Quoi qu’il en soit, le temps passe, Calvin se moque de Mo Yeon mais le prénom pour ces deux jeunes chiens n’est toujours pas trouvé. Vu l’avancement de cette discussion, il est complètement certain que le vétérinaire sera fermé une fois les prénoms trouvés. Comme bien souvent, ils ont bien du mal à être d’accord. Comme à son habitude, Calvin veut pour ses enfants un prénom jeu de mot complètement nul et Mo Yeon, quelque chose de plus soft et moins ridicule qui bien l’américain en pense tout le contraire. « Ils ont pas à bouder ! Ils ressemblent à des saucisses, c’est pas de leurs fautes ! De toute façon, ils m’aiment déjà trop pour ça. » Elle aura beau dire Mo Yeon, mais Calvin reste leur plus grand, le plus beau, plus majestueux, plus incroyable, plus musclé sauveur. « Je t’arrête tout de suite, tu n’appelleras pas un de mes chiens baguettes. » Non pas qu’il soit raciste des races de pains mais imaginez que cela le rende snob ou galant au point de se faire défoncer par tout le monde ? Non ! JAMAIS ! Et là sans la moindre raison, le malheureux reçoit un coussin dans le visage. Un homme battu. Kwon Calvin a tweeté : Baik Mo Yeon. #Balancetoncatcheur. « C’est qui booba et lacrim ? Des noms de terrasse ? » Il récupère le coussin pour le positionner sous sa tête, complètement sérieux dans sa question. Il plongea cependant dans une intense réflexion à la proposition de Mo Yeon. Choisir chacun un prénom. « Hum … » C’est vrai que c’est plutôt équitable … « Mais tu ne leurs donnes pas à prénom de tafiole hein ? J’veux pas que mon clebs se fasse défoncer par des chatons ! Pense à leur intégration ! On va se moquer d’eux à l’école ! » Oui bon, il va peut-être un peu trop loin là … « Façon si c’est beaucoup trop laid, je m’accorde un droit de vétérinaire ! » Il ferme les yeux et met ses mains sur ces derniers afin de se plonger sur une profonde réflexion. « ATTEND ! » Hurle-t-il soudainement en se redressant. « Tu vas nommer lequel toi ? Non tais-toi dit rien, moi je choisis lui ! » Il prend un des chiots dans ses bras. « J’sens que c’est déjà un gros dur ! »

Elle arque un sourcil, et le menace presque du regard. « Tu verras bien. Tu vas subir les conséquences de tes mots, je te le dis tout de suite », du moins elle espère. Autant pour certaines femmes la grossesse peut très bien se dérouler, sans avoir énormément de sauts d’humeur, tandis que pour d’autres c’est une véritable catastrophe et il faut avouer que cela terrifie Mo Yeon. Mais bien plus que la grossesse, elle a surtout peur de ne pas être une bonne mère. Une mère bienveillante, sachant s’occuper de ses enfants. Elle a peur d’être comme la sienne et de devoir en laisser. De devoir se séparer pour mauvais traitements, ou du moins à cause de difficultés pour les élever. Ce n’est pas facile d’avoir un enfant, et encore plus quand il y a des enfants. Mais ce n’est pas le problème pour le moment et fort heureusement qu’il ne l’est pas, surtout au vu des prénoms que Calvin veut donner aux chiens. Si un jour ils ont des enfants ça risque d’être une catastrophe. « C’est toi qui les aimes déjà trop. Moi je suis sûre que c’est pas encore le cas et qu’ils vont finir par te détester si tu continues à les traiter ainsi », elle lui fait une grimace ridicule, absolument pas digne d’elle, regardant les deux petites bêtes avec un visage différent. « Non on ne va pas les appeler non plus baguette ou encore raclette ou pourquoi pas croissant », elle se tape le front. Si elle voulait un prénom français elle en aurait choisi un autre, plus joli. Du moins elle l’espère. Parce qu’un prénom peut être beau pour elle mais terriblement laid pour d’autres. « Ce sont des rappeurs français, Monsieur qui n’y connait rien », et elle non plus en vérité elle n’y connait rien, elle a juste dit des noms d’artiste qu’elle a cru entendre un jour, à la télévision ou à la radio, elle ne sait plus. Dans tous les cas ça serait bien son genre de sortir des prénoms avec de telles origines. Il a totalement le style son mec. Et c’est sûrement ce qui le rend encore plus charmant, même si elle ne se serait jamais imaginée avec un homme tatoué comme Calvin. Elle finit par lui faire une offre qu’elle risque de regretter mais Calvin aussi. Ils sont tous les deux gagnants et perdants. « Aish. C’est toi qui parles d’intégration mais tu crois qu’en leur donnant un prénom ridicule ils vont pas se faire malmener par les autres chiens aussi ou même les autres animaux ? Et puis comme on dit il faut se soucier des apparences. Il peut avoir un prénom mignon et être un vrai gangster des rues », voilà, elle est influencée par Calvin, elle n’a pas envie que ses enfants deviennent des gangsters non plus. Elle veut qu’ils soient dans un entre deux. « Et je m’accorde le même droit si tu en as un, ce n’est pas juste sinon », oui parce qu’elle reste leur mère. L’unique mère de ces chiots. Il choisit le chiot pour lequel il va donner un prénom, ne lui laissant même pas le choix. Elle lui donne une petite tape sur l’épaule, « t’as jamais appris qu’il faut laisser les femmes choisir avant. Je t’ai trouvé dans une pochette surprise ? ». C’est à se poser la question parfois. Mais elle le laisse faire, puisque de toute manière elle n’a pas le choix. « Mais prends celui que tu veux, je prends celui-là alors », dit-elle avec un grand sourire, en le serrant dans ses bras, surtout parce qu’il vient d’être rejeté par son père, « t’inquiète mon chéri, maman va s’occuper de toi, mieux que papa ». Et elle lui lance un regard presque mauvais. « Bon tu t’es décidé ? Moi je me suis décidée ! », en plus l’heure tourne et ils risquent de manquer le vétérinaire. Si ce n’est pas déjà fait . . .