pourquoi ça tombe forcément sur moi ? – sa conseillère lui avait recommandé de se mettre au sport, elle l’avait convaincu sur le point fondamental que c’était bon pour sa santé, et ça suffisait amplement à sander pour se dire que ça n’irait pas contre son obsession de toujours. Mais pitié. Pourquoi il a fallu qu’on lui assigne comme « coach sportif » la grande tige qu’est hvitserk, cet être à l’égo surdimensionné. Le fait qu’il parle la même langue que lui n’était en rien une justification efficace pour excuser cet affront. Même pays, mais pas du tout même mentalité.

Il lève les yeux au ciel, coincé dans son bermuda de sport, il a refusé de quitter son bomber et sa casquette vissée à l’envers sur son crâne. Il le voit, ce géant qui agite les bras comme s’il était en train de s’embrouiller avec l’air. Il ne soupira que lorsqu’il se décida à avancer. Déjà que ce n’était pas évident pour lui de se glisser dans un terrain de sport, c’était encore moins évident quand on se trouvait en face de ce genre d’individus. Mais pourquoi sander se montrait-il aussi mal à l’aise ? parce qu’il était tombé sur hvi par hasard dans les rues surpeuplées de séoul. Parce qu’au début, il était rassuré de savoir qu’il n’était pas le seul nordique ici. Parce qu’il ne se doutait à aucun moment que son acolyte n’était qu’un môme égocentrique et dur comme un roc.

Ça ne l’avait pas fait c’est tout. Et ce n’était pas faute d’avoir essayé. Ces deux-là n’étaient simplement pas fait pour s’entendre. Et, à en croire sander, il préférait la douceur et la gentillesse offerts sur un plateau plutôt que devoir se coltiner les gens sans cesse en quête de surpassement d’eux-mêmes. Peut-être que sander était jaloux. Jaloux de voir ces gens si sûrs de leurs capacités autant mentales que physiques. Peut-être parce que pour eux, sortir de la maison est un plaisir quotidien alors que pour san’ c’est une épreuve. Le gamin était beaucoup trop envieux, et ça se lisait franchement sur son visage.

Il se plante devant hvitserk, les mains dans les poches, comme un feignant contraint d’être là. Il commençait à croire qu’on tentait, sans cesse, de les réunir alors que sander faisait tout pour ne pas croiser son chemin : déjà le soutien scolaire, maintenant le sport, domaine dans lequel le norvégien était assez faible. Tout ça n’était qu’un coup monté. Il frotte son pied par terre, râleur, ne s’embêtant point à parler coréen. « - ça y est, t’as eu ta petite vengeance perso ? » il fallait dire que sander n’y était pas vraiment allé de main morte quelques jours auparavant, pendant qu’il aidait hvitserk.

Hvitserk ce n'est pas un mauvais garçon. Ce n'est pas quelqu'un de bien non plus. Hvitserk il se fiche de l'avis des gens, de l'image qu'il peut avoir pour eux. Le garçon ne pense qu'à lui et ses propres intérêts, et qu'importe si cela doit le faire passer pour un connard aux yeux de la société coréenne qu'il méprise avec ardeur. Le plus étonnant cependant, reste son rapport avec le seul Norvégien de la ville qu'il connaisse. Au delà de leurs origines, tout semble les opposer, les mettre l'un contre l'autre plutôt que de les rapprocher. À vrai dire, Hvitserk n'a pas vraiment de sentiments négatifs envers le plus petit qui l'ennuie simplement. À ses yeux, Sander est aussi coincé et vide que les coréens. Il lui manque ce petit quelque chose, cette lueur dans son regard. Et si au départ le Pyo espérait s'amuser avec lui, il a rapidement abandonné cette idée. Et quand Hvisterk ne s'amuse pas, Hvitserk s'en va, oublie.

Pourtant tout semble toujours les réunir de nouveau, qu'il s'agisse de leur école, leurs familles, et, depuis peu, même des activités extra-scolaires. Parce que le nageur n'aime pas étudier, qu'il s'y retrouve pourtant obligé et ce sous la surveillance d'un Sander exécrable. Mais aujourd'hui les rôles basculent, s'inversent. Et il l'attend déjà sur le terrain, un sourire mi-joueur mi-sadique étirant ses lèvres avant même qu'il n'arrive. Et lorsqu'il s'approche enfin, le sourire de Hvitserk s'élargit plus encore. « Vengeance ? Non, l'entrainement a pas encore commencé. Mais dans deux heures ouais, je l'aurai. » Sa phrase dans leur langue natale est ponctuée d'un clin d'oeil et il s'empresse de retirer la casquette de son élève pour la visser sur sa propre tête « Alors déjà, tu vas commencer par retirer cette veste, et puis faire un tour de terrain pour t'échauffer. Et râles pas j'fais ça pour t'éviter un claquage, puis si tu traines des pieds j'te fais recommencer, deal ? Allez go. »

Sans trop lui laisser le choix, il tire sa veste et le pousse sur la piste, observant avec un sourire aussi satisfait que mauvais lorsqu'il se met à courir. Et une fois le tour terminé, Hvitserk pose les affaires du plus jeune sur le banc et s'assoit au sol, l'entrainant avec lui. « Tu te reposeras après, on va faire quelques abdos, une petite série de 20 c'est rien. » Et mine de rien en bon sportif qu'il est il ne se contente pas de le regarder faire, mais en profite pour lui-même s'entrainer en même temps. Sauf qu'il se trouve encore trop tendre et s'arrête avant de terminer la série. « En fait.. Tu t'souviens l'autre jour quand tu disais que même un collégien aurait pu trouver que le résultat de l'équation c'était 86 et que j'étais vraiment nul ? Allez hop, 86 abdos de plus, et on repart de zéro. Mais t'inquiète, même un collégien pourrait y arriver. »

Mais quel putain de sadique. Sander se sent déjà l’envie de méchamment se manger le sol histoire d’avoir une bonne raison de chouiner et d’arrêter tout de suite cette scène pitoyable. C’est facile pour un type qui fait presque deux mètres de prétendre être un bon sportif, surtout qu’on lui demande tout sauf d’être intelligent. Il fait tressauter son épaule, constatant que tout n’était que provocation chez hvitserk. Son visage angélique sans défaut était orné d’un sale sourire de connard, qui semblait ne savoir que dire « je suis le meilleur regardez-moi. » sand ne pouvait pas s’avouer vaincu, pas dans des conditions aussi débiles. Alors il se laisse débarrasser par son ainé, feignant un air de petit prince qui se fait déshabiller par son servant. Il ne pourrait pas le porter sur son dos pour faire ce tour de stade ? nom de dieu, 800 mètres de tour à faire. Le norvégien a déjà envie de tomber dans les pommes.

Mais il va me tuer. Et je n’ai pas encore connu l’amour. Il tousse. Il retient le tremblement de ses cuisses. Il est venu jusqu’ici, et ce n’est certainement pas pour repartir la queue entre les jambes. Il n’avait pas la carrure d’un anorexique, c’était déjà un bon point. Sander se plaignait même d’avoir souvent un peu de ventre ; tout ça manquait clairement de muscles.

Il n’avait pas envie de jouer au plus con avec hvisterk. Bien qu’il semblait le mépriser, il ne voulait pas se rabaisser à ce niveau. Simplement, il avait peur de tirer le constat du fait que son camarade n’était pas aussi stupide qu’il le prétendait, et qu’il savait plutôt bien se servir de ses talents. à la différence de sander bien entendu.

Il se met donc à courir à son grand dépit, activant ses mollets et quittant son coach bien aimé pour commencer l’exercice. Le garçon avait l’air de souffrir toutes les dizaines de mètres, inquiet, ne comprenant pas vraiment pourquoi il avait déjà mal et surtout pourquoi les sportifs s’infligeaient cette torture constamment. Bande de vicieux. Ça lui tirait sur les jambes, et pour un thanatophobe, ce n’était pas vraiment pas un bon signe. Mon dieu si ça se trouve je ne pourrais plus marcher, ce taré va me rendre handicapé.

Sander s’arrête de penser au moment où finalement il se pointe devant son rival, se recroquevillant avant d’être presque jeté à terre. « - calme-toi l’apollon. On n’a pas tous rien dans la tête et tout dans le corps ici. » oups. C’est délibérément sorti tout seul.

Opération abdos : il s’allonge et se redresse une fois, deux fois, puis trois avant de rester allongé, impuissant, regardant cet être qui le surplombait presque. Sander glisse ses mains sous sa tête avant de souffler, les yeux ronds sous ses dires « - je suis en droit. et je sais résoudre des équations niveau élémentaire, il faut vraiment que tu te rendes compte que tu es le problème. » ; « - puis la vengeance, c’est horriblement immature. » -> paroles du mec qui, tellement intimidé, a commencé à jouer aux tyrans envers hvitserk quand il en a eu la première occasion.

« - j’en peux plus. J’arrête. » et la méthode de ne pas jouer aux plus cons ? est-ce qu’il l’aurait déjà oublié ? sander se redresse et se frotte le front avant de regarder hvits « - pourquoi tu t’obstines à vouloir me foutre la honte ? t’as pas assez de gens à ta disposition pour ça ? » ; « - si tu ne m’avais pas envoyé promener quand on s’est rencontrés, on en serait pas là. » et où en seraient-ils alors ?