Le Kurss. Depuis un an qu’il bossait dans la Digital City, Kanesuke avait fréquenté cet endroit beaucoup trop de fois pour qu’il soit humainement possible de les compter. C’était encore plus le cas au tout début, quand il logeait encore dans un appartement miteux de cette ville nouveau genre. Jusqu’à ce que son boulot d’enseignant à l’université lui offre un salaire assez confortable pour emménager à l’extérieur, dans une jolie petite maison traditionnelle qui se rapprochait beaucoup de celles qu’on pouvait se procurer au Japon. Il l’avait d’ailleurs emménagée de façon on ne peut plus japonaise. Pourquoi chercher à ce point ses origines alors même qu’il les avait reniées un long moment ? Bonne question... Mais Kanesuke ne s’en posait jamais vraiment, des questions. Il se contentait de suivre ses envies. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle après être rentré chez lui après une longue journée de cours, de correction de copies et de profond ennui, il avait décidé de finalement refaire le trajet de l’autre côté, non sans avoir pris une bonne douche et enfilé un kimono noir et blanc un peu lâche qui s’ouvrait assez pour dévoiler une bonne partie des tatouages de son torse, lequel recouvrait en partie un hakama noir et assez ample pour être on ne peut plus confortable. Kanesuke avait vraiment gardé quelques traces de son éducation, mais il tournait toujours tout à sa sauce, ce que ses parents auraient détestés voir.

Il s’installe à une table juste à temps pour voir une délicieuse jeune femme de sa connaissance monter sur la petite scène pour se donner en spectacle. Ce n’était pas tous les soirs, mais ça faisait toujours plaisir d’avoir quelques artistes invités sous les yeux en buvant un verre. D’ailleurs, on lui amène déjà ce qu’il commandait pratiquement toujours et tout en le prenant, il glisse l’argent dans la poche du joli petit serveur tout délicat en lui faisant un clin d’oeil charmeur. Puis, il reporte son attention sur Su Nah, parce que c’était elle. Une de ses étudiantes. Son assistante, même. Il se demandait encore pourquoi elle faisait ça. Sûrement pour faire beau sur le CV puisqu’il ne lui faisait vraiment pas de cadeau... Quoique il s’était un peu attendrit depuis un moment, non ? Depuis qu’ils avaient couchés ensemble... Non, Kanesuke ne craignait pas les malaises potentiellement quotidiens que ça pouvait amener. Il avait aimé, cette nuit-là. Mais quelque chose l’avait empêché de remettre le couvert. Pas qu’il veuille y penser ce soir, donc il se concentre entièrement sur la superbe voix de la jeune femme, buvant tranquillement son verre. Il se tâtait entre prendre un peu d’herbe planquée sous la table ou aller au sous-sol pour voir s’il pouvait squatter une table de poker. Les deux étant hautement incompatibles s’il voulait gagner.

Ces moments où Su Nah était sur scène, Kanesuke oubliait un peu tout. Ce qui fait que le temps passe étrangement vite et lentement tout à la fois. Il adorait l’entendre chanter, il n’y avait pas de doute possible. Mais elle quitte finalement la scène. Juste à temps pour être cueillie par un gros con qui a les mains baladeuses et ne sait visiblement pas ce que « non » signifie. Alors qu’elle passe près de lui sans même le voir, tout en essayant de se débarrasser de cet imbécile, Kanesuke passe un bras autour de sa taille svelte pour la faire chuter sur ses cuisses. Il a un petit clin d’oeil on ne peut plus espiègle pour la belle, puis se penche un peu, histoire de venir conquérir ses lèvres d’un long baiser qui aurait fait rougir comme une pivoine les plus grands tombeurs de l’endroit. Il caresse, mordille, approfondie. Une de ses mains glisse sous le haut de la délicieuse gamine, révélant même la baleine de son soutien-gorge alors que ses doigts se perdent sur ses côtes les plus hautes et son pouce glisse au centre du sous-vêtement, sous le petit bout de tissu qui lit les deux bonnets. Il se prend délicieusement entre ses deux seins. Oui, il s’en permettait. Mais eh, il fallait voir les choses du bon côté : le type était parti. Et d’ailleurs, il retire finalement sa main pour simplement la poser sur une hanche.

Son regard se perd sur le joli visage qui semble se perdre entre surprise, plaisir et mépris. Il provoquait souvent ce genre de réactions, il faut dire ! Il attendait au choix que la demoiselle en rit ou qu’elle lui donne une bonne claque. Ou les deux. Ça ne serait pas la première fois.

« Eh bien on dirait que je viens de te sauver. Salut. », déclare Kanesuke, son petit air effronté habituel ne quittant plus ses traits. Il a un clin d’oeil amusé pour la belle, taquin. « C’était qui ce type ? Il faisait peur à regarder.  Me dis pas que tu le connais... Tu as de bien plus beaux amants que ça d’habitude. À moins que je fasse exception ? »

Oui bon, la modestie, tout ça...!

Une nuit de plus pour Su Nah, une de plus à pouvoir vivre de ce qu’elle aime faire le plus. Chanter, jouer de la guitare, plaire à un public autrement qu’avec seulement la jolie forme de ses courbes. Tout du moins elle l’espérait. Su Nah était de ces filles sans histoire, discrètes et gentille. Le genre de fille qu’on pouvait, dans le fond, facilement manipuler. Bien qu’elle ait un caractère farouche qui contrastait toujours avec l’air faussement naïf qu’elle dégageait. Su Nah était une jeune femme dans la fleur de l’âge qui se découvrait et s’affirmait. Tout du moins c’était ce qu’elle aimait croire. Elle avait vu ses relations se faner, s’était vu perdre des amis qu’elle considérait comme de sa propre famille, sûrement par sa faute mais Su Nah n’arrivait plus à savoir ce qu’elle faisait de mal. Alors comme d’habitude elle avait décidé de se laisser porter par le flot et de voir là où elle atterrira, sans trop savoir dans quel état elle terminerait. Mais la jeune femme n’avait plus compté les bleus qu’elle avait accumulés sur le corps et les genoux. Enfant ingénu et intrépide, elle avait toujours repoussé les limites du possible pour tenter de toucher  les étoiles. Elle s’était si souvent brûler les ailes sans jamais rien apprendre de ses échecs, pensant toujours réussir un peu mieux les fois d’après. Courageuse et le cœur encore remplie d’espoir Su Nah a envie de se dire, qu’après chaque chute, elle saura enfin atteindre ses rêves. Quelle bêtise.
 

Hommes après hommes, elle ne cessait de tomber de haut, et sa plus forte désillusion restait Min Soo. Une femme à mettre dans son lit tout au plus. Hyun Ki ? Une femme, une épouse ? Pour finalement rester à prendre la poussière en attendant qu’on se souvienne d’elle. La liste pouvait être longue comme ça … Su Nah n’était jamais le premier choix, celui pour qui on se battrait. Andrew, dernière déception en date … Cecil, vieille cicatrice … et plus encore … lui. Celui avec qui tout avait commencé … Celui qui lui avait brisé le cœur si fort qu’il en était devenu de la poussière d’étoile, brillant mais éphémère … Finalement la jeune femme réalisait avec horreur qu’elle devenait comme sa mère. Instable et cherchant un homme qui la comblerait sans jamais satisfaire personne. Que c’était pathétique … pourtant Su Nah refusait de céder à la panique, ni même de se dire qu’elle ne valait rien de moins que ce que valait sa mère … Elle espérait toujours au fond d’elle qu’un homme finisse par la choisir elle … En attendant elle ne faisait que rallonger sa longue liste d’homme qui ne faisait que s’amuser avec elle. Aegir et le tout dernier en date Kanesuke. Mais au moins avec lui Su Nah avait pleinement conscience de ce qui se passait. Lui qui lui faisait vivre un enfer avait fini par faire tomber sa petite culotte.

 

La jeune présidente s’était d’ailleurs demandé si elle n’avait pas un souci avec l’autorité ou les hommes en général … fort agacée d’être ainsi déçue elle avait décidé de simplement jouer au même jeu que lui et c’était sans lui déplaire qu’elle avait fini par se glisser entre ses draps avec un plaisir dont elle se souvenait encore. Quand elle chantait Su Nah arrivait à tout oublier. Au moins pendant l’espace d’un instant. Puis tout revenait quand elle descendait de scène. Davantage quand cet homme lui mit une main aux fesses. Elle s’apprêtait à protester quand elle sentit quelqu’un la tirer vers lui. il ne lui fallut que quelques secondes pour reconnaitre son professeur et affichait un sourire amusé quand il l’embrassa et qu’il se permis de glisser sa main sous son haut … quelle indécence. Suffisante néanmoins pour faire fuir l’opportun … Elle rit légèrement en se redressant. Elle affichait néanmoins un petit air offusqué avant de sourire en coin, préférant savourer l’instant. Elle s’appuie assez pour rester assise sur les genoux du japonais confortablement avant de lui souffler dans sa langue maternelle. « Professeur voyons … est-ce une façon de sauver votre étudiante ? » Elle affiche un grand sourire, glissant sa langue à la commissure de ses lèvres comme pour retrouver encore un peu de leur baiser. Le regard qu’elle lui glisse en dit d’ailleurs long. « Non, je ne le connais pas, fort heureusement. » Elle pourrait presque s’offusquer que l’homme ait sous-entendu qu’elle ait pu laisser un tel homme l’approcher. Marquant une pause pour prendre un petit air plus taquin et un brin envoutant «  Vous êtes toujours une exception professeur … » Sa voix se fit plus suave alors qu’elle arqua un sourcil joueur « Vous embrassez toujours aussi bien pour quelqu’un de votre âge. » s’amuse-t-elle avant de se redresser et de lui tendre la main. « Je vous offre un verre, je vous dois bien ça pour m’avoir tiré des pattes de ce rustre … »

« La fin justifie toujours les moyens, beauté. », répond Kanesuke du tac au tac, sourire aux lèvres et clin d’œil destiné à la demoiselle qui, sous ses fausses plaintes, reste quand même sur ses genoux ! Il a un petit regard amusé pour son expression, ses réactions. Le Japonais n’allait pas mentir : il aimait être désiré. Il n’en avait pas absolument besoin, comme certains. Mais ça lui plaisait indéniablement. Il lâche la taille de la jeune femme, sa main descendant jusqu’à une de ses cuisses, se reposant sur son côté comme pour la retenir sur lui, ce qui était probablement en partie le cas. L’autre va plutôt chercher le verre qui avait été délaissé sur le table pendant leurs ébats presque trop intenses pour le public. « Dieu merci. J’ai cru que tu avais dramatiquement baissé tes standards. »

Il finit le verre cul sec avant de le reposer sur la table avec fracas, à l’envers. Une petite habitude qui paie puisque la demoiselle remarque visiblement qu’il est vide et, au milieu de ses savantes minauderies, lui propose un autre verre. Quel homme était-il pour refuser de telles attentions, hm ?

« Je crois aussi le mériter. », ricane le Japonais tout en faisant signe à un serveur pas trop dégueux de s’approcher de leur table. Oui bon… C’était leur table maintenant, puisqu’elle semblait avoir élu domicile sur ses genoux pour le moment ! Par contre, malgré les jolies minauderies et la beauté de celle qui était tout contre lui, il se fait plus sérieux en ajoutant quelque chose. C’était rare chez lui, alors il fallait en profiter. « J’aime t’entendre chanter. On devrait faire un duo, un de ces jours. Juste pour le plaisir de t’accompagner à la guitare. »

Pas sûr qu’elle sache qu’il jouait de la guitare. Kanesuke n’amenait personne chez lui. Et il ne parlait que très peu de lui, en vrai. Les informations s’échappaient parfois çà et là sur le ton de la discussion, mais sinon, il était plutôt réservé et même dissimulateur, ce qui contrastait fortement avec sa personnalité excentrique. Quoi qu’il en soit, revenant sur quelques paroles qui furent dites un peu plus tôt, Kanesuke prend un air faussement boudeur.

« Et comment ça, pour mon âge ? », demande-t-il, de fait ! « Tu sais que la jeunesse est rafraîchissante, mais rien ne vaut l’expérience ? »

L’homme prend un petit air malicieux tout en venant chatouiller brièvement les côtes de sa jeune assistante. Il aurait vraiment dû être plus sage que ça, mais bon… En même temps, ils savaient un peu tous les deux que ça avait été l’histoire d’une nuit ! Kanesuke ne le cachait jamais. Il n’était pas un salopard, même si on aimait bien faire croire que si.

« Oh si, tu le sais…! », lance-t-il, espiègle. Il a un clin d’œil presque entendu pour la Coréenne avant de remercier le serveur qui rapportait leurs verres à présent. Il prend une bonne gorgée du siens, toujours prêt à faire descendre un peu plus d’alcool. Kanesuke avait une personnalité et un système d’addict. Il développait des addiction à tout et n’importe quoi très facilement. C’était dangereux. Ça l’avait détruit, fut un temps. Et là ? Ça recommençait, bien que d’une façon un peu inusité. « Alors, le laideron mis à part, t’as pas envie de rentrer avec une beauté de l’endroit ? »

Il a un regard pour la ronde, observant les types les plus virils du coin. Ça, c’était pour Su Nah. Lui les préférait plus en douceur ! Par contre, toujours taquin, il montre une superbe femme qui était pour le moment seule à une table.

« Regarde-moi ça. Vous seriez d’enfer ensemble… J’achète des billets en première rangée ! »

Et il serait prêt à payer un petit paquet… Kanesuke reconnaissait les bonnes affaires !

Kanesuke était un homme bien discret malgré les apparences. Il parlait beaucoup mais racontait peu. Peu sur lui en tout cas. Su Nah n’avait jamais réellement cherché à en savoir plus sur lui. Ce qui lui plaisait avant tout c’était cet interdit, ce jeu de séduction qui n’impliquait que du flirt et plus si l’envie était présente. Et l’envie était souvent présente. Su Nah avait besoin d’affection pour réparer son cœur brisé encore une énième fois. Elle préférait croire que des étreintes fugaces d’une nuit lui suffisaient. La jeune femme pouvait ainsi prétendre à avoir un peu d’importance sans impliquer trop d’attaches, ce qui était à son sens le  plus douloureux dans une relation. Elle connaissait les règles et s’amusait même à les dicter. Ainsi la brune ne laissait que peu de places aux imprévus et aux déceptions. Kanesuke était d’ailleurs une jolie surprise à ses yeux. Un cadeau inattendu qui rendait son monde un peu moins ennuyeux que le professeur remplissait de couleur et de rire. Ce n’était qu’une surface au bonheur dont elle avait terriblement besoin, mais c’était de loin suffisant pour l’instant. Trônant sur ses genoux avec un sourire amusé elle lève les yeux à sa remarque et se redresse légèrement. L’air soudain sérieux de l’homme attise sa curiosité et elle penche la tête sur le côté pour réfléchir à sa proposition de duo, s’assurer surtout qu’elle était sincère. Esquissant finalement un sourire en coin elle acquiesce en portant son verre à ses lèvres. « J’en serais ravie. » Mais ne pouvant s’empêcher de le taquiner elle ajoute « En espérant que tu aies mon niveau bien sur  ~ » Ce n’était pas de mauvaises guerres. Su Nah ne e montrait pas mais elle était surprise d’en apprendre plus sur lui, surtout de leur trouver un point commun plutôt plaisant. Elle se prit quelques secondes à imaginer un possible projet et ne put qu’être conquis par ses rêveries.

 

« Tu sais que la jeunesse est rafraîchissante, mais rien ne vaut l’expérience ? » Elle rit, de son rire cristallin et amusé, affichant une moue un brin moqueuse « Dit-il pour se rassurer … » le taquine-t-elle avant de se pencher vers lui pour murmurer à son oreille « Même si de toute évidence vous avez raison, professeur. » Et la façon qu’elle avait de prononcer ce dernier mot n’avait rien d’anodin. Elle lève le nez de son verre en regardant autour d’eux se glissant habilement sur la banquette en croisant les jambes. Elle prend appuie sur le dossier pour y déposer son coude et cale sa tempe sur son poing fermé. Elle observe les gens présents et affiche une moue remplie de doute. « Hé bien disons que l’envie n’est pas là ce soir. Rentrer avec des inconnus n’amène que des déceptions. » Assure-t-il peu encline à se souvenir de ces expériences malencontreuses avec des amants plus dérangeants que doués au lit. Elle ne peut s’empêcher de rire quand il lui montre une silhouette que Su Nah ne connait que trop bien. Etait-ce l’alcool ou l’espièglerie que Kanesuke provoquait chez elle, la jeune présidente Pyo se redressa sans un mot et marcha jusqu’à la jeune femme. Une chance pour elle ? Un hasard bien heureux ? Tout portait à croire qu’il s’agissait là d’un signe pour Su Nah qui après un bref échange avec la jeune japonaise glisse ses lèvres sur les siennes. Kiko était une de ses amantes que Su Nah avait déjà eu la chance de côtoyer sous les draps. Plusieurs fois, suffisamment pour leur apporter un peu de douceur et de plaisir. Elle attrape sa main et l’entraine vers son professeur un sourire fier et victorieux aux lèvres.

 

« M. Aizawa, je vous présente Kiko, Kiko je te présente M. Aizawa Kanesuke. » Sa main fermement accroché à celle de la Nippone et ce baiser chaste – mais suffisamment explicite – ne laissaient pas de places au doute quant à leur possible relation. Même si tout ceci n’était qu’une amitié très forte sans barrière, Su Nah assumait pleinement ses choix, encore plus s’il pouvait émoustiller le professeur d’une quelconque façon que ce soit. « Je suppose que ça ne vous dérangera pas si elle reste un temps avec nous ? Pour faire … connaissance. » Sourit-elle en coin. Su Nah n’avait pas manqué les regards coulant de son professeur vers un genre particulier de proie. Plus masculine qu’elle ne l’aurait cru, avec des traits plus doux. Au moins la jeune femme était assurée de repartir en bonne compagnie ce soir.