La capuche sur la tête, Adam parcourt les ruelles sombres d’un pas rapide. Il se sent oppressé, à l’étroit dans son propre corps, son cœur bat beaucoup trop rapidement, ses mains sont moites. Dans la nuit noire dépourvue de toutes lumières, de tous bruits et de toutes présences, il ne cesse cependant de se retourner. Ses doigts ne cessent de frotter sa tête comme si cela allait ôter l’impression qu’une cible se trouve sur celle-ci. Il se sent mal, il a un mauvais pressentiment. La montre a son poignet s’est arrêtée, son téléphone devenue hors d’usage pour une raison inconnue. Il accélère le pas pourtant, il ne sait pas où il va. Il ne sait plus où il habite, il ne sait même plus où il est. Ses yeux ont beaux observés les alentours avec un attention particulière, il ne reconnait absolument rien. Cette ruelle dans laquelle il s’est engouffré il y a quelque secondes ne semble connaitre aucune fin, le point de lumière au loin s’éloigner de plus en plus.

Il ajuste soigneusement ses lunettes noires dignes d'un bon film à suspens. Costard cravate, revolver à bout de bras, il a tout l'air d'un agent secret. Sa mission est simple: mettre la main sur ce dénommé Adam et le livrer aux autorités russes. Il est sur ses traces depuis des semaines déjà, et il a l'impression qu'une éternité est passée avant d'avoir eu des nouvelles du délinquant. Dans la nuit noire, ses pas le guident tels une douce mélodie. Il peut sentir son air paniqué, et son coeur battre la chamade. Mais lui n'a pas peur, bien au contraire: il éprouve une certaine hâte à le débusquer. Dans ce labyrinthe de ruelles, l'arme en joue, il se fie à son instinct. Il essaie de se faire le plus discret et enfin, une ombre particulière le met sur le droit chemin: Adam est ici, tout proche. Afin de le coincer, il prend la direction opposée. Plus qu'à tourner sur la gauche, et il débarque devant lui, l'arme à feu pointée devant l'homme en fuite. Il lui a littéralement coupé l'herbe sous le pied.  « Les mains en l'air, fils de partouze. Je t'ai enfin eu. » Il espère juste qu'il saura coopérer. Un délinquant russe a toujours son mot à dire...

Adam n’a pas le choix de continuer de marcher droit devant lui afin de pouvoir sortir de cette ruelle aussi sombre que peu rassurante. Derrière lui, au fur et à mesure de ses pas, le noir complet comme si il n’y avait que le vide infini se fait de plus en plus important comme pour le pousser. Le mauvais pressentiment qui fait frémir sa peau et accélérer les battements de son cœur ne s’arrête pas. Il a la gorge nouée comme si il allait se passer quelque chose de peu agréable, comme si il appréhendait. Mais qu’allait-il se passer ? Inutile de réfléchir, il comprit très clairement lorsque ce type habillé de noir et un révolver à la main se présentait à lui. A sa vue, il s’arrêtait. Il comprit immédiatement et son sang ne fit qu’un tour. Les connexions entre ses neurones s’enflammaient largement et très rapidement. Comment s’en sortir ? Appliquer à réfléchir, il se figea un instant face à son insulte. Fils de partouze ? Il fronçait les sourcils. « C’est l’insulte la plus cheloue que j’ai jamais entendue. T’aurai pu dire fils de putain, fils de chienne … mais non. Enfin, j'ai pas le temps de débattre. » Mais pas le temps de débattre, sans qu’il ne contrôle réellement quoique ce soit, il profitait d’une fraction de seconde pour se mettre à courir en s’engageant dans un chemin à droite qu’il avait semblé apparaître soudainement.

Jamais il n'aurait pu penser qu'un fugitif tel que l'homme se trouvant devant lui puisse prendre la peine, et surtout le temps de relever son insulte pour le moins original. Il ne voit pas qu'il a un agent spécial au cul, avec un revolver chargé dans la main de surcroît ? Ji Hoon hausse un sourcil d'un air dubitatif. Fils de chienne ? Fils de putain... Trop classique, mieux valait taper dans de l'original. La preuve: le russe reste planté là devant lui, malgré la peur qui se lit sur son visage. Prêt à le menacer de son arme, il se retrouve plutôt destabilisé et plutôt que de lui passer les menottes, il rétorque à sa remarque. « Mais je t'emmerde, je dis ce que je veux. Et puis d'abord, elle est super... Hey ! » Même pas le temps de terminer son explication, Ji Hoon voit l'homme reprendre sa course dans le but de le semer. Les dents serrées, les lèvres pincées, il réajuste sa veste et se lance à sa poursuite, le revolver à bout de bras. Il ne va pas s'en tirer comme ça ! Et en plus de ça, il lui a manqué de respect et n'écoutant pas ce qu'il avait à dire... Il continue de courir dans les rues sombres, rapidement essoufflé. « Putain, mais pourquoi les fugitifs passent leur temps à nous faire courir ? Reviens ici trou du cul !! » Il crie dans la rue de sorte à ce que l'homme s'arrête au bout. Mais hors de question de s'arrêter. Il puisera dans ses dernières forces pour le choper. Un beau fils de partouze, il n'en démordra pas.

C’est un lourd enjeu qu’il y avait là. Si il venait à se faire attraper par ce jeune homme aux insultes complètement flinguée, il risquerai d’y laisser de la vie tout de même. Pourtant face à son injure, le russe ne put s’empêcher de se figer face à lui. Un petit commentaire désobligeant, des petites suggestions pour les prochaines fois que ce soit lui ou quelqu’un d’autre parce que franchement fils de partouze, c’est carrément pourri. Cependant il ne se stoppait pas plus longtemps, cela lui laisserai assez de temps pour lui faire faire un deuxième trou de balle. Le mec tente de se défendre de son insulte nulle mais Il Sung ne l’écoute même pas. Une ouverture à droite qui semble apparaître mystérieusement et le voilà qu’il se met à nouveau de courir. Il entend encore l’autre se demander pourquoi les fugitifs doivent toujours courir. « PARCE QUE SINON TU ME BUTES CONNARD. » Qu’il hurle en poursuivant sa course.

Les fugitifs perdent leur temps à fuir, parce qu'ils se raccrochent à ce mince espoir qu'ils sauront échapper à leurs détracteurs. Mais Ji Hoon n'est pas facile à semer. Il a moins d'endurance que l'homme qu'il poursuit, mais il est plus malin et il connaît bien mieux le secteur que lui. Alors, dès qu'il le voit prendre les jambes à son cou sur la droite, il souffle à nouveau, bien désespéré qu'il lui file entre les doigts, et reprend sa course tout droit. Son idée: contourner le pâté de maison pour le surprendre à la sortie de la rue que Il Sung a emprunté. Il n'y a pas de doute là-dessus, il saura lui en faire voir de toutes les couleurs. Mais pour cela, il va lui falloir mettre les bouchées double. Alors il ne se fait pas prier, il court du plus vite qu'il peut, manquant de se vautrer en glissant au virage à 90° qu'il fait pour contourner le bâtiment, et reprend sa course-poursuite en priant n'importe quel dieu que son idée fonctionne. Il faut que cela le soit, sinon il sera bon pour se faire humilier par son fugitif, mais également par les hommes qui l'emploient. Il doit courir, à en perdre haleine s'il le faut. Mais il l'aura, cet enfoiré. Et il le traquera toute sa vie s'il le faut.

Action réussie: Ji Hoon parvient à courir suffisamment vite pour couper la route à Il Sung en le surprenant à la sortie de la rue.
Action échouée: Ji Hoon s'est planté dans son idée et s'arrête une rue trop tôt: Il Sung apparaît à la rue d'après, avec toujours une longueur d'avance.