Kanesuke attendait. Attendre ne lui posait guère problème. On aurait pu croire qu’un type dans son genre serait impatient, mais ce n’était pas le cas. Il pouvait, au contraire, faire preuve d’une grande patience. Lorsqu’il avait reçu un texto d’Akiko pour l’avertir de son regard, Kanesuke lui avait simplement répondu de ne pas trop se presser, qu’il allait l’attendre ici. Et c’est donc ce qu’il faisait, assis sur le bord large d’une fenêtre, dans un des studios de l’Université. Sa journée de cours lui avait semblée longue. Il n’avait pas le groupe de Niemi aujourd’hui. Pourquoi est-ce qu’il y pensait, soudainement ? Probablement parce qu’en contrebas, le jeune homme passait, dans la cours de l’Université. Il bavardait avec enthousiasme avec des étudiants de son programme, probablement. Parce qu’ils n’étaient pas inconnus à Kanesuke sans qu’il ne les connaisse. Ils devaient passer souvent devant son bureau ou une de ses salles de classe mais ne pas suivre de cours japonais. De toute façon, son regard s’attardait au délicat jeune homme, au mouvement un peu chaloupé de son bassin, à…

Soudainement, Kanesuke sursaute. On le prenait rarement toutes gardes baissées, mais il n’avait pas entendu Akiko entrer jusqu’à ce qu’elle lui adresse la parole. Dans son mouvement empressé et incontrôlable, le Japonais avait fait tomber le livre qu’il lisait jusqu'à ce que le délicat jeune homme passe sous son nez, quelques étages plus bas. Il se penche pour le récupérer, mais reste posé sur le bord de la fenêtre.

« Eh. », salut simplement l’enseignant, faisant un petit clin d’œil à la jeune femme. « Alors, qu’est-ce qui était plus important que moi ? Un homme plus beau et plus jeune ? Ou personne et tu veux juste me rendre jaloux ? Ça fonctionne ! »

Il se relève, rangeant son livre dans son sac à bandoulière, lequel contenait plusieurs copies à corriger et quelques notes de cours, ainsi que deux bouquins qu’il y avait présentement à l’étude dans ses classes. Du matos de prof, quoi. Il ne savait trop ce que Akiko avait en tête. C’était la première fois qu’ils faisaient une petite séance sur le pouce. Enfin, non. Il y avait bien eu la première fois, leur rencontre en Finlande. Mais ce n’était pas vraiment une séance photo à ce moment puisqu’elle ne lui avait arraché que quelques clichés ! Aujourd’hui, elle avait visiblement eu la foudre divine et lui avait envoyé un texto sur le pouce. Pourquoi pas ? Il portait son « uniforme » du parfait petit enseignant, lequel il retirait généralement dès qu’il arrivait chez lui pour revêtir soit des vêtements plus stylés, soit un kimono et un hakama. Mais là, il était en pantalon noir, chemise blanche aux longues manches qui couvraient ses tatouages, laquelle était rentrée dans lesdits pantalons, et une ceinture pour terminer le look. Pas de cravate. Dieu qu’il haïssait les cravates !

« Alors, qu’est-ce que t’avais derrière la tête, cette fois ? », demande Kanesuke, les pouces dans les poches de son pantalon, attendant le verdict ! « J’ai pas mal de copies à corriger, mais j’ai quand même quelques heures devant moi si ça t’arrange. »

Histoire qu’elle ne se sente pas non plus pressée par le temps. Il aimait bien ces séances, mine de rien. Ça le détendait. Et puis, Kanesuke ne détestait pas être le centre de l’attention une fois de temps en temps, mais de ça on se serait probablement douté rien qu’à le voir aller !